Citations de Olivier Clément (35)
La lumière hors des ténèbres,
Les figures de tes roses
N'auraient pu surgir de l'obscur
Si leurs obscures racines
Ne plongeaient dans le sein d'ombre
Mais quel degré de perfection, de joie et de ravissement n'atteint pas l'homme lorsque le Seigneur veut bien lui révéler la prière spirituelle spontanée et purifier son âme des passions ! C'est un état inexprimable et la révélation de ce mystère est un avant-goût de la douceur céleste. C'est le don de ceux qui cherchent le Seigneur dans la simplicité d'un cœur débordant d'amour !
- Tu n'as pas le droit, mon ami, dit le starets, d'insulter et de maudire ainsi les Juifs. Dieu les a créés comme il nous a crées nous-mêmes. Tu devrais avoir du respect pour eux et prier pour eux, et non les maudire. Crois-moi, le dégoût que tu as pour eux viens du fait que tu n'es pas enraciné dans l'amour de Dieu at que tu n'as pas la prière intérieure. Je vais te lire un passage des Saints Pères à ce sujet. Ecoute, voici ce qu'écrit Marc l'Ascète : " L'âme qui est intérieurement unie à Dieu devient, tant sa joie est grande, comme un enfant simple et bon, qui ne condamne personne, Grec, païen, juif ou pêcheur, mais les considère tous du même regard purifié, trouve de la joie dans le monde tout entier, et désire que tous louent Dieu - Grecs, juifs et païens. " Et Macaire le Grand d'Egypte dit que le contemplatif brûle d'un si grand amour que, si c'était possible, il voudrait faire de soi la demeure de tous, sans différence entre bons et mauvais.
Un jeune homme vint trouver un vieil ascète pour être instruit dans la voie de la perfection. Mais le vieillard ne disait mot.
L'autre lui demanda la raison de son silence : "Suis-je un supérieur pour te commander ? Je ne dirai rien. Fais, si tu veux, tout ce que tu me vois faire." Dès lors, le jeune homme imita en tout le vieil ascète et apprit le sens du silence.
p. 131
En premier lieu, la spiritualité chrétienne - et tout particulièrement orthodoxe - nous semble assumer les intuitions positives de la religion cosmique.
Dans ce monde qui tend à réduire les hommes à l'état de
robots,
il arrive que parfois, des individus
s'émerveillent encore.
Parfois même il arrive que certains d'entre eux aient de la
gratitude
C’est l’histoire du petit garçon qui voit un peintre en train de peindre un arbre. Il lui dit : « Pourquoi peins-tu ce peuplier puisqu’il est là ? » Et le peintre lui répond : « Pour que tu le voies ! » .
Prie d’une façon ou d’une autre, mais prie toujours et ne te laisse détourner par rien.
Soi gai et calme. La prière arrangera tout et t’instruira.
(page 98)
L'alchimie, contrairement à ce que répètent les historiens des sciences, n'a jamais été, sinon dans ses aspects déchus, une chimie balbutiante. C'était une science "sacramentale" pour laquelle les apparences matérielles n'avaient aucune autonomie, mais représentaient seulement la "condensation" de réalités psychiques et spirituelles.
La logique de l'alchimie impliquait un double mouvement: "verticalement", c'était une logique du symbole qui ramenait la manifestation à son principe, l'apparence au réel, le monde à Dieu: une logique de la réintégration. "Horizontalement", sur le plan humano-cosmique, c'était une dialectique des complémentaires qui soulignait partout la tension vivante des contraires: une logique de la guerre et de l'amour.
Le but de l’incarnation, de la croix, de la résurrection et de l’exaltation de Jésus est la Pentecôte; en Christ, l’Eglise est “l’Eglise du Saint-Esprit”.
Le vrai, le bien, le beau ne sont jamais des superstructures, réductibles, à la conscience personnelles et transcendantales.
Ce qui, en définitive, pousse l’homme à prier, c’est l’exigence d’être, et l’être se révèle communion.
L’homme trouve dans la prière, c’est-à-dire dans la relation consciente avec Dieu, la joie d’être, cette « plérophorie » si chère à la spiritualité orientale.
(page 8)
Ce n’est pas une voie facile que celle des pacificateurs. Cela nécessite d’apprendre une manière de s’adresser à ceux qui tiennent les armes à la main, non pas pour exalter, ni pour condamner, mais pour écouter, tenter de comprendre, puis faire de même avec l’adversaire, pour éveiller, de part et d’autre, un peu d’humanité lucide. Dans un désintéressement et un intérêt humain, humanitaire, pour la paix seulement, qui sont de soi témoignage
Le dialogue n’est pas seulement une question religieuse. C’est la clé de la survie de la planète dans un monde où l’on a oublié combien la guerre n’est jamais la solution cliniquement propre qui permet d’expulser le mal du monde. Le dialogue est le cœur de la paix. Le monde renonce à la politique et choisit la voie militaire pour résoudre les conflits. Or la paix est le bien suprême, au-delà de l’aberration qui consiste à diaboliser l’autre.
Il est curieux de voir avec quelle facilité beaucoup d’entre nous se privent du nécessaire. Il ne s’agit pas de nourriture, mais de la prière qui nous aide à nous retrouver nous-mêmes, à prendre de la distance et à nous rapprocher de la vie et des relations avec les autres, dans la prière personnelle et dans la prière commune. C’est une source d’énergie qui ne risque pas de s’épuiser.
Il ne faut pas avoir de complexe de culpabilité parce que l’on est joyeux. Il est bon de le rappeler une fois encore : la joie ne s’oppose pas à las compassion, mais elle la nourrit. La joie est porteuse de vie.
Taizé est un lieu où l’on pressent « autre chose ». Ne craignez rien, gardiens des orthodoxies ! Taizé ne s’approprie personne, ne prétend pas être l’Eglise, seulement le seuil et le signe de l’’Eglise, en perspective de réconciliation. A Taizé, on « s’éveille » au silence, à la prière, à l’amitié. On découvre que le christianisme est possible à l’amitié. Et l’on revient dans son pays, dans sa paroisse, avec un goût irrépressible de ce éveil et de cette amitié
Invoquer le nom, c’est déjà le porter en soi.
La puissance du nom est celle du Christ lui-même.
La Prière de Jésus n’est pas un exercice en vue de créer par une répétition mécanique une sorte de monoïdéisme psychologique.
Il s’agit non pas de remonter un mécanisme psychique, mais de libérer une spontanéité spirituelle, ce « cri du cœur » que fait jaillir, comme une source d’eau vive, la présence du Seigneur, communiqué par la prononciation du nom divin.
La pratique de la prière, la prière elle-même, se dépouille aussi de conceptualisations héritées du passé pour retrouver sa spontanéité et sa simplicité originelles.
Ainsi se révèle-t-elle en ce qu’elle à toujours été essentiellement : non pas croyance en la vertu magique d’une formule, mais attention à la présence de Dieu dont le nom divin est sacrement ; non pas aliénation dans un mécanisme obsessionnel mais art spirituel qui, en ramenant l’intelligence du monde des phénomènes vers des profondeurs du cœur, c’est-à-dire de la personne, prépare ce cœur à recevoir le pardon, la paix, l’illumination ; non pas dans une abolition de la pensée et de la conscience personnelle mais dans la rencontre communiante, lucide, avec la personne divino-humaine de Jésus.