Citations de Philippe Berthier (38)
On a toujours tort de laisser prise aux autres sur ce qui nous importe le plus : ils l'abîment immanquablement.
Stendhal ne peut s’emêcher de tendre des verges pour se faire battre, de dire à un puissant exactement ce qu’il ne faut par dire : Henri Lagaffe c’est tout lui.
une existence farouchement indépendante qui, malgré quelques tentations, avait une fois pour toutes pris le parti de la liberté et donc de la solitude.
De toute façon, quand elles arrivent trop tard, les distinctions sont plutôt des humiliations.
Il savait du reste parfaitement où vivaient ses vrais lecteurs : dans une coupe d'immeuble à la Georges Perec, on les trouverait au second et au sixième étage. Pas au premier, dont les habitants « sont esclaves de l'affectation et des rhéteurs » ; sous les toits, parce que c'est là que veillent « les jeunes gens qui pensent au lieu de croire. »
Stendhal a toujours vanté le bénéfique anonymat des capitales : on peut y mourir dans l'indifférence générale, mais cet isolement déprimant se double de l'inappréciable avantage d'être à l'abri du méphitisme de l'espionnage et du ragot, qui fait l'unique occupation des provinciaux.
Camus écrira un jour très stendhaliennement : à ne pas être aimé il n'y a que de la malchance, c'est à ne pas aimer qu'il y a du malheur.
(...) l'amour est comme une fièvre qui vient en même temps à deux personnes; celui qui est le premier guéri est diablement ennuyé par l'autre (...) (Stendhal)
Au milieu des illusions de la lanterne magique à laquelle il compare son esprit, il lui arrive d'être traversé d'un éclair de lucidité.
Bienvenue au (Stendhal) Club : les happy few viennent de naître, ceux qui comprennent qu'on vende sa chemise pour voir les Loges de Raphaël et sont capables, sans craindre le ridicule, de confier que, de tout ce qu'ils ont récolté tout au long de leur parcours, c'est le chant des oiseaux dans le Colisée qu'ils ont préféré.
C'est exactement ce que Stendhal demande à la peinture : qu'elle descende du mur ou de la toile pour se faire vie charnelle. Et à la vie : qu'elle se transcende en icône inaccessible au temps.
La vie, dira Baudelaire, est un hôpital où chaque malade voudrait changer de lit.
On songe à Giraudoux disant que toute famille allemande rêve d'avoir un ami français, comme on met un pot de géranium à sa fenêtre pour l'égayer.
Les livres mentent, hélas et, comme le dit le lieu commun, l'expérience est le trophée des armes qui nous ont blessés.
Flaubert est le saint patron de l'écriture-martyre, Stendhal le compagnon détendu de l'écriture-plaisir.
Stendhal dira qu'il n'a voyagé que pour jouir de beaux paysages qui, comme les femmes aimées, font sur son âme l'effet du plectre sur l'instrument à cordes.
Ce qu'on te reproche, cultive-le : c'est toi.
Il est incroyable que la perspective d'avoir une biographie n'ait jamais fait renoncer personne à avoir une vie. (Cioran)