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Citations de Paul Celan (386)


Paysage

Vous, grands peupliers - hommes de cette Terre !
Vous, noirs étangs du bonheur - vous les avez reflétés jusque dans la mort !
Je t'ai vue, ma Sœur, te dresser dans cet éclat.
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RETOUR

Qu’aucune
voix dissimulée ne soit
découverte.
Aucune.
Comment sinon la vie
resterait-elle agrandie devant moi
et transfigurée ?
aux amis
— il n’y en aura pas au pays —
un regard est déjà
suffisant
et à la mère
suffit le signe peut-être de mes asters —
Ceux qui continuent de chercher
écoutent seulement pour savoir si la mort,
ou quelque journée de tourment,
qui ne passe pas
en s’obscurcissant dans la nuit,
ne seraient pas derrière le silence.
Oh, les bonds dans le cœur.
2

HEIMKEHR, 1939
Keine
verheimlichte Stimme sei
entdeckt.
Keine.
Wie sonst bliebe
das Leben vergrössert vor mir
und verklärt ?
Freunden
-daheim werden keine sein-
ist schon ein Blick
genug
und der Mutter
der Wink vielleicht meiner Astern –
Die weiter forschen,
horchen nur ob nicht der Tod,
oder ein quälender Tag,
ein nicht hinüber
dunkelnder in die Nacht,
hinter dem Schweigen sind.
O Sprünge im Herzen
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SPASMES, je t’aime, psaumes,
les parois sensibles au fond du gouffre-Toi
jubilent, toi la Bariolée de semence,
Éternelle, inéternisée, toi,
éternisée, Inéternelle, toi,
hei,
en toi, en toi
je chante la gravure du bâton d’os,
Rouge rouge, loin derrière la
toison arpégé, dans les cavités,
dehors, tout autour,
l’infini canon-du-pas un seul,
toi, tu me lances neuf fois
lové le ruisselant
collier de craches.
2

SPASMEN, ich liebe dich, Psalmen,
die Fühlwände tief in der Du-Schlucht
frohlocken, Samenbemalte,
Ewig, verunewigt bist du,
verewigt. Unewig, du,
hei,
in dich, in dich
sing ich die Knochenstabritzung,
Rotrot, weit hinterm Schamhaar
geharft, in den Höhlen,
draußen, rundum
der unendliche Keinerlei-Kanon,
du wirfst mir den neunmal
geschlungenen, triefenden
Grandelkranz zu.
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Tout est Autrement que tu le crois, que je le crois,
[…]
Le nom d’Ossip vient à ta rencontre, tu lui racontes
Ce qu’il sait déjà, il le prend, il t’en décharge, avec des mains,
Tu détaches le bras de son épaule, le droit, le gauche,
Tu ajustes les tiens à leur place, avec des mains, des doigts, des lignes,
– ce qui s’est arraché, à nouveau se rejoint –
là tu les as, prends-les, tu les as tous les deux,
le nom, le nom, la main, la main,
prends-les en gage,
cela aussi il le prend, et tu as
de nouveau ce qui est tien, fut sien […]
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L’écluse
Sur tout ce deuil
qui est le tien : pas
de deuxième ciel.
[…]
Contre une bouche,
Pour qui c’était un mot multiple,
J’ai perdu –
perdu un mot,
qui m’était resté :
sœur.
Auprès
De mille idoles
J’ai perdu un mot, qui me cherchait :
Kaddisch.
À travers
L’écluse j’ai dû passer,
pour sauver le mot,
le replonger au flot salé,
le sortir, le faire franchir :
Yiskor. »
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« Autrefois, quand il y avait encore des gibets,
il y avait, pas vrai,
un en haut.
Où est ma barbe, vent, où
ma jaune tache juive, où
ma barbe, que tu arraches ?
Tordu était le chemin, que j’allais,
Tordu il était, oui,
Car, oui,
il était droit.
L’enfant do… oui !
Tordu, crochu devient mon nez.
Mon nez.
Et nous sommes partis aussi pour Frioul.
Là nous aurions, là nous aurions.
Car l’amandier était en fleur.
Mandelbaum, Bandelmaum.
Mandeltraum, Trandelmaum.
Rêve d’amande.
Et aussi le genévrier.
Machandelbaum, Chandelbaum
Candelarbre.
Do… oui !
Aum.
Envoi
Mais,
Mais il se cabre, l’arbre. Lui,
lui aussi,
se dresse contre
la peste. »
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Paul Celan
« Elle, la langue, demeura non perdue, oui, malgré tout. Mais elle devait à présent traverser ses propres absences de réponse, traverser un terrible mutisme, traverser les mille ténèbres de paroles porteuses de mort. Elle les traversa et ne céda aucun mot à ce qui arriva ; mais cela même qui arrivait, elle le traversa. Le traversa et put revenir au jour, “enrichie” de tout cela. »

Discours de Brême
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Paul Celan
Paysage (« Landschaft »)

Il y a un tronc de bouleau tortu :
Craie blanche tordue.
A gauche trois nuages. Une crête.
Et la lande, la lande, qui ne s’arrête.

Puis une forêt, une forêt de pins, soudain.
Des blancs bouleaux. Et de nouveau des pins.
Tout là-haut des corbeaux. Ne vont-ils pas
Ecouter les étoiles approcher pas à pas ?

(…)

1938, (Allemagne du nord, sur la route de la France ? Ou peut-être commencé dans le train, entre la Bucovine et la Galicie)
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Paul Celan
Ténèbres (« Finsternis »)

Les urnes du silence sont vides

Dans les branches
S’accumule, noire,
La chaleur lourde des chants muets

Les pals des heures
Tâtent, insensibles, un temps étranger

(…)

L’est est en fumée après cette nuit
Seule la Mort [das Sterben, avec ce S en forme de rune]
Jaillit.

(Ruth Kraft suggère le printemps 1941, je dirais plutôt l’été 1941, après l’arrivée des Einsatzgruppen à Czernowitz).
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Paul Celan
L’heure des spectres (« Die Geisterstunde »)

Silence haletant. Le vent du sud se donne-t-il tant de souci ?
Viens, œillet, tu es ma couronne. Viens, la vie, fleuris.

Qui est dans le miroir ? Qui déambule ? Laisse la malice.
Qui écoute ton silence, qui voit comme tu es lisse ?

(…)

Tout pousse. Dans la maison illuminée volent des éclats.
Ils éventent nos âmes en chantant tout bas.

1941
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Paul Celan
Nocturne (« Notturno »)

Ne dors pas, reste vigilant.
Les peupliers chantant au pas cadencé,
Viennent avec le peuple guerrier.
Tous les étangs sont remplis de ton sang.

(…)

Le monde est une bête en travail, pelée,
Qui dans le clair de lune s’est faufilée,
C’est le nom de Dieu qu’elle hurle, il me semble,
De froid et d’épouvante je tremble.

1941
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Paul Celan
Murmure des morts (« Gemurmel der Toten »)
Pour Tanja

Les cavités de nos yeux sont claires,
Illuminées par les coléoptères.
Avec de l’argile, les cheveux en broussailles,
Nous construisons le monde, vaille que vaille.
(…)
Le bourreau avec son crochet
Décapite nos ombres dans le donjon.
Valets, ayez pitié, valets…
Pitié, ô, dragon.

Czernowitz, juillet 1941
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Paul Celan
Le macchabée (« Der Tote »)

Son regard est fouetté par les astres
Leur épine est-elle cause de son désastre ?

Au point qu’il les empoigne, les pissenlits
Et que son cœur, à tous vents il l’aiguise,

Où les fourrés le retiennent et le chassent,
Et où la nuit vient se joindre au cadavre ?
(…)

Date inconnue. Ruth Kraft propose 1940. Je pense plutôt 1941.
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Paul Celan
Solstice (« Sonnenwende »)

Toute bleue, la nuit fleurit : pour qui ? pour qui ?
À l’est, que verrons-nous donc, ici ?
La haie avec sa couronne d’incandescence
A imposé aux armes d’entrer en danse.

La fille à qui j’ai ordonné de s’endormir
De son grand cœur s’en va férir.
La lune – qui l’a décapitée ? – observe, blême,
Comment mon âme puise à la fontaine.

(…)

À toi, là-bas, sous le menton je dessine
La blessure que je suis moi-même.
Si ma cendre ressemble à la tienne,
Ton Vrai Empire sera peut-être en gésine.


1941
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Paul Celan
Ton éclat (« Dein Schimmer »)

Ton éclat, ton éclat
Jamais, jamais ne s’approchera…

Ton silence, ton silence
Ruisselle des branches.

Si bien que des corbeaux, des corneilles
S’étonnent et surveillent.

Alors, en hâte, sans alarme,
Saisiront au vol des larmes.

(…)

Date inconnue. Ruth Kraft propose 1940.
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Paul Celan
Le marchand de sable (« Der Sandmann »)

Silence : je viens comme le vent de la nuit
Vient quand il pleut des averses
Avec des pas très doux, sans bruit,
Vous amener dans le monde des rêves.

(…)

Êtes-vous, dans la journée, si solitaires ?
Ne vais-je pas revenir, revenir ?
Je sème le sommeil dans vos paupières…
Aucun souci ne pourra nous unir…

(….)

Si vous avez le vertige, je viens comme le vent de la nuit
Vient, quand il pleut des giboulées,
Avec des pas très doux, sans un bruit,
Vous ramener chez vous, sans vous importuner.

Date inconnue. Ruth Kraft propose 1940.
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Paul Celan
Retour (« Heimkehr »)

Qu’aucune
Voix dissimulée ne soit
Découverte.
Aucune.
Comment la vie, sinon,
Serait-elle agrandie devant moi
Et transfigurée ?
Pour les amis

– À la maison il n’y en aura aucun –
Un regard est déjà
Suffisant
Et pour la mère
Le signe qu’enverront peut-être mes asters. –

(…)

1939, à son retour de Tours à Czernowitz
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Paul Celan
Dans le parc (« Im Park »)

La nuit. Et tout est là :
Le lac, les arbres, la barque ;
Les cercles dans l’eau…

Blanche
Une lueur traverse la prairie :
Une jeune fille
Qui se dépêche.

L’unique cygne passe.

(…)

Tours, jardin des Prébendes, 6 juin 1939
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Paul Celan
TOI AUSSI PARLE

Toi aussi parle
parle comme le dernier
dit ton message

Parle -
Mais ne sépare pas le oui du non
Donne aussi le sens à ton message :
donne lui l’ombre.

Donne-lui assez d’ombre,
donne-lui en tant,
que tu en sais autour de toi partagée
entre minuit et midi et minuit.

Regarde alentour,
vois, comment ce qui t’entoure devient vivant -
Par la mort ! Vivant !
Celui dit vrai, qui parle d’ombre.
Mais voici que s’étiole l’endroit ou tu es ;

Maintenant où aller, à découvert d’ombre, où aller ?
Monte. vers le haut en tâtonnant.
Plus grêle tu deviens, plus méconnaissable, plus fin !
Plus fin : un fil,
où l’étoile veut descendre :
pour nager en bas, tout en bas,
là où elle se voit luire : dans la houle
des mots errants.
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Engführung


*
Verbracht ins
Gelände
mit der untrüglichen Spur:

Gras, auseinandergeschrieben. Die Steine, weiß,
mit den Schatten der Halme:
Mensonges nicht mehr - schau!
Schau nicht mehr - geh!

Geh, deine Stunde
chapeau keine Schwestern, du bist -
bist zuhause. Ein Rad, langsam,
rollt aus sich selber, die Speichen
klettern,
klettern auf schwärzlichem Feld, die Nacht
braucht keine Sterne, nirgends
fragt es nach dir.
*

Nirgends

Fragt es nach dir -

Der Ort, wo sie lagen, euh chapeau
einen Namen - euh chapeau
keinen. Sie lagen nicht dort. Etwas
lag zwischen ihnen. Sie
sahn nicht hindurch

Sahn nicht, nein,
redeten von
Worten. Keines
erwachte, der
Schlaf
kam über sie.

*

Kam, kam. Nirgends

fragt es -

Ich bacs, ich,
ich lag zwischen euch, ich guerre
offen, guerre
hörbar, ich tickte euch zu, euer Atem
Gehorchte, ich
bin es noch immer, ihr
schlaft ja.

*

Bin es noch immer -

Jahre.
Jahre, Jahre, ein Finger
dégustation hinab und hinan, dégustation
euh:
Nahtstellen, fühlbar, hier
klafft es weit auseinander, hier
wuchs es wieder zusammen - wer
deckte es zu?

*

Deckte es

zu - wer?

Kam, kam.
Kam ein Wort, kam,
kam durch die Nacht,
wollt leuchten, wollt leuchten.

Asche.
Asche, Asche.
Nacht.
Nacht-und-Nacht. - Zum
Aug geh, zum feuchten.

*

Zum

Août geh,

zum feuchten -

Orkane.
Orkane, von je,
Partikelgestöber, das andre,
du
weißts ja, wir
lasens im Buche, guerre
Meinung.

Guerre, guerre
Meinung. Wie
faßten wir uns
un - un mit
Diesen
Händen?

Es stand auch geschrieben, daß.
Wo? Wir
taten ein Schweigen darüber,
giftgestillt, groß,
ein
Grünes
Schweigen, ein Kelchblatt, es
hing ein Gedanke an Pflanzliches dran -
grün, ja
hing, ja,
unter hämischem
Himmel.

Un, ja,
Pflanzliches.

Ja.
Orkane, Par-
tikelgestöber, es blieb
Zeit, blieb,
es beim Stein zu versuchen - euh
guerre gastlich, euh
fiel nicht ins Wort. Wie
gut wir es hatten:

Körnig,
körnig und faserig. Stengelig,
dicht;
traubig und strahlig; nierig,
plattig und
klumpig; casier, ver-
ästelt -: euh, es
fiel nicht ins Wort, es
sprach,
sprach gerne zu trockenen Augen, eh es sie schloß.

Sprach, sprach.
Guerre, guerre.

Wir
casier ließen nicht, standen
inmitten, ein
Porenbau, und
es kam.

Kam auf uns zu, kam
église arrière, flickte
unsichtbar, flickte
an der letzten Membran,
und
die Welt, ein Tausendkristall,
schoß an, schoß an.

Schoß an, schoß an.

Dann -

Nächte, entmischt. Kreise,
grün oder blau, rote
Quadrate: mourir
Welt setzt ihr Innerstes ein
im Spiel mit den neuen
Stunden. - Kreise
pourriture oder schwarz, helle
Quadrate, kein
Flugschatten,
kein
Meßtisch, keine
Rauchseele steigt und spielt mit.
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