Citations de Pétros Márkaris (312)
- Mais enfin, on dirait que ces Turcs sont en permanence affamés! s'étonne Adriani à l'intention de Mme Mouratoglou.
- Ne vous y trompez pas. Ils mangent peu. Ce sont nous, les Grecs, qui dévorés comme quatre! s'exclame dans notre dos la voix tonitruante de M. Sotiris, notre restaurateur, que Mme Mouratoglou nous a présenté un peu plus tôt.
- C'est impossible! proteste Adriani. Il n'y a pas une ruelle où nous soyons passé dont un magasin sur deux propose de la nourriture.
- Les Turcs ne sont pas esclaves de la faim mais des saveurs, Mandam, lui précise Sotiris. Le Turc bien né aime à avoir une dizaine d'assiettes autour de lui pour y picorer pendant des heures. [...]
– Je vais vous dire encore une chose, monsieur le commissaire. L’État grec est la seule mafia au monde qui ait réussi à faire faillite. Toutes les autres croissent et prospèrent.
Trois jours
Il ne voulait pas parler grec en pleine rue.
-Un cousin d'Athènes m'a téléphoné, poursuivit Horozoglou, mais Vassilis l'interrompit.
- Tu ne préfères pas qu'on parle turc ? On va se faire injurier et ça nous mettra de mauvaise humeur. (p. 76)
Adriani me retient par le bras en laissant le reste du troupeau avancer sans nous.
- Ils sont forts sympathiques, ces gens, me confie-t-elle lorsque les autres sont hors de portée. Mais par moments, ils sont insupportables, non ?
- Ne commence pas à te plaindre, s'il te plaît. Je t'avais proposé de faire le voyage à deux, en tête à tête, et tu as refusé.
- Quoi ? Avec ta guimbarde de Mirafiori ? crie-t-telle presque sous la voûte. Tu voulais faire la route entre Athènes et Constantinople avec la Mirafiori ! C'est la première fois que je vois un policier sans aucune notion du danger. Et ce policier n'est autre que mon époux ! Doux Jésus !
On voit bien là, l'Administration grecque : tu frissonnes, elle te déshabille, tu transpires, elle te rhabille.
De même que les ministres ont leurs caisses noires, les banquiers ont leurs fonds secrets. Personne ne sait dans le premier cas où va l'argent, et dans le second d'où il vient.
Un grec sur deux rêve de prendre sa retraite pour semer le champ de son grand-père. Oui, mais le moment venu il s'aperçoit que le champ ne peut être transféré à côté de son appartement et il le laisse là où il est.
- Pain, éducation, liberté. Notre liberté à nous, c'est celle d'émigrer.
Je me souviens de ce qu'on disait dans le temps: les quatre-vingt premières années sont difficiles, puis tu meurs et tu es tranquille. Mais maintenant, les quatre-vingt premières années ne sont pas seulement difficiles, on va les passer à bosser.
- La vie, c'est comme la natation, réplique-t-il. Il y en a qui nagent dans le fric, d'autres qui nagent en eaux profondes, et d'autres encore qui nagent dans la merde.
L'Etat grec est la seule mafia qui a réussi à faire faillite. Toutes les autres croissent et prospèrent.
"nous avons affaire à un acte terroriste impliquant du parathion, monsieur le ministre, dit le chef, alors nous
pouvons être fiers. La Grèce aura gagné une fois de plus le premier prix d’originalité. "
Quand tu ne peux pas digérer la baffe que tu as reçue, la seule solution, c'est de parler à quelqu'un qui en a pris bien plus que toi, et qui a donc plus d'expérience.
Trois jours
Le commissaire fut si content du tissu et du costume qu'il venait toujours saluer Vassilis quand il passait par le quartier. C'est ainsi qu'une quasi-amitié se nua entre eux, si tant est qu'un Grec et un turc puissent être amis. (p. 72)
Dans l'Administration comme dans le privé, les bureaux des grosses têtes se trouvent toujours dans les hauteurs, soit pour mieux surveiller ceux d'en bas, soit pour mieux communiquer avec le Très-Haut.
Depuis l'arrivée des ordinateurs, les documents écrits ont pratiquement disparu. Autrefois la police feuilletait des papiers, aujourd’hui on contemple des surfaces vides. Ce qui facilite le travail sans doute, mais les papiers nous donnaient du premier coup d’œil des informations que l'on met du temps à trouver dans la machine.
Mais enfin, qui se fait tuer pour ne pas avoir payé ses impôts ? Pendant toutes ces années à la brigade criminelle, j'ai vu des meurtres commis pour des motifs incroyables, mais la fraude fiscale, c'est la première fois. S'il fallait tuer tous les fraudeurs, la population du pays se réduirait aux fonctionnaires, aux employés du privé, aux chômeurs et aux ménagères. Serions-nous tombés sur un fou ? (p. 66)
Un Grec sur deux rêve de prendre sa retraite pour semer le champ de son grand père. Oui, mais le moment venu il s'aperçoit que le champ ne peut être transféré à côté de son appartement et ile le laisse là où il est.
Je sais désormais ce qui distingue un lecteur expérimenté. Ce n'est ni celui qui lit rapidement, ni celui qui lit attentivement. C'est celui qui sait ce qu'il faut lire et ce qu'il peut délaisser.
Il y a deux choses qu'il faut enterrer dans tous les cas : les morts et les magouilles. Le monde autour de nous va puer si on laisse les morts sans sépulture. Et l'argent pue aussi quand on enterre pas les magouilles.