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Critiques de Per Petterson (102)
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Des hommes dans ma situation

Dans le dernier livre du grand auteur norvégien Per Petterson , on retrouve son fameux personnage Arvid Jansen, écrivain à la dérive ( " Dans le Sillage", "Maudit soit le fleuve du temps"), qui n'est pas son alter ego d'après ses propres mots, mais son cascadeur qui fait tout ce qu'il fait, mais de manière plus excessive et en plus condensée. On le rencontre à Oslo en 1992, il a trente huit ans. Après quinze ans de vie commune, il y a un an, sa femme est partie avec ses trois filles. Il est seul et traverse une profonde crise existentielle, agrémentée d'une panne d'inspiration. De nuit il la noie dans l'alcool et dans les bras d'inconnues rencontrées dans les bars, de jour il traine en ville ou en voiture dans la campagne.



A travers les états d'âme et les souvenirs d'Arvid, le temps d'un livre on va se ballader à travers Oslo et ses environs , allant jusqu'à 140 km à Arvika, la ville de frontière suédoise, où il va pour "lire". A pied en ville, ou dans sa vieille Mazda, où il passe souvent la nuit, à travers forêts et lacs des environs, retournant dans son quartier d'enfance Veitved, un quartier ouvrier, il essaie de tuer son spleen, que le contact avec la nature semble alléger. Un homme trés seul, dont la seule attache semble sa fille aînée de douze ans, Vigdis, plus adulte que lui, et que suite à une faute grave de sa part il va en être séparé pour un temps, ainsi que de ses deux cadettes.



Quelqu'un d'autre aurait écrit ce livre, où il n'y pas vraiment de trame, et le sujet de prime abord est assez sombre, je l'aurais évité. Mais Petterson est un écrivain de talent. Il parle magnifiquement sans pathos des hommes et des sentiments , décrit avec grande subtilité les rêves et les déceptions, esquisse merveilleusement bien la nature et met les femmes norvégiennes à l'honneur. Des épisodes exquises avec ces dernières jalonnent le texte. On visualise nettement tout ses personnages, même ceux, mineurs, à travers des descriptions simples et concises . S'y ajoutent de nombreux détails autobiographiques parsemés dans le texte, permettant de garder un contact permanent avec l'auteur, comme l'incendie du ferry où moururent ses parents et ses deux frères, sa fascination pour Beauvoir dont il a emprunté à dix sept ans un premier livre à la bibliothèque et ne l'a jamais rendu, sa relation à la religion......

J'aime énormément Per Petterson, tout lu de lui, et que je vous recommande fortement d'aborder si non déjà fait, avec ce livre ou un autre. Ils sont tous, sans exception, excellents !



"-Tu peux regarder en arrière....tu peux te faire tout un cinema dans ta tête, tu peux avoir la nostalgie du passé, mais tu ne peux pas y revenir."

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Dans le sillage

J'aime énormément la littérature nordique classique et contemporaine et Per Petterson en est pour moi une des grandes figures. Un homme simple, autodidacte, dont le goût de la lecture lui vient d'une mère lectrice avide, une éducation littéraire qu'il parfait par la suite dans la librairie où il travaille. Celui-ci est son cinquième livre que je lis, un livre largement autobiographique.

Le narrateur Arvid Jansen dont l'auteur dit, " il n'est pas mon alter-égo, mais mon cascadeur, il fait tout ce que je fait , mais de manière plus excessive et en plus condensée " est un écrivain à la dérive, autant côté vie privée, qu'écriture. Il se retrouve un beau matin, sale, ivre, deux côtes cassés, et n'ayant aucune idée des circonstances qui le parachutent devant la librairie fermée,où il travailla à une époque. Cet homme qui ne regarde qu'en avant, refuse son passé, va devoir remonter le cours du temps,et surtout évaluer dans sa vie le poids de la catastrophe maritime où il perdit six ans auparavant, presque toute sa famille. Petterson perdit de même père, mère, frère et neveu dans un même type de catastrophe maritime. C'est un voyage intérieur à travers le passé et les liens familiaux, surtout ceux avec le père et la mère, thème qui lui est cher dans tout son oeuvre. Dans ce livre publié en 2000, le narrateur en panne d'écriture, ouvre un nouveau fichier pour écrire les premières lignes d'un nouveau livre : "Début novembre. Il est neuf heures. Les mésanges viennent se cogner à la fenêtre.....".C'est le début de "Pas facile de voler des chevaux", son prochain livre qui sera publié en 2003 et lui apportera la reconnaissance internationale.

Ce que j'aime dans ses livres est la poésie, ses descriptions merveilleuses de la nature qui se noient dans ses états d'âme, et sa pudeur. Une scène d'amour, une liaison dans le passé, un moment difficile entre père-fils, un rencontre à la dérobée père-fille ....., tout est exprimé dans une infinie délicatesse de sentiments. Et dans toute cette complexité raffinée, il y a même de l'humour. Ca me fait penser à la prose de John Burnside que j'aime tant, et qui justement pour ce livre même de Petterson a commenté, "A masterpiece".

Un très beau livre, très intime qui a remporté en 2007 le prix littéraire Impact Award ( Independant Foreign Fiction Prize).



"I am writing myself into a possible future.Then the first thing I must do is to picture an entirely different place, and I like to do that, because here it has become impossible."

(En écrivant je pénètre dans un futur possible. Alors la première chose à faire, c'est de regarder, regarder un lieu entièrement différent, et j'aime faire ça, car ici c'est devenu impossible )



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Des hommes dans ma situation

La photo de couverture vous donne un aperçu de l'ambiance : on y voit un homme seul sous un lampadaire, sa silhouette éclairée par une lumière blafarde se confond parfaitement avec l'ambiance de la nuit dans les rues désertes d'Oslo. Cet homme c'est Arvid Jansen, une brume maussade recouvre sa vie depuis qu'il a perdu tout ce qui faisait partie de sa vie.



Des hommes dans ma situation c'est la mise à nu de la désolation d'un homme incapable de gérer le chagrin qui occupe toute sa vie. Loin de vouloir nous raconter comment on se relève, et encore moins de disséquer le coeur ou de sonder les sentiments, Per Petterson décrit l'univers fragile de cet homme constamment à la frontière entre l'abandon et l'auto-préservation. Avec des dispositifs romanesques discrets, une narration transparente, sans éclat, sans esbroufe, il colle au plus près du sentiment d'inanité qui prend toute la place. Même si Arvid s'est créé des petites routines pour faire barrage au désarroi, elles ne font qu'accentuer les arrangements auxquels il a dû se résoudre comme les défaites qu'il a dû subir.

C'est un récit à l'ambiance bien grise, la vie d'Arvid est si je peux oser une métaphore à la manière d'un bout de bois dans l'eau, il se laisse porter par le courant, s'il échoue quelque part, ça lui ira, et si le courant l'entraîne jusqu'à la mer et qu'il erre toute sa vie, ça lui ira aussi.

Ce livre ne délivre donc aucun réconfort mais il retient l'attention peut-être parce qu'il capture quelque chose d'indicible, il apparaît presque plus authentique que la réalité dans la manière qu'a Arvid d'assumer le vide de sa vie. Avec une sincérité désarmante.
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Pas facile de voler des chevaux

Voici mon second coup de cœur de lecture cet été, et l’auteur s’appelle Per Petterson.



C’est une histoire de père et fils.



L’auteur mêle 3 époques de la vie de Thord, mais dans une même région : lorsqu’il a 67 ans, et qu’il habite seul un petit chalet en forêt avec sa chienne Lyra, l’été 48 quand Thord, encore adolescent, avait accompagné son meilleur ami Jon dans le projet fou de « voler des chevaux » au riche propriétaire terrien à côté de chez eux, et un peu plus tôt pendant la guerre, quand Thord voyait son père aller et venir pour porter des « courriers » à la frontière suédoise.



Mais le drame n’est jamais loin chez Per Petterson : Thord a beau être parti très loin dans le Nord Est de la Norvège pour vivre seul, son plus proche voisin n’est autre que Lars, le petit frère de Jon, dont la famille a connu un véritable drame à l’issue de leur projet de « voler les chevaux ».





La nature, omniprésente, accompagne chaque étape du récit, comme lorsque Thord et Jon partent « voler les chevaux » :

« Entre les fûts de sapins régnait une atmosphère sombre et étouffante. Comme le soleil ne parvenait jamais jusqu’ici, il n’y avait pas de sous-bois, seulement une mousse vert foncé qui formait un épais tapis moelleux. Jon marchait le premier, je le suivais dans mes tennis usées, et le sol était élastique sous nos pieds. Puis nous avons bifurqué à droite en décrivant un arc de cercle. La forêt devenait moins dense, petit à petit la lumière est revenue, et soudain nous avons aperçu un scintillement. C’étaient les barbelés. Nous étions arrivés. Devant nous s’étendait une coupe de bois où ne subsistaient que quelques jeunes sapins et quelques bouleaux. En l’absence de grands arbres, ils paraissaient étrangement hauts et solitaires ; certains n’avaient d’ailleurs pas résisté au vent du nord et gisaient au sol, les racines en l’air. Mais entre les souches poussait une herbe drue et pleine de sucs, et derrière un groupe d’arbustes il y avait les chevaux. »





Per Petterson réussit très bien à décrire les tourments de Thord : qu’il ait 15 ans ou 67 ans, on pénètre dans son intimité par une description méthodique de ses faits et gestes, on le suit pas à pas dans la forêt, et on partage ses émotions lorsque les souvenirs refont surface.

Les personnages féminins, au contraire, sont quasiment absents du récit, à l’exception notable de la mère de Jon, avec qui son père semble partager une relation privilégiée, et la fille de Thord, qui vient à l’improviste le déranger dans son chalet reclus.





Mais le plus beau passage sera peut-être celui où Thord réussit à établir une véritable complicité avec son père lorsqu’il s’agit de transporter des grumes de bois sur la rivière proche de leur chalet, un moment où le garçon se donne totalement à l’aventure, et qui restera gravé dans sa mémoire puisqu’ensuite il ne reverra pas son père.



Un récit d’une grande humanité donc, comme l’autre roman de Per Petterson que j’ai lu cet été, « Je refuse », qui me confirme que cet auteur norvégien fait partie des grands.



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Des hommes dans ma situation

Je poursuis la découverte de l'oeuvre de cet auteur norvégien talentueux qu'est Per Petterson.



Dans « des hommes dans ma situation », le personnage principal, Arvid Jansen, vient d'être quitté par Turid, la femme qu'il a aimée et qui lui a donné trois filles : Vigdis, l'aînée, puis Tone et Tine. Ils se sont aimés, ont milité au même parti, Arvid est devenu écrivain, mais peu à peu Turid s'est éloignée, s'est mise à fréquenter d'autres personnes, « avec des tenues bigarrées » - on comprend en creux qu'il s'agit d'une autre classe sociale, de gens plus jeunes, plus « dans le vent » - et Arvid en a été profondément blessé.



Le livre s'ouvre lorsque la rupture est consommée et qu'Arvid erre de bar et bar à Oslo, passant souvent la frontière pour aller en Suède, où il y croise quelques femmes célibataires ou divorcées – peu importe, puisque ce sont des aventures sans lendemain.



Ce qui fait le plus souffrir Astrid, c'est aussi la distance qui s'instaure avec ses filles, notamment avec Vigdis, dont il se sent le plus proche. Mais un incident malheureux, que l'auteur nous conte comme un mauvais enchaînement de circonstances, va précipiter les choses : désormais les filles ne viendront plus chez lui, il n'ira plus les chercher chez Turid, avec « un plan » pour le week-end, et Astrid en est profondément meurtri.





Bookycooky a raison : Per Petterson est bien un grand écrivain d'aujourd'hui. Ce « Des hommes dans ma situation » est particulièrement sombre et sans espoir : l'auteur y décrit un personnage principal complètement seul, à la dérive, en peine d'inspiration, et noyant son mal être dans l'alcool ou sombrant dans sa voiture pour dormir un peu.



Je pense que tous les amis masculins Babeliotes devraient plonger dans cet univers : il décrit à merveille les tourments intérieurs et l'amertume d'un homme délaissé par sa femme qu'il a aimé, puis par ses filles, sans sombrer totalement dans un sentiment de pitié qu'on pourrait éprouver pour cet homme en peine : malgré tous ces déboires, il conserve un fond de dignité et de cohérence qui force le respect, c'est très fort.



Bien sûr toutes mes amies Babeliotes peuvent aussi découvrir ces « hommes dans ma situation » La fin donnera une lueur d'espoir : la relation qui unie le narrateur et sa fille Vigdis, va être le point d'orgue de ce récit profond et mélancolique : du grand art littéraire quoi qu'il en soit.



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Des hommes dans ma situation

« Je n’aimais pas cet endroit désolé et venteux, je n’aimais pas ce cimetière au milieu de nulle part, je n’aimais pas cette laideur insultante. Et je n’y étais pas venu depuis l’enterrement. Ou les enterrements, pour être exact. C’était il y a plus de deux ans. Rien ne m’incitait à fréquenter ce lieu, à imiter les endeuillés de cinéma qui tombent à genoux devant la sépulture de l’être cher, qui pleurent le mort et qui lui parlent. »



C’est sur les conseils de Florence (fbalestas) que j’ai découvert ce beau et triste roman, d’un auteur que je ne connaissais pas encore. Et je la remercie car la prose de Per Petterson a bien des qualités…



Arvid Jansen est un auteur en panne. Sa femme s’est éloignée de lui puis l’a quitté, emmenant avec elle leurs trois filles. Il a subi quelques années plus tôt toute une série de deuils, desquels il n‘est pas encore remis, si tant est qu’on puisse se remettre de tant de pertes.



Pour l’heure (la fin des années 1980), il est en roue libre : il parcourt inlassablement la région d’Oslo dans sa vieille Mazda, dans laquelle il dort parfois malgré le froid. Il boit beaucoup trop, multiplie les rencontres sans lendemain, d’autant plus que sa virilité est elle aussi défaillante. Trouvera-t-il une issue à cette « situation » ?



Le ton de ce roman n’incite pas à un optimisme béat : amateurs de Feelgood passez votre chemin !



Je ne connais pas Oslo mais après avoir terminé ce livre j’ai l’impression d’y être allé, tant le sens de l’espace est présent dans la narration (à la manière d’un Modiano, beaucoup de noms de lieux sont cités). Comme pour chacun d’entre nous, lieux et époques de la vie, sont étroitement noués. Et ce roman prend alors une belle hauteur, il touche à l’universel…

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Des hommes dans ma situation

« Des hommes dans ma situation » est un roman étrange, immobile malgré un narrateur constamment en mouvement, au goût doux amer d’une vie qui nous glisse entre le doigts. Le héros Arvid Jansen, écrivain en panne d’inspiration, accumule. Il a perdu ses parents et deux de ses frères dans l’épouvantable incendie qui a frappé le Scandinavian Star, ferry qui venait de quitter Oslo. Et un an plus tôt, c’est son épouse Turid, l’amour de toute une vie, qui l’a quitté en emmenant avec elle leurs trois filles.



Arvid traverse ce qui lui reste de vie dans un état d’hébétude quasi-permanent. En multipliant les allers-retours temporels, en entremêlant les nuits mouvementées, les journées en voiture dans d’interminables déambulations autour d’Oslo et les rêves tourmentés de son héros, Per Petterson parvient à décontenancer son lecteur et à lui faire partager ce sentiment de stupéfaction incrédule qui a envahi le malheureux Arvid Jansen.



Le narrateur est perdu dans l’immensité de non-sens qu’est devenue sa vie. Il évolue dans un monde devenu flou, où les rêves semblent parfois plus réels que la réalité. Il ne sait plus où en sont ses sentiments pour Turid, n’a pas surmonté la terrible disparition de sa famille dans les flammes du Scandinavian Star, et seule la présence de ses trois filles le raccroche le temps d’un week-end sur deux à une vie à l’équilibre précaire.



Notre héros entretient un rapport presque charnel avec sa vieille Mazda, dans laquelle il lui arrive de dormir, malgré la rigueur de l’hiver norvégien. Il passe des heures à conduire sans but, et tourne en boucle autour d’Oslo, s’arrêtant tantôt au cimetière où repose sa famille, tantôt dans un café où il écrivait jeune homme, tantôt dans le quartier de son enfance. « Des hommes dans ma situation » est ainsi un « road-trip » immobile, dont le héros tourne en rond, revenant sans cesse sur les lieux de son passé, constatant la mutation d’un pays qui a tourné le dos à l’industrie et remplace peu à peu ses usines par des centres commerciaux.



Si le narrateur évolue sur un fil, il ne sombre jamais véritablement dans la folie qui semble parfois toute proche. Le soir, il se rend en ville et fréquente les bars où il boit plus que de raison et multiplie les conquêtes sans lendemain avec une facilité déconcertante. Au coeur de la nuit enfumée et alcoolisée d’Oslo toutes les femmes sont belles et il est rare que l’une d’entre elles ne soit pas attendrie par le curieux mélange de tristesse et de perplexité qui émane d’Arvid.



« Des hommes dans ma situation » est un roman touchant, souvent déconcertant, parfois bouleversant. Il s’attache à nous faire partager l’amertume qui envahit son narrateur, son impossible travail de deuil, son amour inconditionnel pour ses trois filles, la dernière lueur qui éclaire encore son quotidien. Si Per Petterson ne retrouve pas dans son dernier livre la magie qui habitait son chef d’œuvre « Pas facile de voler des chevaux », il réussit le tour de force de rester sur la ligne de crête qui sépare la dignité de la souffrance de la veulerie de l’apitoiement. Jour après jour, Arvid s’égare, accumule les erreurs, frôle une forme de folie mais il fait face. La poésie introspective exempte de pathos du roman fait entrer ce personnage magnétique au panthéon des perdants magnifiques.

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Je refuse

J'ai emprunté cet ouvrage à ma médiathèque, ayant lu dernièrement un billet enthousiaste d'une camarade babéliote…. »fbalestas », Florence se reconnaîtra !



Un roman qui parle avec grande sensibilité de l'amitié de deux adolescents… Tommy et Jim ne se sont pas revus depuis plus de 30 ans. Jusqu'à leurs 18 ans , ils étaient inséparables…

Tommy dans une luxueuse voiture s'arrête et reconnaît son ami d'enfance, Jim, à pied, revenant de la pêche, et pas au mieux de son avantage... le récit va progresser au fil de la parole des différents protagonistes qui prennent la parole, avec des sauts dans le temps de 1966 à 2006..

Blessures de l'enfance ; Tommy séparé de ses trois soeurs, à cause d'un père violent, au métier peu valorisant d'éboueur….une mère partie brutalement, Jim, fils unique couvé par une mère trop pieuse. Ces deux jeunes garçons deviennent inséparables jusqu'à leur 18 ans…

Après toutes ces années, lequel s'en est sorti ? Lequel a réussi ?

On les retrouve tous deux cabossés par la vie : Tommy, apparemment vivant dans l'aisance, toutefois, personne dans sa vie, s'étant mis à boire, des femmes de passage, la solitude, et Jim, travaillant dans les bibliothèques, tombé en dépression, des idées suicidaires… lorsqu'on débute le récit de leurs deux parcours… Tout le livre, on espère, souhaite de vraies retrouvailles, pour eux deux…pour les aider à vivre… Rien de tout cela. Tout reste ouvert, comme inachevé, ou en suspens…Une « fin » qui n'en est pas une, à la fois élargie et très« frustrante » à mon goût !

« Jim et moi, on était tout le temps ensemble, c'était comme ça depuis toujours, on voyait rarement l'un sans l'autre. Quand Tommy se pointait, Jim n'était pas loin, et vice-versa. Les vieux du hameau n'y comprenaient rien: on était si différents; le soir, derrière nos portes fermées, on menait des vies si différentes. Mais nos différences nous apportaient beaucoup. Qui se ressemble s'assemble, dit-on souvent; nous, on s'était aperçus que c'était faux. » (p. 59)



Je reste heureuse d'avoir découvert avec cette première lecture , Per Petterson…auteur à approfondir et à connaître mieux !



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Je refuse

Jim et Tommy sont deux amis d’enfance, ayant grandi dans une même petite bourgade à proximité d’Oslo. Mais ils n’ont pas eu la même vie : si Jim a vécu sereinement aux côtés de sa mère, Tommy, lui, l’aîné de quatre enfants, n’a cessé de se faire battre par son père, protégeant sa sœur Siri, et ses deux petites sœurs jumelles, jusqu’à ce que, à l’âge de quatorze ans, il soit capable d’asséner un coup décisif à son père à l’aide d’une batte de base-ball. Séparé alors de ses sœurs, il va grandir et perdre de vue son ami d’enfance, de qui il pensait pourtant ne jamais se séparer.

Le temps a passé.



Par le plus grand des hasards, Jim tombe sur Tommy, alors qu’il va à la pèche une nuit sur un pont. Tommy porte un beau pardessus, il a une belle voiture alors que Jim ne semble pas le mieux loti.

« - C’est bien toi, Jim ? a-t-il demandé

(…) - c’est bien moi, oui. ?

- Ca alors ! Ca fait combien de temps ? Vingt cinq ans ? trente ?

- A peu près. Un peu plus même.

Il a souri.

- A l’époque, on a pris des chemins différents, hein ?

C’était dit sans sous-entendus.

- C’est vrai.

Il souriait, il était content de me voir, c’est l’impression que j’ai eue. »



Alternant flash back dans le passé et scènes d’aujourd’hui, donnant tantôt la parole à Jim, tantôt à Tommy, mais aussi à sa sœur Siri, tantôt au présent, tantôt au passé, l’histoire se déroule de façon très subtile sous forme de mini chapitres qui disent beaucoup plus qu’un long discours.



La fin reste ouverte : Jim et Tommy vont-ils se retrouver à nouveau, sur le pont, la nuit, à l’occasion d’une scène de pèche ?

C’est le personnage de Siri qui curieusement va refermer le récit, une fin déroutante qui explique pourtant des choses (beaucoup / permet de comprendre l’enfance ?) sur l’enfance de cette famille cabossée.



Per Petterson décrit à merveille les heurs et malheurs de l’amitié : celle qu’on croit solide pour toute la vie, mais qui vacille quand l’un des deux va perdre pied.

« Je refuse » sonne incroyablement juste, et c’est cela qui rend ce roman si attachant.

Un grand auteur européen, que je ne connaissais pas encore, mais dont je me réjouis à l’avance de découvrir l’œuvre traduite et publiée chez Gallimard dans la collection « du monde entier ».

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Pas facile de voler des chevaux

En 2003, Per Petterson fait une percée littéraire grâce à « Pas facile de voler des chevaux ». Immense succès en Norvège, Allemagne et Grande-Bretagne, le livre est récompensé par deux prix littéraires prestigieux en Scandinavie.



Attirée par le titre de ce roman, j’ai enfin pu l’attaquer après l’avoir vu traîner depuis un moment dans ma PAL (c’est très souvent en ce moment, je dépoussière ! ).



A près de 70 ans, Trond Sander se retire dans une petite maison près d’un lac au nord de la Norvège. Enfin tranquille, il aspire à une vie paisible.



« Toute ma vie j’ai désiré vivre seul dans un endroit comme celui-ci. Même quand la vie était belle, et elle l’a souvent été. Ça, je peux l’affirmer. Qu’elle l’a souvent été. J’ai eu de la chance. Mais même dans ces moments-là, au milieu d’une étreinte par exemple, quand on me murmurait à l’oreille les mots que je voulais entendre, j’ai parfois ressenti un brusque désir d’être loin, dans un endroit où tout ne serait que silence. »



Jusqu’à ce qu’il rencontre son voisin Lars, qui le ramène cinquante ans en arrière, au dernier été où il a vu son père, ce même été où un horrible accident frappa la famille de Lars …



Par une alternance classique entre passé et présent, le roman est habilement construit autour des secrets des personnages, en particulier autour de la figure énigmatique du père. La plongée dans la Norvège des années 40, de la guerre à l’après-guerre m’a fait prendre conscience de la manière dont ce pays a vécu la Seconde guerre mondiale. Se superpose ainsi l’insouciance de l’été 48 entre le père et le narrateur, jeune garçon qui vole des chevaux pour faire des promenades de temps en temps; et la guerre, pendant laquelle l’expression qu’il utilise « Viens, on va voler des chevaux ! » était un mot de passe .. Nombre de questions et de mystères resteront ainsi sans réponse …



Un style simple, mais beau, une économie de moyens, et des paysages splendides. Je remarque que c’est un point commun entre les romans qui nous arrive du Nord – Islande, Norvège, Suède, Finlande : une poésie qui se dégage, une nature très présente, peu de rebondissements mais une plénitude et un art de raconter des histoires bouleversantes mais d’une grande finesse.



« Pour ne pas mourir moi aussi, il me fallait retrouver la forêt. »





Ce fut donc une lecture agréable, paisible et intéressante. Un livre à relire pendant des vacances en Norvège.
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Je refuse

Jim et Tommy étaient amis, il y a bien longtemps, quand ils vivaient encore tous deux dans un hameau près d'Oslo. Mais le temps a passé et quand Tommy tombe nez à nez avec Jim, un peu moins de 40 ans se sont écoulés. De cette apparition remontent les souvenirs...

Premier roman de Petterson pour moi et une belle découverte. Une écriture tout en finesse, des personnages attendrissant et une histoire émouvante. Ce n'est pas juste une amitié qui est racontée dans ce roman, c'est aussi le destin de deux hommes que la vie n'a pas épargné et qui aurait peut être pu être différent si ils étaient restés à deux...
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Je refuse

Un matin de septembre 2006,Jim et Tommy se rencontrent sur un pont près d'Oslo.Jim est en train de pêcher,Tommy y passait en voiture.Ils ne se sont pas revus depuis trente-cinq ans.Dans une petite commune près d'Oslo ,où ils ont grandi ensemble,ils ont tout partagé jusqu'à leur dix-huit ans,ils étaient meilleurs amis.Ce jour sera un tournant dans leur vie.L'auteur nous raméne en arrière sur leur enfances et adolescences en parallèle avec leur parcours de ce jour fatidique.Un récit polyphonique,où d'autres personnages prennent aussi la parole donnant un regard plus ample sur la vie des deux protagonistes et de leur relation.Cette rencontre sur le pont sera aussi le dernier pont avec leur passé,un passé qu'ils ne veulent pas confronter,qu'ils refusent.Ils refusent aussi ce qu'ils sont devenus....Avec une prose très sobre et précise,Pettersen nous décrit des émotions,des sentiments très profonds,c'est magnifique!C'est le troisième livre que je viens de lire de lui après "Pas facile de voler des chevaux" et"Maudit soit le fleuve du temps",j'en sors toujours aussi émue et touchée.
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Pas facile de voler des chevaux

Le narrateur, un homme dans la soixantaine, vient de s’installer dans une maison isolée au milieu des bois pour y passer l’hiver. Cet endroit lui rappelle celui où il passait son enfance, notamment l’été de ses quinze ans, en 1948, où tout devait changer, entre amitiés adolescentes, premiers émois et surtout, au centre du roman, les relations entre père et fils. En effet, pour ces quelques semaines, sa mère et sa sœur étaient restées en ville et le jeune homme se sentait plus proche de son père, s’intéressait de plus près aux événements survenus quelques années plus tôt, pendant la guerre.

La suite :
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Maudit soit le fleuve du temps

Oslo 1989. Arvid apprend la maladie de sa mère, qui souffre d’un cancer de l’estomac.

Elle est originaire du Jutland, province de l’extrême nord du Danemark et décide de rentrer au Danemark pour revoir les siens.

Arvid va accompagner sa mère, pour l’aider dans son combat contre la maladie.

C’est le début d’un poignant face à face.

Vont remonter à la surface, telles des déchirures, les rêves et les déceptions du passé.

Ainsi par une succession de flash-backs sur les années 70, nous revoyons le passé de militant communiste de Arvid, le travail à l’usine de la mère, dans la chocolaterie Freia d’Oslo…

La mort du frère revient régulièrement à l’esprit du narrateur.

C’est un récit sombre, intimiste, qui nous plonge dans l’univers des classes « laborieuses » norvégiennes et des attentes déçues des militants camarades d’Arvid.

Une écriture simple et fluide que j’ai beaucoup appréciée.

Per Petterson s’est servi de son passé de militant et d’enfant d’une famille ouvrière pour écrire ce récit.

Ce livre a reçu en 2009 le Grand Prix de littérature du Conseil Nordique.

La traduction est excellente et a bénéficié du soutien de Norla, centre pour la littérature norvégienne à l’étranger.





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Pas facile de voler des chevaux

A la fin de sa vie, Trond Sander s'installe dans une vieille maison, isolée près d'un lac, au nord de la Norvège. La hasard fait qu'il a connu son plus proche voisin, Lars, 55 ans plus tôt, lors d'un été passé avec son père à la campagne. Cette rencontre lui remet en mémoire les événements de cet été-là, qui aura transformé leur vie.

Un roman fort, sur la solitude des hommes, la difficulté, voire l'impossibilité, à communiquer, le retour sur soi, la mémoire, mais aussi la solidarité face aux petits ou grands accidents de la vie.

Une écriture forte et fluide, lente et descriptive, qui encourage à la lecture et ne lasse pas. Une narration qui passe en permanence du temps présent à l'été des 15 ans du narrateur, sans jamais embrouiller.

Un roman qui n'est pas sans rappeler "Les chaussures italiennes" de Henning Mankell ; mais je devrais plutôt écrire l'inverse.

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Maudit soit le fleuve du temps

Étrange roman que celui de Per Petterson récompensé en 2009 par le Prix de littérature du Conseil nordique. Étrange tonalité peut-être l'automne et la qualité de la lumière avec ses ombres qui s'allongent.La saison n'est pas anodine dans cette sensation de malaise, de mal-être devrais-je dire.

C'est Arvid, le deuxième fils, qui raconte, qui se raconte plutôt. Parti rejoindre sa mère qui, après avoir appris qu'elle avait un mauvais cancer de l'estomac, a pris la fuite pour aller ce réfugier quelques jours dans sa maison au Nord du Danemark, il se retrouve sur les sentiers de son enfance.

Arvid a maintenant 37 ans, il s'est choisi une vie de militant communiste, pour elle il a choisi d'abandonner ses études au grand damne de sa mère, son mariage vole en éclats, sa mère est malade, son père aux abonnés absents et ses frères le regardent de haut.Bilan doux amer donc pour cet adulte immature.La vie ne fait pas de cadeaux mais parfois nous laisse des plages lumineuses qu'il faut savoir apprécier.

Un texte lent où présent et passé s’entremêlent,une écriture fluide ( très bonne traduction) une tristesse qui suinte à chaque page, à chaque ligne. Au final, pour moi, la découverte d'un auteur norvégien à ne lire que par très beau temps.Mais ceci n'est qu'un très humble avis!
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Pas facile de voler des chevaux

Voler les chevaux est une expression qui, dans ce livre, a un sens ambigu: celui du jeu dangereux de Trond, le narrateur, ce presque septuagénère, alors qu'il avait quinze ans et chevauchait avec son ami Jon des chevaux non dressés; et aussi celui d'un mot de passe utilisé par le groupe de résistants norvégiens, auquel participait le père de Trond. Voler des chevaux, c'est une manière de prendre des risques, de devenir adulte; et maintenant, pour Trond, ce veuf de 67 ans qui a quitté les siens pour un chalet au bord d'un lac, c'est aussi une certaine nostalgie, un lien avec son père qui lui manque, une nostalgie qui lui fait mal, mais ne décide-t-on pas soi-même d'avoir mal ou pas?



Un roman comme un voyage dans l'âme d'un homme bourru, comme une chronique monotone de la solitude; un livre où rien n'est simple et où chaque tiroir révèle son double-fond, un chef-d'oeuvre de sensibilité.
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Pas facile de voler des chevaux

Un titre intriguant pour un très beau récit énigmatique.

Le roman est joliment construit sous forme d'un puzzle qui peu à peu, par un subtil jeu d'aller et retour entre le présent et le passé, permet de reconstituer, sans pour autant en résoudre réellement l'énigme, un pan essentiel de le vie du héros principal.

Ce n'est pas facile de voler des chevaux ni à 15 ans ni à 66 ans.

Car les fantasmes ne sont pas faits pour se réaliser.

Un livre nimbé de mystère et de délicatesse.

Un concentré d'émotions.









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Des hommes dans ma situation

Dans Des hommes dans ma situation, l'auteur, Per Petterson, surtout connu en France par son roman Pas facile de voler des chevaux, fait parfois référence à des scènes de films. Le livre, lui, par son atmosphère, fait penser à une alliance entre néo-réalisme et film noir, à l'image du cinéma norvégien et suédois de l'immédiat après-guerre, y compris les tous premiers Bergman. Le roman ne se distingue pas par son évolution dramatique mais bien davantage par cette ambiance, marquée par le spleen de son narrateur et une toponymie qui rendrait jaloux Modiano, lui-même. D'aucuns reprocheront sans doute l'égocentrisme de l'auteur qui ne parle des autres qu'à travers son propre prisme mais c'est tout le sujet du livre : un écrivain qui n'écrit plus, en deuil de ses parents et de ses frères, tous morts, de sa femme, qui l'a quitté en emmenant ses trois filles, et puis surtout de lui-même et qui survit dans une sorte de brouillard, cultivant la nostalgie, passant de nombreuses nuits dans sa voiture, buvant sans modération et séduisant (involontairement ?) des inconnues qui le resteront après quelques moments de réconfort mutuel. Sans être foutraque, Des hommes dans ma situation a un côté impressionniste qui tend parfois au répétitif, si ce n'est dans les péripéties mais au moins dans l'humeur, presque toujours grise, avec quelques embellies furtives. Un livre touchant et sincère mais dont l'aboulie et la tristesse frisent la dépression.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Je refuse

Dans ce roman imbibé de tristesse, Per Peterson nous raconte l'histoire de deux hommes qui suffoquent, deux hommes qui n'ont pas été capables de refuser la médiocrité de leurs vies.



Enfants puis adolescents, ils étaient des amis pleins de promesses. Pour Tommy, c'était difficile : une mère disparue, un père alcoolique et violent, des sœurs à protéger. Jim avait plus de chance, il était beau et avait l'amour de sa mère.

Malgré leurs différences, ils étaient inséparables jusqu'au jour où la peur, puis la culpabilité ont brisé le lien. Le jour où Jim s'est enfui quand la glace a craqué, le jour qui marque sa honte et qui le fait sombrer dans la dépression.

Peu importe que Tommy l'ait à peine remarqué et lui pardonne, Jim ne veut plus affronter son regard.



Et lorsqu'ils se retrouvent par hasard 35 ans après, une journée de septembre 2006, les souvenirs affluent.

1966-1970-1971.

Confrontés au temps du présent, le bilan est désastreux. Tommy est riche et malheureux, Jim pauvre et solitaire.

Mais on n'est pas dans un roman feel-good, et l'amitié ne revient pas sauver les deux hommes.

Pessimiste averti, l'auteur jongle avec la noirceur et la résignation, la mélancolie et la misère.

Et si dans cette fin ouverte, c'était Siri, la soeur de Tommy, qui refusait la médiocrité. Car si elle aussi a donné sa version de l'histoire, c'est elle qui part, qui parcourt le monde et a choisi la liberté.
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