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Citations de Philippe Pujol (73)


La politique, c'est comme la prison. On doit savoir s'afficher pour marquer les clans et les alliances.
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Le drame de la rue d'Aubagne est le symptôme bubonique des falsifications, arrangements, malversations électorales, en un mot du clientélisme qui incube depuis des décennies dans les tréfonds de la politique municipale marseillaise.
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À Marseille, pour expliquer ou clore bien des choses, on utilise deux ou trois phrases cultes. D'abord :《Ah... Mais c'est compliqué...》et《M'en bats les couilles...》, deux bons moyens de supporter les incohérences du quotidien. La dernière expression -《Y a pas d'arrangement!》- est une antiphrase d'une virilité naïve. Car à Marseille, il n'y a que des arrangements. À Marseille, tout se décide dans la fumée et autour de la table dun de ces innombrables cercles d'affaires, sportif, festif ou spirituel, cercles fermés où l'on se coopte à coups de droits d'entrée, d'hérédité et de consanguinité. Cercles où l'on se parle franchement, où l'on picole, baise, joue aux boules, mange des aïolis, des bouillabaisses et où l'on se rend des services en toute sincérité, son propre intérêt en ligne de mire. On y cultive aussi le respect des incapables, le triomphe des médiocres et de tous les serviles qui ne gêneront jamais ceux qui ont façonné leur carrière. Ces réseaux, entremêlés ou juxtaposés, nourrissent le cynisme du politique.
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À bientôt 14 ans, Kevin est un BAC+7, et il n'en est pas peu fier. Sept interpellations par des brigades anticriminalité, des BAC, suivies de sept gardes à vue, ont fait de lui un《mec respecté dans la cité》.
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L'exploitation de la misère par la misère, si elle n'est pas morale, est bien réelle (...). J'ai pu le constater un jour en suivant une patrouille de police.
Pour se protéger du vent pendant les jours les plus froids de février, trois sans-papier louaient à un homme une voiture épave stationnée dans un coin sombre de la rue d'Amiens, au cœur du quartier Saint-Lazare. Et pour se rembourser, voire gagner un peu d'argent, les trois SDF, originaires de pays du Maghreb, négociait la vente de l'épave avec une famille de Roumains - le père, la mère, leur fils de bientôt 10 ans - eux qui n'en pouvaient plus de passer leurs nuits sous les ponts.
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"On est dans une société ou tout passe par le classement. Or, ces jeunes-là sont derniers partout. Quand ils passent à l'acte, ils ont l'impression d'être dans une trajectoire de réussite" observe Sofiane Majeri, animateur emploi (...) le plus grand handicap vient du ghetto scolaire. Dans un même établissement s'accumulent les élèves concentrant les plus grandes difficultés scolaires et familiales. Tout simplement parce que les parents qui ont l'espoir en l'école et qui en ont les moyens financiers placent leurs enfants dans d'autres écoles, en contournant la carte scolaire, ou en les inscrivant dans l'enseignement privé qui bénéficie à Marseille, des largesses du Maire, Jean-Claude Gaudin. Celui-là on ne l'aperçoit dans les quartiers nord que lorsqu'il s'agit de couper de rares rubans.
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On dit qu'on ne peut pas entrer dans nos quartiers, moi je dis qu'on ne peut pas en sortir.
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Le journalisme, c'est aussi se laisser manipuler un peu, en conscience et en contrôle.

1. Les mains noires, p. 9
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Si l'on n'a rien à défendre, si l'on n'est le client de rien, ni recommandation, ni patronage, ni soutien, ni cooptation, ni faveur, ni intervention, ni protection, ni combine, ni piston, ni aide, ni appui, rien, aucune accointance avec personne, pas le moindre début de relation pour espérer simplement travailler et se loger, si l'on n'a aucun privilège à défendre, même minable,  on se sent insignifiant. On s'indigne de ne pas bénéficier des avantages octroyés aux autres. Pourquoi pas moi? On ne veut pas vraiment l'égalité, on veut sa part. On en souffre parfois à en faire des incantations, à offrir son désespoir au Front national qui trouve là son propre intérêt. À Marseille, le FN se constitue à partir de fragments de cadavres : celui, encore chaud, de la guerre d'Algérie lui tiendra lieu de coeur, le fantôme antisémite et des lambeaux d'islamophobie feront office de système nerveux.
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Tous sont durs et enragés, à exprimer par les insultes un désarroi profond masqué en haine virile. Voici ce que j’entends sous leurs flots d’injures :
« Vous m’avez tant donné, n’est ce pas ? On m’a laissé tant de chances. Tant de personnes se sont occupées de mon cas : des profs, des assistantes sociales, des éducateurs, des psychologues, des juges et tout l’arsenal de la bonne conscience poisseuse qui tartine les « cas » comme moi. Mais vous me laisserez penser qu’il n’y a rien de naturel à apprécier la bonté quand elle ne vous est pas destinée. Votre charité ne m’est pas destinée, je l’ai presque toujours su. On cache les monstres que l’on crée. Alors oui, je suis devenu de ces cramés qui ne prennent du plomb dans la tête qu’avec de puissantes détonations. Il en faut bien qui meurent, sinon qu’écriraient les journalistes, que raconteraient les politiques, que penseraient les gens, les honnêtes citoyens que les premiers veulent comme les lecteurs et les seconds comme électeurs ? Je suis une arme politique, et on m’a fabriquée pour exploser au bon moment. Les armes ne sont pas faites pour aimer ».
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Du fric, il y en a, mais une déperdition incroyable ; des associations qui se concurrencent, qui se disputent des minots en fonction de ce qu'ils rapportent comme aide par le conseil général, la Ville ou le conseil régional (...) Sans parler de la mentalité de beaucoup de gens ensuite, pour qui tout se paye, tout se monnaye, surtout leur vote.
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"La violence, la drogue, l'affairisme, les magouilles, la corruption, le béton, l'élection, le racisme... Pour la France et d'autres pays qui s'intéressent à nous, Marseille est une aventure à elle seule, sans avoir besoin de voyager. Elle constitue aussi une sorte de soupape de sûreté pour libérer la pression trop forte des problèmes refoulés dans l'Hexagone.
Comme si elle était seule, comme si elle était l'exception, comme si il fallait accepter, fataliste, la figure du monstre.
"C'est pas pareil, c'est Marseille."
Pourtant non, la plus jolie ville de France ne cache pas ses blessures. Elle est sincère. C'est tout.
Cette ville n'est tout simplement que l'illustration des malfaçons de la République française."
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Le standard émotionnel international avait figé ces six émotions dans les normes GAFA 2030 : "like", "love", "haha", "wow", "sad" et "angry". (p.78)
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Les rois changeaient avec le siècle, les armes aussi, mais pas les statistiques. Quoi de neuf donc ? Le jeune âge et l’envergure modeste des victimes comme des tireurs. Une illusion de toute-puissance en bandoulière.
Pour s’offrir un morceau d’immortalité, ces voyous acceptent de mourir à la fin. Jeune. Et à chaque nouveau mec au tapis, les médias résonnent d’un prudent « vraisemblablement sur fond de stups.
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Le business de la drogue compte quatre classes, les petits, les cramés, les grands et les vieux. Les petits sont les ouvriers des grands, les cramés sont des petits qui veulent jouer aux grands et les vieux sont des grands bien en place ou légèrement sur le déclin. Les cramés sont de la génération kalachnikov, ils l’utilisent ou la subissent. Le code de l’honneur suit les besoins du business.
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Il est important aussi d'appuyer la responsabilité des consommateurs. Un marché s'alimente à deux : fournisseurs et consommateurs. Comment en tant qu'adultes, avec quelle éthique, peut-on aller acheter de la drogue à un mineur ? Voilà un élément que l'on ne relève pas toujours.
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Depuis vingt-cinq ans, Marseille est une démocratie citoyenne abandonnée aux usurpateurs. Ils ne se sont pas sacrifiés pour Marseille mais ont sacrifié Marseille pour leurs carrières. L’âme d’une ville sur leur conscience. Le Rouet, un quartier villageois entier dévasté pour en faire une sorte d’immense résidence bas de gamme impersonnelle. La Capelette minée de barres d’immeubles moches qui se transforment déjà en cités sensibles. Euroméditerranée et sa smart city fantôme. L’aseptisation progressive des noyaux villageois du IIIe arrondissement. Le délabrement des piscines municipales. Les inégalités qui enfoncent toujours plus les quartiers Nord. Des écoles presque en ruine. Les effondrements de la rue d’Aubagne. Au moins 4 000 immeubles présentent un péril à Marseille, on ne le répétera jamais assez. Il est dans l’intérêt des géants du BTP que les immeubles s’effondrent. C’est du business. Et le business n’a pas d’états d’âme. Mais la politique doit en avoir. Elle ne sert même qu’à ça. Et à Marseille, dans la majorité, on est contents ; la majorité vit dans son décor en carton-pâte. Une ville en chocolat.
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Tous n’ont pas le même culte, tous n’ont pas la même culture et tous n’ont pas les mêmes coutumes. L’islam de Marseille est fait d’« islamixtes ». Une co-citoyenneté, ou plutôt une mi-citoyenneté. Une identité moitié-moitié mais jamais entière. Moitié comorien et moitié marseillais. Moitié algérien et moitié marseillais. Moitié tunisien et moitié marseillais. Moitié marocain et moitié marseillais. Tous avec une moitié marseillaise, mais ils ne sont pas vraiment considérés comme français.
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L’un des plus formidables échecs de sa mandature (il n'en manque pourtant pas), la réhabilitation de la maudite rue de la République. Il la voulait bourgeoise et luxueuse, elle est désormais vide mais toujours populeuse. L'une des seules avenues haussmanniennes de la ville offre des boutiques majoritairement fermées et des appartements inoccupés. Vous avez un projet d'activité commerciale ? est annoncé sur de grands panneaux colorés, rejoignez-nous dans une rue qui a du rythme. Une bite a été dessinée dessus à la bombe. Jai déja raconté les expropriations viriles, les pressions, les méthodes musclées, administratives ou judiciaires pour se débarrasser de la population pauvre de cette grande artère qui part du Vieux Port vers le port de commerce.
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Tu vois, ces jeunes… le premier qui les prêche les remporte… l’islam ou le trafic.
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