Pearl Buck nous invite dans une Chine entre deux époques, où les coutumes ancestrales cohabitent avec l’arrivée de mœurs occidentales plus modernes.
Le personnage principal de ce roman est Madame Wu, première épouse d’une riche famille traditionnelle, s'étant pliée à la coutume du mariage arrangé. Les seuls rôles qui lui sont dévolus sont ceux d'épouse et de mère dans la maison familiale où cohabitent toutes les générations.
Pour autant, ce rôle ne l’a jamais comblée. Plus instruite et intelligente que la moyenne, elle s’est toujours sentie emprisonnée dans ce rôle trop étroit pour elle. C’est pourquoi, sans penser à renier ouvertement les traditions, elle décide au contraire d’utiliser de vieilles coutumes pour s’en libérer et s’octroyer la liberté et l’indépendance dont elle rêve depuis toujours : A 40 ans, Madame Wu décrète que, son corps étant trop âgé pour satisfaire son mari, elle va lui chercher une seconde épouse, une concubine chargée du devoir conjugal à sa place...
Mais, ce faisant, elle bouleverse l’organisation bien rodée de ce microcosme traditionnel. A-t-elle bien fait d’introduire une étrangère dans sa maison ?
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Ce roman nous dépeint une Chine ancestrale en abordant les rapports entre époux ainsi que le rôle de la femme et ses aspirations, à travers plusieurs couples de générations différentes : les parents ayant fait un mariage arrangé, puis les enfants qui tentent de s'en affranchir, ce qui nous montre une Chine tiraillée entre tradition et modernité, ayant du mal à combiner ces orientations souvent contradictoires.
Nous assistons alors dans ce récit à l’évolution lente mais certaine des mentalités : Au départ la famille est très recentrée sur elle-même, puis la jeune génération influence les agissements de la famille, et la première épouse, en s’instruisant, s’ouvre à d’autres façons de voir et accepte la modernisation de certaines coutumes.
Ce roman montre aussi le regard que tout peuple porte sur les étrangers et leurs coutumes : Nous les rejetons dans un premier temps, puis nous apprenons à y trouver du bon et nous nous approprions, petit à petit, tout ce qui peut contribuer à améliorer notre quotidien.
Attention toutefois, car malgré la richesse et l'intérêt de cette lecture, il s’agit quasiment d’un huis clos ce qui pourrait ennuyer certains lecteurs : Nous demeurons presque tout le long du récit dans la maison de famille, errant tour à tour parmi les pavillons respectifs de chaque membre de la famille ainsi que dans les pensées de Madame Wu.
Celles-ci amènent toujours à réfléchir sur les thèmes abordés, et de nombreux personnages permettent de faire avancer l’histoire en découvrant les mœurs du pays. Puis les années passent et, en même temps que la Chine s’ouvre vers extérieur, la maison des Wu s’ouvre elle aussi au monde qui l’entoure en s’ouvrant aux autres...
Un beau roman mais à découvrir si vous ne craignez pas les huis clos.
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