Citations de Philippe Djian (910)
Et si le sexe n'était qu'un marché de dupes, pour finir. La promesse d'une récompense impossible à obtenir.
En général, les coupures de courant intervenaient au moment où l'on glissait un plat au four ou lorsqu'on souhaitait prendre un bain chaud après une épuisante journée de travail ou se suicider en mettant les doigts dans une prise.
Il aimait bien cette espèce de sourire prudent qu'elle avait, qui hésitait entre la fillette et la femme, sourire dont elle jouissait effrontément, naturellement.
Ceux qui étaient contre étaient moins nombreux, mais plus disciplinés, mieux entraînés et les choses se terminaient en bataille rangée au milieu des bris de verre. Il n'y avait plus aucune surprise, ça ne variait jamais.
Le Vieux Monde était toujours là et le Nouveau tardait à apparaître.
Rares étaient les plaisirs dans une vie de handicapé, mais il en existait certains, totalement inaccessibles au commun.
Qu'on soit divorcés n'empêche pas que tu m'excites toujours autant. Dis-moi qu'est-ce que j'y peux.
L'heure de l'Effondrement promis et du Grand Remplacement annoncé n'était pas pour demain, mais bien des choses s'étaient détraquées depuis l'époque où la jeune femme portait encore des nattes. Pas simplement le climat. Les gens. L'humeur des gens avait changé, les gens étaient désabusés, frustrés. Certains partaient vivre au milieu du désert, d'autres abattaient leurs semblables.
C'est se battre qui est important, reprit-elle, l'issue du combat l'est beaucoup moins.
Je me suis longtemps opposée à employer la manière forte, j'étais une fille bien élevée, obéissante, mais j'ai perdu mon temps, ça n'a servi à rien. C'est pire encore. Combien de défaites pour quelques victoires.
C'était encore une gamine mais c'était déjà une vraie personne.
Beaucoup d'adolescents découvraient à quel point ils étaient enchaînés et une grande partie lâchait prise sous le poids des sermons, des menaces, des mouchoirs et par-dessus tout de la confiscation des smartphones et des consoles de jeux.
Elle avait eu quelques amants après son divorce. Des expériences qui l'avaient laissée perplexe de manière générale. Elle avait à peine dépassé la quarantaine et elle se demandait si le sexe ne commençait pas à la fatiguer. La masturbation et les accouplements virtuels suffisaient parfois amplement et tenaient à l'abri d'histoires à n'en plus finir avec l'autre, avec sa famille, son entourage, son histoire, ses goûts, ses couleurs. Elle hésitait cependant à faire une croix sur un possible éblouissement avant qu'elle ne soit trop vieille. Ah, se disait-elle, cette crainte d'avoir manqué quelque chose, de le regretter un jour, ce désir d'inconnu, ce goût d'inachevé, quel attrape-con. Il y avait de quoi sourire.
Ralph était trop occupé à conduire ses affaires pour s'intéresser à quoi que ce soit d'autre.
Elle l'aimait bien, mais elle ne le regrettait pas. En retrouvant sa liberté, elle avait pu s'investir à fond dans le mouvement, et vivre seule était plutôt agréable, la plupart du temps.
Il n'est pas nécessaire de faire n'importe quoi.
Il leva le nez vers les étagères de livres qui couvraient les murs. Il aimait l'odeur des librairies, l'odeur de l'encre et du papier. Les choses ne sentaient plus grand-chose en général, mais certaines résistaient. Parfois il choisissait des livres à l'odeur - ce qui rendait nerveux les vendeurs et les gars en costume sombre qui s'inquiétaient de voir un type qui flanquait son nez dans les livres comme un malade. Plus personne aujourd'hui n'aurait eu l'idée de voler des livres, alors ils surveillaient quoi, les vigiles, s'interrogeait Greg.
Tout allait de plus en plus vite, aujourd'hui, les filles commençaient à penser dès quatorze ans.
Des bougies apparurent comme par enchantement sur les tables. Des vraies et des fausses qui fonctionnaient avec des piles et dont les Chinois nous inondaient avec le sourire, comme ces petits ventilateurs de poche, ces ombrelles télescopiques, ces sous-vêtements réfrigérants.
Quand toutes les clims de la ville se mettaient en marche, le soir, quand les gens rentraient chez eux, lessivés par la chaleur, l'éreintement, les pannes d'électricité étaient monnaie courante. Plus de lumière, plus de machine à fabriquer des glaçons.
Greg se demandait pourquoi il finissait toujours par lui céder. Peut-être parce que c'était plus simple. Peut-être parce que dans le fond il sentait qu'il n'était pas de taille, que le combat était perdu d'avance. Bien sûr Anton avait la carrure d'un rugbyman, mais ce n'était pas seulement ça. Pas plus que le fait qu'il était son patron et qu'il baisait sa sœur. Non. Tout à coup, toutes ses résistances s'effondraient et il finissait par hocher la tête. Une énigme absolue.