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Critiques de Paula McGrath (58)
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La fuite en héritage

Trois voix : la première, longtemps anonyme ; la deuxième, celle de Jasmine ; la troisième, celle d’Ali. Deux époques : 1982 ; 2012. Trois lieux : Dublin ; Londres ; États-Unis. Quatre histoires racontées en parallèle qui finissent par se rejoindre pour décrire avec force une part sombre de l’histoire de l’Irlande, celle de l’interdiction de l’avortement, et les conséquences tragiques qui en incombent au fil des années – interdiction désormais de l’histoire ancienne, depuis 2018 plus précisément -.



Moi qui fulmine contre la multiplication des romans polyphoniques qui n’existent que par effet de mode, et qui n’ont de fait aucun véritable intérêt narratif, je retrouve ici toute l’essence de cette construction, puisque la conclusion du roman amène à la réunion, plutôt subtile, des divers fils narratifs de l’histoire, même si finalement assez convenue. Les histoires de ces femmes, toutes en perdition, toutes pour diverses raisons, même si elles mèneront à la même conclusion, sont révoltantes, et pointent du doigt avec franchise, parfois avec brutalité, les violences, physiques, psychologiques, faites aux femmes du simple fait de leur genre. Ces histoires expliquent, avec une grande réussite, comment ces violences, parce qu’elles sont ancestrales, se transmettent inconsciemment de femme à femme, et sont de fait considérées comme des passages obligés pour chacune d’entre elles. Ainsi, le fond de ce roman met intelligemment les pieds dans le plat pour mieux dénoncer ces violences faites aux femmes, ce qui est malheureusement, à mon sens, parfois desservi par la forme : j’ai trouvé les dialogues assez artificiels, de même que l’enchaînement des actions de certaines passages, principalement concernant l’histoire de Jasmine. Qui dit artificialité stylistique dit perte de conviction du propos ; or ici, certes, le propos est fort, mais il aurait pu l’être encore davantage via un souffle romanesque plus naturel et vraisemblable.



La fuite en héritage est en somme une découverte appréciable, faite le 17 mars à l’occasion de la Saint-Patrick – à défaut d’aller dans un pub pour m’offrir une bière irlandaise, j’ai lu une autrice -, malgré quelques effets de style que je n’ai pas toujours trouvé bienvenus.
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Génération

Quel méli mélo ! tout est mélangé, les époques, les personnages, les pays, wouah je me suis complètement paumée dans ce bouquin ! Dommage car j'en attendais bien plus, et bien meilleur. Je ne retiendrai rien de ce livre. trop fouillis. Pourtant de bons avis, et pourtant encore j'aime le roman choral; donc je ne sais pas où cela a pêché ?



Passons à autre chose.
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Génération

Construction curieuse que ce premier roman ! Trame de 1958 à 2027. Plusieurs pays : Irlande, Chine, Mexique, Allemagne, Canada et surtout l’état de l’Illinois. Des personnages arrivent sur lequel il faut se concentrer car c’est au lecteur de faire le lien. Un mineur, un clandestin, un fermier cultivateur de beuh, une irlandaise avec sa fillette, une femme professeur de piano. J’arrête là ça fait déjà beaucoup d’autant que le roman n’est pas long. L’originalité est que le lecteur sait ce qui les relie contrairement aux personnages.
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La fuite en héritage

Une auteur irlandaise que je ne connaissais pas mais j'ai très envie de lire son premier roman "Génération".

C'est un roman choral qui a pour toile de fond l'Irlande avec Dublin, un peu Londres également.

Trois femmes qui fuient leur famille et leur mère en particulier.

On suit plus particulièrement Jasmine dont la mère est alcoolique et ne s'occupe pas d'elle. Elle va se trouver une passion pour la boxe et essayer de percer dans ce milieu alors interdit aux femmes. Elle sera aidée par sa rencontre avec 2 hommes généreux, Deano et George.

Une autre histoire est consacrée à Alison, élevée par sa mère, celle-ci vient de mourir et Ali étant mineure, elle devrait être élevée par ses grands-parents, qu'elle ne connait pas, mais étant assez indépendante, elle part avec des bikers. Son aventure se terminera mal.

Une autre femme, dont on ne connait pas le prénom vit à Dublin où elle est gynécologue et se pose des questions sur son avenir professionnel et amoureux.

Ces histoires semblent parallèles mais vont converger de façon très habile.

J'ai aimé ces personnages de femmes fortes, j'ai trouvé ce roman beau et émouvant et je le recommande.
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Génération

Assez déçue par ce premier roman de Paula Mcgrath, autant j'avais aimé "la fuite en héritage", autant celui-ci, pourtant construit sur le même schéma m'a paru raté. J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire, à trouver le lien entre tous ces personnages et à vrai dire, je me suis ennuyée.

Mais, c'est juste mon avis.
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Génération

Irlande, Canada, Mexique, États-Unis, Japon, Allemagne… des pays et des continents différents ; Carlos, Aìne, Kane, Judy, Daisy, Franck, Makiko, Vicky… des hommes, des femmes, des enfants d’origines diverses. 1958, 2010, 2016, 2027… écoulement du temps, succession des générations. Sur un fil, des lieux des gens des époques des nœuds, des migrations et des fuites en avant, des rencontres et des traumatismes, des espoirs et des désillusions. Mémoire et douleurs profondes.



Tous ou presque côtoient pourtant à un moment, court ou long, Joe Martello, dans l’Illinois. Agriculteur rustre, Joe tient une ferme bio dans laquelle se croisent travailleurs mexicains et woofers – écovolontariat. De l’autre côté de l’Atlantique, Aìne, une jeune femme irlandaise, récemment divorcée, mère d’une petite fille de cinq ans a un besoin irrépressible de changer d’air. Après quelques échanges sur skype avec Joe, elle s’envole pour l’Illinois, seule d’abord, puis y retourne avec Daisy sa fille… Carlos, lui travaille à la ferme. Pas encore régularisé, il rentre deux, trois fois par an chez lui, au Mexique. Grâce à l’argent qu’il ramène, sa grande fille étudie le droit. Pour faire leur bonheur, il est loin des siens… Les parents de Joe, Judy et Franck ne voient pas souvent leur fils. Sa mère, qui lui appris le piano, est devenue obèse de désespoir, son père lui a vendu la ferme… Kane, petit élève doué de Judy est enlevé un jour à la sortie de l’école par sa propre mère pour ne pas avoir à partager sa garde… Vicky, une ancienne amie, croise Joe sur un marché, l’un et l’autre semblent troublés…



Personnage ténébreux et inquiétant, Joe impressionne et fascine Aìne. Elle ne le sait pas mais l’homme a eu plusieurs vies ; musicien prodige, instituteur… Mais quand elle découvre, un ordinateur portable dissimulé et qu’elle regarde l’historique, elle prend peur et sa fille dans les bras, elle s’échappent… Bien des années plus tard, la fille d’Aìne reviendra sur les lieux et se souviendra brutalement des effroyables chauves-souris du grenier de la ferme de Joe.



Un roman captivant et parfaitement maîtrisé qui se lit comme un thriller. Un style vif, des alternances de points de vue, des ellipses (trop, peut-être) ; on voyage dans le temps et dans l’espace, on suit les gens sur plusieurs générations, le livre est dense et foisonnant et pourtant il ne fait que deux cents pages !
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Génération

Voici encore un roman que j’ai emprunté à la bibliothèque sans trop en savoir à son sujet, et croyez-moi, c’est comme cela que l’on se procure les meilleures lectures ! Je savais que l’auteure était irlandaise, mais ignorais que l’essentiel du roman se déroule dans l’Illinois. Surprenant, ce roman fait appel à l’acuité du lecteur, l’incite à prendre des indices pour combler une première ellipse temporelle, puis une deuxième, l’encourage aussi à faire des déductions concernant les rapports entre les personnages.

On y croise d’abord un immigrant irlandais qui se tient à l’entrée d’un puits de mine canadien en 1958, et qui y travaillera de longues années… Ensuite, Aine, une trentenaire, en 2010, aspire à changer de vie, et débarque d’Irlande pour passer quelques temps en bénévole dans une ferme biologique de l’Illinois. Elle se lie avec Joe, le propriétaire… Ensuite d’autres personnages apparaissent dont on ne connaît pas immédiatement l’importance dans l’histoire, qui semble se tisser autour de Joe, l’agriculteur, individu plus trouble qu’il n’y paraît de prime abord.



C’est un de ces romans où la tension créée par une construction efficace pousse à avancer, et qui réussit encore et encore à étonner, jusqu’à la fin. Il s’avère passionnant sur le thème du passage de relais entre générations pas forcément consécutives. Des sortes de sauts générationnels apparaissent entre les lignes de l’histoire, et les rapports entre les protagonistes deviennent alors plus clairs. Le thème de l’immigration, de ses causes et conséquences, des attentes qu’elle porte et des déceptions qu’elle engendre, et là encore des impacts sur les générations suivantes, apparaît en filigrane, sans lourdeur, ni morale.

Une jolie découverte que ce premier roman un brin déroutant, comme je les aime, et une jeune auteure irlandaise à suivre, indiscutablement !
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La fuite en héritage

La fuite en héritage est le second roman de l’irlandaise Paula McGrath (le premier, Génération, a été un gros coup de coeur).



Trois destins de femmes, trois êtres en devenir. 2012, 1982. Le Tennessee, l’Irlande, Londres. Alison, Jasmine, et une autre dont on ne découvrira que plus tard le prénom. Habile manière de mettre en scène le jeu de piste des vies dans cette histoire.



Ce qui frappe au départ dans ce roman, c’est un monde où la relation mère-fille prend toute la place, et qui soudain explose. Une mère meurt noyée, une autre est engloutie par Alzheimer, une troisième a sombré dans l’alcool. Des relations symbiotiques, dysfonctionnelles, essentielles chacune à leur manière. La mère disparue, sa figure diluée dans l’absence, et c’est la débandade, le monde ne sera plus jamais le même. Une mise en mouvement qui ne cessera de tout le roman, même quand la fuite sera celle des souvenirs dévoilés, la route à rebours vers l’enfant disparu.



Paula McGrath raconte des femmes fortes, qui savent ce qu’elles veulent. Des femmes que la vie va abîmer, la société, leur famille. Parce qu’à toutes les époques, même si les choses progressent et varient selon les milieux et les pays, dans le monde, tout est toujours plus difficile quand on est né fille. Difficile d’être libre, de s’émanciper, de se réaliser. De vivre, tout simplement.



La fuite en héritage est un roman polyphonique dont une des voix flirte presque avec le roman-feuilleton, j’ai aimé. L’histoire est très dure par moments, violente même, et à d’autres c’est un pur bien-être. Un petit côté Million Dollar Baby à l’irlandaise, que j’ai adoré. Un autre passage glaçant (je ne dirai pas de quel ordre pour ne rien dévoiler), sur une thématique déjà lue ailleurs, mais que j’ai trouvée ici abordée d’une manière admirable. « C’était l’époque, se justifient les gens, mais moi je dis que l’époque est faite par ceux qui la vivent. Parce que je ne suis pas prête à pardonner, pas même après tout ce temps. » Je suis tellement d’accord.



Pour être absolument honnête, à un tiers du livre, j’étais un peu mitigée. Un style pas assez affûté à mon goût, certains personnages aux visages devenus flous dans certains virages… Et puis soudain, ce fut là : le souffle, l’émotion, et les pages se sont mises à tourner toutes seules.



J’ai refermé le roman, emballée. Paula McGrath défend un féminisme intelligent – à chacune ses propres ambitions – et interroge la transmission et l’impact des non-dits dans une vie, qui peuvent fissurer les générations à venir. A découvrir ! (et merci aux éditions La Table Ronde)



« Je ne savais pas vraiment qui je pleurais, ils étaient si nombreux »
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Génération

Il y a des livres comme ça, on les lit quasiment d’une traite, happés, transportés. Avec Génération, ce premier roman de l’irlandaise Paula McGrath, la magie a opéré dès les premières pages. C’est mon coup de cœur de la rentrée littéraire.



Si l’on ne veut pas tout dévoiler, ce livre n’est pas simple à chroniquer. Il commence en 1958 avec un émigré irlandais dans une mine d’uranium au Canada, puis continue en 2010 dans une ferme bio de l’Illinois. A travers les continents et les générations, la musique et les secrets, en passant d’un personnage à un autre, Paula McGrath a créé un récit rythmé, épuré. Sans aucun temps mort, elle touche à l’essentiel. Entre chaque chapitre, parfois, le lien – toujours présent – n’est qu’esquissé, et cette confiance dans l’intelligence du lecteur – car c’est un choix de l’auteure de ne pas trop en dévoiler -, apporte encore au plaisir de la lecture. Ajoutez à cela une écriture souple, maîtrisée, brillante – et une traduction magnifique -, un suspense parfois haletant… Génération se dévore tout autant qu’il se déguste.



Lors de la rencontre avec Paula McGrath au café Hibou en novembre dernier, elle nous a confié que ce roman lui est venu par la scène où Joe est au marché. Après sa publication sous forme de nouvelle, les lecteurs ont voulu en savoir plus sur Aine (se prononce Awn-ya, c’est le prénom Anne en gaélique). Elle a donc développé cette histoire. Comme si la poussière d’étoiles de son imagination prenait forme à mesure en composant lunes et planètes, les personnages et leur histoire ont pris corps en nouvelles ayant chacune un lien ténu entre elles. Paula McGrath a réussi à orchestrer cette vaste composition, ce continuum jouant de l’espace et du temps, pour finalement former la galaxie à part de ce roman.



Et vous savez quoi, petits veinards ? Génération sort aujourd’hui en librairie. Je vous envie, vous qui allez découvrir cette histoire pour la première fois.
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La fuite en héritage



Une mini chronique ici, parce que j'ai lu trois bouquins à la suite, tous les trois aussi foisonnants les uns que les autres. Voici le premier, choisi bien évidemment parce que c'est Irlandais, écrit par une Dublinoise (Hello Roddy Doyle, au passage ♥️♥️♥️)



Voici le résumé éditeur, situé dans le rabat intérieur de la couverture souple cartonnée :



2012. Une gynécologue hésite à accepter un emploi à Londres qui lui permettrait d'échapper à l'atmosphère de plus en plus tendue qui règne à l'hôpital dublinois où elle exerce. Mais qu'adviendra-t-il de sa mère, coincée dans une maison de retraite ?

1982. Jasmine veut faire de la boxe, mais dans l'Irlande des années 1980, c'est un sport interdit aux filles.

2012. Dans le Maryland, Ali dont la mère vient de mourir, traîne avec un gang de bikers pour échapper à des grands-parents dont elle ignorait jusque-là l'existence.



Les trois femmes qui habitent ce roman sont liées par leur désir ou leur besoin de fuir, au-delà des frontières et des générations, des années 1980 à aujourd'hui, et de Dublin à Baltimore en passant par Londres.



Avant que la loi sur l'avortement, votée par référendum en 2018, ne fasse sauter la dernière digue qui retenait l'Irlande dans le conservatisme, d'innombrables femmes ont été contraintes d'abandonner leur enfant à la naissance, ou bien de s'exiler pour avorter. Le deuxième roman de Paula McGrath, porté par une écriture polyphonique, fait émerger des enjeux très contemporains et s'inscrit dans une longue histoire de fuite et d'exil, qui pourrait s'appliquer à tant d'autres existences irlandaises.



Voilà l'histoire. Seulement, mon problême, c'est que je me suis souvent perdue entre les personnages et les époques, et on suit surtout le parcours de Jasmine, c'est donc à elle qu'on s'attache le plus. La misère, puis les agressions, sa force pour trouver un minuscule logement, pour s'investir dans la boxe, à même pas 17 ans, dans une Irlande où les femmes n'ont pas le droit de boxer, ni de dire quoi que ce soit : église, mariage, soumission, c'est tout ce qu'elles ont le droit d'avoir. Le devoir. L'émancipation des femmes est l'un des sujets qui sous-tendent ce roman, la violence sexuelle et la mort de nombreuses femmes car l'avortement était interdit jusqu'à l'an dernier.



Un sujet a été évoqué à la fin, d'une façon brouillonne : les institutions des Magdalene Sisters, où les "filles délurées" étaient envoyées, les filles enceintes, enfermées, mises en esclavage pendant que leur bébé était vendu sans leur consentement. Ce scandale Irlandais est malheureusement encore un peu tabou, on dirait..



En résumé : passionnant mais embrouillé, pour moi.



La fuite en héritage - Paula McGrath, ed Quai Voltaire, août 2019, 330 pages, 21€
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Génération

Et si l'Amérique ne faisait plus rêver ...



Le titre de ma chronique pourrait le laisser supposer mais non ... Donald Trump n'apparaît pas dans le roman de Paula McGrath. En revanche, de nombreux personnages se frottent à des époques différentes au rêve américain.Ils s'y frottent et s'y blessent. Certains évoqueront un récit décousu, une trame un peu lâche. Je le "confesse", le roman choral où les liens entre personnages sont subtils, voire sous-entendus, est mon péché mignon. J'aime être une lectrice active, à l'affût des indices, parfois ténus,qui font avancer l'histoire. La construction de ce livre m'a donc beaucoup plu.



Dans Génération, le personnage central me semble être l'Amérique, ardemment désirée et finalement décevante.

Dans les années 60, une jeune Irlandais retourne au pays le temps d'une " veillée américaine". Il partage l'exaltation et la tristesse de ceux qui quittent leur "île émeraude" pour cet "Ailleurs" supposé meilleur. C'est ainsi qu'il se retrouve, pendant quatre ans, près de Chicago, à descendre dans la mine chaque matin. Il économise pour expédier de l'argent en Irlande et pour acheter une ferme. Il ignore que sa petite-fille partira sur ses traces en 2027 et trouvera son nom dans la Liste des Mineurs au musée d'Elliot Lake.



Sans transition apparente, nous découvrons Joe, un quarantenaire, agriculteur bio, fumeur de cannabis, sale comme un peigne mais dont la beauté brute peut plaire.Nous sommes en 2010, à l'ère de Skype et du woofing. Il se cherche de la compagnie féminine par Internet et séduit à distance Aine, fraîchement divorcée, que son emploi de bureau ennuie. Joe et sa ferme dans l'Illinois la séduisent, ils incarnent le changement, l'espoir d'une vie plus palpitante. Aine, qui est la fille de notre mineur, va quitter l'Irlande pour tenter sa chance. Elle débarque avec Daisy, sa fillette de cinq ans pour six semaines. Le temps d'un été, elle veut vérifier qu'une autre existence est possible. Son rêve va -t-il résister à la réalité ? Aura-t-elle plus de chance que son père ?



Carlos, un ouvrier mexicain de la ferme de Joe, lui, sait depuis longtemps que l'Amérique donne peu et prend beaucoup. Elle lui a pris son neveu Antonio, lors d'un passage illégal de frontière. Elle lui a volé l'enfance de ses filles qu'il n'a pas vues grandir. Elle lui donne un maigre salaire et de trop nombreuses soirées en solitaire. Il ne vient pas de la verte Irlande mais n'en est pas moins un exilé.



Des exilés, le roman de Paula McGrath en compte beaucoup d'autres, comme Judy l'Allemande,ou Makiko, la Japonaise. Tous ne quittent pas leur pays pour les mêmes raisons.Mais ils ont au moins deux points communs : la désillusion et la nostalgie. Pour l'auteure, l'Amérique est un mirage, une belle image, une pépite qui ne serait qu'un vulgaire caillou recouvert de peinture jaune.
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La fuite en héritage

Traduit par Cécile Arnaud



Dublin 2012 : une femme, dont on ignore le nom, s'interroge : doit-elle quitter son poste, qu'on devine être situé dans un hôpital dublinois, pour accepter un travail à Londres ? La pression et la fatigue se font sentir suite au scandale de cette jeune femme décédée parce que les médecins ont refusé de l'avorter. "La loi est la loi, et tant qu'elle ne changera pas, ils feront ce qu'ils ont toujours fait, c'est-à-dire de leur mieux", mais "ce dernier scandale médical est un sujet de préoccupation réel, qui la stresse autant que ses collègues". La femme entretient une relation à distance avec un certain Jeffrey qui vit à Londres et l'exhorte de le rejoindre, d'accepter le poste. Seulement, rien n'est si simple : il y a sa mère atteinte de la maladie d'Alzheimer, en maison de retraite. Elle ne se sent pas de l'abandonner. Ses relations avec celle-ci furent compliquées. Après l'alcoolisme, la voici démente. Le sentiment de culpabilité la ronge quand elle songe à quitter le pays. Pourtant sa mère ne la reconnaît plus depuis longtemps. Ne prononce rien de cohérent, depuis longtemps. Pourtant, lors d'une visite, elle lâche cette phrase : "Ca y est, tu repars courir dès qu'on a besoin de toi." "Partir courir, est-ce la même chose que partir en courant ?" se demande la femme. On apprend que cette femme est quarantenaire, qu'elle est le docteur McCarthey. Que sa relation à distance a 72 ans, divorcé plusieurs fois, père de plusieurs enfants.



Maryland 2012 : Ali vient de perdre sa mère. C'est ce qu'on apprend dans ce récit à la première personne. Elle a encore l'urne de ses cendres à la main quand deux personnes âgées surgissent dans sa vie, se présentant comme ses grands-parents paternels. Elles lui annoncent qu'elle est maintenant sous leur tutelle. Ali refuse cette décision et s'enfuit avec un ami biker, pour tomber dans un traquenard, qui sera l'objet d'une nouvelle fuite. (Un petit côté Thelma & Louise version solo et à moto mais attention aux virages quand on n'a pas l'habitude de faire de la moto...).



Rathlowney, Londres, Dublin 1982 : Jasmine laisse un mot à sa mère dépressive, qui ne se lève plus et s'occupe encore moins d'elle, qu'elle part à Londres chez une amie. L'adolescente prend le ferry, rejoint la capitale britannique pour connaître la "glauquitude" dans tous ses états, d'auberge de jeunesse louche, en squat. Son parcours va être semé d'embûches et de mauvaises rencontres, pavés de lieux libidineux, hantés par de gros dégueulasses. Elle s'arrachera elle-même des griffes des parrains du proxénétisme d'une manière forte pour retourner en Irlande. A Dublin, elle travaille chez un bookmaker et sympathise avec un Noir, prénommé George, étudiant en médecine. A ses heures perdues, George pratique la boxe. Apprendre la boxe est le rêve de Jasmine. Seulement ce sport est interdit aux femmes dans l'Irlande des années 80 ! (n'est-ce pas dingue ?) "Si elle apprenait à boxer comme eux, elle pourrait développer la même assurance, et puis elle saurait se protéger." George accepte de l'entraîner à condition qu'elle retourne à l'école, qu'elle étudie. Si Jasmine voudrait faire table rase de son expérience londonienne, c'est sans compter sur son cousin Adrian collé à ses basques dans les rues de Dublin, lui rappelant qu'elle a un jour disparue et que même sa mère ne sait même pas qu'elle est revenue. Ce cousin Adrian est un vrai boulet : pas de fric, pas de toit, des plans foireux et des gens à qui il doit de l'argent. A force de le voir la suivre comme son ombre, Jasmine accepte de l'héberger temporairement et lui trouve un job. Malgré cela, il est toujours dans des embrouilles pas possible. Jasmine entame une relation avec son voisin, Deano, une histoire d'amour-amitié. Comme George, c'est un type bien. Un gars qui a perdu ses parents jeunes, qui est seul au monde. Ils s'épaulent mutuellement.



Dans ce roman à trois voix, c'est Jasmine qui occupe le texte pendant la majeure partie du livre. Son histoire est une épopée à elle seule. Une lutte, un roman d'apprentissage version hard. Les deux autres voix narratives reviennent sporadiquement dans le récit. Cette polyphonie entretient une forme de suspense puisqu'on se doute que ces trois femmes sont liées. J'ai commencé à comprendre un lien au bout de la page 105 - mais je ne peux pas dire pourquoi sous peine de vous donner trop d'indices!

Cependant, c'est plus compliqué que ça... et je dirai même qu'une quatrième voix émerge du récit vers la fin. :)



Bien entendu ce roman parle de la fuite, (le titre original est An History of run away), celle des femmes obligées de prendre la tangente afin de pouvoir vivre libres, échapper à un destin sordide, se faire respecter, décider elle-même ce qui leur convient, quitte à se tromper de route pour mieux rebondir, évoluer et grandir. Des parcours semés d'embûches. Des fuites qui sont comme des échos diffractés.



Paula McGrath brosse des portraits de femmes fortes, mais aussi fragilisées, proies d'autant plus faciles pour des hommes à l'esprit dérangé (soyons franche !).

La majorité d'entre eux, dans le livre, sont des prédateurs : des traitres, des proxénètes ou assimilés, des incestueux, bref, des porcs libidineux considérant les femmes comme des jouets sexuels et non des êtres humains. Pour les décrire, l'auteure n'y va pas par quatre chemins. Il y a quelques scènes vraiment fortes et crues !



Malgré tout, Paula McGrath a la finesse d'esprit de ne pas mettre pas toute la gente masculine dans le même panier. Il y a deux personnages masculins lumineux, des anges gardiens qui savent insuffler bonheur et espoir, seront des moteurs pour avancer dans la bonne voie : George et Deano.



Une petite allusion au racisme aussi dans l'Irlande des années 80, avec un drame. C'est pas bien facile d'être une femme, mais c'est pas bien vu d'être un homme noir et encore moins un homme noir en compagnie d'une femme blanche dans les rues de Dublin. :(



Paula McGrath montre du doigt l'Irlande et la société britannique des années 80, celle d'une société sclérosée en ce qui concerne les femmes. Elles sont dépossédées de leur corps, elles sont violentées. Mais paradoxalement, la boxe est un sport qui leur est interdit !

(J'ai aimé les clins d'oeil sur les bleus de Jasmine suite à son entrainement clandestin à la boxe : George s'inquiète de ses hématomes, pendant que tout les autres hommes pensent qu'elle était ivre ou que sais-je quoi.... Gêné, il lui dit qu'il ne veut pas faire de mal à une fille. Jasmine lui répond que ça la regarde, elle, parce que c'est son corps... :) )



L'auteure n'hésite pas à faire référence, en filigrane, au scandale qui a éclaboussé l'Irlande en 2012, avec le décès d'une jeune femme que les médecins ont refusé d'avorter alors que sa vie était en danger.

Depuis, on connaît le chemin parcouru par le pays en la matière avec la victoire du Oui l'an dernier, enfin ! Des millions de femmes n'auront plus à fuir pour cela.



Le récit partagé entre les années 80 et 2012 permet de voir certains progrès accomplis, - en tout cas pour la boxe féminine qui est devenu un sport olympique à l'instar de sa version masculine - et le chemin qui reste à parcourir.



Paula McGrath aborde aussi des thèmes comme la solitude, l'isolement, la culpabilité, la trahison.



La fuite en héritage nécessite toute l'attention du lecteur. Il est dense, intense, on ne s'ennuie pas, mais on croise une foule de personnages, surtout dans l'histoire de Jasmine. Le seul reproche que je peux faire est que le récit est presque trop dense et complexe : on se perd par instants. On comprend très tardivement le rapport entre ces femmes (même si j'ai deviné page 105 une partie du "mystère" entre ces trois histoires) et vraiment à la toute fin le rapport du personnage d'Ali avec le reste du récit.



Un roman fouillé, très fin, et féministe, bien sûr !
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La fuite en héritage

Trois fuites, trois femmes pour une image, pleine de contrastes et de violence, du rapport à la mère. La fuite en héritage mélange, avec un joli sens du rythme et de la brisure, trois récits et trois lieux pour réfléchir à la criminalisation de l'avortement. Par sa prose enlevée, Paula McGrath parvient à incarner chacune de ses trois femmes dont souffrances et fuites sont rendues, intactes, sans pathos mais avec une vraie émotion.
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Génération

Tout d’abord, je tenais à remercier les éditions de la table ronde ainsi que la masse critique de Babelio pour m’avoir permis de découvrir ce titre.



Dans ce roman, beaucoup d’éléments m’attiraient : les choix d’une immigration, le besoin de partir, l’Irlande en toile de fond, etc. Des aspects qui me paraissaient important pour ma lecture. Mais (et c’est bien là le problème), tous ces éléments ne l’ont pas fait pour moi. Je me suis retrouvée perdue par une lecture qui démarrait bien, puis qu’y petit à petit s’est mise à partir dans tous les sens.



En grandissant on (en tout cas moi) devient plus exigeante. J’aime de nombreux genres littéraires ou styles d’écritures ce qui me permet de ne pas me dégouter de la lecture. Je mange à tous les râteliers afin de justement me nourrir convenablement. Mais lorsqu’un texte ne me correspond pas, je le sais très vite. Ici j’ai eu un gout de trop peu.



Dans ce roman, j’ai apprécié la mise en place de notre situation. Une jeune femme décide de partir avec sa petite fille, pour se retrouver. Notre sujet est amené de manière progressive et c’est avec plaisir que l’on découvre nos personnages. Mais mon intérêt c’est bien vite limité, car lorsque l’intrigue devient captivante, l’auteure arrête tout et nous fait un bon dans le temps, en nous présentant un nouveau personnage. Le texte aurait pu être plus long, pour amener ces différentes vies à avoir chacun une réelle profondeur. Malheureusement ce n’est pas le cas et très vite, on réalise que l’histoire s’arrêtera là avec tellement de zone d’ombre que cela m’a empêché d’apprécier le récit. Je ne suis pas contre laisser des blancs pour faire place à notre imagination, mais là cela m’a semblé bâclé …



Je referme ma lecture très déçue par cette histoire qui ne parvient pas à me donner ce que j’attendais : un récit intrigant sur l’immigration. A la place on survole de nombreux points de vue sans jamais les approfondir. Et malgré mon goût pour les romans de la table tonde, j’ai trouvé celui-ci bien en dessous de ce que j’ai pu lire chez eux. Les thèmes principaux sont les mêmes, mais ils sont amenés ici de manière bancale, pour nous laisser sur notre fin sans jamais plonger dans le vif du sujet. Avec des personnages qui manquent profondément de profondeur, on tente de nous faire comprendre des choses mais sans la finesse requise. Vous l’aurez compris, une lecture bien trop mitigée à mon goût.
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Génération

Opération masse critique janvier 2017.



Au début du siècle passé, un hongrois établit la théorie des "six degrés de séparations": toute personne ici-bas peut être reliée à une autre en six maillons . Et c'est l'objet de ce livre: quel rapport entre un pianiste prodige de père allemand et de mère japonaise élevé en Amérique puis au Japon, et un irlandais mineur de fond au Canada? Quel lien entre une prof de piano dépressive et obèse et un barman amoureux d'une institutrice? Entre une irlandaise en séjour dans une ferme de l'Illinois et un ouvrier agricole latino ?

C'est un roman magistralement construit, un kaléidoscope passionnant, un voyage entre les générations et les pays, entre les cultures et les points de vue. Plongez sans hésiter!

Et coup de chapeau à la traductrice, Cécile Arnaud.
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Génération

Voici le premier roman de l'Irlandaise Paula McGrath qui sera dans toutes les bonnes librairies le 12 janvier.



Les pages s'ouvrent sur l'année 1958. Le narrateur tutoie un personnage, un Irlandais planté devant l'entrée d'une mine d'uranium. Celle d'Elliot Lake, Canada. Les Russes ont mis en orbite Spoutnik. Les Américains voient rouge. L'Irlandais, dont on ignore le nom, est un immigré comme un autre qui répond au besoin de main d'oeuvre des Canadiens dont "Les mineurs (...) n'arrivent pas à tenir la cadence." :

"C'est pourquoi tu es là, loin de chez toi. Tu as vingt-cinq ans. Tu ne sais rien de ton avenir, de la femme que tu épouseras, de vos futurs enfants : l'inconstante, le sérieux, et celui qui défera tout ce que tu t'apprêtes à commencer."

Mais c'est l'année 2010 qui va occuper le coeur du roman, où chaque chapitre va porter le nom des personnages qui vont construire l'intrigue sous nos yeux. Le temps d'un printemps et d'un été. Joe est un fermier bio de l'Illinois. Célibataire et mal léché. C'est ainsi qu'on le découvre. Il surfe sur le web et sur Skype pour harponner une femme qui s'occuperait de sa ferme. La dernière a foutu le camp, c'était une Chinoise, dit-il. Il embauche des wwoofeurs pour la récolte de fruits et légumes. Mais qu'est-ce que c'est que le wwoofing ? Une sorte d'économie du partage : des personnes proposent leurs services bénévolement et temporairement en échange de logis et nourriture. Une manière de servir la cause écolo de l'agriculture bio et d'apprendre un autre métier. Avec son pendant d'exploitation... Pour Joe, ça permet un renfort de main d'oeuvre gratis aux Mexicains qu'il emploie.

"C'est la fin de la journée, les laitues sont en promo. Je fais aussi un prix sur les coeurs de boeuf. Elles sont extra avec de la mozzarella, du basilic et un filet d'huile d'olive. Sentez-mois ça." Allez, ça le fait, un fermier bio, ça séduit la clientèle, surtout féminine. C'est l'image qu'il donne au grand jour.

De l'autre côté de l'océan, en Irlande, Áine, jeune femme divorcée, mère d'une petite Daisy, entend parler par sa collègue du wwoofing. Parce qu'elle a besoin de s'aérer et d'élargir son horizon, elle lance dans l'aventure. Elle envoie un mail @joelefermier@hotmail.com ! :)



Le début d'un thriller qui ne dit pas son nom. Dès les premiers instants, nous savons, nous lecteurs, que Joe n'est pas un type totalement clair. Sans pour autant savoir pourquoi. Au début, on pense juste que c'est une caricature du fermier célibataire qui profite de la technologie moderne pour trouver des femmes. Il est grincheux, méprisant, sarcastique et sale - il vit dans une ferme qui rivalise avec une porcherie.

Áine est une femme intelligente qui s'aperçoit, mais pas tout de suite, qu'il y a un souci... Elle est curieuse, courageuse qui ne va pas hésiter à mener sa propre enquête. Jusqu'à la fuite nécessaire pour protéger sa fille.

Pourtant, peut-on maîtriser la destinée des siens ? Quels impacts ont nos décisions sur la génération suivante ? Un des leitmotivs du roman, qui évoque aussi les familles éclatées, recomposées et pourtant liées à travers les continents et le temps. Quels souvenirs garde-t-on en mémoire ? Et de quelle manière la mémoire réécrit-elle ce qui s'est passé ?



J'ai aimé l'écriture originale de Paula McGrath, magnifiquement traduite, la diversité des tons et styles qui émaillent les histoires de ce récit aux multiples personnages, tous reliés par un fil d'Ariane ténu, sur plusieurs continents et plusieurs générations.

L'écrivain joue magnifiquement avec l'ombre et la lumière : de Spoutnik qui tutoie les étoiles aux mines d'uranium que creusent des immigrés; de l'habitation crasseuse de Joe, (qui a tout de la scène des chiottes toilettes de Trainspotting), à ses plantations "bio" bien proprettes .

Un joli coup de griffe aussi sur l'exploitation humaine. Sous toutes ses formes..

Un roman court mais dense, tout en mystères et non dits. Paula McGrath tient le lecteur en haleine par une écriture kaléidoscopique où pourtant tout se tient dans une logique implacable. Impressionnant. Palpitant. Et effrayant par moments. On n'a pas le temps de s'ennuyer !

Une fiction très moderne, contemporaine et aussi inter-générationnelle, émaillée références cinématographiques, dont on ressent une ambiance parfois digne de Hitchcock (je pense en particulier à la scène du champ de maïs...).

Une plume irlandaise à suivre, c'est certain.




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La fuite en héritage

Il y a tant à apprendre et tant à raconter



L’Irlande. Un pays qui fut colonisé par la puissante Grande-Bretagne. Une société ravagée, une émigration de masse et des centaines de milliers de mort·es de famine.



Paula McGrath n’aborde pas le sujet. Du temps a passé. Elle nous parle de femmes, de Maryland, de Londres, de Tennessee, de Rathlowney et beaucoup de Dublin…



Des histoires de fuite et d’exil, de refus et de corps, d’apprentissage et de boxe. Des femmes prises dans des liens avec d’autres femmes ou parentèles.



Des histoires entre 1982 et 2012, des répétitions, des formes multiples de contrainte, des croisements improbables, des combats pour la liberté de faire.



Paula McGrath insuffle un rythme propre à la littérature en alternant les récits. Elle peint aussi de multiples petits moments de vie, entre frustrations et espérances, « partir courir, est-ce la même chose que partir en courant », entre sentiment de déception et de culpabilité, entre négation et incapacité, « il y a des trucs qu’ils ne savent pas, ou bien ne veulent pas savoir, ou ne veulent pas qu’on sache »…



Des corps se fractionnent, des leurres sont inventés ; des disputes remportées dans la tête, des mots à ne pas entendre ; l’usage du corps des femmes par les hommes, le droit à l’avortement refusé (au nom d’un droit à la vie du foetus) et des « femmes continuent de mourir pour rien » ; une réappropriation de son corps par la course et la boxe…



Le choix des chapitres, les courtes insertions, les plus longs développements, le temps des apprentissages, la densité des coups, la peur transformée en colère…



Une autre histoire surgit d’un autre passé, Rathlowney et d’autres personnages aux noms si semblables, les souvenirs repoussés « pour les empêcher de se mettre en travers de ma route », l’improbable ou le peut-être dans un subtile éclairage du présent…



Partir, fuir… De beaux portraits de femmes. L’exigence de pouvoir vivre sa vie…
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La fuite en héritage

Trois femmes, trois parcours, trois vies différentes deux époques. 1982, Jasmine est une jeune femme qui quitte son village en Irlande pour Londres et va se passionner pour la boxe. Une gynécologue ne se sent plus à sa place dans le Dublin de 2012 où l’avortement est prohibé rappelons que les irlandaise auront du attendre 2018 pour en avoir le droit. Ali à seize ans, elle vie dans le Maryland après le décès de sa mère, elle prend la fuite pour ne pas vivre auprès de grands parents paternels qu’elle ne connait pas et qui tentent de la récupérer. Tout d’abord la structure du roman m’a perturbé puis j’ai aimé découvrir les différentes voix de ce roman chorale, des parcours de femmes au travers une société d’hommes, il y a indubitablement un côté féministe dans ce roman. Les chapitres alternent entre leurs différents parcours en s’attardant plus particulièrement sur l’une d’entre elle. C’est puissant, émouvant et parfois révoltant, la violence des situations et des propos m’ont sidéré. Le racisme et la misogynie apparaissent comme bien réel et cela fait mal. Cette fuite en avant est actée, fuir ses démons, ses dettes ou encore sa famille au sens propre comme au sens figuré le titre est parfait. A leurs côtés nous allons être les témoins de leur joie et de leur peine un peu comme si nous recevions leurs confidences. C’est une écriture engagée qui m’a charmé, les structures familiales sont explosées et l’on ne reconnaît plus la place du père et celle de la mère est en bien mauvaise état. Loin d’être définitive, cette vision progresse avec les personnages et leur parcours de vie. Des femmes étouffées par les conventions sociales qui font des choix pas toujours judicieux mais qui seront bien obligées d’en subir les conséquences bonnes ou mauvaises. Bonne lecture.
Lien : http://latelierdelitote.cana..
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Génération

A priori, tous les ingrédients étaient réunis pour que j’apprécie ce livre. Le sujet tout d’abord. Celui de la conséquence des actes et des choix posés par une génération sur les suivantes. La construction narrative ensuite. Des chapitres qui alternent les époques, les personnes et font se croiser les destins.



Pourtant, au sortir de ce roman, mon sentiment est plutôt mitigé : ni l’histoire ni l’écriture ne m’ont procuré de réel plaisir. J’ai trouvé le tout assez décousu mais j’avoue avoir déposé le livre plusieurs fois au lieu de m’y tenir. Je ne suis pas vraiment entrée en empathie avec les personnages. A mon goût, leur épaisseur psychologique est un peu faible.



Sur le même sujet, j’ai croisé dans ma vie de lectrice des livres bien meilleurs. Me reviennent notamment en mémoire deux livres que j’avais trouvés excellents : ‘Lignes de faille » de Nancy Houston et « La pluie, avant qu’elle tombe » de Jonathan Coe.



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La fuite en héritage

Nous voilà embarqués en 1982 et 2012 à travers le destin de trois femmes courageuses qui fuient des contextes familiaux difficiles pour se construire. Jasmine, en 1982, quitte sa famille pour partir de Dublin à Londres dans l’espoir de devenir danseuse. Le docteur Mac Carthy, en 2012, gynécologue, envisage de prendre la direction d’une clinique à Londres et rejoindre son fiancé Jeffrey, mais doit pour cela abandonner sa mère en maison de retraite et atteinte de la maladie d’Alzheimer. Enfin, aux Etats-Unis en 2012, Ali dont la mère vient de mourir, tente d’échapper à des grands-parents très conservateurs. Voilà pour le décor.

Les principaux thèmes sont la fuite, l’exil, et les portraits de ces femmes si courageuses. Mais tout l’intérêt du livre ne se résume pas à cela. Ces thèmes ont déjà été largement traités en littérature.

Le rôle central de la mère, à mon sens le personnage principal du livre, la construction en ellipses, et la chute, sont les principaux attraits de ce récit. Ces femmes prennent conscience qu’un rapport difficile à la mère et la fuite comme solution de survie sont leur héritage commun, héritage qu’elles se passent de génération en génération. Le caractère des personnages évolue également au fil du récit : les femmes très révoltées au début tentent de trouver progressivement une forme de sérénité, tandis que les portraits des hommes particulièrement peu flatteurs en tout début sont nettement moins tranchés au fil du livre. Quand à la chute, ne la révélons pas mais disons seulement que ces trois portraits ne sont pas de simples histoires parallèles.

Le récit est rythmé mais la construction quand même alambiquée peut déstabiliser … voire faire fuir ! Pour ma part, je me suis accrochée et c’est précisément cette construction, et le final, qui me font dire que oui j’ai aimé ce livre et conseille cette lecture !
Lien : https://accrochelivres.wordp..
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