Paul Guimard est un écrivain "einsteinien" dans le sens où l'espace et le temps jouent un grand rôle dans son oeuvre, entièrement tournée (quasiment) vers les petits riens de la vie - ou ressentis comme tels au moment ou le "héros" les vit - mais qui finiront par avoir une incidence non négligeable sur le cours des choses.
Dans "
Les faux frères", rien ne se serait passé si Paul Jubineau ne s'était pas pincé le pouce en ouvrant une boite de petits pois : pas de grève des poinçonneurs dans le métro, pas d'insulte de son fils ainé (communiste) ni de décès accidentel de son fils cadet (fasciste) sur la place de la Concorde ; le gouvernement aurait tenu quelques semaines et un conflit social majeur aurait été évité.
On l'aura compris : petites causes, grands effets...
Dans ce premier roman de
Paul Guimard, couronné par le Prix de l'humour, tout est monté en caricature. le trait est gros, les situations parfois grotesques, ubuesques, mais la technique reste très efficace ; celle qui consiste à grossir les choses pour mieux les faire percevoir.
On le verra dans ses prochains ouvrages, toute l'oeuvre de
Paul Guimard est sous-tendue par cette relation de causalité entre un évènement passé vécu comme mineur et souvent passé inaperçu, qui finalement s'avère être l'élément déclenchant d'une situation majeure dans le présent, voire d'un cataclysme personnel.
Un premier roman brillant... et tellement vrai.