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Citations de Pier Paolo Pasolini (364)


Adulte ? Jamais (Adulto? Mai)

Adulte ? Jamais. Jamais : comme l’existence
Qui ne mûrit pas, reste toujours verte,
De jour splendide en jour splendide.
Je ne peux que rester fidèle
À la merveilleuse monotonie du mystère.
Voilà pourquoi, dans le bonheur,
Je ne me suis jamais abandonné. Voilà
Pourquoi, dans l’angoisse de mes fautes
Je n’ai jamais atteint un remords véritable.
Égal, toujours égal à l’inexprimé
À l’origine de ce que je suis.

*

Adulto? Mai — mai come l’esistenza
che non matura — resta sempre acerba,
di splendido giorno in splendido giorno –
io non posso che restare fedele
alla stupenda monotonia del mistero.
Ecco perché, nella felicità,
non mi sono abbandonato — ecco
perché nell’ansia delle mie colpe
non ho mai toccato un rimorso vero.
Pari, sempre pari con l’inespresso,
all’origine di quello che io sono.
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Sans toi, je revenais, comme enivré,
Incapable désormais d'être seul le soir,
Quand les nuages las se dissipent
Dans le noir incertain.

Mille fois j'ai été aussi seul
Depuis que je suis vivant, et mille soirs semblables Ont obscurci à ma vue l'herbe, les collines,
Les campagnes, les nuages.

Seul dans le jour, et ensuite dans le silence
Du soir fatal. Et maintenant, enivré,
Je m'en reviens sans toi, et à mes côtés
Ne se trouve que l'ombre.

Et tu seras loin de moi mille fois,
Et ensuite à jamais. Je ne sais pas refréner
Cette angoisse qui monte dans mon cœur ;
Être seul.

.
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Tellement distrait au fond de ma chair,
- Ce ciel couvert qui ne laisse filtrer ni
Ombre ni soleil – à la surface, je ne fais que
Recommencer à m'étonner de mon destin.
Mais si je regarde mes yeux dans le miroir
Je vois qu'ils sont encore brillants (oui, au fond,
Une lumière trouble y brûle: mais c'est de l'amour
Réprimé, stupéfait d'être coupable).
Celui qui, en péchant, a senti dans sa gorge
La brûlure du lynchage, est resté toujours pur
S'il ne sait pas encore haïr, et dans ses yeux
Brûlés, une clarté aimante monte encore,
De douceur et de courage.
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Et le crissement du papier où j'écris,
Soudain, dans une pause fourmillant
Du grêle son des champs, me dit
Vivant, après des jours et des jours égarés,
Dans le jour de plus en plus fixe de la chair.
Ce vide soudain qui fouille
Dans les siècles, qui souffle dans la pièce
Une odeur de cimetières abandonnés,
Compte plus que mille corps étreints
Dans des enlacements ou dans des désirs énervés,
Plus que les pensées que le monde
M'impose. Ah, comme je t'ai apprise, solitude!
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Pier Paolo Pasolini
Je ne sais où m'abriter si jusqu'au fond de mon cœur le monde peut m'atteindre.
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Tu savais que pécher n'est pas faire le mal :
ne point faire le bien, voilà le vrai péché.
Que de bien tu aurais pu faire ! Et tu ne l'as point fait :
il n'y eut pas plus grand pécheur que toi.

(p.175)
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Pier Paolo Pasolini
La poésie a toujours un rapport désespéré, tendu avec la réalité.
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À peine descendu sur la berge
  
  
  
  
À peine descendu sur la berge, j’écoute
les grillons en délire, dispersés, qui disent
que rien ne se réjouit de mon retour.
Et je m’en vais seul. Alors de sa secrète solitude
la lune immobile me rejoint et ravive un peu
mes cheveux, ma joue, mon flanc vigoureux.
Où aller maintenant? À quoi bon
le vieux foin sous la première gelée
les mornes étoiles; il n’y a plus qu’un désert
horrible, sans fin…


/ Traduction Olivier Apert et Ivan Messac
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Les nuages limpides
  
  
  
  
Les nuages limpides s’abîment
au fond des mares brûlantes d’azur
et les branches se perdent dans le soleil.
Voici le temps de mes rires, de mes larmes,
voici le temps de la grâce attendue,
voici le temps du bonheur,
voici le temps de mes errances par les champs,
voici le temps où je regarde les cieux…
(aurais-je crié? L’écho ne s’arrêterait pas ?
et mon cri approcherait
les nuages ? Je ne peux étouffer
ma joie ingénue, retenue)


/ Traduction Olivier Apert et Ivan Messac
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Limpide fontaine de Vinchiaredo
  
  
  
  
Limpide fontaine de Vinchiaredo,
eaux modestes, bois pleins de tendresse,
aujourd’hui à vingt ans, je vous vois et j’écoute
votre sempiternel bouillonnement indifférent.
Dans le pré, l’eau rejaillit à mes pieds
voltige, reprend son cours
et au loin recompose son chant.
Cette onde chante pour moi : mais je reste sourd
à sa joie profonde, à son frais sourire,
je m’obstine à la regarder, et soudain : je découvre
des jeunes filles célestes, des jeux anciens,
des courses, des voix… Ah, pourtant rien de tout cela
dans les alentours ignorés
dans le murmure impassible des eaux.


/ Traduction Olivier Apert et Ivan Messac
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Sur le bas-côté ensoleillé
  
  
  
  
Sur le bas-côté ensoleillé dans le silence
habituel de la blanche campagne
je me berce d’une solitude mortelle
dans le mortel matin, qui depuis toujours
blanchit de sa lumière l’intense campagne.
Mais sous cette lumière monotone (où je rêve)
souffle un filet de vent, et l’or s’enflamme
dans les frondaisons des frênes lointains.
J’attends ? Nulle chose
dans cet espace ouvert auquel je fais face
ce vaste désert, cette lumière hors de moi,
rien que mon rêve jusqu’à l’horizon,
pas au-delà… Tout est muet.
Un enfant crie, je rêve ?, crie ou chante
il crie dans la muette campagne, je suis vivant,
un enfant crie.


/ Traduction Olivier Apert et Ivan Messac
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Le ciel transparent m’envoie un signe
  
  
  
  
Le ciel transparent m’envoie un signe
léger… Ce n’est qu’une ombre blanche
un nuage. (Je reconnais cette ombre
la parole indicible… la blessure…
Ah, ma conscience, seule comme le ciel).
La grange et les pavés reflètent dans les yeux
la lumière bleutée de la lune.
Qui me confronte ainsi à ma vie ?
Et déjà une brise céleste a balayé
les nuages au-dessus de moi : plus une ombre
dans le ciel nu.


/ Traduction Olivier Apert et Ivan Messac
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Fontana di rustico amore (Dedica)
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Je suis un homme ancien, qui a lu les classiques, qui a récolté les raisins dans la vigne, qui a contemplé le lever ou la chute du soleil sur les champs. (...) Je ne sais donc pas quoi en faire d'un monde créé, par la violence, par la nécessité de la production et de la consommation. Je déteste tout de lui : la précipitation, le bruit, la vulgarité, l'arrivée. (...) Je suis un homme qui préfère perdre plutôt que de gagner par des manières déloyales et impitoyables. Et la beauté c'est que j'ai l'effronterie de défendre cette culpabilité, de la considérer comme une vertu.

Fragment choisi
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Cette nuit-là, au lieu d'aller dormir, j'ai erré dans Naples comme un fou : là certains paressaient au milieu de jardins, ailleurs c'était l'ouverture d'un nouveau café, tout rouge, le Café du Soleil, plus loin des marins s'entendaient avec des femmes le long de barques entassées, ici encore des bourgeois se balançaient sur les chaises longues de bars éblouissants. Trois ou quatre fois j'ai fait l'aller-retour au Pausilippe.
Debout jusqu'à l'aurore, j'ai vu le Vésuve, proche à le toucher de la main, contre un ciel désormais rouge, embrasé, comme s'il ne parvenait plus à masquer le Paradis.
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Pour une petite fille

Lointaine avec ta peau
Blanchie par les roses,
Tu es une rose qui vit et ne parle point.

Lorsqu’au fond de ta poitrine
Te naîtra une voix,
Muette, toi aussi,
Tu porteras ma croix.

Muette sur le dallage du grenier, sur les marches,
Sur la terre du potager,
Dans la poussière des étables…

Muette au foyer,
Avec des mots serrés
Dans ton cœur, désormais
Perdu dans un sentier de silence.

(En ce sinistre anniversaire de son assassinat dans la nuit du 1 au 2 novembre 1975)


.
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Pier Paolo Pasolini
X.

Mais il y a dans l'existence
autre chose que l'amour
pour son propre destin.

C’est un calcul sans
miracle qui afflige
ou soupçon qui ébranle.

Notre histoire ! étau
de pur amour, force
rationnelle et divine.

(« La découverte de Marx », 1949)
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Bien sur pour aborder cet ouvrage, il faut être un peu fondu de Pasolini... Essentiellement des courtes nouvelles écrites au début des années 50 quand il venait de débarquer à Rome avec sa mère, "pauvre comme un chat du colisée". Dans chaque nouvelle il évoque un quartier, une rue, une heure, un instant de saison le petit peuple des ragazzi qu'il aimait tant.
J'ai lu ce livre à Rome cet été chaque matin devant mon cappuccino, et c'était un panard d'assaisonner de sa sagacité poétique les visites du Trastevere, du Campo dei fiori, du Testaccio, d'Ostie, de l'acqua Sante, de Pignatelli... Si vous êtes là-bas et amoureux de Paso, emportez ce livre pour approfondir l'âme de Rome.
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Pier Paolo Pasolini
Fontana di aga dal me paìs.
A no è aga pì fres-cia che tal me paìs.
Fontana di rustic amòur.

Fontana di acqua del mio paese.
Non c’è acqua più fresca che al mio paese.
Fontana di rustico amore

Poesie a Casarsa (1942)
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A moi

Dans ce monde coupable, qui se contente d'acheter et de mépriser,
le plus coupable, c'est moi, desséché par l'amertume.

(p.76)
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