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Citations de Panaït Istrati (341)


J’avoue que je ne rêvais d’aucune grandeur. Je rêvais, tout court.
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Braïla, garce plantureuse qui contemple le Danube son amant, d’un œil tantôt fiévreux, tantôt lascif, Braïla possède un plan peut-être unique au monde. C’est un éventail presque entièrement déployé. Du noyau qui fait son centre, huit rues et deux boulevards forment autant de bras qui lui enlacent la taille et la montrent au Danube comme une offrande tentatrice, mais pour que la belle ne soit en rien gênée, quatre avenues brisent l’élan de ces dix bras, les traversant exactement comme la monture de l'éventail.
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Haïr, c'est bien. Aimer, c'est mieux. Seul celui qui sait haïr et qui peut aimer connaît la valeur tout entière de la vie !
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La résistance sincère de la femme et sans effet sur les désirs de l'homme vulgaire. Il ne sait pas où finissent les embarras de la femmelette et où commence le dégoût profond de la dignité féminine. Tout est permis à cette brute qui maîtrise la terre.
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Il ne faut pas désirer la disparition des gueux : sur l'arbre de vie, ils ne pèsent pas plus lourd que les chenilles, et ils nous rappellent qu'ils sont les papillons pouilleux de nos champs d'activité et la proie facile des oiseaux humains, ce qui est bien triste.
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Je suis pauvre et j'espère mourir pauvre, parce que je marche dans ma vie d'aujourd'hui, accompagné de l'immense famille des gueux rencontrés sur mes routes.
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L'homme de coeur, l'ami opprimé ne se dispute pas avec ses frères de souffrance à cause d'idées, mais il va les chercher là où ils se trouvent, les rassemble dans un même lieu et leur dit un mot, un seul mot : Révoltez-vous !

Panaît Istrati
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Sache donc ceci: l'étranger est une ombre qui porte son pays sur le dos. Cela ne plaît pas aux patriotes et c'est pourquoi l'étranger est partout un homme de trop. Mais il y a pis. Il arrive que l'être dépaysé déplaise à ceux- là même qui l'ont aimé et voilà ce qui est triste.
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Mais Elie est mon ange-gardien que je n’écoute jamais. Et il me suit toujours, malgré lui. Cela doit venir du fait que notre père le bouc s’était mis en tête, le jour de notre conception, de féconder son harem rien qu’avec le germe de la folie, de toutes les folies, et c’est ainsi qu’il eut : moi, Cosma, ou la folie érotique ; Elie, ou la folie raisonnable ; notre sœur, Kyra, ou la folie coquette ; et, enfin, notre frère cadet, qui eut la folie pure et se pendit, ne sachant probablement quoi faire de sa vie.
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En dehors de ce petit bois esclave, et lui donnant le tour, l’épouvantable mur, haut de quinze pieds, promenait sa masse infranchissable comme un défi de brute. Pas un oiseau autre que des corbeaux et des moineaux. Le vent – ce vertigineux voyageur parlant aux hommes libres en toutes les langues de la terre – ne daignait pas descendre dans cette fosse de malheur ; il s’entretenait avec les seuls faîtes des peupliers, et encore pour les plaindre.
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« - Vous savez, nous disait-elle, que Dieu ne fut pas seul le jour de la création de l’homme, et que l’Impur y était présent… Il se mêlait à tout, voulait être partout, et agaçait constamment, dans son œuvre, le Tout-Puissant, qui se défendait de son mieux. Regardant la blancheur éblouissante de la pâte divine que le Seigneur était en train de pétrir pour y créer l’être humain – l’œuvre qu’il voulait parfaite entre toutes – l’Impur eut une envie irrésistible de la salir. Mais le Créateur y faisait grande attention. Alors, trompant la bonne foi du Maître, le Méchant lui posa rapidement cette question, en même temps qu’il lui montrait le soleil se cachant derrière un nuage : « Pourquoi, ô toi, qui es si intelligent, as-tu rendu ce faible nuage capable de supprimer l’éclat d’un astre si puissant, et d’obscurcir la terre, en la plongeant dans la tristesse ?
- C’est, répliqua le Créateur, pour que toutes les choses terrestres soient vues dans les lumières différentes ; que l’homme n’ait aucune certitude et qu’il doute de tout, sauf de ma présence. » Le Démon écouta et fit semblant de rester confus, mais pendant ce temps il réussit à toucher de sa queue la pâte divine qui devint aussitôt grise. Le Seigneur le remarqua et en fut étonné. « Pourquoi t’étonnes-tu, ricana le Malin ; la pâte est grise parce que la lumière a changé ! » Dieu se sentit attrapé et, par orgueil, voulut être logique. Il mit la pâte dans le moule, lui donna la forme de l’homme, souffla dessus et mit Adam debout… Mais, hélas, l’impureté y était aussi ! Elle fait partie de nous, et voilà… »
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J'ai passé une vie d'homme, un quart de siècle, esclave de ce cadavre que je voudrais voir dévoré par les corbeaux, comme il l'est en ce moment par les vers, et je ne me suis pas un instant aperçu que j'avais une tête, un cerveau, une lumière que la pourriture et les vers ne peuvent pas toucher...
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Parfois Adrien s’étonnait de cette manière de vivre :
- Tu couches dans le grenier, et ta femme avec les enfants : c’est pas une vie !...
- Faut bien, mon brave ; autrement, deh, comment te le dire ? Les enfants viennent trop vite…
- En voilà une explication ! Et quand tu descends du grenier ?
- Alors je vais au marais, couper du roseau…
- Et quand tu viens du marais ?
- Alors je monte au grenier…
- Et tes enfants, d’où viennent-ils ?
- C’est Dieu qui les envoie…
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C’était en 1924, vers la fin de l’année… Entre la place Blanche et la place Pigalle… Deux hommes allaient de l’une à l’autre sans en avoir véritablement conscience. Ils parlaient en même temps et avec une ardeur telle qu’ils étaient comme aveugles et sourds au mouvement des flâneurs, clochards, fêtards, truands et filles de Montmartre, marée de l’heure indécise où l’ombre balance et la clarté hésite.
Ils s’arrêtèrent brusquement entre l’enseigne d’un cabaret tenu par un homosexuel célèbre et d’énormes bocaux rouges qui, à la devanture d’une pharmacie, rutilaient sous les feux électriques. Et le plus âgé qui avait la face longue et creuse d’un loup affamé, cria :
- Nous sommes du même chemin !
- De la même étoile ! cria le plus jeune.
- Alors… dit le premier.
Il sortit un couteau de sa veste, en fit surgir la lame, entailla son poignet gauche, saisit la main de son compagnon, l’incisa au même endroit et l’appliqua sur la sienne de manière à joindre les lèvres des deux coupures. Et d’une voix qu’un accent étranger faisait vive et chantante, il dit :
- Chez nous, quand deux vagabonds se reconnaissent pour frères, ils le signent de leur sang.
Personne, aux alentours, ne s’émut, ne s’étonna. Dans les aubes de Montmartre on était habitué à des saignées plus dangereuses.
L’homme au couteau était Panaït Israti. Il replia la lame, noua un mouchoir autour de son estafilade, mit cette main sur mon épaule et nous reprîmes notre promenade bienheureuse.
Il y avait une semaine, au plus, que nous nous connaissions.

(Préface de Georges Kessel)
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Panaït Istrati
Les haïdoucs, ont été en Roumanie, du temps des occupations turques et grecques, des jeunes hommes révoltés par l’oppression.
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J'ai envie de croire qu'à la minute où je suis venu au monde, mon premier geste a été d'embrasser la terre. Là-bas, dans le hameau de Baldovinesti, sur l'embouchure du Sereth, la terre a
sûrement dû se fourrer en moi avec la violence de l'amour. Toute la terre ! Toutes ses beautés !
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— Il y a eu, sûrement, rupture entre les amoureux ! conclut Sotir.
— Et après ? Il n'y a plus d'autres femmes ? s'écria Binder. Doit-on devenir fou parce qu'une femme vous plaque ?
— Je suis de ton avis, mais sache que les meilleurs des humains ressemblent au meilleur des aciers : une épreuve un peu plus forte et ils cassent comme du verre. Ce sont les « écorchés » de la vie, ils n'ont point de peau. Et Dieu a eu tort de les exposer aux mêmes orages dévastateurs que le commun des hommes.
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Ce monde est terrible... Sans que vous l'ayez jamais prié de vivre à votre manière, il s'évertue à vous imposer la sienne. Vous y refusant, il vous traîne devant le tribunal de la bêtise qui lui donne toujours gain de cause.
(La famille Perlmutter)
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Votre faute à vous autres, Juifs, plaisanta Sotir, c'est d'avoir trop de vie, à une époque où vivre pleinement est un crime !Comme chacun qui est trop riche en sève vitale, vous aussi, vous payez une terrible rançon à l'envie des médiocres. Vous êtes bons ou mauvais, mais jamais médiocres.
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Ne t'empresse pas de te réjouir, ô vermine blanche ! Pourriture qui ne peux plus rien enfanter, sinon des cataclysmes, la misère, la lâcheté, l'égoisme, l'esclavage, la débauche. Arrière, vous tous qui puez la sueur de l'exploité ! le sang des autres et vos propres excréments !

Oui, nous sommes, pour le moment, des vaincus. Oui, nous ne nous entendons pas, entre frères de combat. Mais, soyez-en certains, nous ferons toujours un seul front contre vous, les croque-morts, et sommes prêts à mourir en vous frappant de toutes nos armes.

Nous, nous avons de l'estomac pour digérer notre pourriture, puis y enfanter une vie nouvelle. Vous, vous n'en avez plus !
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