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Jacques Borel (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070755875
168 pages
Gallimard (25/08/1999)
2.5/5   4 notes
Résumé :
Les mémoires d'un veuf, le titre choisi dit assez l'intention autobiographique. Verlaine n'a pas attendu le remariage de Mathilde, qui eut lieu le 30 octobre 1886, dans le temps même, précisément, où paraissait l'ouvrage, pour se considérer, par un pathétique paradoxe qui n'en traduit pas moins une étrange fidélité, à soi, à l'autre, comme " veuf ". " C'est moi le quitté ", disait déjà la lettre du 4 octobre 1872 à Victor Hugo. Parti, en effet, mais non détaché. Dét... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Encore une fois chez Verlaine, le titre est très important, et il est à prendre avec précaution, puisque le poète trompe en partie le lecteur. Au centre du recueil, on trouve ainsi "Apologie", qui, sous forme de dialogue, présente les reproches d'un lecteur à l'auteur :
"En un mot, cette partie du livre n'a pas le caractère de mémoires, tel qu'on entend d'ordinaire ce mot.
― Autobiographiquement parlant non, mais j'ai le droit très net de me servir d'un mot commode, large, traditionnellement élastique, pour désigner une série d'impressions, de réflexions, etc., etc., émanant d'un homme qui serait aussi libre, indépendant, dégagé, aussi, désintéressé qu'égoïste et le spectateur par excellence, par exemple, qu'un veuf".

Le lecteur est donc prévenu, Verlaine va détourner les codes, les mots, les situations.
Ainsi, "Mémoires" suggère une oeuvre autobiographique, un recueil de souvenirs, ceux du Narrateur à la fin de sa vie. Il faudrait donc que le texte soit écrit à la première personne. Il l'est, certes, il s'appuie en grande partie sur des événements de la vie de Verlaine, mais sans que l'on puisse totalement identifier L Auteur et le Narrateur. Et ce ne sont pas des mémoires au sens strict qu'on lit ici, plutôt des scènes de vie, des scènettes plutôt, présentées sous forme de poèmes en prose.
"Un veuf" : Verlaine ne l'est pas véritablement, il est divorcé, mais sa femme n'est pas morte. Pourtant, la mort et ses corolaires - le temps, le deuil et l'oubli - planent sur les différents textes : le premier s'ouvre par le rêve d'un cimetière, le Narrateur suit plusieurs cortèges funéraires, on croise aussi les fantômes de poètes disparus. L'enterrement de Hugo est évoqué plusieurs fois. On sent mieux toute l'admiration et la fascination, mais aussi parfois l'incompréhension sur la définition même de l'art et du rôle du Poète entre Hugo et Verlaine : Verlaine reprend de façon parodique le testament du Maître pour mieux mettre en lumière son orgueil. Et il se livre à une véritable critique théorique de ses oeuvres poétiques - avec laquelle je ne peux être d'accord, vénérant les Châtiments : le talent de Victor Hugo aurait disparu après 1844 et les Burgraves, à mesure que la politique prend de plus en plus de place dans son oeuvre au détriment selon Verlaine de l'art et de la musicalité de ses vers.
On est également loin de la sensualité voire de l'érotisme des recueils de poésie publiés précédemment : les femmes admirées "jadis" ont grossi, leurs cheveux ont blanchi, elles ont vieilli. Les lieux aussi se sont transformés avec le passage du temps, se détériorant, on ne les reconnaît plus. Les couleurs dominantes sont le noir et le gris, beaucoup de scènes se passant de nuit ou au crépuscule, dans les brouillards et les fumées des usines et de l'activité de la ville. Oui, on est loin de la flamboyance des vers, des corps, des sentiments des recueils de poésie de Verlaine : il semble faire le deuil de son génie poétique, en parsemant les titres de ces recueils "jadis", "romance", en refusant même d'écrire en vers, et en peignant les poètes comme des gens pauvres ressemblant à des mendiants, parasites de la société, qui toussent, ont des coliques, habitent des mansardes. La modernité de la ville se traduit ici par des pollutions, des bruits.
Alors oui, il faut aimer Verlaine et bien le connaître pour apprécier cette oeuvre assez originale parmi ce qu'il a écrit, se dire qu'on n'y retrouvera pas ces vers qui chantent, mais une mélancolie noire, une dépression sans doute, où le poète doute de tout, surtout de son talent, qui éclate pourtant à chaque page, même en prose.

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On reconnait la plume de l'écrivain dans ces petits fragments épars et décousus d'impressions évanescentes d'un réalisme douteux et sans intérêt, mais on n'y sent pas ou rarement le souffle du grand poète qu'il fut
Ennuyeux.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
"Quelques uns de mes rêves".
J’ai passablement voyagé, vécu bien des mois en province et à l’étranger, cela depuis assez longtemps pour y avoir pris des habitudes, ramassé passions et aventures, enfin pour en rêver. Eh bien ! sauf le cas de Londres, ci-dessus énoncé, toutes mes nuits se passent à Paris, ou alors nulle part. Naturellement ce nulle part est difficile à rattraper : autant que j’en peux ramener quelque chose, c’est un pays comme un autre,des villes et des campagnes. Dans une de ces villes il y a une espèce de passage voûté très noir, très long, humide et étroit comme un tunnel, avec des odeurs d’urines, — où je redoute de m’engager, crainte des voleurs. Mais ceci rentre dans les cauchemars purs et simples et je passe outre. Quoi encore dans ces villes ? Ah ! des restaurants où je m’indigère, des gens très autrefois connus que je retrouve et que j’appelle par leurs noms, oubliés au réveil, — et c’est tout, tout. Est-ce bien en pleine campagne où à la sortie d’une de ces villes de Nulle-part que j’ai affaire à une chaussée bordée d'arbres extrêmement hauts, dépouillés, tout noirs — et d’où, sans qu’il fasse de vent, tombent à chaque instant des branches sur un sol humide qui éclabousse ?
Et puis ici, tout s’évapore. La mémoire avec.
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"Jeux d'enfants".
Pourquoi le Poète, qui n’est qu’un enfant en somme, un peu moins consciemment pervers que les autres peut-être, pourquoi le Poète, lui aussi, ne jouerait-il pas à « l’enterrement » ? Ou, si vous aimez mieux, pourquoi ne se distrairait-il pas à. manier les choses funèbres de ses innocentes mains sacrilèges ? Pourquoi, en un mot, ne fût-ce qu’à ces fins
de se conformer à l’esprit d’un siècle qui paraît avoir à jamais répudié la
mélancolie, et ne songe plus qu’à rigoler (pour faire un emprunt au plantureux vocabulaire de Rabelais et de Gavroche), pourquoi ne prendrait-il pas des familiarités avec cette grande pince-sans-rire qu’on appelle I’Horreur, au risque d’évoquer, lui aussi, derrière lui, dans la Contingence, vers l’inconnu, quelque méprisant rictus ?
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