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Citations de Olivier Guez (323)


Toi qui as fait tant de mal à un homme simple
En éclatant de rire à la vue de sa souffrance
Ne te crois pas sauf
Car le poète se souvient.

Czeslaw Milosz.
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Tous étaient des hommes. Insomniaques, ascètes ou sexopathes, impassibles ou éructant, souvent de petite taille (Kim Jong-il, Lénine, Staline, Franco, Mussolini mesuraient moins de 1,70 m), ils adoraient se pavaner en uniforme, bardés de médailles et de titres ronflants, l'air martial, ombrageux, toujours menaçant. Le Führer, le Duce, le Petit Père des peuples, le Grand (et le Petit) Timonier, le Lider, le Caudillo, le Guide, le Bienfaiteur ou le Conducator... Ils ont scandé l'histoire du XXéme siècle, le siècle des dictateurs.
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Toutes les deux ou trois générations, lorsque la mémoire s’étiole et que les derniers témoins des massacres précédents disparaissent, la raison s’éclipse et des hommes reviennent propager le mal.
Puissent ils rester loin de nous, les songes et les chimères de la nuit.
Méfiance, l’homme est une créature malléable, il faut se méfier des hommes.
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Méfiance, l'homme est une créature malléable, il faut se méfier des hommes.
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Méfiance, l’homme est une créature malléable, il faut se méfier des hommes.
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À genoux, yeux clos, il prononce avant de se coucher la prière en latin que son père lui récitait enfant pour l'apaiser : procul recedant somnia, et noctium phantasmata, puissent-ils rester loin de nous, les songes et les chimères de la nuit. Mais rien ne peut sauver son âme et calmer ses troubles. Mengele ne dort plus.
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Tout le monde a profité du système, jusqu'aux destructions des dernières années de guerre. Personne ne protestait quand les juifs agenouillés nettoyaient les trottoirs et personne n'a rien dit quand ils ont disparu du jour au lendemain. Si la planète ne s'était pas liguée contre l'Allemagne, le nazisme serait toujours au pouvoir.
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Le redoutable docteur Josef Mengele qui a envoyé à la mort plus de 400 000 hommes, femmes et enfants, et qui s’est livré à des expériences sur des êtres humains, est en fait au fin fond du Brésil dans une ferme minable…
(page 103)
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Les sculptures-machines se mettent en branle sous un soleil noir. Roues, poulies, chaînes, écrous grincent, crissent, dans une gare de triage désaccordée. Les mâchoires d’acier s’ouvrent, béantes, des crânes d’hommes et d’animaux défilent et chutent sur une rampe à courroies mécaniques tandis que sur les murs tournoient leurs ombres, comme des seringues immenses, des haches de bourreaux, des scies, des marteaux, des faux, des potences.
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Mengele est amer ce jour-là. Il s'apitoie sur son sort, comme toujours, sans remords ni regrets, et déverse son fiel sur des quadrupèdes et sur les baobabs de la forêt vierge qui murmure et chante mais ne l'écoute pas. Arrivé dans une clairière, il s'assoit sur un tronc, la tête entre les mains, et songe à ses confrères d'Auschwitz, vingt médecins SS affectés au camp. Horst Schumann stérilisait hommes et femmes en les irradiant aux rayons X avant de castrer les premiers et de soumettre les secondes à une ovariectomie. Carl Clauberg implantait des foetus d'animaux dans le ventre de ses cobayes humains et les stérilisait en leur injectant des substances à base de formol dans le système génital. Le pharmacien Victor Capesius chapardait les prothèses dentaires encore saignantes des déportés assassinés pour les vendre à l'extérieur du camp. Friedrich Entress inoculait le typhus aux détenus et les éliminait par injections intracardiaques de phénol. August Hirt injectait des hormones aux homosexuels et assassinait pour établir une typologie du squelette juif. Et tous les autres qui sévissaient dans les camps (trois-cent cinquante professeurs d'université, biologistes, médecins) et avaient participé au programme T4 d'euthanasie qu'étaient-ils devenus ? Quelques-uns s'étaient donné la mort ou avaient été condamnés après guerre lors d'un des procès de Nuremberg mais la plupart étaient passés entre les mailles du filet, avaient réintégré leur famille et la société civile puis repris leur carrière, Mengele le savait et il en était malade.

Pages 153-154
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Mengele a un geste d’irritation, on l’interrompt rarement. « Mon devoir, lui dit-il droit dans les yeux, mon devoir de soldat de la science allemande : protéger la communauté organique biologique, purifier le sang, le débarrasser de ses corps étrangers. » Il devait classer, trier et éliminer les inaptes qui arrivaient par milliers tous les jours au camp. « J’ai essayé de désigner le plus grand nombre de travailleurs afin d’épargner un maximum de vies. Les jumeaux avec qui j’ai fait progresser la science me doivent aussi la vie », ose-t-il. Rolf le regarde de travers. Mengele essaie d’expliquer son principe de sélection : dans un hôpital militaire, tous les blessés ne sont pas opérables. Certains doivent mourir, c’est la guerre, ainsi sont régies les lois de la vie, seuls les plus forts subsistent. À l’arrivée des convois, il y avait tant et plus de morts vivants. Qu’en faire ? Auschwitz n’était pas un asile mais un camp de travail, dit Mengele : mieux valait leur épargner d’énièmes souffrances en les éliminant immédiatement. « Crois-moi, ce n’était pas facile tous les jours. Tu comprends ? » Non, Rolf ne comprend pas, absolument pas, mais il ne contredit pas son père. S’il le laisse parler, Mengele va peut-être enfin lâcher un aveu, un regret. « J’ai obéi aux ordres parce que j’aimais l’Allemagne et que telle était la politique de son Führer. De notre Führer : légalement et moralement, je devais remplir ma mission. Je n’avais pas le choix. Je n’ai pas inventé Auschwitz ni les chambres à gaz et les fours crématoires. Je n’étais qu’un rouage parmi d’autres. Si certains excès ont été commis, moi, je n’en suis pas responsable, je… » Rolf se lève et tourne le dos à son père, il n’écoute plus. Il se masse le crâne en regardant par la fenêtre des gamins jouer au ballon.. (P. 205)
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Gregor se dit que le Paraguay constituerait un bon refuge si l'Argentine venait à s'écrouler. Un attentat a failli coûter la vie à Perón en 1953, la conjoncture se dégrade, l'inflation explose, les métallos entrent en grève, les salaires dégringolent. Comme un gamin aux commandes d'un avion, 'el lider' appuie sur les leviers de commande de l'économie argentine au gré de ses humeurs capricieuses. Depuis la mort d'Evita dont il a fait embaumer le corps, Perón est désorienté. Dans sa résidence d'Olivos, il se goinfre de raviolis et reçoit régulièrement de très jeunes filles à qui il apprend à rouler à mobylette. Nelly, sa nouvelle compagne, a treize ans ; quand elle est sage, il l'autorise à porter les bijoux d'Evita.
(p. 62-63)
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Hébétée, une femme dit qu'elle a dû assassiner sa petite fille de huit jours. Mengele a ordonné qu'on bande sa poitrine afin de sevrer l'enfant : il voulait connaître la durée de vie d'un nourrisson non alimenté.
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Mengele est le prince des ténèbres européennes. Le médecin orgueilleux a disséqué, torturé, brûlé des enfants. Le fils de bonne famille a envoyé quatre cent milles hommes à la chambre à gaz en sifflotant. Longtemps, il a cru s'en sortir aisément, lui, "l'avorton de boue et de feu" qui s'était pris pour un demi-dieu, lui qui avait foulé les lois et les commandements et infligé sans affect tant de souffrances et de tristesse aux hommes, ses frères.
L’Europe vallée de larmes.
L’Europe nécropole d’une civilisation anéantie par Mengele et les sbires de l’ordre noir à tête de mort, pointe empoisonnée d’une flèche lancée en 1914.
Mengele, l’employé modèle des usines de la mort, l’assassin d’Athènes, Rome et Jérusalem, pensait échapper au châtiment.
Mais le voilà livré à lui-même, asservi à son existence, aux abois, moderne Caïn errant au Brésil.
Maintenant commence la descente aux enfers de Mengele. Il va ronger son cœur et s'égarer dans la nuit.
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Toi qui a fait tant de mal à un homme simple
En éclatant de rire à la vue de sa souffrance
Ne te crois pas sauf
Car le poète se souvient.
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Eichmann n'en pense pas moins. Gregor ou Mengele, peu lui importe, est un fils à papa froussard : une sous-merde basanée.
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Olivier Guez
Je ne souhaite à personne d'avoir à se lever chaque matin en pensant à Mengele.

Les Échos Week-end, 3 novembre 2017
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Alors, en attendant que la guerre froide dégénère, Perón devient le grand chiffonnier. Il fouille les poubelles d’Europe, entreprend une gigantesque opération de recyclage : il gouvernera l’Histoire, avec les détritus de l’Histoire. Perón ouvre les portes de son pays à des milliers et des milliers de nazis, de fascistes et de collabos ; des soldats, des ingénieurs, des scientifiques, des techniciens et des médecins ; des criminels de guerre invités à doter l’Argentine de barrages, de missiles et de centrales nucléaires, à la transformer en superpuissance. P 39
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A propos de Mussolini :

" Laguerre était l'occasion de faire la révolution, de renverser les trônes, de piétiner l'ordre social traditionnel. On ne pouvait la laisser passer."
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Sa femme Irene l’avait remis sur pied. Arrivée à Auschwitz pendant l’été, elle lui avait montré les premières photos de leur fils Rolf né quelques mois plus tôt et ils avaient passé des semaines idylliques. Malgré l’ampleur de sa tâche, l’arrivée de quatre cent quarante mille juifs hongrois, ils avaient connu une seconde lune de miel. Les chambres à gaz tournaient à plein régime ; Irene et Josef se baignaient dans la Sola. Les SS brûlaient des hommes, des femmes et des enfants vivants dans les fosses ; Irene et Josef ramassaient des myrtilles dont elle faisait des confitures. Les flammes jaillissaient des crématoires ; Irene suçait Josef et Josef prenait Irene. Plus de trois cent vingt mille juifs hongrois furent exterminés en moins de huit semaines.
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