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Citations de Patrick K. Dewdney (290)


J'ouvris la bouche pour remercier L'Écailleuse, parce qu'elle en avait fait beaucoup pour moi - peut-être davantage qu'elle ne le savait elle-même - puis finalement je me ravisai. "Elle est froide, contrebandière", lui dis-je à la place, depuis le refuge de l'éboulis. Elle me lança son regard triste et haussa les épaules. "On s'y fait, vagabond", dit-elle, avant d'avancer dans la lumière.
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Croire que l'on sait est ignorant. Savoir que l'on croit ne l'est pas. L'homme sage est capable de discerner les nuances entre ce qu'il sait et ce qu'il croit, parce que la croyance est la plus dangereuse des ignorances.
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Les yeux du colosse brillaient d’un éclat dérangeant que je n’avais vu qu’une poignée de fois dans ma vie, chez les fanatiques et les déments. Quelque part, je craignais de ne comprendre que trop bien. Braxxe m’avait assuré avoir quitté ses montagnes pour le spectacle de mon chaos. En bon maître de meute, je nourrissais sa quête mystique. Un frisson me parcourut l’échine, puisque ce jour-là, tout bien pesé, la folie du colosse était aussi la mienne.
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La bêche n'a pas besoin de comprendre pourquoi elle creuse. Le couteau n'a pas besoin de savoir pourquoi il coupe. Nous sommes tous l'outil de quelqu'un, et tu peux être sûr d'une chose : c'est souvent pire de savoir sans comprendre que de ne pas savoir du tout.
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Braxxe eut un sourire que je n’attendais pas, puis tout aussi subitement, un voile tomba sur son visage, un masque solennel qui recouvrit un temps sa férocité. « Je t’observe thesponé », m’annonça-t-il. « J’observe ta voie comme les augures avant moi. Ta vie sera courte et malheureuse, mais autour de toi le monde sera bouleversé. A Thari-Géné, on me surnommait Otithégé. Comprends-tu ce mot ? » […] « Tu es celui qui regarde la tempête. » Braxxe acquiesça. « Oui », fit-il platement. « Les mânes dont je connais le nom sont loin, mais tu es leur instrument. Je n’ai pas peur. Et je suis venu regarder la tempête. »
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Malgré tout, il me faut admettre qu’il y a des avantages à avoir été façonné par le chaos. Durant l’époque tourmentée de ma jeunesse, ma capacité à épouser l’imprévisible a joué en ma faveur plus d’une fois.
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Uldrick disait de moi que j’avais de la chance, même s’il ne croyait pas vraiment lui-même au hasard, pas entièrement. Pour les Vars, la vie est un amalgame d’instants qui découlent les uns des autres, qui nous façonnent davantage que nous ne nous façonnons nous-mêmes. Les hommes, croient-ils, sont les jouets de ce qui croise leur route, des vaisseaux de chair qui naviguent au gré des courants de ce monde, forgés autant qu’ils forgent autrui. Je partage cette vision à bien des égards. Si je me suis servi, au fil des ans, de la philosophie des Vars libres comme d’un balancier, d’un instrument de mesure à l’aune duquel peser les évènements souvent étranges qui ont rythmé mon existence, il me faut bien admettre qu’une poignée d’entre eux échappent entièrement au prisme de la Pradekke. Mes retrouvailles avec Driche tinrent à une succession de coups du sort et d’invraisemblances qu’il ne me semble pas déplacé d’appeler un miracle.
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Restait que la sidération avait fini par passer, remplacée par la résolution, un courage de bête acculée, une hargne froide qui savait surgir pour dépecer le désespoir lorsqu'il le fallait et qui, au cours de mon existence, m'avait sauvé la vie en plus d'une occasion. Elle s'était attaquée aux fibres qui me retenaient comme elle s'en était prise jadis aux pics glacés du Mur carmois, aux cavaliers caparaçonnés de la route des falaises, aux Feuillus puis à mon propre chef de guerre, lors de la conquête des Ronces.
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Je commençais à piquer du nez en dépit de l'inconfort lorsqu'un loup solitaire hurla quelque part dans les hauts. La plus jeune des Epones tourna la tête pour tendre l'oreille. La plainte s'éleva dans la nuit, retomba puis reprit, et sa mélancolie curieuse vint se couler entre les troncs noirs. "Il chante le foyer", murmura l'aînée à sa consœur, qui sourit. Je ne compris pas le sens de la remarque mais je compris le sourire, un beau sourire avec des dents claires comme des perles arrondies. [...] Pour la première fois depuis le matin quelque chose remua dans mes tréfonds, une minuscule étincelle d'insoumission qui s'embrasa dans mon ventre et s'enroula dans mon souffle et tout à coup je courbai la tête, saisi de peine et de colère. J'éprouvai la force des liens qui m'emprisonnaient comme j'éprouvais la cruauté du monde, qui avait transformé ces femmes venues de la forêt en ennemies alors que nous puisions de la beauté dans les mêmes chants.
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Je n'aimais pas la guerre. Je n'aimais pas la peur et la confusion, et je n'aimais pas les exactions qui ciblaient toujours les mêmes, les faibles et les déshérités. Je n'aimais pas tuer. Et pourtant, en dépit de toutes ces aversions je ressentais une démangeaison intime, un appel pressant à retrouver cet état de paix chaotique qui n'existe que dans le conflit. Le grand calme d'un monde simplifié. Eux ou nous. Vaincre ou mourir. Chaque émotion limpide et forte, une liqueur facile qui départageait les hommes entre ceux que l'on devait craindre, et ceux à qui l'on devait faire confiance. Je me rendais compte qu'il en était allé de même dans les mines d'une certaine manière, les maîtres et les esclaves, et pas grand-chose entre eux. Je n'aspirai pas à la fébrilité du combat, mais à la limpidité qui l'accompagnait.
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J'inspirai profondément l'air frais du fleuve, comme si son parfum singulier, que je connaissais depuis si longtemps, pourrait me laver de tout ce que le monde avait fait de moi.
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J'avais laissé la mélancolie m'envahir, et j'avais bercé cette sensation comme j'aurais aimé que l'on me berce moi-même, lorsque j'avais été enfant. Je finis pourtant par me rendre compte que j'avais entre les mains une tristesse maîtrisable, gérable, dont je n'avais pas grand chose à redouter. Ce mal-là avait quelque chose de thérapeutique, puisqu'il s'accompagnait d'une réalisation salutaire : cela faisait longtemps que je n'avais pas eu à craindre ma propre peine comme j'avais jadis eu à craindre la fosse.
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Beaucoup d'hommes enfermés redoutent la solitude. Cela n'a jamais été mon cas. La folie qui hante les geôles, la bizarrerie qui rampe au coin des yeux et qui contamine les mots et les pensées, cela m'a toujours été plus difficile à supporter que l'abandon. A cette époque déjà, je savais ménager ma propre détresse bien mieux que celle des autres. Uldrick m'avait dressé de cette manière. Uldrick m'avait appris à me battre contre moi-même avant qui que ce soit d'autre, à remporter des victoires et à concéder des défaites. Efficacement. Proprement. Sans jamais que cela ne mette un terme à la guerre. Je savais que j'étais mon meilleur adversaire et que ces joutes étaient les seules qui importaient vraiment. Peu de vérités d'alors n'ont pas été abolies par le temps. Celle-ci en fait partie.
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Refaire société, cela impliquait de se projeter dans un avenir plus ou moins proche, alors que le battement de mon propre cœur m'offensait la moitié du temps. Je percevais mon existence même comme une obscénité, une erreur qui perdurait inexplicablement, au nez et à la barbe de la décence la plus élémentaire. Je commençais à envisager qu'il me faudrait peut-être m'y accommoder, si je ne trouvais pas le courage d'y remédier, mais à ce moment-là, je n'étais pas prêt. Il y avait tout à réinventer, et la rivière était proche et profonde.
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"On va regarder si j'ai rien qui traîne, pour t'accoutrer mieux que ça", fit L’Écailleuse qui m'observait. "Qu'ils aillent pas croire que je me ramène avec un mendiant." A mon insu, le lâchai un rire sardonique. La contrebandière me fixa avec gravité jusqu'à ce que je m'explique. "J'ai jamais été bandit, mais j'ai souvent été mendiant", précisai-je. Je crus que L’Écailleuse allait rétorquer quelque chose mais elle se contenta de plisser le front et s'en fut en direction de la barque échouée. Je repensai à l'or dont on m'avait drapé au Vraak, et je ris intérieurement. "J'ai aussi été dieu", soufflai-je.
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"J'en ai croisé beaucoup comme lui. Ils comprennent rien, pour la plupart, à ce que cela signifie, d'être Var. Ils meurent en n'ayant rien compris, en regrettent for et leur dieu-soleil. Mais ils restent, parce qu'ils pensent être libres. Ce sont leurs enfants qui deviennent vraiment Vars. Et qui deviennent vraiment libres. Sais-tu ce que mon père m'a dit, Sleitling? Que le jour où on a lui ramené son vieux à lui, encore crispé sur la faux, il a ri. Il venait de saisir la nuance entre le courage et l'obstination. C'est la liberté. Pour être courageux, il faut être libre. Alors que l'obstination appartient aux esclaves, et à ceux qui ne voient pas leurs propres chaînes. Mon aïeul était courageux lorsqu'il a franchi la Sinde, et obstiné quand il est mort. Enfin. Je me suis dit qu'il fallait que je partage cette pensée avec toi, Sleitling. Plus de courage et moins d'obstination, voilà ce qu'il te faut."
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Les Vars m’ont appris que c’est l’or qui utilise les hommes, et non pas l’inverse
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"C'est une chose étrange la vie [...] On dit que c'est une route que l'on trace. Alors que c'est une rivière que l'on suit." Ses longs doigts fripés cessèrent leur ouvrage. Elle tourna ses rides vers moi, et m'offrit un sourire édenté. "Ne rends pas ta rivière trop rouge, petit soldat", grinça-t-elle, "tu tuerais tous les beaux poissons."
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Cela m’a permis de saisir que, derrière les massacres, les rapines et les viols, derrière les pires horreurs que le monde peut contenir, il n’y a ni mal, ni démons, ni mauvais sorts, mais seulement la folie d’hommes désespérés, dont la peur a fait des monstres. 
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J’avais toujours trouvé le leufe trop superstitieux pour être sage, mais tout bien pesé, Thurle était devenu roi, tandis que moi, j’avais passé mes années à courtiser les désastres.
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