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Citations de Pascal Quignard (1520)


Le son que les livres rendent n'est pas un son et je l'entends.A mesure que j'y prête attention et que mon corps se plie à son pouvoir , par lequel elle sonne,je reconnais que cette voix n'existe pas .
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Dans les églises, à chaque Office, avant de commencer, je lève les yeux, je contemple des gens que je ne vois jamais faire leurs courses ni au marché ni sur le port.

C’est toujours un mystère.
Des gens, qu’on ne voit nulle part, s’assemble dans les églises.
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J’ai cherché dans tout l’univers le repos et je ne l’ai trouvé nulle part ailleurs que dans un coin avec un livre
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L’attraction qu’exercent sur moi les livres est d’une nature qui restera toute ma vie plus mystérieuse et plus impérieuse qu’elle peut le sembler à d’autres lecteurs
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Les livres partagent avec les tout petits enfants et les chats le privilège d'être tenus, des heures durant, sur les genoux des adultes.
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Elle disait sans cesse de tout ce qu’elle faisait, quoi qu’elle fît, qu’elle s’en mordait les lèvres.
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Je ne sais pas ce qu’elle ressentait. Je ne sais pas quelle était sa véritable nature. Je sais que je ne l’ai pas possédée car on ne possède rien en possédant une femme. On ne pénètre rien en pénétrant une femme. Je sais que je ne l’ai pas comprise quand je la serrais dans mes bras. Mais je l’aimais.
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On tremblerait si on faisait attention à ce qu’on hasarde soudain dans l’amour: tout. On se met entièrement nu dans cette eau invisible, on ouvre ses mains vides, on donne son corps et l’eau de son corps et, au-delà du corps, on donne tout ce qu’on ignore du corps de l’autre, on coule, on abandonne sa vie.
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L’origine, alors qu’elle était si loin de notre pensée ou de notre appréhension, tout à coup est là. Et quand l’origine est là, l’homme pâlit. Une eau sans âge, mystérieuse, insondable, attirante, transpire autour du corps et tisse une sorte de spectre, de vapeur atmosphérique, de rayonnement diffus. Une source naît et s’échappe, Mélanie Klein a écrit : L’angoisse est cette eau merveilleuse. L’angoisse et le désir ne se disjoignent jamais. À la fois la honte et l’envie rendent tout phosphorescent. Quelque chose bouleverse les humains dans le débourgeonnement et la floraison des pétales des fleurs au printemps sur les branches, dans l’érection et le durcissement des tétons des seins sur le torse des femmes, dans la protrusion des lèvres qui recherchent spontanément le baiser et derrière le baiser l’eau de l’autre, dans l’amplitude des pénis qui s’arquent et tremblent sur les bourses. “Effarer”, dans l’origine de notre langue, c’est rendre ferus, c’est réensauvager, c’est rendre fier, c’est s’extirper de la civilisation, c’est être brutalement restitué à l’indomptable. Quelque chose perd contenance dans la défloration de la fleur, quelque chose menace plus tenacement encore dans la véraison des fruits, quelque chose devient lourd, très lourd, pèse dans la maturation du fruit enfin complètement recouvert de toute sa stupéfiante couleur, tombe enfin au cours d’un inestimable vertige.
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Monsieur de Jaume était français et savait dissimuler mieux qu'un autre homme. Personne n'aurait pu deviner derrière ce visage de marbre et ces yeux de porcelaine bleue quelle fournaise était son coeur. Quand il se trouvait auprès d'elle, il avait l'impression qu'elle avait englouti dans un brasier toute sa vie et que, comme la nuit où il avait aperçu sa silhouette dans le jardin de Monsieur de Mascarenhas, elle incendiait la moindre de ses pensées et la moindre circonstance qui s'offrait.
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CÛDAPANTHAKA


Extrait 2

     Les hommes de l’Antiquité criaient très fort trois fois le nom du mort dans la chambre silencieuse où son corps avait été allongé. C’était comme une dernière danse où se soulevaient trois fois les ailes des grands oiseaux dévoreurs des chairs et porteurs des âmes dans l’ombre de l’Éther. C’étaient comme trois très lents et très grands coups de rame sur le fleuve mort qui traverse l’Érèbe. Baptême inversé comme l’était ce repas des pavements qui ne faisait rien pénétrer de solide à l’intérieur des lèvres. Dans une triste et triple clameur ils donnaient trois fois son nom à cet être pour qui ni le souffle ni le langage ni le faux ni le désir ni la faim ne faisaient plus écran à sa propre vision.
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"Te suis-je plus chère quand je suis loin de toi ?"
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"La langue est ce qui dévore les étants en les nommant."
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Une femme dans Plaute (Asinaria, 178) décrit de la sorte les hommes : "Un amant est comme un poisson. Il ne vaut rien s'il n'est pas fraîchement pêché. Frais, il a du suc."
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Pas la moindre affection de gaieté autour de moi qui me donnât le désir de me suicider toutes affaires cessantes.Le bonheur montait.Je lisais.Le bonheur me dévorait.Je lus tout l'été.Le bonheur me dévora tout l'été.
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Eau glacée mêlée de glace carbonique, les comètes sont les objets les plus anciens du système solaire. Ce sont de véritables icebergs avançant dans le ciel. Leurs longues chevelures sont de la glace qui se sublime dans l'espace en s'approchant du soleil. Dix à quinze pour cent de l'eau qui est sur la terre provient des comètes. Nous buvons dans nos verres du "jadis désagrégé errant" de l'espace.
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"Il s'épuise dans ce vide qu'il ne cesse d'agrandir, et il accroît l'angoisse qu'il éprouve en s'anéantissant."
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"Celui qui n'a pas prêté enfant, un jour, le serment de se taire, du moins qui ne l'a pas tenu ne fût-ce que quelques mois, ou que quelques années, s'enfermant de la sorte dans un mutisme farouche qu'il aurait opposé sans céder un instant aux remarques compatissantes de l'entourage, aux menaces cafardes, ou sournoises, ou patelines, ou soudain devenues agressives, aux ruses déployées par les proches, aux pièges tendus sans relâche par "l'ennemi", aux sanctions, aux représailles, aux chantages sans nombre, ne saura pas l'exaltation où une telle décision peut plonger, la fièvre qui en résulte, la valeur symbolique, imprécise mais absolue attachée au défi lancé à "toute la compagnie". Il ne mesurera pas l'intensité que cette passion peut atteindre, la terreur qui l'accompagne, ni le degré extrême dans le sentiment de la faute que chaque manquement à la parole donnée déchaîne dans le corps. Il n'aura pas idée du malheur où elle conduit, des longs effets qui en résultent sur le cours d'une vie, mais aussi qui concernent l'usage d'une langue."
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"Sans cesse un au-delà inattingible nous tire à lui à l'intérieur du langage comme un vase communicant. Il ne peut être atteint par le langage. C'est ce dont la parole veut parler qui se tient sans cesse sur les lèvres, mais n'appartenant pas à la parole, se dérobe à son attraction. C'est une émotion qui dans la parole empêche la voix, qui revient aux lèvres comme dans le mouvement de vomir et se rompt juste avant la parole : qui sans cesse est sur le bout de la langue, et non dans la langue. Ce jaillissement se perçoit dans l'abord de la parole elle-même, il ne séjourne pas dans la parole. Il est le temps de sidération qui précède la parole vraie. Il est ce temps suspendu. Il est ce suspens du temps qui affleure les lèvres dépourvues du langage. Il est cette mutation du chaos qui précède sans cesse le langage parce que le langage est acquis et ne renvoie qu'à des objets, ne désignant jamais sa source. Le mot grec de chaos lui-même dit la face qui se fend ; il dit la bouche humaine qui s'ouvre"
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"Les livres sont ces ombres des champs. J'étais cet enfant précipité sous la forme de cet échange silencieux avec le langage qui manque. Je fus ce guet silencieux. Je devins ce silence, cet enfant en "retenue" dans le mot absent sous forme de silence."
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