Au départ, il y a Richie Pelham. Richie est un passionné de chasse qui enseigne l’art à son fils, Jesse. Pour l’anniversaire de ce dernier, Richie lui construit, en secret, un mirador. D’une de ses escapades secrètes, Richie n’en reviendra pas vivant. La nouvelle va foudroyer Jesse qui, sans son père, dernier pilier de sa vie, se sent démunie. Sa belle-mère et sa demi-sœur n’y changeront rien. Il se réfugie alors dans la forêt et y découvre un sans-abri, en réalité recherché par le FBI, pour qui il va se prendre d’affection. Dans le même temps, on apprend la façon dont Richie a rencontré sa seconde femme, Grace, après le suicide de la première. Puis on découvre la relation de Grace avec son frère Caroll, un prêcheur un peu allumé, et peu à peu, les vrais visages de chaque personnage vont se révéler bien plus sombres, cyniques et cruels. À travers ces révélations et cet envers du décor, c’est une histoire bien plus dramatique à base de manipulations, de mensonges et de trahisons qui va se dessiner.
Dans sa globalité, j’ai beaucoup aimé ce roman de Peter Farris, que je découvre avec Les mangeurs d’argile. Ayant regardé la bibliographie de l’auteur en vue de me procurer un autre roman, j’ai repéré avec tendresse Le diable en personne, dont la couverture m’a rappelé les excellents Incurables de Jon Bassof, aussi chez Gallmeister. De façon globale donc, j’ai beaucoup aimé ce roman. Cependant, je n’ai pas tout apprécié et notamment le pan disons policier (un bien grand mot pour ce roman, je vous l’accorde) du livre, c’est-à-dire tous les personnages policiers ou shérif. Ce n’est pas tant les personnages que je n’ai pas aimés que l’histoire qui découle de leur présence dans le roman. Il faut dire qu’il y avait d’autres personnages bien plus présents et avec une histoire bien plus intéressante de l’autre côté de la balance qui a sérieusement penché de leur bord.
J’ai adoré l’enfant. Aimé un enfant en tant que personnage est quelque chose d’exceptionnel pour moi, car comme j’ai pu le dire plusieurs fois, je n’aime pas les enfants dans les histoires, peu importe le support : du livre au film, le personnage enfant est un répulsif pour moi. Qu’a donc Jesse que les autres n’ont pas ? Il m’a semblé réel et il m’a émue. Son histoire est simple et c’est ce qui la rend crédible. Il perd son père, il pète un plomb et part en forêt – terrain de jeu du papa décédé ; tout un symbole -, il tombe sur un type qui a besoin d’aide et il le prend comme papa de substitution pendant que belle-maman et Oncle Caroll complotent et montrent leurs vrais visages.
L’amitié entre Jesse et Billy (le SDF recherché par le FBI), si elle est surprenante, reste compréhensive comme j’ai pu le dire au-dessus. Il y a un cadre et des conditions qui font qu’on y croit et que oui, d’accord, un gamin de quatorze ans peut facilement s’attacher à un adulte qu’il ne connaît pas, comme s’il s’accrochait à une bouée de sauvetage alors que le reste de son entourage est soit mort, soit diabolique et cherche à le noyer. Et puis c’est l’occasion pour l’auteur de nous raconter l’histoire de Billy, passionnante et elle aussi surprenante, que j’aurais pu lire et découvrir à travers un bouquin tout entier. Cela dit, étant donné la fin du roman, je ne serais pas surprise de retrouver Billy dans un autre « tome », et j’en serais même ravie.
Billy et Jesse se révèlent donc leur passé et leurs vies, et en parallèle, ce sont Caroll et Grace qui étalent les leurs au lecteur. Ces deux personnages sont tout bonnement ignobles, mais qu’est-ce que je les ai aimés ! Je l’ai récemment dit : j’adore les méchants, les personnages mauvais et répugnants, aux valeurs et principes douteux et discutables. Et je dois dire qu’avec ces deux-là j’ai été servi, mais promis, je ne révélerai rien !
Comme dit au début, je n’ai pas tout aimé autant que j’ai aimé les histoires de Jesse et Billy, Caroll et Grace. Le passé commun de plusieurs personnages en temps de guerre aurait peut-être mérité d’être un peu plus développé pour que l’on comprenne parfaitement leur histoire et les liens qui les unissent.
Pour le reste, quel pied ! Les éditions Gallmeister sont en train de devenir une valeur sûre, même si je ne serai pas conquise par tout leur catalogue, c’est une certitude. Il n’empêche qu’une fois de plus, j’ai trouvé une ambiance, une histoire originale et une qualité littéraire indéniables dans ce livre. En définitive, la qualité globale d’un roman joue énormément sur mon ressenti et rien qu’avec ça, je savoure. Mais lorsqu’en plus les personnages ont de la consistance et de l’intérêt, et que l’histoire me plaît beaucoup comme se fut le cas avec Les mangeurs d’argile, je ne peux qu’être convaincue. Et je le suis.
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