Citations de Paul Guimard (193)
Je suis ravi qu’il pleuve au contraire car cette pluie un peu trop froide va donner aux premières fleurs qui s’ouvrent au bord du lac l’allure frileuse et pudique qui est celle des petites Genevoises au printemps, pas trop ouvertes, bien lavées, si légèrement parfumées qu’il faut se pencher très près pour les respirer.
Il ne s'est pas écoulé dix secondes depuis le moment où, sous le soleil mouillé, la MG roulant à 140 à l'heure a abordé le large virage du lieu-dit la Providence.
Dans l’esprit de Julien, tout ce qui touchait Catherine devait intéresser François et inversement. Il tenait pour certain que les deux jeunes gens étaient faits l’un pour l’autre comme le vent pour la mer, la main pour la main. Des mois d’observation avaient fortifié cette conviction. Mais le train de François arrivait à huit heures quarante et une, celui de Catherine à huit heures cinquante-deux. Chaque jour, Julien voyait passer devant lui ces deux êtres complémentaires séparés par une éternité de onze minutes dont la dimension tragique le consternait.
Mais peu semblait importer le contenu à cette brunette pourvu qu’il fût recouvert d’un blouson. La fidélité est multiforme.
L'impossibilité fondamentale, quasi organique, de penser à une séparation est pour un couple la véritable ancre de miséricorde et peut-être la seule.
L'ironie du sort, c'est la face cachée de notre destin.
Beaucoup de metteurs en scène ont un roman avorté sur la conscience.
Le romantisme est une attitude séduisante et la terre d'élection des adolescents, mais tant de fausses monnaies y ont cours qu'il faut se garder de se payer de mots.
En termes de mécanique, un couple est un système de deux forces égales et parallèles dirigées en sens contraire. Ce qu'on appelle le moment d'un couple est le produit de la distance des deux forces égales et opposées, par leur valeur commune. La même formule vaut en physique sentimentale.
Quand je ne dors pas, je vois la nuit en noir.
Il n'y a pas la place pour deux patrons à bord.
Dans le port de Concarneau, un chalutier rentre d'une marée de pêche. Le chenal qu'il emprunte est comme la frontière de deux univers : l'avant-port, domaine de la plaisance, des cuivres, des vernis, du luxe ; puis, derrière les murailles énormes de la Ville Close, le port de pêche, refuge des coques rudes et massives sur lesquelles s'inscrivent les meurtrissures accumulées des dernières campagnes.
Il avait donc fallu le caprice d'un enfant et la mort d'un vieillard pour renverser le cours des hasards.
Le petit jour favorise les songes creux car l'espérance est matinale.
La solitude est une maladie dont le virus est inconnu et d'évolution irréversible.
On devient malheureux, mais on naît solitaire.
La grève totale du métro entraîna ipso facto l'arrêt du trafic des autobus, des taxis, des avions et des paquebots. Pour ceux qui participent de près ou de loin aux transports, la solidarité n'était qu'une question de courtoisie élémentaire.
La gueule du métro enfournait sa ration journalière de personnages mécaniques qui dévalaient les escaliers glaireux, franchissaient le portillon automatique, ne gênaient pas la fermeture, tendaient leur ticket, passaient sur le quai, attendaient, jetaient un regard morne sur les affiches leur conseillant de faire Pschitt, de manger du Kub, de lutter contre le cancer, d'exiger la marque C.C.C., de se rengager dans les troupes coloniales et d'aller au Casino de Paris. La rame arrivait à grand bruit. Des usagers descendaient,. D'autres plus usagés encore montaient...
Voici donc le nouvel homme en possession d'un capital de derniers instants qu'il ne gaspillera pas car si le malheur s'impose avec évidence et brutalité il faut une attention en éveil pour appréhender ne fût ce que les reflets d'un bonheur.
On devient malheureux mais on naît solitaire. La solitude est une maladie dont le virus est inconnu et l'évolution irréversible.