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Citations de Paul Verlaine (930)


Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
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Art poétique

De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise :
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.

C'est des beaux yeux derrière des voiles,
C'est le grand jour tremblant de midi,
C'est, par un ciel d'automne attiédi,
Le bleu fouillis des claires étoiles !

Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance !
Oh ! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !

Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L'Esprit cruel et le Rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l'Azur,
Et tout cet ail de basse cuisine !

Prends l'éloquence et tords-lui son cou !
Tu feras bien, en train d'énergie,
De rendre un peu la Rime assagie.
Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ?

O qui dira les torts de la Rime ?
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?

De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.

Que ton vers soit la bonne aventure
Eparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...
Et tout le reste est littérature.

1874
In Jadis et Naguère, 1884
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Donc, aimons-nous. Prenez mon cœur avec ma main,
Mais, pour Dieu, n'allons pas songer au lendemain.
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Soit donc ! J'évoquerai, ma chère, pour vous plaire,
Ce morne amour qui fut, hélas ! notre chimère,
Regrets sans fin, ennuis profonds, poignants remords,
Et toute la tristesse atroce des jours morts ;
Je dirai nos plus beaux espoirs déçus sans cesse ;
Ces deux cœurs dévoués jusques à la bassesse
Et soumis l'un à l'autre, et puis, finalement,
Pour toute récompense et tout remerciement,
Navrés, martyrisés, bafoués l'un par l'autre,
Ma folle jalousie étreinte par la vôtre,
Vos soupçons complétant l'horreur de mes soupçons,
Toutes vos trahisons, toutes mes trahisons !
Oui, puisque ce passé vous flatte et vous agrée,
Ce passé que je lis tracé comme à la craie
Sur le mur ténébreux du souvenir, je veux,
Ce passé tout entier, avec ses désaveux,
Et ses explosions de pleurs et de colère,
Vous le redire, afin, ma chère, de vous plaire !
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Vendanges,
à Georges Rall

"Les choses qui chantent dans la tête
Alors que la mémoire est absente,
Ecoutez, c'est notre sang qui chante...
Ô musique lointaine et discrète !

Ecoutez ! c'est notre sang qui pleure
Alors que notre âme s'est enfuie,
D'une voix jusqu'alors inouïe
Et qui va se taire tout à l'heure.

Frère de sang de la vigne rose,
Frère du vin de la veine noire,
Ô vin, ô sang, c'est l'apothéose !

Chantez, pleurez ! Chassez la mémoire
Et chassez l'âme, et jusqu'aux ténèbres
Magnétisez nos pauvres vertèbres."
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Vers pour être calomnié,
à Charles Vignier

"Ce soir je m'étais penché sur ton sommeil.
Tout ton corps dormait chaste sur l'humble lit,
Et j'ai vu, comme un qui s'applique et qui lit,
Ah ! J'ai vu que tout est vain sous le soleil !

Qu'on vive, ô quelle délicate merveille,
Tant notre appareil est une fleur qui plie !
Ô pensée aboutissant à la folie !
Va, pauvre, dors ! Moi, l'effroi pour toi m'éveille.

Ah ! Misère de t'aimer, mon frêle amour
Qui vas respirant comme on expire un jour !
Ô regard fermé que la mort fera tel !

Ô bouche qui ris en songe sur ma bouche
En attendant l'autre rire plus farouche !
Vite, éveille-toi ! Dis, l'âme est immortelle ?"
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Ici une parenthèse, et si ces lignes tombent d'aventure sous ses yeux, que M. Arthur Rimbaud sache bien que nous ne jugeons pas les mobiles des hommes et soit assuré de notre complète approbation (de notre tristesse noire aussi) en face de son abandon de la poésie, pourvu, comme nous n'en doutons pas, que cet abandon soit, pour lui, logique, honnête et nécessaire.
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La Muse (tant pis ! vivent nos pères !) la Muse, disons-nous, de M. Arthur Rimbaud, prend tous les tons, pince toutes les cordes de la harpe, gratte toutes celles de la guitare et caresse le rebec d'un archet agile s'il en fût.
Goguenard et pince-sans-rire, M. Arthur Rimbaud l'est, quand cela lui convient, au premier chef, tout en demeurant le grand poète que Dieu l'a fait.
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Il [Rimbaud] avait bien autre chose à faire.
Il courut touts les Continents, tous les Océans, pauvrement, fièrement riche d'ailleurs, s'il l'eût voulu, de famille et de position) après avoir écrit, en prose encore, une série de superbes fragments, les Illuminations, à jamais perdus, nous le craignons bien.
Il disait dans sa Saison en Enfer : "Ma journée est faite. Je quitte l'Europe. L'air marin brûlera mes poumons, les climats perdus me tanneront".
Tout cela est très bien et l'homme a tenu parole. L'homme en M. Rimbaud est libre, cela et trop clair, et nous le lui avons concédé en commençant, avec une réserve bien légitime que nous allons accentuer pour conclure. Mais n'avons-nous pas eu raison, nous fou du poète, de le prendre, cet aigle, et de le tenir dans cette cage-ci, sous cette étiquette-ci.
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Sois langoureuse, fais ta caresse endormante,
Bien égaux les soupirs et ton regard berceur.
Va, l'étreinte jalouse et le spasme obsesseur
Ne valent pas un long baiser, même qui mente !
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J'ai depuis un an le printemps dans l'âme
Et le vert retour du doux floréal,
Ainsi qu'une flamme entoure une flamme,
Met de l'idéal sur mon idéal.
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Rimbaud, malgré son extraordinairement précoce sérieux qui allait quelquefois jusqu'à de la maussaderie traversée par des foucades d'assez macabres ou de très particulières fantaisies, et moi, resté gamin en dépit de mes vingt-six ans sonnés, avions ce jour-là l'esprit tourné au comique lugubre, et, cabrionesques, n'allâmes-nous pas nous aviser de vouloir "épater" les quelques bonnes têtes" e voyageurs là consommant bouillons, pains fourrés, et galantines arrosés de vin d'Algérie trop cher !
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Quand vint mon affaire, une espèce de silence se fit dans l'auditoire assez nombreux ce jour-là. J'étais une espèce de monsieur dans la région, en outre d'une réputation assez détestable que j'y avais : un de Rais mâtiné de plusieurs Edgard Poe qui auraient compliqué leur rhum et leur cas d'absinthe et de Picon : tel moi dans l'imagination de passablement de mes voisins accourus à la ville pour voir juger "le Parisien".
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"Jeux d'enfants".
Pourquoi le Poète, qui n’est qu’un enfant en somme, un peu moins consciemment pervers que les autres peut-être, pourquoi le Poète, lui aussi, ne jouerait-il pas à « l’enterrement » ? Ou, si vous aimez mieux, pourquoi ne se distrairait-il pas à. manier les choses funèbres de ses innocentes mains sacrilèges ? Pourquoi, en un mot, ne fût-ce qu’à ces fins
de se conformer à l’esprit d’un siècle qui paraît avoir à jamais répudié la
mélancolie, et ne songe plus qu’à rigoler (pour faire un emprunt au plantureux vocabulaire de Rabelais et de Gavroche), pourquoi ne prendrait-il pas des familiarités avec cette grande pince-sans-rire qu’on appelle I’Horreur, au risque d’évoquer, lui aussi, derrière lui, dans la Contingence, vers l’inconnu, quelque méprisant rictus ?
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"Quelques uns de mes rêves".
J’ai passablement voyagé, vécu bien des mois en province et à l’étranger, cela depuis assez longtemps pour y avoir pris des habitudes, ramassé passions et aventures, enfin pour en rêver. Eh bien ! sauf le cas de Londres, ci-dessus énoncé, toutes mes nuits se passent à Paris, ou alors nulle part. Naturellement ce nulle part est difficile à rattraper : autant que j’en peux ramener quelque chose, c’est un pays comme un autre,des villes et des campagnes. Dans une de ces villes il y a une espèce de passage voûté très noir, très long, humide et étroit comme un tunnel, avec des odeurs d’urines, — où je redoute de m’engager, crainte des voleurs. Mais ceci rentre dans les cauchemars purs et simples et je passe outre. Quoi encore dans ces villes ? Ah ! des restaurants où je m’indigère, des gens très autrefois connus que je retrouve et que j’appelle par leurs noms, oubliés au réveil, — et c’est tout, tout. Est-ce bien en pleine campagne où à la sortie d’une de ces villes de Nulle-part que j’ai affaire à une chaussée bordée d'arbres extrêmement hauts, dépouillés, tout noirs — et d’où, sans qu’il fasse de vent, tombent à chaque instant des branches sur un sol humide qui éclabousse ?
Et puis ici, tout s’évapore. La mémoire avec.
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Au moins ce ne fut pas la faute de la littérature, qui l’aurait comblé d’or et d’honneurs, mais bien un peu la sienne propre et celle d’autrui, n’est-ce pas, chère madame ? – s’il s’était trouvé à l’hôpital. Sans plus insister sur ce point, aussi bien insignifiant, ce n’est pas moi qui parlerai, c’est lui qui parlera, et ce, plutôt impersonnellement, selon son tempérament particulier de poète comme ça.
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[ La bonne chanson
VI ]

La lune blanche
Luit dans les bois ;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée…

Ô bien-aimée.

L’étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure…

Rêvons, c’est l’heure.

Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l’astre irise…

C’est l’heure exquise.
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[ Romances sans paroles
III ]

Il pleut doucement sur la ville
(Arthur Rimbaud)

Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s’ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s’écœure.
Quoi ! nulle trahison ?…
Ce deuil est sans raison.

C’est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine !
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[ Sagesse VII
Je ne sais pourquoi ]

Je ne sais pourquoi
Mon esprit amer
D'une aile inquiète et folle vole sur la mer.
Tout ce qui m'est cher,
D'une aile d'effroi
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi ? Pourquoi ?

Mouette à l'essor mélancolique,
Elle suit la vague, ma pensée,
À tous les vents du ciel balancée
Et biaisant quand la marée oblique,
Mouette à l'essor mélancolique.

Ivre de soleil
Et de liberté,
Un instinct la guide à travers cette immensité.
La brise d'été
Sur le flot vermeil
Doucement la porte en un tiède demi-sommeil.

Parfois si tristement elle crie
Qu'elle alarme au loin le pilote,
Puis au gré du vent se livre et flotte
Et plonge, et l'aile toute meurtrie
Revole, et puis si tristement crie !

Je ne sais pourquoi
Mon esprit amer
D'une aile inquiète et folle vole sur la mer.
Tout ce qui m'est cher,
D'une aile d'effroi,
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi. Pourquoi ?
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Paul Verlaine
Je vois un groupe sur la mer.
Quelle mer ? Celle de mes larmes.
Mes yeux sont mouillés du vent amer
Dans cette nuit d'ombre et d'alarmes
Sont deux étoiles sur la mer.
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