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Citations de Pétros Márkaris (312)


En général, j'éprouve par déformation professionnelle une aversion pour tout ce qui est de l'ordre de l'expérimentation pour la bonne raison qu'à chaque nouveau ministre, nous sommes transformés en cobayes et nous souffrons le martyre.
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Ce n’est pas que l’on trouve chez nous moins de commerces de restauration mais, au contraire d’ici, les nôtres s’apparentent davantage à des fast-foods qu’à des comptoirs de vente à emporter : les mets sont présentés en vitrines derrière lesquelles se tiennent des hommes vêtus de blouses immaculées et coiffés de toques de cuisinier.
Adriani s’approche d’une vitrine. Au début, je me dis qu’elle souhaite commander un complément de repas vu que son appétit a été coupé net quand elle m’a vu sortir mon portable. En fait, je me trompe. Elle reste plantée là, à détailler la vitrine et les plats exposés. Elle rêvasse devant les préparations à l’huile, les boulettes de viande déclinées dans des formes variées, les riz divers et les viandes grillées. Elle regarde les colonnes alignées le long des murs des gyros qui tournent sur eux-mêmes pour cuire la viande dans laquelle on tranche le kebab. Elle semble incapable d’en détacher les yeux.
– Vous aimez la cuisine, madame Charitos ? lui demande gentiment Mme Mouratoglou.
– Comment avez-vous deviné ?
– À votre regard. Vous avez celui d’une spécialiste, répond-elle avant d’hésiter un instant. D’une spécialiste un tantinet envieuse.
Bien que Mme Mouratoglou ait répondu de manière amicale, sans aucune intention de blesser, je m’attends à ce qu’Adriani prenne la mouche et m’apprête d’ores et déjà à la contenir pour ne pas nous retrouver en froid avec la seule personne qui fait montre d’un peu d’affection pour nous ces derniers temps. Mais Adriani me surprend lorsqu’elle s’adresse en souriant à Mme Mouratoglou :
– Toutes les bonnes cuisinières sont un peu jalouses un jour ou l’autre, madame Mouratoglou. Ce qui me plaît tant, ici, c’est l’abondance. L’œil est autant rassasié que l’estomac.
Nous remontons Péra en direction de la place Taksim non sans difficulté à cause de la foule en sens inverse.
– Vos confrères, monsieur le commissaire, me murmure Mme Mouratoglou en me montrant discrètement une ruelle sur notre gauche.
En guise de confrères, je vois surtout une brigade de policiers en grande tenue de combat : casque, bouclier et matraque. Ils ont barré la ruelle sur toute sa largeur et sont prêts à intervenir au moindre accroc. J’imagine le sermon que nous aurait seriné le ministre, voire tous les membres du gouvernement réuni, si nous mettions en faction quelques membres des MAT rue Santaroza ou encore rue Charilaou Trikoupi, également fréquentées. Nous aurions eu droit à toute la gamme de noms d’oiseau, allant du gentil « flicaillons » jusqu’au dédaigneux « fascistes », en passant par un hostile « mercenaires ».
– Ils sont là tous les soirs ou il y a quelque chose en particulier aujourd’hui ? dis-je à Mme Mouratoglou dans l’espoir d’en apprendre davantage.
– Je ne viens pas ici tous les soirs, comme vous savez. Mais ils y sont chaque fois que je passe dans ce quartier.
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Ce n'est pas drôle de voir l'opinion publique maintenue dans l'ignorance et l'obscurité, alors qu'un assassin agit impunément. Ce n'est pas drôle non plus de voir les médias informés par l'assassin lui-même et non par les agents de l'Etat concerné.
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Pétros Márkaris
Tu as un don rare…Tu donnes l’impression d’être idiot, de ne rien comprendre, mais ton cerveau derrière tourne rond.
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Je ravale ma phrase en même temps que ma faim. Adriani m'a épuisé pendant tout le carême avec ses plats maigres. D'habitude, le jeûne sévère se limitait à la Semaine sainte, mais cette année elle m'a annoncé que nous allions jeûner pendant les quarante jours.
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C’est ainsi que le mariage à la mairie s’est déroulé dans l’allégresse d’une oraison funèbre, avec nous d’un côté, aussi amers qu’un café noir, et les parents de Phanis de l’autre, tirant des mines d’enterrement.
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-Les choses de l’esprit, aujourd’hui... les travailleurs de l’esprit n’existent plus, monsieur le commissaire, nous n’avons plus que des intellectuels.
-Quelle est la différence ?
-Les travailleurs de l’esprit sont dans les bibliothèques, ils se consacrent à l’étude, à la science. Les intellectuels sont spécialistes en généralités sur tous les sujets. Les travailleurs de l’esprit ont des connaissances, les intellectuels ont des points de vue qu’ils aiment exposer à la moindre occasion.
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Il croyait qu'en Allemagne, quand on a l'argent et l'autorisation légale, on peut construire ce qu'on veut sans être empêché. Ce qui est vrai s'agissant des Allemands mais pas des minorités. Celles-ci ont leurs propres lois.
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j'ai juste tenté de calmer le jeu. Mais ma remarque obtient l'effet inverse.
- Tu dis ça parce que tu n'appartient pas à une minorité et tu ne sais même pas ce que cela veut dire, me rétorque-t-il avec véhémence. Tu ne peux pas comprendre ce que l'insécurité veut dire, ni la peur que l'on porte en soi, ni la haine qui peut se déchaîner à la moindre étincelle. Jamais une minorité n'a été comprise par ceux qui appartiennent au plus grand nombre. Moi, je comprends mieux la communauté roum que tu ne pourras jamais le faire.
je reçois cette dernière phrase en plein dans la figure, comme une gifle cinglante qui me met hors de moi.

p. 224
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« Quand tu as des dettes et pas d’argent, tu vends ton bien pour te désendetter. C’est ce que font tous les gens sérieux, même si cela fait mal. »
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« On s’est brûlé tant de fois qu’on souffle même sur le yaourt. » (Sevasti)
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- Un jeans, oui, mais déchiré et troué. Ce genre de fripes, dans le temps, c’est les pauvres qui les portaient, dans les quartiers où j’ai galéré. Maintenant qui se baladent avec ? Les jeunes filles qui ont des portables. La pauvreté, c’est à la mode, Kostas. Moi et des types dans mon genre, on a galéré pour la supprimer, mais d’autres s’en sont débarrassés en en faisant une mode.
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- Les surprises que la vie nous réserve sont en principe désagréables.
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Trompe-toi, plus sage tu deviendras.
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- Mon père a découvert les bienfaits de la retraite officieuse et c’est le bonheur total. Il touche le loyer de sa boutique, il cultive son jardin, il a trouvé la paix. Ma mère est moins enthousiaste, parce qu’elle l’a toute la journée dans les pattes.
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– Tu t’en es bien tiré encore une fois, commissaire, me dit Sotiropoulos. Tu es lent, ringard et chiant, mais tu t’en tires toujours.

– Tu as raison, Sotiropoulos. Lent, ringard et chiant, je sais.

– Peu importe. J’en connais d’autres qui parlent beaucoup et ne font rien.
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– Tu as compris ce qu’il nous a dit ? demande-t-il.

– Oui. Que Merkel collecte les impôts avec de la ciguë. Que les constructions illégales et les pots-de-vin sont le symbole du développement. Si tu n’es pas corrompu, tu fais du tort au pays en aggravant la récession.

– Tu veux que je t’avoue tout, monsieur le commissaire ? Encore un type comme ça, et je prierai en cachette pour qu’on ne trouve pas l’assassin.
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– D’ailleurs vous le savez, vous aussi : autrefois on disait, le salaire plus les primes. Aujourd’hui on a le salaire moins les coupes. C’est là le meilleur résumé de la crise.
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Les fanatiques peuvent tuer, et même de façon atroce, mais de tels meurtres pour l’exemple ne sont pas dans leurs habitudes. Ils viennent en principe du crime organisé. Son père, donc, n’était sans doute pas menacé par des islamistes fanatiques, mais par la pègre.
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On me dit le maître de la petite forme. Petite, voilà le problème. Je voulais, pour une fois, me sentir grand, posséder une stature. Mais comme je vous l’ai dit l’autre jour, lorsque j’essaie de m’élever à quelque chose de plus grand, je ne suis plus à ma place.
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