Peter Levine

Grâce au plein usage de notre capacité à penser et à percevoir nous pouvons sortir consciemment de la réponse traumatique. Ce processus doit avoir lieu petit à petit plutôt que de manière abrupte.

En fin de compte, le noyau de la réaction traumatique est physiologique, et c'est à ce niveau que la guérison commence.

La clé qui permet de sortir du traumatisme consiste à dissocier le figement [...] de la peur qui lui est associée.

En fait, même les symptômes qui se développent à partir de la réponse de figement peuvent être considérés comme positifs, si l'on pense à ce qui arriverait si le système nerveux ne possédait pas cette soupape.

Les symptômes post traumatiques ne se développent pas en une nuit. Il faut des mois pour que la réaction de figement devienne symptomatique et chronique.

Même s'il peut sembler interminable, le temps nécessaire pour sortir du figement est relativement court.

L'être humain ne supporte pas d'prouver suffisamment longtemps le felt sense de la réponse de figement, qui est ressentie comme un état de mort. Ce faisant, il ne permet pas à cette réponse de figement de parvenir à son achèvement. Cette intolérance à entrer et à sortir de l'état de figement provoque l'accumulation, le maintien et la complexification des symptômes traumatiques.

La peur amplifie (potentialiser) le figement. Elle transforme le processus de sortie du figement en un évènement effrayant.

La durée de la réponse de figement chez les animaux est normalement limitée ; ils y entrent et en sortent aussitôt. Chez l'être humain, la réponse de figement ne se résout pas facilement parce que la peur, voire la terreur, bloquent l'immense quantité d'énergie enfermée dans le système nerveux. Un cycle pathologique de peur et de figement s'installe alors, empêchant l'achèvement naturel de la réponse. Cette réponse inachevée entraîne ensuite les symptômes traumatiques. D'abord à l'origine de la réponse de figement, la rage et la terreur vont maintenir contribuer à son maintien - même s'il ,'y a plus de menace réelle.

Le néo-cortex n'est pas suffisamment puissant pour bloquer les réponses primaires de défense instinctuelle à la menace et au danger à savoir les réponses de combat, de fuite et de figement.

Le fait qu'on accorde généralement beaucoup trop d'importance à l'événement qui a entraîné le traumatisme est une des difficultés de son traitement. Les personnes qui en souffrent ont tendance à se considérer comme des survivants plutôt que comme des animaux possédant un pouvoir instinctuel de guérison. l'aptitude de l'animal à se ressaisir après une menace peut servir de modèle aux humains. Elle nous indique le chemin de nos propres capacités de guérison. Nous devons par conséquent prendre en considération notre nature animale pour découvrir les stratégies instinctives qui nous libéreront des effets nocifs du traumatisme.

Les animaux sauvages nous fournissent un modèle de santé et de vigueur. Ils nous donnent un aperçu du processus biologique de guérison. Ils nous offrent un éclairage précieux sur la façon dont nous pourrions fonctionner si nos réponses étaient purement instinctuelles. Les animaux sont nos professeurs, nous donnant l'exemple de la nature en équilibre.

Les animaux ne considèrent pas le figement comme un signe de faiblesse. Nous ne le devrions pas non plus.

La nature ne nous a pas oubliés, c'est nous qui l'avons oubliée. Le système nerveux d'une personne traumatisée n'est pas endommagé ; il est figé dans une sorte de mouvement suspendu.

... il n'existe pas de substitut aux forces de guérison subtiles et instinctuelles qui proviennent de notre passé primitif.

Dans le champ de la physiologie, les sensations et les rythmes quasi imperceptibles ont autant d'importance que ceux qui sont très marqués.

Une fois que vous en prenez conscience, les sensations internes se transforment presque toujours. Ces changements vont habituellement dans le sens d'un plus grand flux d'énergie de vitalité.

... il est important de comprendre la chose suivante : pour guérir, les explications, les convictions ou les interprétations peuvent être un obstacle en empêchant la victime d'entre dans son felt sense et de l"approfondir.

Un individu traumatisé peut croire qu'il a été violé ou torturé alors que l'organisme cherche seulement à faire passer le message que la sensation vécue est ressentie comme un viol ou une torture. un traitement médical terrifiant, un accident de voiture ou des mauvais traitements durant l'enfance peuvent en être les véritables causes. Cela peut être n'importe quoi.

Si vous n'avez jamais ressenti quelque chose de lou, vous ne savez pas ce que flou veut dire et votre organisme n'utilisera pas "flou" pour décrire une sensation. L'organisme utilise ce qu'il connaît pour décrire ce qu'il vit. Ceci ne doit pas être pris au pied de la lettre. Une sensation peut être ressentie comme étant floue, irrégulière, faire de la description. Il n'y a quelque chose en vous de réellement flou ou irrégulier. Vous n'avez pas de morceaux de bois, de verre ou de plastique dans votre corps, à moins que vous n'ayez eu affaire à un chirurgien médiocre. Les sensations sont ressenties "comme si" elles étaient ces choses. Il s'agit de métaphores. Cependant, elles peuvent aussi être littérales et correspondre à l'information reçue des organes, des os et des muscles.