AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Paul Celan (386)


Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit
nous te buvons à midi la mort est un maître d’Allemagne
nous te buvons le soir et le matin nous buvons et buvons
la mort est un maître d’Allemagne son œil est bleu
il te touche d’une balle de plomb il te frappe juste
un homme habite dans la maison tes cheveux d'or Marguerite
il lance ses grands chiens sur nous il nous offre une tombe dans l'air
il joue avec les serpents et rêve la mort est un maître d’Allemagne

La Fugue de la mort
Commenter  J’apprécie          10
ESQUISSE DE PAYSAGE

Tombes rondes, en bas. Tout autour,
à quatre temps le pas de l'an sur
les marches raides.

Laves, basaltes, roche
rougie au feu de cœur du monde.
Tuf de source
où pour nous la lumière a grandi, avant
le souffle.

Vert d'huile, saupoudrée de mer l'heure
impénétrable. Vers
le milieu, grise,
une croupe de pierre, dessus,
bossué et carbonisé,
le front de bête avec
sa lisse rayonnée.
Commenter  J’apprécie          10
LA SYLLABE SCHMERZ

Il s'est donné à Toi dans ta main :
un Tu, sans mort,
à même qui tout Je parvient à soi, Des voix
libres de mots passaient autour, formes vides, tout
entrait en elles, mêlé
et démêlé
et de nouveau
mêlé.
Commenter  J’apprécie          10
Ein Wort,
an das ich dich gerne verlor :
das Wort
Nimmer.

(aus FLIMMERBAUM)
Commenter  J’apprécie          10
Un mot,
pour lequel j'ai bien voulu te perdre :
le mot
jamais.

(extrait de ARBRES-AUX-LUEURS)
Commenter  J’apprécie          10
PSALM

Niemand knetet uns wieder aus Erde und Lehm,
niemand bespricht unsern Staub.
Niemand.

Gelobt seist du, Niemand.
Dir zulieb wollen
wir blühn.
Dir
entgegen.

Ein Nichts
waren wir, sind wir, werden
wir bleiben, blühend:
die Nichts-, die
Niemandsrose.

Mit
dem Griffel seelenhell,
dem Staubfaden himmelswüst,
der Krone rot
vom Purpurwort, das wir sangen
über, o über
dem Dorn.
Commenter  J’apprécie          10
À travers les champs de décombres, ici,
par la mer de laîches, aujourd'hui,
elle passe, notre
route de bronze.
Je suis couché là et te parle,
un doigt
écorché vif.
Commenter  J’apprécie          10
je chevauchais à travers la neige, entends tu,
je chevauchais Dieu dans le lointain - le proche, il chantait,
c'était
notre dernière chevauchée par dessus
les haies des hommes
Commenter  J’apprécie          10
Je te connais…

(JE TE CONNAIS, tu es la très courbée.
Et moi, le transpercé, te suis assujetti.
Où flambe un mot qui témoignerait pour nous deux ?
Toi, tout à fait réelle. Moi, tout entier folie.)

*

(ICH KENNE DICH, du bist die tief Gebeugte,
ich, der Durchbohrte, bin dir untertan.
Wo flammt ein Wort, das für uns beide zeugte?
Du – ganz, ganz wirklich. Ich – ganz Wahn.)

*
Commenter  J’apprécie          00
GRANDE VOÛTE INCANDESCENTE

avec
l’essaim d’astres noirs qui s’affouille
une voie de sortie, de départ :

au front caillou d’un bélier
je marque au feu cette image, entre
les cornes, dedans,
dans le chant des circonvolutions, enfle la
moelle des
mers de cœur figées.

Contre
quoi
ne fonce-t-il pas ?

Le monde est parti, il faut que je te porte.

*

GROSSE, GLÜHENDE WÖLBUNG

mit dem sich
hinaus- und hinweg-
wühlenden Schwarzgestirn-Schwarm:

der verkieselten Stirn eines Widders
brenn ich dies Bild ein, zwischen
die Hörner, darin,
im Gesang der Windungen, das
Mark der geronnenen
Herzmeere schwillt.

Wo-
gegen
rennt er nicht an?

Die Welt is fort, ich muß dich tragen.

*
Commenter  J’apprécie          00
Je suis seul (Ich bin allein, 1952)

JE SUIS SEUL, je mets la fleur de cendre
dans le verre rempli de noirceur mûrie. Bouche-sœur,
tu prononces un mot qui survit devant les fenêtres,
et sans un bruit, le long de moi, grimpe ce que je rêvais.

Je suis dans l’efflorescence de l’heure défleurie
et mets une gemme de côté pour un oiseau tardif :
il porte le flocon de neige sur la plume rouge-vie ;
le grain de glace dans le bec, il arrive par l’été.

*

ICH bin allein, ich stell die Aschenblume
ins Glas voll reifer Schwärze. Schwestermund,
du sprichst ein Wort, das fortlebt vor den Fenstern,
und lautlos klettert, was ich träumt, an mir empor.

Ich steh im Flor der abgeblühten Stunde
und spar ein Harz für einen späten Vogel :
er trägt die Flocke Schnee auf lebensroter Feder ;
das Körnchen Eis im Schnabel, kommt er durch den Sommer.
Commenter  J’apprécie          00
Paul Celan
Le monde à rebégayer…

LE MONDE A REBÉGAYER,
où j’aurai été
convive, un nom,
sué par le mur
qu’une blessure lèche vers le haut.

*

DIE NACHZUTOTTERNDE WELT,
bei der ich zu Gast
gewesen sein werde, ein Name
herabgeschwitzt von der Mauer,
an der eine Wunde hochleckt.
Commenter  J’apprécie          00
Paul Celan
Pensée de crâne (1967)



PENSEE DE CRANE
muette, sur la trace de flèche.

Ton haut chant
des chants, mâchoire
à demi fracassée
plantée dans la dure
étincelle de février.

Ce mille de mélancolie
encore à
parcourir.

Embroussaillé maintenant de chose éteinte, bleu-cible,
droit dans la barque,
congédié aussi de bénédiction
grinçante des écueils.

***
Commenter  J’apprécie          00
Paul Celan
Soleils-filaments (Fadensonnen, 1967

au-dessus du désert gris-noir.
Une pensée haute comme
un arbre
accroche le son de la lumière : il y a
encore des chants à chanter au-delà
des hommes.

*


über der grauschwarzen Ödnis.
Ein baum-
hoher Gedanke
greift sich den Lichtton: es sind
noch Lieder zu singen jenseits
der Menschen.

***
Commenter  J’apprécie          00
Paul Celan
Avec toutes les pensées…


Avec toutes les pensées je suis sorti
hors du monde : tu étais là,
toi, ma silencieuse, mon ouverte, et —
tu nous reçus.

Qui
dit que tout est mort pour nous
quand notre œil s’éteignit ?
Tout s’éveilla, tout commença.

Grand, un soleil est venu à la nage, claires,
âme et âme lui ont fait face, nettes,
impératives, elles lui ont tu
son orbe.

Sans peine,
ton sein s’est ouvert, paisible,
un souffle est monté dans l’éther,
et ce qui s’est nué, n’était-ce pas,
n’était-ce pas forme, et sortie de nous,
n’était-ce pas
pour ainsi dire un nom ?

*

Mit allen Gedanken ging ich
hinaus aus der Welt : da warst du,
du meine Leise, du meine Offne, und —
du empfingst uns.

Wer
sagt, dass uns alles erstarb,
da uns das Aug brach ?
Alles erwachte, alles hob an.

Gross kam eine Sonne geschwommen, hell
standen ihr Seele und Seele entgegen, klar,
gebieterisch schwiegen sie ihr
ihre Bahn vor.

Leicht
tat sich dein Schoss auf, still
stieg ein Hauch in den Äther,
und was sich wölkte, wars nicht,
wars nicht Gestalt und von uns her
wars nicht
so gut wie ein Name ?

***
Commenter  J’apprécie          00
Paul Celan
Un œil, ouvert (Ein Auge, Offen, 1959)

Heures, couleur mai, fraîches.
Ce qui n’est plus à nommer, brûlant,
audible dans la bouche.

Voix de personne, à nouveau.

Profondeur douloureuse de la prunelle :
la paupière
ne barre pas la route, le cil
ne compte pas ce qui entre.

Une larme, à demi,
lentille plus aiguë, mobile,
capte pour toi les images.

*

Ein Auge, Offen

Stunden, maifarben, kühl.
Das nicht mehr zu Nennende, heiß,
hörbar im Mund.

Niemandes Stimme, wieder.

Schmerzende Augapfeltiefe :
das Lid
steht nicht im Wege, die Wimper
zählt nicht, was eintritt.

Die Träne, halb,
die schärfere Linse, beweglich,
holt dir die Bilder.

***
Commenter  J’apprécie          00
Paul Celan
En bas

Rapatrié dans l’oubli,
le dialogue convivial de nos
yeux lents.

Rapatrié syllabe après syllabe, réparti
sur les dés aveugles le jour, vers quoi
se tend la main du joueur, grande,
dans l’éveil.

Et le trop de mes paroles :
déposé sur le petit
cristal dans le fardeau de ton silence.

*

Unten

Heimgeführt ins Vergessen
das Gast-Gespräch unsrer
langsamen Augen.

Heimgeführt Silbe um Silbe, verteilt
auf die tagblinden Würfel, nach denen
die spielende Hand greift, groß,
im Erwachen.

Und das Zuviel meiner Rede:
angelagert dem kleinen
Kristall in der Tracht deines Schweigens.

*

Below

Led home into oblivion
the sociable talk of
our slow eyes.

Led home, syllable after syllable, shared
out among the dayblind dice, for which
the playing hand reaches out, large,
awakening.

And the too much of my speaking:
heaped up round the little
crystal dressed in the style of your silence.

***
Commenter  J’apprécie          00
Paul Celan
Lit de neige (Schneebett, 1959)


Yeux, aveugles au monde, dans les failles du mourir : je viens,
pousse dure au coeur.
Je viens.

Miroir lunaire l’abrupt. Vers le bas.
(Lueur maculée par le souffle. Stries de sang.
Nuée de l’âme, qui a pris corps encore une fois.
Ombre des dix doigts — cramponnés.)

Yeux aveugles au monde,
yeux dans les failles du mourir,
yeux, yeux.

Le lit de neige sous nous deux, le lit de neige.
Cristal après cristal,
grille dans la profondeur du temps, nous tombons,
nous tombons et gisons et tombons.

Et tombons :
Nous étions. Nous sommes.
Une seule chair avec la nuit.
Dans les allées, les allées.

*

Schneebett

Augen, weltblind, im Sterbegeklüft : Ich komm,
Hartwuchs im Herzen.
Ich komm.

Mondspiegel Steilwand. Hinab.
(Atemgeflecktes Geleucht. Strichweise Blut.
Wölkende Seele, noch einmal gestaltnah.
Zehnfingerschatten — verklammert.)

Augen weltblind,
Augen im Sterbegeklüft,
Augen Augen :

Das Schneebett unter uns beiden, das Schneebett.
Kristall um Kristall,
zeittief gegittert, wir fallen,
wir fallen und liegen und fallen.

Und fallen :
Wir waren. Wir sind.
Wir sind ein Fleisch mit der Nacht.
In den Gängen, den Gängen.

***
Commenter  J’apprécie          00
Nachts, wenn das Pendel der Liebe schwingt
zwischen Immer und Nie,
stößt dein Wort zu den Monden des Herzens
und dein gewitterhaft blaues
Aug reicht der Erde den Himmel.

Aus fernem, aus traumgeschwärztem
Hain weht uns an das Verhauchte,
und das Versäumte geht um, groß
wie die Schmerzen der Zukunft.

Was sich nun senkt und hebt,
gilt dem zuinnerst Vergrabnen,
blind wie der Blick, den wir tauschen,
küsst es die Zeit auf den Mund.
Commenter  J’apprécie          00
L’automne me mange sa feuille dans la main : nous sommes amis.
Nous délivrons le temps de l’écale des noix et lui apprenons à marcher :
le temps retourne à l’écale.

Dans le miroir, c’est dimanche,
dans le rêve on est endormi
la bouche parle sans mentir.

Mon œil descend vers le sexe de l’aimée :
nous nous regardons
nous nous disons de l’obscur,
nous nous aimons comme pavot et mémoire,
nous dormons comme un vin dans les coquillages,
comme la mer dans le rai de sang jailli de la lune

Nous sommes là enlacés dans la fenêtre, ils nous regardent depuis la rue :
Il est temps que l’on sache !
Il est temps que la pierre se résolve enfin à fleurir.
qu’à l’incessante absence de repos batte un cœur.
Il est temps que le temps advienne.

Il est temps.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Paul Celan (312)Voir plus

Quiz Voir plus

Tout sur one piece (difficile)

quel est le 1er homme de l équipage de Gold Roger ?

baggy le clown
shanks le roux
silver rayleigh
crocus

30 questions
3601 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}