Ceux que je suis est un roman qui m'a été conseillé par ma libraire préférée. J'ai la chance de travailler à deux pas de sa petite librairie indépendante et quand je vois qu'elle n'est pas trop occupée avec d'autres clients, je passe lui demander conseil. Ce que j'ai fait la semaine dernière, alors que ma PAL dégueule clairement, lui demandant de me choisir un livre qui lui avait plu dans la rentrée littéraire. Elle m'en a sorti six, puis son choix s'est arrêté sur deux sans savoir lequel elle avait finalement préféré. J'ai donc choisi en fonction de la couverture et ai pris celui-ci.
Ce que j'aime chez ma libraire est que, de un, elle est super souriante et super sympa ; de deux, elle est passionnée et parvient à transmettre ses ressentis (c'est pas compliqué, je repars souvent de chez elle avec plusieurs livres sous le bras, pour moi, alors qu'à la base j'y étais allée pour faire un cadeau) ; de trois, j'ai toujours aimé les livres qu'elle me conseillait alors que je ne serais pas nécessairement allée vers eux de prime abord.
Et encore une fois, elle a fait mouche.
Ceux que je suis est un livre que je n'aurais pas lu si ma libraire ne me l'avait pas mis entre les mains. Je l'aurais certainement pris en main, attirée par sa jolie couverture jaune orangé, mais le résumé en quatrième de couverture ne m'aurait pas suffisamment attiré. Ma Super Libraire a su me convaincre.
Marwan, notre narrateur, est issu de ce que l'on appelle l'immigration, de deuxième génération car il est né en France. Il le dit d'ailleurs très bien, il est français, né de parents marocains. Il se sent français, parle à peine l'arabe, les parents ont fait en sorte de s'intégrer dans leur nouveau pays tout en gardant quelques particularités liées à leur (double) culture. Au Maroc, Marwan et ses frères ne s'y rendaient que l'été, de temps en temps, afin de voir leur famille, particulièrement leur grand-mère qui les adorait. Alors, quand leur père décède brutalement, quelle n'est pas leur surprise de constater qu'il souhaite se faire enterrer à Casablanca et c'est Marwan qui est désigné pour accompagner le cercueil de son père, par avion. Ses frères et sa mère les rejoindront en voiture. Accompagné de Kabic, l'ami fidèle de la famille, Marwan va entreprendre ce voyage et découvrir enfin les raisons de ce retour aux sources.
Ce roman, écrit par un franco-anglais, nous parle bien entendu de la difficulté de se sentir soi dans un monde où cela ne va pas de soi, justement. Parce qu'on vous fait comprendre que vous n'êtes , en fait, jamais à votre place. Issue moi-même de parents franco-français, si je puis m'exprimer ainsi, je n'ai jamais connu cette difficulté ; par contre, j'avais des copines, à l'école, qui étaient d'origine algérienne ou marocaine et qui elles devaient y être confrontées. Plus tard, aussi, lors de ma brève expérience d'enseignante, je me rappelle m'être pris le bec avec un collègue qui qualifiait nos élèves « d'origine étrangère » d'immigrés alors qu'ils étaient nés en France, et leurs parents aussi pour certains, lui rappelant qu'ils étaient aussi français que lui ou moi, même peut-être davantage que lui si on venait sur ce terrain-là (il était lui-même d'origine polonaise, né en France mais de parents polonais, mais bon comme il était blond aux yeux bleus, ça ne se voyait pas hein)...
Ce roman, surtout, nous parle d'une histoire de famille et des secrets qui, s'ils ne sont pas dévoilés, peuvent être source d'incompréhension et de mauvaise entente.
L'écriture d'Olivier Dorchamps est jolie, elle a marqué des points auprès de moi. J'ai voyagé avec lui, j'ai souri parfois, j'ai versé ma larme à la fin.
Le titre est quant à lui génialement trouvé et il faut le comprendre dans sa polysémie.
Ce(ux) que je suis est un roman réussi, de mon point de vue.
Un dernier mot sur la couverture, à la fois sobre et superbe.
Challenge multi-défis 2019
Challenge ABC 2019 - 2020
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Perdre un parent, c'est perdre une partie de soi-même que l'on pensait immuable, c'est sentir le monde vaciller tout en réalisant qu'il continue de tourner et c'est dans cette perte de repère que nous faisons la connaissance de Marwan. En plus d'affronter l'une des pires épreuves de sa vie, ce dernier et ses frères doivent aussi faire face à l'incompréhension. Leur père désirait être enterré sur sa terre natale : le Maroc. Seule Khadija, leur mère, est en mesure de comprendre qu'il préfère reposer auprès des orangers de son enfance qu'auprès de sa progéniture.
Malgré son incompréhension, malgré sa réticence à affronter les regards portés sur l'arabe français, le marocain à l'accent plutôt algérien qu'il est à Casablanca, Marwan accomplira son devoir et accompagnera le cercueil de son père. Il ira par ce biais à la rencontre de son identité. Pas celle qu'on vous colle sur le front, pas celle qui vous met dans une case et qui affirme votre appartenance à telle ou telle catégorie de personne, mais celle qui est la somme des épreuves surmontées par vous-même bien sûr mais aussi, et peut-être surtout, par vos aînés avant vous pour que vous soyez là où vous êtes aujourd'hui.
Le contexte est triste, le récit familial aurait de quoi être amer mais les mots d'Olivier Dorchamps sont du miel ! Il y a une infinie délicatesse dans ce texte mais jamais de mièvrerie. Ce sont l'amour, la filiation qui viennent adoucir avec finesse et intelligence des maux qui auraient pu se transformer en rancœur si cette famille avait été autre, si l'écoute et la parole n'avaient pas cette place prépondérante. C'est une histoire d'héritage, de mémoire, de transmission et d'acceptation.
Lire "Ceux que je suis" c'est aussi se plonger dans une épopée familiale et ses secrets enfouis sans être obligé d'aimer les pavés. Alors oui, moi qui adore ça, je ne vais pas vous mentir je n'aurais pas été contre une version longue où j'aurais accompagné Khadija, Foued et Ali dans leur périple en voiture et j'aurais adoré passer quelques pages dans la tête de Tarek de son vivant. Mais d'un autre côté je salue et respecte énormément ce travail qui va à l'essentiel sans rogner sur l'émotion, sans faire des personnages de simples exécutants d'un scénario et qui sous ses faux airs de simplicité arrivera à toucher le cœur de la plupart des lecteurs (qu'ils soient voraces ou occasionnels).
Un auteur à suivre !
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Ils sont tous adorables, tous, autant qu’ils sont. Des fils aux grands-parents, en passant, comme eux par les parents ou les amis, par le Maroc et la France. Il y a de l’amour à tous les étages chez les Mansouri, même si ça grince un peu parfois entre les trois frangins, les deux jumeaux surtout, même s’il faut parfois le deviner entre les silences du père, même s’il faut parfois s’extraire des inquiétudes de la mère. Chez les Mansouri on n’est plus marocain que de loin en loin et c’est très bien comme ça, c’est de l’histoire ancienne, celle d’une langue oubliée entre deux générations, celle de Mi Lalla, la grand-mère de là-bas, celle des parents qui l’ont laissée derrière eux pour planter les racines de leurs fils en France. Alors pourquoi, à l’heure de gagner sa dernière demeure, leur père leur joue-t-il ce sale tour de vouloir reposer dans la terre de ce pays qui l’a vu naître ? Pourquoi leur impose-t-il ce pèlerinage vers les racines de leur famille, de leur histoire ? Pourquoi les oblige-t-il à adopter un rythme qui n’a jamais été le leur ? Jamais ? Peut-être parce qu’il est temps pour eux de découvrir l’épaisseur des secrets entre les couches d’amour, l’acidité des oranges sous le sucré de leur jus, les épines sous le parfum des roses…
Une épopée familiale belle tendre, délicate et pudique, à l’image de la plume d’Olivier Dorchamps qui réussit cet exploit de nous faire croire que , nous aussi, nous sommes de la famille, et crée en nous l’espoir fébrile d’avoir rapidement de ses nouvelles.
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PUBLIC
Pour ceux qui aiment les livres qui amènent de l’émotion – Qui sont intéressés par la quête de l’identité et sa construction – Par l’héritage de la mémoire familiale, de son passé.
RESUME
Trois frères nés et élevés en France apprennent que leur père, mort, veut être enterré dans son pays d’origine, le Maroc. On suit Marwan, un des fils, professeur d’histoire, qui va découvrir qui était son père et ce Maroc dont il leurs parlait tant, et qu’ils méprisaient. Au fil des pages on découvre également un secret familial.
AVIS
J’ai beaucoup aimé. Magnifique livre sur le deuil, sur l’identité, sur l’héritage de ses ancêtres.
Emaillé d’émotions mais aussi de rires car ce livre est la vie. Celle de Marwan et de ses frères, celle de ses parents, celle de ses grands-parents. C’est un livre sur un secret qui a influencé la construction de chacun sur plusieurs générations.
C’est la découverte d’un pays : le Maroc. Ses traditions, ses odeurs, ses rites. Mais aussi comment en étant d’origine marocaine, né en France, peut-on se construire ? Comment trouve-t-on sa place quand on n’est ni Marocain, ni Français ou tout du moins quand les autres nous le font sentir comme tel. Un questionnement sur l’auteur qui connait si bien ce pays et les mentalités de ceux qui y vivent, de ceux qui s’expatrient et de leurs enfants. Un vrai coup de cœur.
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Ce roman m’a anéantie, m’a mise à terre. Il m’a prise aux tripes, j’ai été pleine de tristesse pour Adam, pour Lauren … Le récit est tellement puissant ! C’est le genre de roman qui te met une claque monumentale et qui te marque de façon irrévocable. C’est une incroyable histoire d’espoir, de reconstitution mais aussi courage et détermination. Un récit aussi émouvant que cruel, traitant des sujets délicats, tels que le deuil, la misère, les violences conjugales et différences sociales.
Ayant lu le premier roman de l’auteur, j’aurais du me douter du tourbillon émotionnel que ce livre me procurerait et pourtant j’ai été de surprise en surprise. La rencontre d’Adam et Eva donne un peu de légèreté au roman. C’était un incroyable moment littéraire, humain et émotionnel. D’une perfection sans nom, ce chef d’œuvre ne quittera plus jamais ma bibliothèque.
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Adam 9 ans et sa petite sœur Lauren, 6 ans, habitent dans un quartier londonien et plus précisément à l'Eden. Cette tour d'immeubles que viennent prendre en photo des touristes. Cette tour dans laquelle se côtoient la violence, la misère, la drogue, l'alcoolisme...
Adam, nous raconte ce matin où sa mère est partie définitivement, après avoir reçue la raclée de trop de celui, que désormais, Adam ne considéra plus comme père mais comme "l'autre"...
Cet autre qui retournera sa violence, son dégoût, son alcoolisme mauvais contre son fils. Et pendant 8 ans, Adam, n'aura qu'un seul objectif : celui d'épargner sa petite sœur.
8 annéees pendant lesquelles Adam grandira "tiraillé, à mi-chemin entre l'angoisse et l'espoir"
L'espoir lorsqu'il répond à une annonce pour faire la lecture à Claire, une vieille aveugle qui se prendra d'affection pour lui ; d'espoir lorsqu'il croise la route d'Eva sur le quai du métro. L'espoir aussi de voir revenir cette mère sacralisée.
L'angoisse tapis en permanence au creux de lui de protéger sa sœur, de l'aimer du mieux qu'il peut. L'angoisse aussi quand on le regarde et qu'on ne lui donnera pas sa chance parce qu'il a "la tête de la misère et la carrure de la violence même un bouquet de jonquilles à la main."
C'est un livre superbement bouleversant avec une fin que je n'ai pas vu venir. O. Dorchamps m'avait mise à terre avec son 1er roman Ceux que je suis, il m'a emmené une fois de plus avec lui dans cette écriture qui sait si bien "dire", restituer, raconter !
Je sers Adam et Lauren dans mes bras, je pose un baiser sur la joue de Claire et d'Amelia et je check Ben et Cosima. Fuir l'Eden est un coup de cœur !
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Adam habite l'Eden. Pas le Paradis mais une tour qui porte ce nom dans un quartier de Londres. Si les touristes adeptes de l'art Brutaliste (qui sublime le caractère brut du beton) ne manquent pas de mitrailler avec leur appareil photo cet exemple d'architecture sensé être pensé pour les habitants, ceux ci ne le vivent pas ainsi. Tout du moins s'ils vivent. Car à côté des petits dealers de quartiers on côtoie chômage, alcoolisme, mépris des femmes, mais aussi celui des hommes qui ne se conduisent pas en mâle. Des mécanismes de survie ( honnêtes ou pas) se mettent en place pour ne pas sombrer. Les amis comptent. Pourtant comme le dit Adam, le narrateur, ils sont tiraillé entre angoisse et Espoir.
La mère d'Adam, elle, est partie le lendemain d'une énième raclée subit par ,celui que le jeune garçon nomme "l'autre". Depuis 8 ans il s'est adapté à ce départ, protégeant sa petite sœur Lauren, lui racontant la vie que mène certainement maintenant leur maman. Il a trouvé un job de lecteur chez Claire qui a subit un évènement dramatique dans lequel elle a aussi perdue la vue. La rencontre sur un quai de gare d'Eva va bouleverser la stabilité précaire de sa vie et déclencher une réalité terrible.
Dans un livre poignant, Olivier Dorchamps nous décrit les laissés pour compte du Londres du XXIe siecle. Quel espoir ont ils de sortir de cet Eden? Peuvent-ils passer de l'autre côté de la voie ferrées? ne seront ils pas trahi par leurs vêtements, leurs langages? Dans ce milieu cosmopolite, où les Tags ( parfois talentueux) fleurissent sur les murs, chaque jour est une bataille. Alors peut-on y rencontrer l'amour ? Et un rien ne peut-il pas les faire basculer ou peut être les sauver ?
D'une écriture superbe, avec un sens du détail incroyable l'auteur nous décrit une toile sociale qu'il semble connaître profondément (personnellement ?). Les ressentis des personnages sont tellement vrais que l'on s'interroge. Mais dans son premier livre "Ceux que je suis" l'auteur m'avait déjà donné ce sentiment. C'est là que son talent se révèle. Cette propension à "Être" ses personnages, à décrire les pensées profondes ( la raison d'un acte de scarification est incroyable de vérité).
C'est sombre mais aussi lumineux car dans toute cette noirceur il y a des personnages qui savent tendre la main et "le meilleur est à venir", peut-être!
Ce livre est une véritable claque et un nouveau coup de cœur au même titre que le premier livre d'Olivier Dorchamps.
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Je sors de cette lecture bouleversée, avec beaucoup d'émotions qui se bousculent, et beaucoup d'espoir. Nous suivons Adam, un jeune homme de 20 ans, qui vit à l'Eden, une banlieue de Londres, avec son père et sa sœur. Un matin, il retient par la manche une jeune fille qui manque de se suicider, et elle s'enfuit, lui laissant son sac dans la panique. Ainsi commence un long périple pour Adam afin de retrouver cette fille, et réussir à se retrouver lui même.
Un roman coup de poing qui fait rire, qui surprend et qui fait aussi du bien.
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Quel beau voyage au pays des ancêtres de Marwan, Ali et Foued.
Voyage de Clichy où ils sont nés à Casablanca, pays de leurs parents, venus chercher fortune !! en France !
Fortune, il n'ont pas trouvé, mais l'éducation de leurs fils à l'école de la république, oui ! Ils sont Professeur d'histoire et avocat pour les jumeaux et brillant étudiant pour le « petit » dernier.
Très rares ont été les voyages au Maroc, pas de vendredi à la mosquée, pas de prière non plus, une éducation à la française avec très peu de liens quotidiens avec le pays, sauf le tajine de la maman !
Grande est leur surprise quand à la mort du père, beaucoup trop jeune ! Ils découvrent qu'il veut être enterré chez lui, à Casablanca alors qu'il y a tout ce qu'il faut en France, qu'il a tout prévu, qui dirigera les obsèques, comment il devra faire.
Marwan est ainsi désigné et va découvrir.. une autre vie, un autre rythme, un pays tellement différent, un père.. enfant et jeune ado, ses croyances et reniements.
Connaît on jamais ses parents ? Ses grands parents que l'on a toujours considérés comme « vieux »,
le reste de la famille ?
La réponse est NON, bien sûr et votre vie est toute bouleversée quand vous plongez en terre inconnue.
C'est le merveilleux voyage qui commence avec Olivier Dorchamps, qu'on a du mal à croire quand sa biographie nous dit qu'il est Franco-Britannique, tellement il nous semble marocain de toute son âme !
Un voyage au pays des émotions, des douceurs sucrées et de la vie rude d'avant 1950 , des sacrifices surhumains et du silence, des silences enfin rompus, le temps des révélations qui vous changent un homme, et même trois ! Qui remet certaines choses à leurs places et les hommes là où ils doivent être.
Un bien beau livre !
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Le narrateur, Marwan, est professeur d'histoire-géo en banlieue parisienne.Sa petite amie vient de le quitter mais ce n'est pas cela qui bouleverse sa vie.Son père, Tarek, garagiste à Clichy vient de succomber d'une crise cardiaque à 54 ans. Outre le choc de cette nouvelle, le narrateur a été désigné par son père pour accompagner son cercueil jusqu'au Maroc où il a souhaité être enterré. Son frère jumeau Ali et son cadet Fouad, le rejoindront avec leur mère en voiture.Au dernier moment, Kabic, l'ami d'enfance de son père grand-père, tient à l'accompagner. Ce court voyage en avion sera pour Marwan l'occasion de découvrir un secret de famille...
Merveilleuse petite pépite, extrêmement bien écrite, j'ai beaucoup aimé cette histoire sur l'exil, l'identité, la double culture, l'identité perçue par les uns et les autres. Marwan ne se sent pas marocain lorsqu'il va au Maroc, il est français, mais en France, son physique fait qu'il est perçu comme un étranger.Les funérailles sont pour lui l'occasion de se questionner sur son identité.Plus nostalgique que triste, le roman interroge aussi sur les liens familiaux, les non-dits et la pudeur qui empêche de parler de ses sentiments. L'auteur avec beaucoup d'empathie parvient très bien à décrire l'ambivalence des sentiments de tous ceux dont les racines viennent .d'ailleurs. J'espère que ce premier roman sera le premier d'une longue liste!
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Un récit touchant qui parle d'amitié, d'identité, d'héritage familial.
Tarek, garagiste à Clichy, la cinquantaine passée, décède subitement. Ses 3 flis, Ali, Marwan et Foued, découvrent alors qu'il a choisi de se faire enterrer au Maroc, Pourquoi cette décision ? alors qu'ils en parlaient très peu du Maroc, et qu'ils y allaient encore moins. Et pourquoi n'en avoir jamais parlé. Leur vie est ici en France.
Mais ils devront se résoudre et accepter d'accompagner leur père dans ce dernier voyage.
Marwan, professeur d'histoire géo est celui qui a été choisi par son père pour accompagner le cercueil dans l'avion. Ses 2 frères et sa mère le rejoindront à Casablanca par la route.
Mais Marwan, qui se sent avant tout français, ne comprend pas.
A Casablanca, Marwan va se reconnecter progressivement avec ses origines et son histoire familiale et découvrir des secrets jusque là bien gardés.
C'est un très beau récit que nous livre Olivier Dorchamps. Un roman sur les origines, l'identité et l'amitié, De celles qui construisent les destins, et sauvent les hommes et les femmes des préjugés de la société.
Ceux que je suis raconte les liens familiaux, les secrets qui traversent les générations, et la complexe question de l'identité.
C'est un récit touchant, authentique et d'une grande justesse.
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L'ambigüité du titre qui joue sur le double sens du verbe reflète parfaitement les interrogations du narrateur et personnage central de ce premier roman : français, Marwan l'est sans aucun doute. Né à Clichy, prof d'histoire agrégé, il ne connaît du Maroc d'où viennent ses parents que les images de vacances chez Mi Lalla, sa grand-mère, et les moqueries des cousins de Casablanca. Pourtant, en France aussi il doit sans cesse justifier cette identité parce qu'un prénom inhabituel, parce qu'un teint au "bronzage permanent" semblent constamment jeter le doute sur ses origines. Il possède la langue, les codes, la culture, le lieu de naissance, et il se sent, se sait français autant qu'il se sent étranger au Maroc. Cela ne suffit jamais.
Mais si ce "qu'il est" c'est français, ceux "qu'il suit" sont marocains. Alors où sont ses racines, celles qui permettent de croître harmonieusement ? Comment s'y retrouver ? Où se trouver ?
C'est à Casablanca que son père a choisi d'être enterré. Un choix que ni Marwan, ni ses frères ne comprennent, n'admettent. Il leur faut bien pourtant accompagner la dépouille paternelle au Maroc, retrouver cette famille qu'ils connaissent peu et accepter cette part d'eux-mêmes qui, inexorablement, les construit et oriente leur trajectoire, sans qu'ils en aient vraiment conscience et sans qu'ils le veuillent vraiment. Comme une suture entre deux pays, entre deux histoires, ce voyage endeuillé rassemble ce qui était déchiré en faisant céder les silences face à la transmission nécessaire.
Pudeur et délicatesse caractérisent ce récit écrit tout simplement, tout joliment, sans aucune affectation, et j'ai beaucoup apprécié cette manière subtile et légère d'aborder un sujet grave. Car, l'air de rien, le roman d'Olivier Dorchamps soulève des vagues d'interrogations essentielles et y répond avec générosité et humanisme. Certes, il y est question d'exil, de nationalité et d'intégration, mais "Ceux que je suis" sonde les répercussions individuelles et familiales de ces questions incessamment posées par l'actualité, dramatisées par les médias. En privilégiant la simplicité et la clarté de la narration et de l'écriture pour traiter le thème inextricablement complexe de l'identité, l'auteur parvient à nous émouvoir, mais surtout il réussit à nous faire appréhender l'irréductible paradoxe de l'unicité d'un être malgré (grâce à ?) l'hétérogénéité des éléments qui le composent et des histoires dont il hérite.
Un roman plein d'humanité et de douceur dont la lecture m'a procuré un grand plaisir.
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