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EAN : 9782713225543
758 pages
Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales (26/07/2013)
5/5   1 notes
Résumé :
Si l’histoire militaire de la France durant les deux derniers siècles du Moyen Âge avait suscité de nombreux travaux, il n’existait pas, pour cette période, de synthèse sur les armées des souverains Valois. L’ambition de Philippe Contamine est d’abord de combler cette lacune. Elle est aussi de montrer le rôle essentiel joué par les institutions militaires dans la lente apparition, entre les règnes de Charles V et de Louis XI, d’une nouvelle conception de l’État. Ell... >Voir plus
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Que lire après Guerre, État et société à la fin du Moyen Âge, tome 1 : Études sur les armées des rois de France 1337-1494Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Nous venons de perdre l'un des plus grands spécialistes de l'histoire de la fin du Moyen Âge : Philippe Contamine, né à Metz le 7 mai 1932 (la même année que son amie Françoise Autrand), est mort à Paris le 26 janvier 2022.
Je n'osais pas jusqu'ici aborder la critique de l'ouvrage qui est issu de sa soutenance de thèse en 1969. Ce travail fut encouragé par Robert Boutruche et salué par René Guénée, et d'une autre manière par Raymond Cazelles. Il montre comment analyser l'histoire de l'organisation militaire française aux XIVe et XVe siècles, notamment lors du conflit franco-anglais désigné sous les termes de guerre de Cent Ans, par un minutieux travail, à la fois tableau d'ensemble et analyse de détail, conduit sous la forme d'une étude sociale, économique, historique, juridique, fonctionnelle, structurelle, culturelle et comportementale des forces armées au service de monarques qui n'étaient pas alors des chefs d'État agissant à la tête d'une nation mais des seigneurs suzerains luttant contre leurs homologues anglais dans une guerre qui commença comme une guerre féodale, mal préparée et mal conduite mais terminée au XVe siècle par la constitution d'une première grande armée de métier, efficace et victorieuse. le cheminement vers cette réussite finale passa par des étapes faites de beaucoup d'échecs, de tâtonnements, d'encroûtement dans des habitudes mauvaises, alors que l'adversaire alignait les succès militaires. Sans doute, le degré de résistance ou de persistance du modèle chevaleresque bien adapté à l'époque féodale mais peu fait pour durer quand commença à se constituer le nouveau cadre d'un État centralisateur et "moderne" selon la volonté des derniers Capétiens puis des Valois, pesa-t-il, de même que le recours réguliers à des mercenaires (comme par exemple des Génois dans l'arbalèterie). La première réflexion vint sous les trois premiers rois Valois (Philippe VI, Jean II le Bon et Charles V), et se traduisit par des tentatives de reprises en main et d'instauration d'une discipline : division théorique en "routes" (groupes d'environ 100 hommes, eux-mêmes subdivisés en "chambres") pour tenter d'éviter les cohues difficilement contrôlables, "retenues" ordonnées par le roi de troupes maintenues en service plus ou moins long par le paiement parfois anticipé d'une solde, au lieu des périodes limitées à quarante jours comme c'était le cas auparavant, logique de prudence imposée par Charles V aux troupes qui lui obéissaient afin d'éviter la reproduction de désastres en batailles rangées comme Crécy (1346) et Poitiers (1356), préférence accordée à la guerre de siège et au grignotage des territoires après l'abandon d'une partie des provinces françaises à la suite du traité de Brétigny, convocations à des "montres" et à des revues pour vérifier le nombre des hommes d'armes disponibles et rangés derrière leurs capitaines (ce qui n'empêchait pas en réalité certaines érosions dans le nombre des hommes de guerre réellement alignés quand démarraient les opérations militaires proprement dites) , création de connétablies d'arbalétriers pour la garde ou l'attaque des places fortes et des centres urbains remparés, etc. Reste que tout cela ne faisait pas une vraie réforme militaire à proprement parler et ne donnait pas lieu à la formation d'une armée permanente (Charles V ne réussit au fond qu'à constituer pour sa protection personnelle une garde rapprochée constamment présente à ses côtés et une armée de défense aux "frontières" près de Calais et de l'Aquitaine (la "Guienne" des Anglais et Anglo-gascons). Il fallut attendre la vraie et définitive reconquête entreprise sous Charles VII dit le Victorieux pour voir paraître sur les champs de bataille une armée utilisant la lance longue pour briser par surprise et court élan brutal les défenses anglaises et un véritable parc d'artillerie de "campagne" qui devait avoir pour effet de rendre obsolète l'utilisation de l'archerie galloise et anglaise qui avait si bien réussi aux "Godons" à Crécy, à Poitiers et à Azincourt (cette bataille se situant en 1415). Enfin, le miracle vint de la création des compagnies d'ordonnance à partir de 1445 et de francs-archers à partir de 1448 qui devaient permettre la reprise de la Normandie aux Anglais en 1449 et la prise de Bordeaux en 1453.
Le soin apporté par Philippe Contamine à illustrer par des exemples précis ce qu'il cherche à démontrer ne peut que venir conforter son propos. Qui dit guerre permanente dit mise en place d'une fiscalité permanente. Elle entraînera Charles V à pressurer d'impôts ses sujets pendant des années puis à commettre l'erreur, vers la fin de son règne, de relâcher la pression, par les remords éprouvés d'en avoir trop fait. Il y eut donc abolition des "fouages", et cela, ainsi que la mort du roi Charles V en 1380, contribua à arrêter l'élan de la reconquête. Il fallut fournir le dernier effort sous Charles VII.
Notons que c'est par une belle et bonne biographie de ce dernier que Philippe Contamine a complété ces dernières années l'oeuvre de toute une vie.

François Sarindar, auteur de : Charles V le Sage, Dauphin, duc et régent (1338-1358) - ouvrage publié en 2019- et de Jeanne d'Arc, une mission inachevée (publié en 2015).
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
À cette lente saignée, à cet effritement régulier- forme la plus courante de la désertion- s'ajoute un renouvellement accéléré du personnel : sur les 73 chefs de montre, un seul sert cinq mois de suite, cinq servent quatre mois de suite, 43 un mois (Hay du Châtelet, Du Guesclin, p. 396-402). En définitive, tout se passe comme si les institutions militaires se trouvaient largement en avance sur la réalité sociale ; alors qu'elles permettaient et prévoyaient des unités au personnel relativement stable, celui-ci, trop souvent, ne consentait pas à servir longtemps ; il n'était pas encore préparé, ni dans sa mentalité ni dans ses habitudes de vie, à la discipline d'une carrière continue, se déroulant sous un même chef, mais concevait toujours le métier des armes comme une activité à la fois familière et intermittente, marquée de départs incessants, d'absences brèves ou longues, de passages fréquents d'une compagnie à l'autre. La seconde moitié du 14e siècle vit la progressive orientation des structures militaires vers une organisation collective et permanente, alors que la plupart des combattants demeuraient au stade de l'individualisme, sinon de l'anarchie. (L'armée de la reconquête [1369-1380], page 170).
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