La Julia
I
Nous Lui demandions la pitié. Et Lui nous donnait la mort.
Pas à nous. Non.
Pas à ce village,
Et nous, au lieu
De Le blasphémer, nous Le prions encore et regardons vers lui, enluminé dans le Ciel, entouré de ses nouveaux jeunes,
Nus, blessés, transis de froid.
Notre salut ne nous donne pas le droit d'oublier ces morts, mais bien de les pleurer toujours et d'en vouloir à la vie qui est en nous parce qu'elle n'est plus en Eux.
Oui, il nous faut pleurer parce que nous avons leur gaieté.
Parce que nous respirons leur air.
Parce que nous voyons leur maison.
Parce que nous nous lavons dans leur ruisseau.
Parce que nous nous chauffons à leur soleil.
extrait de la Partie Poèmes oubliés page 22 du livre
A moi
Dans ce monde coupable, qui se contente d'acheter et de mépriser,
le plus coupable, c'est moi, desséché par l'amertume.
(p.76)
PIER PAOLO PASOLINI / UNE VIE VIOLENTE / LA P'TITE LIBRAIRIE