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Les Récits d'Adrien Zograffi tome 4 sur 4
EAN : 9782070374946
224 pages
Gallimard (04/10/1983)
4.25/5   22 notes
Résumé :
Les compagnons de Cosma, ces haïdoucs roumains en révolte contre la domination turque et grecque, ont perdu leur chef légendaire. Ils prennent pour capitaine une femme. C'est Floarea Codrilor, surnommée Domnitza de Snagov. Elle leur dicte leur nouvelle loi : «Nous sommes des héros, nous agissons comme des assassins et nous mourrons plus mal que des chiens. Assez ! Plus de rancunes personnelles ! Vous les oublierez au sourire de mes yeux noirs et de mes dents blanche... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Deuxième moitié du 19e s.
Les principautés de Moldavie et de Valachie (Roumanie) sont dominées par les conquérants ottomans depuis le 14e s. et se trouvent sous l'égide du sultan de Constantinople. L'organisation sociale et religieuse est inégale et discriminatoire : musulmans turcs vainqueurs, chrétiens roumains vaincus.

Au fil du temps, cet édifice instable se durcit encore en raison des quatre pouvoirs également spoliateurs des paysans et des tziganes :
- les boïars, seigneurs féodaux et despotes locaux, qui volent les terres des paysans,
- une partie du monde ecclésiastique, rapace et débauché, qui use de corruption à tour de bras,
- les hordes étrangères, turques et grecques, qui se servent à chaque passage, et
- les poteraches, mercenaires au service des boïars, qui pillent le reste.

La pression inhumaine constante sur les paysans fit naître des mouvements de révolte marginaux. Ainsi, les Haïdoucs qui vouèrent leur existence à rétablir un idéal patriotique face à la barbarie du pouvoir aux valeurs perverties. Ces militants revendiquaient la liberté, l'abolition de la peine de mort et de l'esclavage des tziganes, la sécularisation des biens ecclésiastiques et la redistribution des terres aux paysans. Proscrits et pourchassés par la potera, les Haïdoucs menaient une vie rude et héroïque, distribuant leur butin aux paysans, qui en firent des personnages légendaires.

Parmi eux Cosma puis, à sa mort, sa femme, Floarea Codrilor. Après des années de luttes, elle s'éloigna des expéditions punitives pour s'installer dans sa propriété de Snagov (où l'avait menée son ancienne vie de courtisane forcée) et vivre parmi les paysans et les tziganes. Elle devint la Domnitza de Snagov, la Dame de Snagov. Pragmatique, elle savait qu'un peuple asservi depuis des siècles ne pouvait, seul, accomplir les réformes nécessaires. Il lui fallait l'aide de personnages puissants. Elle s'enrichit grâce à un commerce florissant avec les nations étrangères alliées. La maison de Snagov reçut les ambassadeurs, l'aristocratie roumaine et des personnages influents auxquels elle exposa ses idées libérales.

En janvier 1859, Alexandre Jean Ier Couza devint le premier prince de Moldavie/Valachie unies et redressa tant bien que mal les inégalités les plus criantes. Pourtant, son règne fut bref car les unionistes et les séparatistes s'affrontaient toujours. Les Ciocoï, plus cruels et avides que les boïars finirent par incendier la maison de Snagov. le symbole de la lutte paysanne anéanti, et sa dame en fuite, sonnait la fin de cette croisade contre l'injustice.

La mort de Floarea et la dispersion de ses compagnons signèrent la fin du récit de l'auteur.

Ce roman épique est basé sur la réalité historique et la tradition populaire. Il l'est également sur les souvenirs d'enfance de Panaït Istrati : "Mes yeux ne voyaient que les forts trébuchant dans l'opulence et les faibles tordus sous la cravache". La Domnitza de Snagov est le dernier des quatre "récits d'Adrien Zograffi" qui obtinrent un succès immédiat. Panaït Istrati écrivit tous ses livres en français.

1000 mercis à Tandarica de m'avoir conseillé quelques auteurs roumains pour découvrir l'histoire et la littérature de son pays à travers des écrivains de l'entre-deux-guerres.

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J'ai retrouvé avec un immense plaisir les 'Haidoucs' de Istrati, ces 'Gilets Jaunes' d'une Roumanie plongée dans la famine et l'esclavage, ces hordes de 'Robins des bois' inspirés par la révolution française et que tente de rassembler leur capitaine, la sage Floritchica. Ils obtiendront que soit élu un 'boïar' libéral, Couza qui a réellement existé.

On ressent qu'Istrati relate en 1926 des récits entendus, vécus par son entourage.
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Un grand classique de Panait Istrati, romancier français qui s'est toujours dit roumain et ce n'est pas ce livre qui aidera à résoudre la question. Il y est question du règne du prince Alexandre Cuza (1852-1866, période qui comprend la création en 1862 d'un nouveau pays issu de l'Union de la Moldavie et de la Valachie et appelé Roumanie) vu par le prisme d'un récit de haïdoucs, ces bandits qui se battent pour une noble cause (ou du moins sont censés), commandés par une femme, Floarea Codrilor surnommée Domnitza (littéralement mademoiselle en français) de Snagov. Il est important de noter qu'Istrati a écrit directement en français quasiment toute son oeuvre, dont ce roman : il ne s'agit pas d'une traduction. Seul un recueil d'articles de presse de la fin de sa vie a été traduit. Pour les versions roumaines de ses romans, ultérieures, c'est lui-même qui les a écrites.
Mais il ne s'agit pas d'un roman historique au sens strict : plutôt que la reconstitution d'un époque, c'est l'idéalisme d'Istrati qui perce. On y trouve en effet la sensibilité à la cause des plus démunis, le rejet d'un certain nombre de valeurs portées notamment par les boyards et les ciocoï (corruption, domination étrangère), et on ajoute une femme sensuelle (marié trois fois, Istrati aimait les femmes). En plus de tout cela, le soutien de la France (Napoléon III à l'époque) ; mais ne dit-on pas que les histoires d'amour finissent mal ? (enfin, en général, moi, je n'en dis pas plus...)
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Milieu du 19ème siècle, à la frontière des actuelles Roumanie et Moldavie, une femme Floera Codrilor surnommée Domnitza de Snagov réuni autour d'elles des compagnons de combat, les haïdoucs.
Ils mènent leur combat contre l'occupant ottoman qui règne d'une main de fer dans ces contrées, et qui n'hésite pas à violer, massacrer, anéantir les populations locales pour asseoir leur domination.
C'est ce combat que l'auteur nous narre ici telle une épopée qui nous chante les exploits de ces hommes et femmes qui ont refusé le joug de l'occupant et se sont battu pour s'en délivrer et bouter l'occupant hors de leur contrée ancestrale.
Une tranche d'histoire qui ne peut malheureusement nous rappeler que l'histoire tel un éternel recommencement est bien souvent un combat pour la liberté qui oppose occupants oppresseurs et occupés oppressés.
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Floarea est devenue la meneuse du peuple haïdouc combattant contre la tyrannie des boïars, la domination des turcs et grecs. Les boïars asservissent les paysans, leurs prennent leurs terres, pillent, réquisitionnent. Les haïdoucs, pourtant plutôt versés dans l'amour de son prochain, s'organisent et décident de lutter. Dans ce dernier volume des récits d'Adrien Zograffi, les haïdoucs se construisent comme un peuple libre, résistant à l'oppresseur, avec des convictions libertaires et pacifistes, face à la violence de l'envahisseur, à la corruption des religieux, allant même jusqu'à recevoir le soutien de napoléon III. Leur vision du monde est moderne, utopique diront certains.

Ce volet est peut-être le plus politique des quatre, sans doute le plus concret sur les aspirations d'un peuple, il résonne d'une modernité assez stupéfiante, tout en gardant ce style de conte ou fable persane. Il se base sur des faits réels, et derrière l'apparente légèreté de ton, c'est bien toute l'Histoire de la Roumanie du XIXe siècle qui défile sous nos yeux, histoire que bien sûr nous occidentaux méconnaissons parfaitement : le rôle des ottomans, des russes, les relations avec les pays limitrophes, etc. Ce dernier volume semble le plus abouti, en tout cas pour la description du peuple haïdouc. Je referme cette série avec regret, mais sans douleur aucune, puisque déjà j'aperçois les pages flamboyantes de la suite de cette saga, le cycle (1926-1930) « La jeunesse d'Adrien Zograffi », là encore quatre volumes la composent : « Codine », « Mikhaïl », « Mes départs » et « le pêcheur d'éponges ». Nous y reviendrons. Hâte ! Et au cas où, les douze romans de la série « Adrien Zograffi » appartiennent au domaine public donc gratuitement disponibles.

https://deslivresrances.blogspot.com

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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Les bons princes ont disparu. Les boïars se sont multipliés comme la mauvaise herbe, sont devenus injustes, rapaces et désireux chacun de régner ne fût-ce que quelques mois. Le trône étant, comme aujourd'hui, aux mains des Turcs, et se vendant au plus offrant, les nouveaux boïars eurent besoin d'argent pour se faire des partisans puissants dans le pays et, à Stamboul, acheter les favoris du Sultan (p.27).
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La terre est si belle, nos sens si puissants, les nécessités de la bouche si infimes, que, véritablement, il faut être venu au monde sans yeux, sans cœur, et rien qu’avec le besoin de dévorer, pour se réduire à écraser son semblable et à enlaidir l’existence plutôt que de préférer la justice, la pitié, le droit d’autrui au bonheur.
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Mille et mille tristesses rongent, en une vie, l'âme de l'être généreux ; mais aucune ne lui est si pénible que la souffrance de son prochain : c'est cela l'âme haïdouque (p. 62).
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Tel était le plan que cette femme au cœur noble et au cerveau lucide avait lentement élaboré, murement approfondi durant le long hiver qui précéda le printemps 1854.
Elle fit mieux. Aux moyens de plusieurs affidés, envoyés aux quatre coins du pays, elle mit au courant de ses projets quelques grands capitaines de haïdoucs, dont Groza, son ami d'enfance, et leur donna rendez-vous, pour le commencement de mai, dans les montagnes basses de Tazlau, en Moldavie.
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(...) et j'avoue que j'ai écrit ce volume avec peu d'élan.
D'ailleurs, à quoi me servirait-il, l'élan ? A distraire mes lecteurs ? - Je ne suis pas fait pour cela. - Les attendrir ? - Oui; c'est cela que j'aime; mais je vois que l'Occident s'attendrit davantage sur les colliers de perle et les "superbes solitaires" que les Américaines égarent dans les boîtes de Montmartre, sur les cambriolages extraordinaires et sur les "messies-maquereaux", sur les hommes qui se cassent la figure à raison de cent mille francs la minute et sur tout ce qui ne trouble pas la digestion des maîtres de ce monde.
Voilà ce que j'avais à dire.
Maintenant, si certains de mes lecteurs ne veulent plus me suivre, qu'ils sachent que je ne leur demande pas de me nourrir, et que cela m'est tout à fait égal.

Panaït Istrati. Préface.
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