Panaït Istrati

La pensée est aussi forte que la mort. Elle ne la supprime pas, mais elle peut l’agacer.

On n’arrête pas la mort quand elle vient ; elle ne vient pas quand on veut.

Ce n’était pas d’un cœur allègre qu’il allait voir l’homme au destin effrayant. Sa peur était plus violente que la nuit de Pâques, la nuit de la « réconciliation » des deux frères. Il avait le sentiment de comparaître devant un tribunal où son sort serait jugé, et d’où il sortirait condamné.

C’est inutile d’accuser quelqu’un, ou d’accrocher son espoir à quelque chose : on est destiné au bonheur ou au malheur avant de sortir du ventre de sa mère. Heureux est celui qui sent le moins, ou qui ne sent rien. Le peu qu’il demande, l’existence le lui donne. Et malheureux est celui qui sent et qui veut : il n’a jamais assez.

Dans cette mer pleine d’écueils qu’est la vie, notre barque est à la merci des vents, et notre adresse ne peut éviter que peu de chose.

Il n’y a pas de liens du sang : si je me tranche une jambe, c’est mon sang qui coule, pas le tien.

Il boit, mais c’est lui qui est bu par l’eau-de-vie ; il lui livre son âme

Le bon Dieu ne jette pas sur les épaules d’un homme autant qu’il peut porter !

Pour l’homme simple, le pouvoir de l’autorité établie est une chose occulte, divine ou diabolique, il ne sait pas très bien, mais devant laquelle on ne peut que s’incliner.

La faim dévore l’esprit et c’est alors que l’être humain tombe au-dessous de la bête.

On est esclave ou esclavagiste, voilà les deux aspects de la chose pour la plupart des hommes. Le milieu entre ces deux atroces extrémités de la vie, l’homme juste, est aussi rare que le diamant parmi les cailloux.

Les végétaux nutritifs et les fleurs sont étouffés par les herbes inutiles.

Seule la bonté nous distingue de l’animalité : elle est l’unique distinction de la vie humaine.

On ne meurt qu’une fois !

C’est l’imprévu, cause de la plupart des malheurs dans la vie.

Le cheval n’attend pas d’invitation pour manger de l’avoine.

Plus on s’attache à des créatures qu’on aime, plus on est malheureux quand on les perd.

De toutes les ruines, de tous les deuils de cette sinistre époque, rien n’égale les souffrances qu’eut à endurer la chair de petits enfants.

Les forts ne se mangent pas entre eux et les faibles n’ont pas de patrie.

Je défendis mon foyer comme la louve défend ses petits