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Critiques de Paul Beatty (54)
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Slumberland

J'ai été très charmée par l'écriture. J'ai adoré certaines phrases percutantes pleine de réflexions. J'ai d'ailleurs pris soin d'en partager quelques unes et d'autres que je relisais et relisais tellement je les trouvais poignantes.



Malheureusement, l'histoire ne m'a pas spécialement intéressée. Certains passages m'ont semblé assommants (notamment tous les détails liés à la composition ou la structure musicale) mais parce que je ne viens pas du milieu de prédilection du protagoniste, parce que je n'avais pas le vocabulaire ni peut-être la culture. Aurais-je adoré dans d'autres circonstances? Probablement car le style d'écriture m'a vraiment plu.
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Moi contre les États-Unis d'Amérique

Paul Beatty pratique l'humour à la mitraillette en plastique : Moi contre les États-Unis d'Amérique c'est une salve de vannes dignes d'un spectacle de stand-up, avec la culture, les stéréotypes, la condition des noirs américains comme moteur.

L'effet est instantané, on a l'impression de recevoir un coup de fouet dans la rétine lorsque l'auteur décoquille de manière irrévérencieuse les archétypes de l'identité raciale, déboulonne les droits civiques au point de permettre à son héros, fils d'un chercheur en sciences sociales qui s'est consacré à des études sur la conscience raciale, de rétablir l'esclavage et la ségrégation à l'école.



Ce n'est pas un récit halluciné pour autant. Derrière cet humour poussé jusqu'à l'absurde, l'auteur pointe l'incapacité d'échapper aux effets persistants de l'histoire. Ou comment en rétablissant l'esclavage et la ségrégation, le narrateur entend exploiter la continuité des inégalités raciales avec des modes de discrimination visibles. Au profit de la communauté, du quartier, véritable ghetto qui a été abandonné par les pouvoirs publics et les promoteurs au point de se voir littéralement effacé de la carte de Los Angeles.

Car derrière la lucidité amusée, il y a surtout la mélancolie pour un quartier qui s'est tellement réduit qu'il est voué à disparaître et ses habitants avec. On pourrait penser que la nostalgie est le romanesque même, elle adoucit le caractère ostensiblement provocateur de la logique appliquée de manière imperturbable. Et elle se voit rehaussée par la formidable critique sociale de Los Angeles, le narrateur dressant un panorama de la ville dans laquelle seul le surf semble offrir au jeune homme une alternative aux frontières qui quadrillent le territoire.



Mais à force de déconstruire, le roman semble aller nulle part. Si la prose tonique et truffée de références a la vertu de donner une dimension nouvelle, peut-être plus à même de faire réfléchir le lecteur ou la lectrice sur l'héritage de l'esclavage aux États-Unis, elle a paradoxalement un effet anesthésiant. Paul Beatty applique tous les codes du stand-up avec un roman qui ne repose pas sur une intrigue mais sur des thèmes et des personnages. Les formules assassines exercent un pouvoir indéniable mais à mesure que le récit progresse, l'humour devient un obstacle à l'évolution du récit, la mécanique s'épuise. Et le tempérament nonchalant voire apathique du héros qui semble assumer sa vie comme une perpétuelle inconsistance à laquelle sa nouvelle mission ne donne guère de sens, ne fournit pas l'élan nécessaire aux idées déployées dans ce roman.



Même si j'ai été séduite par l'esthétique du bouquin et par la découverte de l'un des auteurs qui portent au plus haut une écriture affirmant ses références afro-américaines, j'ai progressivement été gagnée au fil des pages par la sensation d'un auteur dans l'incapacité de donner une orientation narrative à son roman. A moins que la volonté de Paul Beatty ait été d'envisager une aventure purement distrayante, un vrai moment de liberté sans entraves...

Malgré ses défauts, ce roman est riche d'enseignements et savoureux à lire.

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Slumberland

Dans Berlin, se pose la question fondamentale que tout un chacun se pose lorsqu'il visite la ville loin des images touristiques convenues :

« JADIS, ET CELA PEUT TRÈS BIEN SE REPRODUIRE DEMAIN, LÀ OÙ VOUS VOUS TROUVEZ, QUELQUE CHOSE S'EST PASSÉ. QUOI QU'IL SE SOIT PASSÉ, IL Y A EU AU MOINS UNE PERSONNE QUI N'EN A PAS EU RIEN À FOUTRE, ET AU MOINS UNE PERSONNE QUI EN A RIEN EU À FOUTRE. LAQUELLE AURIEZ-VOUS ÉTÉ ? LAQUELLE SEREZ-VOUS ? »

Le narrateur de Paul Beatty, un jeune afro-américain surnommé Ferguson Sowel, passe en revue, dans un délire parfois féroce, alors qu'il est allongé sur un banc de bronzage dans un solarium de Berlin, les images et les préjugés qui fondent notre pseudo jugement, notre lien avec la réalité et notre relation à autrui.

La culture noire, les juifs, les femmes, les banquiers, les managers, les ouvriers, les flics, toutes ces icones que nous portons en nous, réceptacles de notre empathie, de notre colère, de notre dégout, voire de notre haine (et on sait quel résultat cela peut donner), sont là, dans le Berlin de la Chute du Mur qui cristallise « la fin des idéologies », comme les chroniqueurs ont coutume d'écrire, mais pour le héros, le début des désillusions.

La chute du mur est-elle le résultat de la volonté du peuple ou, comme l'affirmerait Albert Einstein, dansaient-ils « tous au son d'une musique mystérieuse, jouée à distance par un flûtiste invisible. » ?

Qu'ont gagné les Allemands de l'Est à passer à l'Ouest, une domination contre une autre, celle visible et brutal d'une dictature d'un autre âge contre celle plus douce, invisible mais insidieuse de l'argent roi ?

Et Ferguson de rajouter : « Comme le Congo belge de Conrad, l'Allemagne des premiers jours de la réunification fut un pays à l'éclairage obscur et où l'obscurité était plus obscure encore. »

« L'Allemagne changeait. L'après-chute du Mur m'évoquait la période de la reconstruction de l'histoire américaine, avec ses scallywags, ses carpetbaggers, ses foules réclamant les lynchages, et ceux qui se faisaient misérablement lyncher. »

« Les comédiens qui, avant la chute du Mur, avaient supplié et imploré pour jouer des rôles de Juifs aux abois dans de petits films indépendants rêvaient à présent d'incarner des nazis incompris dans des films à gros budgets. »

L'Ouest n'est pas tendre pour les Ossies :

« Q. : Pourquoi les policiers est-allemands se déplacent-ils par groupes de trois ?

R. : Un pour lire, un pour écrire, et un pour avoir à l'oeil les deux intellos. »

Ferguson est venu à Berlin à la recherche de Charles Stones, le Schwa, un mystérieux musicien qui faisait partie du grand orchestre de Buddy Rich dans les années 1950.

Quand il joue, le public n'applaudit pas à la fin de ses concerts :

« Applaudir n'eût pas été un signe d'appréciation suffisant. Les gens appelèrent leurs avocats et le mirent dans leur testament. Un diplomate sud-africain l'approcha pour qu'il se présente aux prochaines élections contre Nelson Mandela. Une veuve de Wilmersdorf lui donna la recette secrète de la choucroute alsacienne qu'elle tenait de sa mère. »

La musique est un refuge et un moyen d'action. Ferguson écoute Sun Ra, Undertones, Coleman Hawkins, Joy Division, van Morrisson, Lee Morgan, mais compose et diffuse sur le Juke-Box du Slumberland des compositions dont les clients pensent :

« C'est trop bon, vraiment. Comme une prune tellement sucrée que tu ne peux pas la manger parce qu'elle fait battre ton coeur trop vite et du coup tu finis par la balancer. »

Son séjour à Berlin ne lui fait pas oublier qui il est, « Pour le Nègre, ce jour d'hui comme hier est jour nègre. » :

« Je songe qu'un jour une sonnerie retentira, ces gens se lèveront tous comme un seul homme en un claquement de talons, poussant un belliqueux « Jawohl ! », et m'ordonneront de monter dans le prochain train. Je sais qu'une telle sonnerie peut retentir dans n'importe quel pays, à n'importe quel moment. Et que certains se lèveront en toute bonne foi, que d'autres se lèveront par peur, et que quelques-uns sortiront grandis de cette épreuve en n'obéissant pas, ils hébergeront leurs semblables, distribueront des tracts, mourront en tentant quelque chose. Mais quand même. »

Un roman salutaire, à lire, pour désenvaser nos circonvolutions cérébrales des alluvions que les Spin Doctors politiques, médiatiques, sociaux, et de tout autre acabit, y déversent au quotidien.




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American Prophet

Une couverture accrocheuse et colorée ainsi qu’une quatrième de couverture bien ficelée, les deux éléments combinés m’ont donc convaincue d’ajouter American Prophet à mon « petit » palmarès de ce début d’année 2015 (oui je souffre de la fameuse et déprimante panne de lecture).

Le livre se présente comme l’autobiographie de Gunnar Kaufmann, jeune afro-américain qui malgré lui a été promu nouveau messie de la communauté noire américaine. Sa philosophie : le suicide comme libération ultime des siècles d’asservissement communautaire. Why not…quand il n’y a plus d’espoir, reste le harakiri.

Après cette introduction on ne peut plus farfelue (et qui donne tout de suite le ton du roman), nous voilà plongé dans le récit des jeunes années de notre compagnon de route, « échoué » avec sa famille dans les beaux quartiers résidentiels de Los Angeles : pas vraiment l’archétype du jeune afro-américain cool du ghetto. En plus d’être mal à l’aise dans son corps, Gunnar doit composer avec une mère fière de lui rappeler à tout bout de champ l’histoire ô combien exceptionnelle des ancêtres de leur famille : esclaves affranchis, militants pour les droits civiques…jusqu’à son père, flic très intégré et quasi inexistant, bonjour le poids familial à se trimballer. Et puis un jour, Gunnar et sa famille doivent quitter leur ghetto doré et échouent dans le ghetto, le VRAI cette fois : on y parle le langage châtié du ghetto, on s’habille ghetto, on mange ghetto, on vit ghetto : douche froide pour Gunnar qui va devoir s’adapter au prix d’efforts (et de bizutages) incessants, allant même jusqu’au harcèlement par deux nymphettes du quartier qui vont jusqu’à le violer (ce qui n’est pas pour lui déplaire). Bref ce n’est pas une partie de plaisir. Mais Gunnar fait son nid et grâce à ses dons de poète des rues et de basketteur, se crée une réputation non négligeable.



Si vous êtes adeptes de bons mots, de phrases percutantes débitées à la seconde, d’humour corrosif et d’anti héro sérial loosers, alors American Prophet est fait pour vous. C’est un régal pour l’esprit, une vraie partie de tennis littéraire. Je dis d’ailleurs bravo à la traductrice qui a su restituer et préserver toute la saveur du style subversif de Paul Beatty. J’ai pleinement apprécié ce voyage au pays du ghetto, imprégnée par les particularités de la culture afro américaine si peu mise en avant. Pas de misérabilisme, ni d’auto apitoiement, Paul Beatty ne ménage d’ailleurs pas les siens en ne faisant pas dans la dentelle, tout le monde en prend pour son grade, blancs comme noirs. J’ai beaucoup appris, beaucoup souri, un bon bilan de lecture. Si je devais déplorer quelque chose ce serait la fin que j’ai trouvée un chouia bordélique et bâclée. Mais ce serait bien dommage de passer à côté de ce petit traité d'irrévérence.
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American Prophet

C’est totalement déjanté, drôle très drôle, une immersion dans la culture afro-américaine, dans la culture hip-hop. J’ai passé un bon moment de lecture et j’ai apprécié de découvrir une culture que je ne connais pas vraiment si ce n’est quelques clichés et là dans ce livre justement il n’y en a pas et pas de larmoiement. C’est très intéressant car c’est le contraire des histoires habituelles sur le déracinement , cette famille de noirs, seuls noirs parmi les blancs dans un quartier huppé qui se trouvent suite à un déménagement à habiter un quartier populaire et plutôt pauvre où il y a toutes les minorités noirs, latinos et asiatiques. Le fait de se trouver là va amener le personnage principal , Gunnar à changer sa façon de vivre, de penser et à s’adapter à ce nouvel environnement.



J’aime le sujet de l’adaptation de l’humain en fonction de son milieu et l’intelligence avec laquelle Gunnar arrive à le faire. C’est un très bon roman sociétal qui rend bien compte du problème de l’empreinte raciale aux Etats-Unis. Il y a un rythme particulier dans l’écriture, un flow qui va très bien avec le hip-hop. C’est politiquement incorrect, drôle , déjanté et décalé.



Les références culturelles et historiques sur l’histoire des noirs américains , d’ailleurs les notes explicatives sont vraiment les bienvenues et apportent un plus indéniables. Un hymne à la tolérance qu’il ne faut pas rater, très réussi et très actuel.



VERDICT



A ne pas rater !!! drôle et instructif.
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Moi contre les États-Unis d'Amérique

D'abord le titre, Moi contre les États-Unis d'Amérique, annonciateur d'un récit irrévérencieux, jouissif et hors norme; je sais qu'il ne faut pas toujours s'y fier mais celui-ci tient ses promesses. Paul Beatty déverse sur le lecteur un cours accéléré sur la ségrégation raciale, le racisme et la culture afro-américaine dans le pays de l'oncle Sam. Campée dans la banlieue de Los Angeles, aux quartiers multiraciaux et parfois sauvages, l'histoire de ce Noir, enfant unique éduqué par un père sociologue aux idées franchement déjantées, surprend par son propos et par son style. Comment penser que réinstaurer la ségrégation basée sur la race peut redonner un sentiment d'appartenance à une communauté? Et que le terme nègre ou négro, saupoudré presque à chaque page, peut faire rigoler encore aujourd'hui? Chapitres courts, langage percutant, écriture fébrile, voilà un conte moderne qui a du mordant et de l'humour.
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American Prophet

Paul Beatty, né en 1962 à Los Angeles, est un écrivain afro-américain. Diplômé d'un Master of Fine Arts du Brooklyn College en écriture créative, il a également obtenu une maîtrise en psychologie à l'université de Boston. En 1990, il est couronné Grand champion de slam du café des poètes de Nuyoricana et gagne à cette occasion un contrat d'édition pour la publication de son premier recueil de poésie, Big Bank Takes Little Banka. Son deuxième livre de poésie, Joker, Joker, Deuce, suit trois ans plus tard. Son premier roman, American Prophet, date de 1996 et vient d’être traduit en français.

Parenthèse liminaire, le titre original de l’ouvrage The White Boy Shuffle a été traduit en français ( ?) par American Prophet ! Non seulement le ridicule ne tue pas mais il a encore de beaux jours devant lui.

Quand le roman débute, Gunnar Kaufman son jeune héros, est le dernier descendant d’une longue lignée de Noirs américains dont il nous rappelle les grotesques mésaventures, comme cet aïeul qui migra vers le Sud en pleine période d’esclavagisme ou cet autre qui courut s’enrôler dans les troupes des Etats Confédérés durant la guerre de Sécession, bref une famille jamais du bon côté du manche de l’Histoire en marche. Et il faut que croire que la malédiction les poursuit puisque Gunnar, sa mère et ses deux sœurs, déménagent de Santa Monica quartier chic et Blanc vers Hillside, ghetto de Los Angeles.

Dans cet environnement difficile dont les codes lui sont inconnus, le jeune Gunnar va devoir se faire une place au milieu des gangs entre Bloods et Cripps. Lui qui ne rêve que de poésie, se révèlera aussi basketteur de talent, s’ouvrant les portes des Universités mais aussi les cœurs des petites frappes de son quartier. Entre ses deux potes, Nicholas Scoby, fan de jazz et Psycho Loco leader d’un gang, Gunnar va tenter de se trouver une place dans ce monde. Contre sa volonté il va se retrouver porte-voix, prophète donc, « d’une ethnie à l’abandon » après avoir pris conscience de sa condition à l’annonce du verdict dans le procès de Rodney King, « ce jour-là, pour la première fois de ma vie, je me suis senti comme un moins-que-rien. ».

Un bien beau et bon roman en vérité. Passées les toutes premières pages qui assomment un peu le lecteur surpris par le style de l’écrivain, le reste du livre se dévore avec une hâte retenue. Hâte, car poussé par la tchatche et la faconde de Paul Beatty vous êtes embarqué par une lame de fond dont l’origine remonterait au jazz pour se poursuivre avec le rap ; retenue, car il vous faudra ingurgiter les nombreuses références au vécu des Noirs américains, références historiques ou culturelles, obligeant à ralentir la lecture pour mieux en appréhender le sens.

Mais rassurez-vous, Paul Beatty sait y faire. Rien n’est lourd ou chargé d’un bien-pensant convenu, au contraire. L’écrivain qui a également publié dans le passé une anthologie de l'humour afro-américain l’utilise ici plus souvent qu’à son tour, en faisant de l’autodérision cette arme typique des minorités pour retourner en leur faveur des situations défavorables. On rit souvent devant ses propos peu enclins au politiquement correct, ses réflexions incongrues.

Drôle, vachard mais lucide avec sa communauté « l’Amérique noire a renoncé à ses besoins dans un monde où les espérances ne sont qu’illusions », instruit aussi, le roman fourmille de détails ou informations historiques et au-delà l’humour, l’auteur sait utiliser les mots et la langue pour nous donner un texte de très grande qualité.

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Tuff

À l'instar de Farrugia qui vomissait partout dans "La cité de la peur" lorsqu'il était content, Winston Foshay alias Tuff, a lui une tendance récurrente à s'évanouir dès lors que ça commence à chauffer pour ses 140 kilos de graisse.

Vous me direz peut-être, je préfère tomber dans les vapes que d'être le Vomito de la bande. Soit.



Passons ces considérations, le problème étant que celui que ses acolytes nomment Tuffy, n'est par définition pas un tendre. Oh ce n'est pas un serial killer loin de là, mais il est souvent impliqué de par son physique plus qu'imposant en tant qu'homme de main dans toutes les magouilles de son quartier d'East Harlem. Alors tomber dans les pommes à la moindre montée d'adrénaline ça la fout mal.



À la suite d'un énième évanouissement, celui-ci salvateur, lui permettant de sortir indemne d'une fusillade dévastatrice, Tuffy va se diriger vers une toute autre voie et changer la trajectoire d'une destinée déjà déjantée.



Fils d'un black panther, quoi d'autre que la politique comme terrain de jeu pour celui que tout le monde connait dans son quartier. La démarche est simple. Qui d'autre mieux que moi peux vous comprendre et vous représenter à la Mairie? Je connais beaucoup d'entre vous, j'ai grandi et fait les 400 coups ici, fait les poches à certains certes, mais je me présente devant vous tel que je suis, sans calculs ni baratin politique. Au moins ça a le mérite d'être clair, chose rare dans une campagne électorale.



Dans une verve qui lui est propre, Paul Beatty effectue ici grâce à un style humoristique fortement satirique et bourré de références à la culture américaine, un formidable pied de nez à la fatalité qui semble s'abattre sur cette jeunesse de la rue, faisant croire que la violence tendrait à devenir héréditaire. Et bien non. Paul Beatty casse les codes. Le "grand-frère" de Tuff en politique sera un Rabbin noir, sa mécène une activiste politique d'origine japonaise, brisant ce communautarisme qui trop souvent enferme et éloigne les gens les uns des autres.



Kuroyama, la Montagne noire, nom donné à Winston lors d'un meeting qui le verra s'essayer à l'art du Sumo, lui qui entre deux sodas en a tout à fait la carrure, moins musculeux mais tout aussi vaillant, prouvant décidément que les épreuves auxquelles nous sommes confrontés nous poussent à aller au delà de nos prétendues limites. Gambate !
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Moi contre les États-Unis d'Amérique

En un mot : à lire absolument ! Dans ce pavé très dense, c'est un autre visage de l'Amérique contemporaine qui se dévoile, avec une ironie féroce. C'est brillant, drôle, enlevé, tout en mettant les pieds dans le plat. Bravo bravo bravo !
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Tuff

Livre qui trace sa route, dans le NY des Blacks, des Négros, au-travers un char d'assaut de jeune homme, en plein dans son époque, son quartier... Direct, sans fard, mais pas sans humour, ce livre dépeint une réalité. Probablement mal connue ou jamais assez bien décrite, sans doute. Réalité proche, si proche. Dans ces noms qui feront toujours fantasmer un brin/rien
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American Prophet

Lu dans le cadre de la « voie des Indés »



« American prophet » est le premier roman de l’américain Paul Beatty, poète et slameur confirmé, couronné Grand champion de slam du café des poètes de Nuyorican en 1990. Sous la forme d’un roman d’initiation déjanté, « American Prophet » raconte la vie de Gunnar Kaufman, de son déménagement à Hillside, un ghetto de Los Angeles, à son involontaire élévation au statut de nouveau prophète de la communauté Noire mondiale.

Cela donne un roman bourré d’humour grinçant, d’une tonalité caustique dévastatrice et irrésistible comme une punchline bien sentie. « American Prophet » recèle également son lot d’exubérance. Le trait est simplement un peu forcé, comme dans une farce tragi-comique, une fantaisie du ghetto.



L’autre force de ce roman c’est bien entendu sa justesse d’analyse. On aurait tort de réduire ce livre à sa dimension sociologique mais on ne doit pas pour autant la taire. C’est un grand livre sur la condition des Noirs aux Etats-Unis. Un livre dans la lignée de « S’il braille, lâche-le » de Chester Himes ou « Effacement » de Percival Everett. Paul Beatty pulvérise dans des pages assassines et drolatiques les idées reçues sur les Noirs ou le Ghetto. Les préjugés raciaux et sociaux, des racistes haineux comme des bourgeois bohèmes progressistes et propres sur eux, ressortent en miette de ce roman imparable.



« American Prophet » est un roman tragi-comique qui allie fulgurance poétique et pertinence d’analyse. Il parvient, par son humour caustique et une galerie de personnages hauts en couleur, à nous faire rire et à nous émouvoir. En somme une très recommandable lecture.

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Moi contre les États-Unis d'Amérique

Reçu dans le cadre de masse critique grand merci a Babelio et à 10/18. un hasard a fait qu'un ami m'est offert un livre de Beatty, American Prophet pour "s'excuser" de m'avoir offert un livre que je n'ai pas aimé. Bref, bon moment de lecture avec ce livre empreint d'humanité, d'intelligence, d'humour et de réflexion, Bouquin paru en 2015, Ça se passe en 2009, Barak vient d'être élu, l'élection d'un homme noir va t elle enfin permettre à l'Amérique de tourner une page douloureuse de son histoire ?

L'action se déroule à Dickens ville proche de LA est en passe d'être absorbée par cette gigantesque mégalopole, analogie d'un espace, d'une population vampirisée par les standards en vigueur.

Le héros, Bonbon, est fermier à LA dans le ghetto, il se balade à cheval, cultive des fruits et des légumes délicieux, son père est un défenseur acharné de la condition noire et à crée un club dévolu à cette cause. Il décide de redessiner à la peinture les contours de sa ville afin qu'elle ne disparaisse corps et âmes.

Roman délirant, ironique, caustique, jouissif et très contemporain.

Un vrai bon moment de lecture, un auteur lettré, à écouter avec du Cypress HIll.
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Moi contre les États-Unis d'Amérique

Paul Beatty, né en 1962 à Los Angeles, est un écrivain afro-américain. Diplômé d'un Master of Fine Arts du Brooklyn College en écriture créative, il a également obtenu une maîtrise en psychologie à l'université de Boston. En 1990, il est couronné Grand champion de slam du café des poètes de Nuyoricana et gagne à cette occasion un contrat d'édition pour la publication de son premier recueil de poésie, Big Bank Takes Little Banka. Un second livre de poésie suit trois ans plus tard.

Bonbon, le narrateur, est le fils d'un psychologue social aux méthodes peu orthodoxes qui a pris son enfant pour cobaye afin de tester ses théories sur les rapports raciaux. Elevé à Dickens, surprenante enclave agraire dans la banlieue de Los Angeles, « aussi étrange que cela puisse paraître, j’ai grandi dans une ferme en plein cœur de la ville », le jeune Afro-américain décide de réagir lorsque son quartier se trouve menacé d'être purement et simplement rayé de la carte. Pour servir ce qu'il croit être le bien de sa propre communauté, il ira jusqu'à rétablir l'esclavage et la ségrégation à l'échelle locale, s'engageant dans une forme d'expérience extrême qui lui vaudra d'être traîné devant la Cour suprême.

Le premier roman de Paul Beatty, American Prophet, datant de 1996 mais traduit en français en 2013, m’avait beaucoup impressionné ; je ne pouvais pas manquer celui-ci, paru depuis peu. A relire ma chronique d’alors, je m’aperçois que je pourrais la reprendre à l’identique pour ce nouveau roman. Une fois encore, le lecteur innocent risque d’être découragé par le prologue d’une vingtaine de pages, le texte vous saute à la gueule en une logorrhée assommante, presqu’incompréhensible. Cramponnez-vous aux bras de votre fauteuil, ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Ceci-dit, si la lecture s’arrange grandement ensuite, le style de Paul Beatty peut ne pas plaire à tous – mais c’est aussi le point fort de l’écrivain – ça fuse dans tous les sens, ça dévie en digressions, allusions ou références locales pas toujours évidentes pour nous malgré les notes en fin d’ouvrage, une avalanche de phrases, d’idées subversives et de propos décoiffant : délectable et jouissif. Autant dire que ça râpe ! Ah ! Ah ! Ah !

L’écrivain n’y va pas avec le dos de la cuillère, à une époque où parler des rapports raciaux oblige à tourner sa langue dans sa bouche au moins dix fois pour finalement la fermer afin de ne pas déclencher un tollé ou une émeute, Beatty balance à tout va sur la négritude et la critique sociale, sans gants ni pincettes mais avec néanmoins un « avantage » sur d’autres, être Noir lui-même. Son arme, le rire, ou plutôt la satire, l’ironie, l’humour (noir ?) « Tout le monde couchait avec tout le monde et l’envie du pénis n’existait pas, étant donné que les nègres avaient plutôt tendance à avoir trop de bite ». Et que je te malaxe tous les clichés et idées reçues sur les Blacks et l’intégration, lâchant des vannes, en veux-tu en voilà, sur à peu près tout. Le lecteur ne sait plus où donner de la tête, emporté par le courant, riant sans vergogne ici, ou avec circonspection là, ne sachant plus très bien si l’auteur ne se moque pas de lui, par un second degré destiné à démasquer son racisme !

Il y a trop de tout dans ce bouquin pour que je l’aborde plus en détail. Vous éclaterez de rire lors du passage relatant son éducation par son père quand Bonbon était enfant, vous nagerez en plein onirisme poétique et farfelu à l’heure de la mort du père, vous vous prendrez d’affection pour Hominy son esclave noir septuagénaire qui aura recours à un club sado-maso afin d’être fouetté dans les règles puisque Bonbon s’y refuse et Marpessa, son béguin, conductrice de bus… et j’en passe.

Politiquement incorrect, Paul Beatty pousse le bouchon à son maximum et ça décape grave.

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American Prophet

«Chez les Noirs, d’habitude, on réserve les lamentos pour les funérailles. J’ai vu des gosses se prendre sans moufter des coups de matraque, des pare-chocs et même des balles. Car seules deux occasions vous autorisent à verser une larme : manquer d’un seul petit numéro la grosse cagnotte du loto ou perdre un proche. Deux cas dans lesquels pleurer est acceptable, mais une fois et une fois seulement. Pas le temps de broyer du noir, parce que le lendemain, le nègre, y doit retourner marner.»



Et Gunnar Kaufman, broyer du noir c’est pas son truc (jeu de mots facile j’avoue). Messie-en-devenir, descendant d’une famille d’afro-opportunistes, basketteur-poète et doué d’une intelligence sans borne, Gunnar son truc, c’est plutôt de broyer les préjugés, la servitude et de renvoyer les manipulateurs de la "négritude" dans les champs de coton !

«Et l’Histoire a ajouté mon nom à la bande de messies déjantés qui répondent présent à l’appel de Satan: Jim Jones, David Koresh, Charles Manson et le général Westmoreland. Toute la bande et puis moi. Les pages qui suivent constituent mes mémoires.»



Ce «moi» c’est Gunnar Kaufman donc, enfant au «cœur en fer-blanc emballé dans un placage en cuivre bruni.» Sa condition de «noir cool» de la "white middle class" de Santa Monica ne plaisant guère à sa maternelle, celle-ci aura vite fait de le catapulter lui et ses deux soeurs, dans le ghetto de Los Angeles. Là, au milieu de consœurs blacks, gangsters latinos et autres épiciers coréens, les premières raclées lui apprendront sans concession à devenir un nègre véritable et fier!



De cette prise de conscience sur sa condition de nègre, on assiste alors, dans une mélopée jazzy, à la naissance de cet American Prophet, un brin fêlé, guidant une ethnie perdue vers cette Terre tant Promise. Entre épisodes de préjugés racistes et réalité du ghetto, la poésie est à l’œuvre. Non seulement parce que le personnage de Gunnar est un poète, mais surtout parce que Paul Beatty, l’auteur, est un slameur confirmé et sait, de ce fait, jouer avec les mots. On saute d’une phrase à l’autre d’un langage soutenu à un dialecte des rues pour le moins argotique. Et cette alliance, plus qu’alternance, est pure merveille !

(bravo donc à la traductrice Nathalie Bru qui a su retranscrire cela.)



«Picoti Picota tape le nègre et puis s’en va.»



Dans une fresque de personnages décalés qui accompagnent ce Luther-King-revu-et-corrigé, la prose se veut tour à tour cynique et optimiste, émouvante et violente, engagée et innocente. Paré de réflexions idéologiques sur la condition et le devenir de l’homme noir dans la société nord-américaine, le texte et truffé de références au Mouvement des droits civiques et à la culture afro-américaine notamment, dont un "lexique" d’une quinzaine de pages à la fin du livre s’avère particulièrement utile et éclairant.



Roman coup de poing de cette rentrée, American Prophet est un hymne à la tolérance où les préjugés, autant sur les petits blancs proprets que les blacks bagarreurs du ghetto prennent une sacrée dérouillée.



Et comment passer à côté du graphisme de la couverture, tout simplement superbe !

American Prophet de Paul Beatty, c’est sorti le 5 septembre, au Passage du Nord Ouest



«Comme le bon révérend King

"J’ai fait un rêve" moi aussi,

mais en me réveillant

je l’oublie et

je me souviens que je suis en retard au travail.»
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Slumberland

Paul Beatty est un écrivain Américain, né en 1963 à Los Angeles. Il a écrit trois romans dont le dernier, Slumberland, est le premier à être traduit en français dans la collection “Fiction & Cie” au Seuil. Disons-le tout de suite : Slumberland est un excellent roman. Ecrivain Afro-Américain, Beatty trace un portrait sans concession du monde moderne à partir d’un questionnement sur l’identité noire. Qu’est-ce qu’être Noir ? Le narrateur, Ferguson Sowell, dit DJ Darky, ne croit pas à la spécificité de la négritude. Beatty analyse sans jamais être théorique cette identité noire à travers la musique, les mécanismes sociaux et surtout le racisme, le tout faisant de Slumberland un livre aussi sérieux que drôle et inventif.



Le roman commence à Berlin-Ouest à la fin des années 80. DJ Darky, un Afro-américain originaire de Los Angeles, réfléchit à la condition noire dans un centre de bronzage :



« Nous autres, Blacks, nous naguère éternellement dans le coup, le peuple de l’immédiateté par excellence, véritable Temps universel, sommes désormais aussi obsolètes que les outils de pierre, le vélocipède et la paille en papier, les trois roulés en un ? Le Noir est maintenant officiellement humain. Tout le monde le dit, y compris les Britanniques. Et si personne n’y croit vraiment, ça n’a pas d’importance ; nous sommes aussi médiocres et banals que le reste de l’espèce. […] L’identité noire, c’est du passé, et moi, pour ma part, je ne pourrais m’en réjouir davantage, parce que désormais je suis libre d’aller au centre de bronzage si j’en ai envie, et j’en ai envie. »



Ce qui n’existe plus, c’est la culture noire. Le Noir n’est plus que noir, il est un homme qui n’est pas blanc, un homme qui ne vaut tout de même pas un Blanc, comme le montre le cinéma américain qui, s’il met en scène des acteurs noirs, fait en sorte qu’ils ne soient « jamais assez futés pour déjouer les entourloupes du mec blanc ou assez sombres pour commettre des crimes vraiment ignobles. »

Même si le racisme y est omniprésent, il est tout de même plus facile d’être noir en Allemagne qu’aux Etats-Unis. A Los Angeles, en effet, être noir, c’est craindre en permanence de croiser un flic qui nous trouve une ressemblance avec « un multirécidiviste qui n’a pas été appréhendé, un type deux fois pire que Stagolee et moitié moins sympa, un Négro en cavale genre plus-un-geste-enculé-ou-je-t’explose-la-tronche qui nous ressemble comme deux gouttes d’eau. »

De Berlin, DJ Darky pose un regard lucide sur son pays. Il n’y a aucune mise en accusation, mais un constat plutôt ironique. DJ Darky se considère « comme un réfugié politico-linguistique ». L’Amérique est un pays où l’on emploie un mot pour un autre où l’on dit nonplussed (“interloqué”) pour dire “nonchalant” et où on ne parle plus que par euphémismes. Les mots ne sont plus que des coquilles vides, des signifiants sans signifiés :



« L’Amérique est perpétuellement en train de composer des formules creuses telles que keeping it real, intelligent design, hip-hop generation et first responders pour travestir le vide et la banalité. »



DJ Darky lutte contre cela, ayant gardé pour seul correspondant, le responsable éditorial d’un dictionnaire auquel il propose des mots (« lutter contre la répression linguistique ») hélas refusés pour la plupart, comme celui auquel il tenant tant : “phonographic memory”. Parce que la particularité de DJ Darky est d’avoir une mémoire phonographique exceptionnelle. Il retient tous les sons qu’il entend. Les chansons, bien sûr, mais même les bruits les plus anodins comme le son que fait telle ou telle pièce de monnaie lorsqu’elle tombe sur tel ou tel sol…

C’est d’ailleurs ce don exceptionnel qui lui a permis de devenir DJ. Dans le premier chapitre, DJ Darky, dans sa cabine de bronzage, se souvient de son parcours, des aléas burlesques qui, dans une Amérique encore profondément raciste, ont conduit ce brillant étudiant en mathématiques à devenir DJ. Mais, ce qui l’a amené à Berlin, c’est la création d’un beat presque parfait. Pour qu’il devienne une « Joconde sonique », il lui manque un p’tit truc. Voilà ce que lui annoncent ses potes de son collectif musical, les Beard Scratchers (ainsi nommés parce qu’ils se grattent tous la barbe quand ils réfléchissent, sauf DJ Uhuru bien entendu car c’est une femme). Tous, DJ You Can Call Me Ray Or You Can Call Me Jay But Ya Doesn’t Have To Call Me Johnson, DJ Uhuru, DJ Umbra, DJ Skillanator, DJ So So Deaf et DJ Close-n-Play sont d’accord : même si Bitch Please, une rappeuse, est prête à lui acheter 50 000 $ son beat, il faudrait le faire ratifier par un grand musicien, comme Mick Jagger avait ratifié en son temps You’re so vain de Carly Simon en chantant dans les chœurs. Une seule personne pourrait apporter la touche manquante : Charles Stone, surnommé le Schwa, un jazzman avant-gardiste :



« Pour nous, le Schwa est le break beat ultime. Le boum bip. Le ou-ii oo ah ah ting tang walla walla bing bang. Le om. Il est dans Pagliacci le moment où le putain de clown se met à chialer. […] La musique du Schwa, c’est l’anarchie. C’est la Somalie. C’est le bureau de la préfecture qui délivre les cartes grises. C’est la tignasse d’Albert Einstein. »



Le problème est que le Schwa a disparu depuis plus de vingt ans et personne ne sait où il se trouve… Les recherches ont à peine commencé qu’une enveloppe attend DJ Darky au studio d’enregistrement où il compose avec la plus grande application des BO de films pornographiques. Expédiée du Slumberland bar de Berlin, l’enveloppe contient une vidéo, celle d’un homme baisant une poule sur une musique inédite de… Charles Stones ! Il n’y a donc aucun doute : un inconnu le met sur la piste du Schwa. Il parvient à se faire embaucher par le Slumberland bar comme « son-melier », c’est-à-dire « caviste pour juke-box » et il s’envole vers la R.F.A.



A peine arrivé, DJ Darky se rend compte qu’il ne sait même pas à quoi ressemble le Schwa, celui-ci ne s’étant jamais laisser prendre en photo. Il se peut même qu’il soit blanc ou qu’il soit mort. Si ce n’est pas le cas, il passera au Slumberland qui est le lieu de rendez-vous de tous les Noirs de Berlin. Il n’y a plus qu’à attendre... et à se concentrer sur son boulot : la musique du juke-box :



« Je bus ma bière à petites gorgées et me posai la question que tout grand artiste, imaginais-je, se pose avant de se lancer dans le processus de création : “Y a-t-il un dieu ?” Je pesai le pour (le surf hawaïen, je jus de raison Welch, les koalas, les Levi’s usés jusqu’à la corde de mi, la beuh northern light, les breaks Volvo, les femmes avec appareil dentaire, les Rocheuses canadiennes, Godard, les ballons Nerf, le sourire de Shirley Chisholm, les ouvertures de comptes gratuites, et Woody Allen) et le contre (les mouches, l’Alabama, la religion, les chihuahuas, les gens qui ont un chihuahua, la cuisine de ma mère, les turbulences en avion, LL Cool J, les lundis, putain ce que le paradis doit être chiant, et Woody Allen), moins pour démontrer ou réfuter l’existence d’un Tout-Puissant impuissant que pour lancer mon mécanisme mental de plus en plus éméché dans une jacasserie telle qu’une idée pût en jaillir sans que j’y prenne garde. Au bout d’une vingtaine de minutes de cette salade, j’étais aussi près que n’importe quel titulaire d’un DEUG en bibliothéconomie de la réfutation de l’existence de Dieu, mais n’avais pas avancé d’un pouce en matière de programmation du juke-box. Tel est le lot de l’athéologien amateur et néanmoins sonmelier professionnel. »



Le déclic va venir grâce à un gamin traçant avec son doigt sur la buée de la vitrine du bar « Ausländer raus ! ». DJ Darky écoute, fasciné, le bruit du doigt contre la vitre, sort, rattrape le gamin qui s’enfuyait de peur de prendre une dérouillée et l’oblige à finir son inscription : il reconnaît alors dans le crissement un do mineur et plus précisément celui du « sax ténor d’Oliver Nelson dans Stolen Moments. J’avais trouvé mon premier morceau pour le juke-box. » Il remercie le môme terrorisé et le laisser filer.



La suite ici : http://bartlebylesyeuxouverts.blogspot.com/2009/09/musik-uber-alles-paul-beatty.html
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Tuff

Paul Beatty, né en 1962 à Los Angeles, est un écrivain afro-américain. Diplômé d'un Master of Fine Arts du Brooklyn College en écriture créative, il a également obtenu une maîtrise en psychologie à l'université de Boston. Tuff vient tout juste de paraître.

New York, East Harlem. Tuff, nom de rue donné à Winston Foshay, est un jeune Black de 140 kilos utilisant son avantage physique pour jouer les hommes de main. Fils d’un ex-Black Panther, marié avec Yolanda et père d’un bébé, il évolue dans le monde interlope des petites frappes locales avec son pote Fariq, handicapé physique toujours prêt à monter des coups pour se faire de la thune. Un jour, Winston décide de se sortir de cette vie sans avenir, « parce que j’en ai ma claque d’être un de ces nègres pouilleux que Langston Hugues il compare à des « raisins au soleil » dans son poème » et il se présente comme candidat aux élections municipales… !

Avant toute chose, il faut replacer ce roman à sa place dans l’œuvre de Paul Beatty. Certes il s’agit d’une nouveauté pour nous Français mais en fait, paru en 2000, c’est le second roman de l’écrivain, sur les quatre qu’il a écrits (tous chroniqués ici).

Ces précisions sont importantes car pour moi, même si le roman est bon, ce n’est pas son meilleur. Nous trouvons déjà ici tout ce qui fait le style de l’écrivain, à commencer par sa verve narrative, son écriture poussant le lecteur à tourner les pages plus vite que ne le voudrait la raison, pour autant ce rythme rapide n’atteint pas les pointes de vitesse des romans qui suivront.

Comme d’habitude le scénario est fou-fou voire même carrément foutraque : au fil rouge indiqué précédemment se greffent des digressions parfois sans queue ni tête, où, dans un melting-pot ethnique fait de Blacks, d’Asiatiques, de Chicanos et de Juifs, les institutions, la police, les hommes politiques en prennent pour leur grade, dans un langage que nous qualifierons de « coloré » par pudeur mais pas avare de références cultivées. La critique littéraire emploie parfois le terme de « roman choral », avec Beatty la tendance est plutôt au « roman brouhaha » où tout le monde la ramène à tort et à travers.

J’ai dit que ce bouquin n’était pas son meilleur, il a néanmoins un avantage, étant beaucoup plus facilement abordable que les autres – Paul Beatty fait ses gammes – il pourra faciliter la découverte de l’écrivain par ceux qui ne l’ont pas encore lu ?

Suivez Winston dans son parcours, entre Fariq la voix mauvaise conseillère et Spencer le Rabbin Black son opposé, pour découvrir ce qu’il advient de sa résolution, « oublie pas que je suis juste un jeune négro qu’essaie de rompre le cycle. »

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Moi contre les États-Unis d'Amérique

Bien, j'ai classé cet article dans les chroniques et je l'ai également noté dans le titre. Toutefois, je dois avouer que j'ai abandonné ce roman très rapidement, agacée par un style qui ne me correspondait simplement pas ou qui, finalement, tombait juste au mauvais moment, malheureusement.



Quand j'ai vu ce livre dans la Masse critique Babelio, je l'ai coché avec assurance. Le thème m'intéressait, je voulais comprendre comment traiter le sujet dans notre actualité et je me suis dit que j'allais forcément apprécier ma lecture. À aucun moment, je ne me suis imaginé autant buter sur les mots, devoir relire les phrases plusieurs fois pour comprendre où l'auteur voulait nous mener. J'ai donc fait plusieurs tentatives avec ce roman, à des moments différents, rien à faire. Alors, voilà, je ne peux pas vraiment parler de l'ensemble du roman, mais juste vous éclairer sur ce que j'ai lu et ce qui a bloqué avec moi...



Lorsque nous rencontrons notre narrateur, ce dernier est jugé à la Cour suprême pour avoir rétabli l'esclavage et par conséquent la ségrégation raciale, cet homme étant lui-même noir. Bien entendu, comprenez ici que la plume va exceller à nous perturber et faire remuer les méninges sur un fait historique d'importance dont tout le monde ne prend pas véritablement conscience, et ce, même de nos jours. Seul problème, il me faut impossible d'arriver, sans tricher, à ce passage, cette mise en place dans sa communauté de Dickens, tout simplement parce que le prologue est, à mon sens, imbuvable. Je me suis sentie un peu bête, mais la logorrhée à rallonge du narrateur m'a tout bonnement perdue et agacée. Je ne comprenais rien, je lisais les phrases encore et encore. Pourtant, petit à petit, le ton devient alors cinglant et bien plus intéressant. Mais pour moi, le mal était fait, je fus vaincue par K.O. face à une introduction trop complexe, trop snob, et le livre m'est tombé des mains. Si vous lisez régulièrement mon blog, vous savez pourtant à quel point c'est rare.



Ainsi, j'ai mis le livre de côté, non, je ne l'ai pas définitivement rayé de ma liste, je me suis dit que peut-être qu'un jour, il tomberait mieux et que je pourrais alors en apprécier pleinement le style et le sens, comprendre le but de l'histoire et en ressortir grandie. Car oui, je reste persuadée du potentiel énorme de ce roman, et je me refuse à noter un roman que je n'ai pas lu en entier, ni même à moitié. C'est donc plus la chronique d'un abandon que je vous ai proposé dans ces quelques lignes, mais je ne peux malheureusement pas vous en dire beaucoup plus, si ce n'est, mais ça, vous l'avez déjà compris, que je regrette de ne pas voir pu aller au bout de cette lecture. Je dois abandonner maximum 2 livres par an, voire parfois aucun, mais malheureusement, c'est tombé sur celui-ci.



Si jamais vous le lisez ou l'avez lu, n'hésitez pas à me faire part de votre ressenti, je trouve toujours intéressant d'échanger sur un livre qu'on n’a pas réussi à aimer assez pour le lire en entier. Je n'abandonne jamais à la légère et peut-être que certains de vos avis pourraient me motiver à reprendre cette lecture. Quoi qu'il en soit, je le laisse de côté pour 2017, qui sait ce que 2018 nous réserve. Je remercie les éditions 10/18 et Babelio pour leur patience.



En bref :



Moi contre les États-Unis d'Amérique parie sur un thème très sensible et semble aller jusqu'au bout, à l'aide d'un ton cinglant et amer, afin de piétiner idées reçues et les préjugés. Malheureusement, le prologue et de manière générale, le style, m'a perdue et découragée et je n'ai pas réussi à dépasser les 15% de ce roman. Dommage, mais je n'ai pas dit mon dernier mot et tenterait l'an prochain de lui donner une seconde chance. Je pense également manquer de références culturelles pertinentes pour mieux comprendre le texte. Ainsi, avant de réitérer l’expérience, je prendrai le temps de correctement situer l'histoire et aussi le parcours de l'auteur.
Lien : https://bettierosebooks.com/..
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Slumberland

Paul Beatty, né en 1962 à Los Angeles, est un écrivain afro-américain. Diplômé d'un Master of Fine Arts du Brooklyn College en écriture créative, il a également obtenu une maîtrise en psychologie à l'université de Boston. En 1990, il est couronné Grand champion de slam du café des poètes de Nuyoricana et gagne à cette occasion un contrat d'édition pour la publication de son premier recueil de poésie, Big Bank Takes Little Banka. Slumberland, roman paru initialement en 2009, vient tout juste d’être réédité.

Si vous n’avez encore pas lu cet écrivain, il serait temps de vous y mettre. American Prophet (2013) et Moi contre les Etats-Unis d’Amérique (2015) m’ont largement convaincu du talent de Paul Beatty.

Ferguson Sowell, le narrateur afro-américain, bien qu’ayant obtenu une excellente note à l’examen d’entrée à UCLA n’est pas jugé digne de suivre les cours du programme d’aérospatiale et se voit aiguillé vers une Académie de musique. Doté d’une mémoire phonographique exceptionnelle lui « permettant de répliquer parfaitement n’importe quel morceau de musique », il créé un beat parfait (« la confluence de la mélodie et du groove qui transcende l’humeur et le temps ») mais pour qu’il soit certifié comme tel, il doit obtenir l’aval de Charles Stone (dit le Schwa), un musicien génial ayant disparu de la circulation. Un maigre indice l’envoie à Berlin, faire le DJ dans un bar, Le Slumberland, pour rechercher cet homme, cette légende. Le Berlin de l’époque de la chute du Mur…

Dès la première page – comme toujours avec l’écrivain – c’est la claque et j’ai toujours cette image qui me vient en tête, la petite plaque métallique vissée sous la fenêtre des wagons de train de mon enfance, où l’on pouvait lire cette phrase magique « E pericoloso sporgersi » avertissant du danger potentiel à ouvrir la fenêtre. Car ouvrir un bouquin de Paul Beatty, c’est comme ouvrir la fenêtre du train en marche pour y passer la tête, on en prend plein la gueule !

Des phrases comme des torrents en crue, une débauche de vocabulaire, une multitude de références culturelles touchant à tous les genres, une inventivité narrative peu banale, bref le lecteur est immédiatement happé dans l’univers délirant de l’écrivain. Soit il suit tant bien que mal, accordant sa confiance aveugle, soit il abandonne, sort du jeu… et rate un grand moment de littérature.

Je ne développe pas plus l’intrigue, elle est trop fournie, trop folle. Quelques indices néanmoins, nous sommes dans le Berlin qui va voir le Mur s’écrouler et il y a un agent de la Stasi se livrant des activités choquantes avec une poule… Chut ! Je ne vous en dis pas plus.

Toujours très drôle, maniant toutes les formes de l’humour : noir, corrosif, se moquant du politiquement correct, ça balance pas mal chez Betty, le racisme, les Juifs, les Blacks, les Allemands de l’Ouest ou de l’Est mais aussi le vivre ensemble. Et bien que le roman se déroule à Berlin, on ne peut s’empêcher de voir le narrateur comme un double de l’écrivain, le premier à la recherche du beat et du Schwa prétextes à décrire cette Amérique que peint le second : « Mais en découvrant ce beat l’autre soir (…) J’entends l’Amérique. »

Le roman est excellent, même s’il est nettement moins puissant que les deux autres mais par contre il est plus facile à lire. Et je dois préciser pour les éventuels futurs lecteurs, que baignant dans la musique (jazz, blues, funk, pop, rock …) un minimum de connaissances en la matière me semble nécessaire pour en apprécier les moindres références, allusions et piques car Paul Beatty en connait un sacré rayon !

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American Prophet

Los Angeles dans les années 90. Gunnar Kauffman passe son enfance avec sa mère et ses deux sœurs à Santa Monica, une enfance middle-class dans des écoles truffées de petits blancs proprets où il devient le « noir cool ». Alors que sa mère veut leur faire connaître la culture afro-américaine, lui et ses sœurs s’exclament qu’ils ne veulent pas rencontrer ces gens qui « ne sont pas comme eux ». Ni une ni deux, voilà la petite famille de Gunnar qui emménage dans les quartiers chauds de Hillside, où il va devoir apprendre à être un vrai noir pour ne pas se faire tabasser par les autres jeunes du quartier à chaque coin de rue. Plus que ça, Gunnar va lier des amitiés très fortes avec Scoby, basketteur de génie et amateur fini de Jazz, et avec l’un des plus dangereux psychopathes et chefs de gang du quartier, Psycho Loco, qui vont tous deux bouleverser définitivement sa vision du monde, de son héritage, de sa famille et de son futur. Peinturlurant les murs du quartier de ses haïkus endiablés, dribblant de son mètre quatre-vingt-dix comme une furie dans les terrains du quartier, il va devenir le poète afro-américain le plus reconnu des Etats-Unis, et le nouveau prophète de la communauté noire malgré lui.



Ce qui impose, dans ce roman, c’est la prose de l’écrivain. Comme je disais, Paul Beatty est un écrivain mais surtout un slameur reconnu depuis longtemps aux Etats-Unis, et dans son style tout sonne juste, comme si chaque mot et chaque phrase s’ajustaient avec un naturel confondant. Pourtant Paul Beatty mélange langage soutenu et argot de rue, verlan et belles tournures de phrases, mais contrairement à d’autres auteurs dont le langage semble éructer les phrases avec maladresse, les siennes coulent de source, s’élancent poétiquement, même dans la situation les plus cocasses et les plus violentes.



Alors voilà, American Prophet est un roman coup de poing qui bouscule les préjugés, ordonne les esprits et porte un message social fort et important. Et ça, Paul Beatty réussit à le faire sans verser dans la caricature (à ce point-là ses personnages, bien que complètement dingues, semblent plus vrais que nature), sans tomber à côté de la plaque, avec adresse et excellence. On sourit et on rit, on se laisse embarquer par ce destin hors norme d’un héros atypique. C’est remarquable, ça ébranle sans être dérangeant (ce n’est pas le cas de tous les romans engagés comme celui-ci qui tendent à embarrasser le lecteur par trop de ferveur), c’est un roman de génie.



(je développe un peu plus sur le blog)
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Tuff

Le roman de Paul Beatty est un portrait haut en couleur de membres de la communauté d'East Harlem, et plus particulièrement celui de Winston Foshay, dit Tuff ou Tuffy.



Avec ses cent quarante kilos, ce grand gaillard d'une petite vingtaine d'années semble condamné aux rôles de gros bras auxquels le cantonnent les dealers et autres gangsters de sa connaissance. Au moment où débute le récit, il vient justement, grâce à un opportun évanouissement, d’échapper à la mort lors d'une fusillade dans un appartement de Brooklyn, où s'effectuait une livraison de drogue. Car malgré sa carrure imposante et son caractère soupe au lait, Winston n'est guère téméraire...



Il traverse par ailleurs une période de questionnement existentiel, tiraillé entre sa volonté de devenir un père et un mari respectable, et le poids d'un héritage familial, culturel et social envers lequel il voudrait ne plus se sentir redevable. Fils d'un ex Black Panther que ses fréquents séjours à l'ombre et son militantisme ont rendu absent -filiation qu'il aimerait bien renier-, et d'une mère qui, désespérée qu'il ne soit pas "comme ces gentils garçons dans le poste" (les Cosby), lui a laissé leur appartement et a mis le plus grand nombre possible de kilomètres entre eux dès son adolescence, il a ensuite été pris sous l'aile d'une nippo-américaine fervente communiste et ex-militante de Malcolm X.



D'avoir échappé de peu à la mort lui fait réaliser ses responsabilités envers Jordy, son garçon de deux ans, et sa femme la pétulante Yolanda, ainsi que la nécessité de trouver sa propre voie... Et il a un projet pour "filer droit". Avec l'aide de Spencer, rabbin noir qui s'est improvisé guide spirituel pour les jeunes des quartiers, il se présente au Conseil Municipal de son quartier...



Voilà pour le synopsis et le contexte, dont on assemble les éléments au fil d'un récit qui peut parfois sembler chaotique dans sa première partie, succession d’épisodes mettant surtout en scène les camarades de Winston traînant dans le quartier, fumant, projetant braquages et magouilles, se colletant avec une police municipale agressive et pathétique. On se familiarise à cette occasion avec son truculent entourage -dont Smush, son meilleur ami infirme et antisémite...- et avec les contradictions de notre héros, capable de la pire des brutalités tout en conservant sa légendaire nonchalance, sarcastique mais incapable de blaguer -car Winston dit toujours la vérité-, cinéphile au savoir encyclopédique...



Et même lorsque l'intrigue précise sa trame, on voit bien qu'elle n'est pour l'auteur qu'un prétexte à développer ses thématiques de prédilection, en déconstruisant les clichés associés aux afro américains et autres communautés des quartiers dits "sensibles". Il se livre ainsi à une satire féroce et souvent burlesque, évoquant les conditionnements que subissent les individus en fonction de l'image que la société leur renvoie et de l'influence du milieu au sein duquel ils évoluent, et la difficulté à s'en détacher.



De Winston et ses pairs, nés trop tard pour exprimer leur révolte en s'engageant dans le mouvement pour les droits civiques, et trop tôt pour profiter d'une société véritablement égalitaire -en espérant qu'elle arrive un jour-, en butte au manque de perspectives et d'opportunités, Paul Beatty nous offre un portrait vivant, attachant et drôle, porté par une langue inventive et gouailleuse. Et si la construction narrative de "Tuff" n'est pas aussi maîtrisée que celle d'un "Moi contre les Etats-Unis d'Amérique", on passe en compagnie de cette bande d'East Harlem un excellent moment !
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