Deuxième moitié du 19e s.
Les principautés de Moldavie et de Valachie (Roumanie) sont dominées par les conquérants ottomans depuis le 14e s. et se trouvent sous l'égide du sultan de Constantinople. L'organisation sociale et religieuse est inégale et discriminatoire : musulmans turcs vainqueurs, chrétiens roumains vaincus.
Au fil du temps, cet édifice instable se durcit encore en raison des quatre pouvoirs également spoliateurs des paysans et des tziganes :
- les boïars, seigneurs féodaux et despotes locaux, qui volent les terres des paysans,
- une partie du monde ecclésiastique, rapace et débauché, qui use de corruption à tour de bras,
- les hordes étrangères, turques et grecques, qui se servent à chaque passage, et
- les poteraches, mercenaires au service des boïars, qui pillent le reste.
La pression inhumaine constante sur les paysans fit naître des mouvements de révolte marginaux. Ainsi, les Haïdoucs qui vouèrent leur existence à rétablir un idéal patriotique face à la barbarie du pouvoir aux valeurs perverties. Ces militants revendiquaient la liberté, l'abolition de la peine de mort et de l'esclavage des tziganes, la sécularisation des biens ecclésiastiques et la redistribution des terres aux paysans. Proscrits et pourchassés par la potera, les Haïdoucs menaient une vie rude et héroïque, distribuant leur butin aux paysans, qui en firent des personnages légendaires.
Parmi eux Cosma puis, à sa mort, sa femme, Floarea Codrilor. Après des années de luttes, elle s'éloigna des expéditions punitives pour s'installer dans sa propriété de Snagov (où l'avait menée son ancienne vie de courtisane forcée) et vivre parmi les paysans et les tziganes. Elle devint la Domnitza de Snagov, la Dame de Snagov. Pragmatique, elle savait qu'un peuple asservi depuis des siècles ne pouvait, seul, accomplir les réformes nécessaires. Il lui fallait l'aide de personnages puissants. Elle s'enrichit grâce à un commerce florissant avec les nations étrangères alliées. La maison de Snagov reçut les ambassadeurs, l'aristocratie roumaine et des personnages influents auxquels elle exposa ses idées libérales.
En janvier 1859, Alexandre Jean Ier Couza devint le premier prince de Moldavie/Valachie unies et redressa tant bien que mal les inégalités les plus criantes. Pourtant, son règne fut bref car les unionistes et les séparatistes s'affrontaient toujours. Les Ciocoï, plus cruels et avides que les boïars finirent par incendier la maison de Snagov. le symbole de la lutte paysanne anéanti, et sa dame en fuite, sonnait la fin de cette croisade contre l'injustice.
La mort de Floarea et la dispersion de ses compagnons signèrent la fin du récit de l'auteur.
Ce roman épique est basé sur la réalité historique et la tradition populaire. Il l'est également sur les souvenirs d'enfance de
Panaït Istrati : "Mes yeux ne voyaient que les forts trébuchant dans l'opulence et les faibles tordus sous la cravache". La Domnitza de Snagov est le dernier des quatre "récits d'Adrien Zograffi" qui obtinrent un succès immédiat.
Panaït Istrati écrivit tous ses livres en français.
1000 mercis à Tandarica de m'avoir conseillé quelques auteurs roumains pour découvrir l'histoire et la littérature de son pays à travers des écrivains de l'entre-deux-guerres.