La croyance de tous à la réalité du Mal est la condition de la survie de notre civilisation de mises en scène caritatives. La Bienfaisance est une manière de parler, la Charité est un effet de style. Tout ce qu'on vous demande c'est d'y croire. d'avoir la foi qui sauvera le spectacle (...). Et puis surtout de la dire bien haut. Et de répéter chaque fois qu'il faut que vous adorez ce qu'il faut adorer, que vous condamnez ce qu'il faut condamner, le racisme un peu partout, les régionalismes terroristes, les intégrismes islamiques, les populismes, les poujadismes, le trafic d'ivoire ou de fourrure, la sponsorisation du Paris-Dakar et la renaissance du nationalismes dans les pays de l'Est délivrés
Pas d'histoires ridicules : l'évidence. Je suis pour tout ce qui peut advenir de bon et contre tout ce qui existe de mauvais. Pour la transparence contre l'opacité. Pour la vérité contre l'erreur. Pour l'authentique contre le mensonge. Pour la réalité contre les leurres. Pour la morale contre l'immoralité. Pour que tout le monde mange à sa faim, pour qu'il n'y ait plus d'exclus nulle part, pour que triomphe la diététique.
Il était logique qu'une société où la transgression et la rébellion sont devenues des routines, où le non-conformisme est salarié et où les anarchismes sont dorés sur tranche, reconnaisse les masses festives, liées de toute éternité à la transgression et à la violation rituelle des normes de la vie courante, l'apothéose justificatrice de son existence.
Dire qu'il y en a qui se demandent comment on appellera,
plus tard, l'art nommé aujourd'hui « contemporain ». Quand il
ne sera plus contemporain de rien ? Lorsque l'époque aura
changé ? Mais on dira toujours « contemporain » ! Dans cin-
quante ans ou dans cinq cents. On lui laissera ce mot, « contem-
porain », à l'après-dernier art de l'Histoire, personne ne voudra
plus y toucher. Ça restera, j'en suis [ ... ]
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C’est rassurant, de revivre des affaires qui ont déjà été réglées.
Le Bien est la vieillesse du monde, l’interminable troisième âge de la planète.
Tout fane avant d’éclore, fripe, s’étiole.
L’Histoire ne s’accélère pas, comme on le prétend, elle galope de plus en plus vite dans le déjà-vu le plus domestiqué, le déjà-pensé le plus somnambule. Nous sommes si fragiles qu’on nous ménage.
Le doute est devenu une maladie.