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Critiques de Pierre Autin-Grenier (28)
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Toute une vie bien ratée

Un auteur que je découvrais. Ces récits m'ont paru tellement insipides et inintéressants que j'ai abandonné ma lecture à la page 45, pas même la moitié du livre! Poursuivre cette lecture plus avant aurait été pour moi une perte de temps. Je n'ai éprouvé aucune émotion, aucun plaisir, pas même de la curiosité ni de l'étonnement. Je n'ai rien appris... donc le plus sage a été de refermer définitivement le livre. Presque sans culpabilité d'ailleurs, car si je n'aime pas abandonner une lecture, je me suis raisonnée mettant en avant le cas de force majeure!
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Toute une vie bien ratée

J'aime bien Pierre Autin-Grenier et ses petits volumes de textes courts, mine de rien très travaillés. Ils abordent la gravité de la vie quotidienne en la traitant par l'absurde, sont d'un humour décapant et d'une mélancolie désabusée.
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Quand j'étais écrivain

Deux copains écrivains, pas franchement connus, font un pari pour savoir qui signera le plus de livres... Une histoire à deux voix courte et drôle.
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Le poète pisse encore dans son violon

Il est grand comme la main, guère épais et son titre est tout un de powème. (Clin d'œil à Autin-Grenier, pour le titre détourné) D'ailleurs c'est ce qui attire dans ce court recueil. Derechef on se doute qu'il y avait déjà eu un titre de la même veine que je n'ai pas lu.

Pas très sérieux, amusant, bien vu souvent on se régale de ces aphorismes qui parlent des poèmes et surtout des poètes dont on voit que poète ce n'est pas si facile pour survivre.

" Il ne faut pas protéger le powète ; il est en voie de multiplications. "

Tout est ainsi, souvent bien vu.

Un peu moqueur le poète. Une auto-dérision qui fait sourire et un petit hommage à la poésie.

Lu en quelques minutes, on prend plaisir à relire ces lignes qui font mouches. Corrosif et tellement bien vu.

J'aime bien ce powéte ... inattendu.





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Toute une vie bien ratée

Voilà encore une belle surprise que de flâner dans ma librairie indépendante, cette maison ouverte depuis plus de trente et un ans, de déambuler dans les dédales de livres posées ci et là, certain alignés l'un contre les autres, dans un ordre bien précis selon l'alphabet, puis les autres dans une diversité aléatoire au grès du libraire et de son humeur, laissant le marcheur littéraire dans une rêverie méditative, découvrant pêle-mêle des écrits sauvages lui sauter au cou pour être dompter, voir dresser par une lecture accrue et fiévreuse comme Toute une vie bien ratée de Pierre Autin-Grenier, une succession de nouvelles courtes, venant , avec un plaisir certain, réveiller mes zygomatiques d'une légère gymnastique, celle heureuse d'un sourire, plus ou moins grand selon l'échappée belle de notre auteur, s'égarant dans les veloutes de son esprit, son quotidien s'amuse de son inertie et de l'atmosphère qui l'entoure, la musique le berce, les mots l'accompagnent comme un murmure lointain sorti d'un rêve diurne, les âmes physiques troublent sa solitude, un songe incertain prose ces pages que noircit Pierre Autin-Grenier avec un sens humoristique assez noir, une acidité de la vie, une érudition naturelle s'émane de ces pages où j'ai aimé me perdre, j'ai dévoré ce recueil au bord d'un lac, bercé par le chant des oiseaux, le larsen des canards flottant sur le miroir de cet eau au reflet azur d'un ciel estival, où flottent des cygnes majestueux de leurs danses quotidiennes. Cette petite introduction est assez longue, voir prolixe, face à la minutie des textes proposés par notre auteur, des nouvelles assez courtes, au totales de vingt-trois, s'étirant dans ces cents quinze pages, c'est un concentré de moments de vies, de réflexions, de constats, de philosophie qui s'évaporent dans une prose amusante, comme sa dédicace pour son chien Music, pour le distraire. Pierre Autin-Grenier est un auteur Français né et mort à Lyon à l'âge de soixante-quatre ans en 2014, poète, il aime les textes courts, de quelque lignes à quelques pages, il a ce vague à l'âme naturel, venant vous bercer de sa mélancolie et aussi de son humour.

J'ai lu quelques critiques de Babelio, avant de pénétrer dans ce court livre, je ne sais pas pourquoi, c'est inhabituel de ma part, comme une exception, j'aime avoir aucune perturbation extérieur avant la lecture, j'aime ce côté aventurier littéraire, la découverte, certains n'ont pas du tout aimé, ils se sont ennuyés, voir , le livre leur est tombé des mains, j'en sourit d'ailleurs, les émotions de chacun sont souvent éparses face à la sensibilité d'un auteur, je regrette d'avoir lu ces mots assez négatifs, non pas que je renie leurs avis, chacun ces goûts, la merde à le sien, comme pourrait dire Pierre Autin-Grenier, j'ai été pollué par des quidams quelconque, ma surprise de lecture en fût encore plus grande, comme catalysée par ces avis négatifs, je ferme les yeux et je laisse porté par la sensation ressentit lors de ma lecture pour m'y noyer lentement, puis y nager dans sa profondeur d'âme, imaginant son ami curé , arpenté de son vélo une pente abrupte dans un braquet de souffrance chrétienne, ou cette andouillette sur le feu, crépitante dans le beurre, attendant son bâtard-montrachet 85, ou son bourguignon baignant dans un Gigondas, Bach est ces violons, Louis Calaferte et compagnie, je suis dans cette musique que je n'oublie pas, orchestrée par Pierre Autin-Grenier, les mots sont encore dans ma chair et petit à petit se diffuse dans mon âme, c'est comme si je pouvais discuter avec l'auteur et devenir l'un de ces personnages, le temps fugace d'une nouvelle, puis revenir à mon existence et aller suivre un autre auteur dans une autre aventure prosaïque.

Pierre Autin-Grenier cite, Fernando Pessoa avec les premiers vers de son recueil de poèmes Bureau de tabac, ces quatre lignes expriment l'esprit de ces nouvelles, sa solitude, l' hermétisme à son talent, de ce néant qui l'habite, où fleure en lui la beauté du monde, Michel Houellebecq avec cet aphorisme si pessimisme sur la peur du bonheur, il n'existe pas, dans Rester vivant, Raoul Vaneigen sur l'humanité devenu cupide, vendant son génie, ignorant la nature et ces animaux qui la peuplent, notre auteur va à travers ces 23 nouvelles, distiller ces états d'âmes avec une savoureuse légèreté, un décalage amusant, une férocité troublante, une perditance désarçonnante, un humour noir piquant, une douceur d'âme attachante, quelque fois la futilité d'une journée devient une émotion qui vient titiller les votre, une sensation s'émerge de nous pour faire jaillir des souvenirs, des sensations, des odeurs, des musiques, des images, des tableaux perdus au fin fond de notre mémoire universelle , ce partage réveille la source qui bouillonne nos humeurs , le je, le nous, le vôtre, le nôtre, tous s'unissent dans un même langage, je deviens le je du narrateur, pour partager ces instants et les vivre, en y juxtaposant les miens.

Je voulais vous perdre dans ces 23 proses, les décrire une à une, comme si j'énumérais les 26 lettres de l'alphabet, une suite qui va au fil de la lecture s'évaporer dans le fil de l'oubli, de l'ennui pour certain, de la lourdeur d'un bon camembert gras et coulant, vous restant au cœur de l'estomac, ou cette andouillette que j'ai déjà nommé, celle cuisinée par le narrateur. Il y a la cuisine qui vient chatouiller les narines des fins gourmets dont je fais partie, l'épicurien, l'hédoniste qu'aime être notre acteur de ces 23 nouvelles, comme dans la première , Je n'ai pas grand-chose à dire en ce moment au titre assez long, un homme noircissant à longueur de journée un carnet qu'il amène partout, notant tout et tout, puis s'oubliant derrière cette manie de tout vouloir coucher sur ces carnets et à en oublier de parler avec sa femme qui lui en fait la remarque le soir avant de se coucher, lui ayant erré toute la journée à se pose la question de ces carnets pour écrire des vœux à tout son répertoire, dans ce mois d'Août, au prix de timbres assez couteux, voilà comment débute ce livre par cette farce, cette ironie assez diffuse, ces questions de soi, de savoir qui sommes-nous, que faisons-nous, ces questions peuplent notre esprit, le sien, comme dans la deuxième nouvelle , Des nouvelles du temps, la pluie s'invite comme un prospectus sur un voyage à Sydney et le voyage vagabonde en soi, en lui, pour être précis, faisant sourire sa femme, l'invitant même au voyage de l'amour avec son sourire, pour attendre sous les draps, dessus aussi la fin de la pluie dans cette chambre basse, petite. La troisième est si souriante de cette humour noire ; Poème du cancer des bronches, le titre est déjà une invitation à le lire, la mort s'amuse, le cancer en casaque de soie rose à pois vert, toque noire, perd une nouvelle fois sa course face à la vie du poète, mais pour combien temps encore cette défaite du cancer, celui-ci a déjà un poème ! Je vous ai donné surement l'eau à la bouche avec cette mise en bouche, les vingt qui suivent sont d'une sensibilité toujours amusante, avec en toile de fond, une noirceur de la vie, la mort, la solitude, l'ennui, la maladie, la séparation, la société gangréneuse, la tribu semeuse de mensonge de groupe, le racisme…Beaucoup de thèmes s'entremêlent et se superposent avec ceux plus joyeux, de la musique, de la littérature, de la cuisine, de l'amour, de l'amitié, de la nature, du temps qui passe, de l'oisiveté, de la paresse, de la tranquillité, de la solitude constructive ou pas, ces 23 nouvelles n'ont donné beaucoup de plaisir, comme je le dis souvent, la vie est courte , les plaisirs sont sans fin, je vais vers ces plaisirs qui m'habitent et je les savoure sans modération.

Merci Monsieur Pierre Autin-Grenier avec votre Toute une vie bien ratée.

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Les radis bleus

Originaire de Lyon, Pierre Autin-Grenier publie son journal "Les radis bleus" en 1991. Entre aphorismes, textes intimistes et poèmes en prose, l'écrivain français raconte avec pudeur, patience et humour, l'amitié, l'amour, la solitude, la mort. Mais aussi les saisons, les arbres, les oiseaux en mélomane de la nature. Une nature qui s'effrite, qui s'use sous les assauts des hommes.

Dans ce journal, l'auteur joue avec les mots ; il écrit comme il plante un arbre, avec patience. Il construit un pont entre la ville et la campagne, entre l'homme et la nature. Il prévient que le progrès mal conçu est destructeur. Il est le témoin d'une société qui se détachent de ses valeurs. Malgré tout, il y a de très beaux passages sur le bonheur, le merveilleux.

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Toute une vie bien ratée

Je n'aime pas dire du mal d'un livre, mais là... que faire d'autre ? Il ne s'agit que de mon avis, mais je trouve ce livre inutile. L'écriture est impeccable, mais où est le supplément d'âme ? J'ai lu une succession de scènes sans aucun intérêt, sans aucun rapport entre elles. C'est ça le "truc" pour nous faire appréhender le ratage de la vie du narrateur ? Pour moi, "Une vie bien ratée" est avant tout un livre bien raté, je suis désolé de l'écrire, mais ne perdez pas votre temps à lire ce petit ouvrage, c'est du temps de lecture en moins pour d'autres ouvrages qui eux en valent la peine. Pour moi, il n'y a rien dans ces pages totalement insipides. Je n'aime pas avoir la dent dure, j'ai lu beaucoup de livres, énormément, mais là...

Il est tout de même possible que j'aie raté quelque chose, après tout je ne suis qu'un pauvre humain faillible...
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Je ne suis pas un héros

J'ai adoré ce petit livre écrit par un auteur d'origine lyonnaise dont je n'avais jamais entendu parlé et que j'ai simplement découvert en flânant dans les rayons d'une librairie. Il est composé de textes très courts, sortes de réflexions ou d'observation sur "comment ça va la vie". C'est écrit avec beaucoup d'élégance et ça m'a rappelé parfois les Petits Poèmes en Prose de Baudelaire. Comme dans ce dernier ouvrage, l'humour n'est pas sans une certaine férocité. Il s'y mêle aussi une bonne dose d'auto-dérision. On pense aussi à Brassens, à Léo Ferré, à Romain Gary, version Ajar. Un petit extrait pour donner le ton (le texte s'intitule "Une andouillette m'attend") :



"Jadis, j'étais comme un garçon de café égaré dans la philosophie. Je courais d'une idée l'autre, un plateau chargé de boissons de toutes les couleurs à bout de bras. J'aurai voulu trouver une clé à l'absurde et au dérisoire de tout l'univers. Savoir comment il fait noir la nuit, pourquoi la balafre de l'enfance souvent cicatrise mal, connaître aussi ce que cachaient les chemisiers des femmes. Mille interrogations en permanence m'assaillaient et je ne me souciais point de gagner ma vie, j'avais quinze ans en somme et du temps à perdre; depuis je l'ai bien perdu et ma vie aussi."



C'est parfois beaucoup plus grinçant, parfois même effrayant. Mais c'est toujours de l'humain qui s'exprime et parfois "crie où son fer le ronge" (Aragon). Une magnifique découverte.
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Toute une vie bien ratée

Pierre Autin-Grenier,un auteur que je lis pour la première fois.

ma réaction première est de le comparer à Frantz Bartelt.

À tort ou à raison.

Non que je sois spécialiste de ce dernier,lu 2 ou 3 livres de lui, tous aimés.

Ici aussi,dans ce recueil de nouvelles, c'est Mr tout le monde qui est sur le devant de la scène, avec ses préoccupations, ses questionnements,ses petits plaisirs,ses petites inquiétudes au jour le jour, comme vous,( du moins je le suppose), comme moi( de ça je suis sûre).

Écriture personnelle mais pas tarabiscotée, nouvelles très courtes.

J'ai apprécié cette sorte de fraîcheur,mais de profondeur, d'indépendance et de simplicité.
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Toute une vie bien ratée

Petites nouvelles acides sur la vie quotidienne sous formes de brèves de comptoirs : un bon franchouillard parle de la nostalgie, de nos craintes, de notre ennui ou bien même du service militaire avec un humour décapant et pince sans rire. J'ai souvent souri sur les jeux de mots qui ont une ceratine similitudes avec les sketchs de Raymond Devos : jouer avec virtuosité avec la langue française, ce n'est pas donné à tout le monde.

Un bon moment.
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Toute une vie bien ratée



N°208

Juillet 1999







TOUTE UNE VIE BIEN RATEE - Pierre AUTIN-GRENIER -Editions GALLIMARD.





Le titre avait tout pour m’attirer et me plaire. Cela correspondait tellement à l’idée que j’ai de ma propre vie! J’ai donc lu ces nouvelles ou plutôt ces « récits » puisque c’est comme cela que le livre les présente. Je le dis tout simplement, je n’ai pas aimé! Cela vient sans doute de moi, de ma façon de voir les choses de la littérature. Je me suis dit que Pierre Autin-Grenier avait eu bien de la chance de publier chez Gallimard et que c’est sûrement moi qui ne suis plus en phase avec mon temps! Je ne dois pas être capable de reconnaître de la bonne littérature et sûrement encore moins d’apprécier le talent de l’auteur. Ma faculté de rêver à propos d’un texte doit bien être émoussée au point que ce livre publié dans une maison d’édition qui est pour le moins une référence ne m’a provoqué aucune émotion. Je l’ai lu presque par devoir parce que j’en avais entendu parler à la radio et qu’on en disait du bien! Je me disais que tout cela devait être une référence et qu’il convenait de ne pas passer à côté d’un chef-d'œuvre. Il n’empêche, j’ai été déçu par le style, par le ton des récits, par l’histoire qu’ils racontaient et à laquelle je n’ai guère accroché.



N’allez surtout pas croire que je tiens la prose d’Autin-Grenier pour rien. Cela je ne me le permettrais pas et je sais d’expérience que lorsqu’on noircit une page blanche c’est avant tout parce qu’on a quelque chose à dire et même si dans la littérature comme dans tous les autres arts il y a place pour la fumisterie, je me garderai bien d’employer ce terme pour cet ouvrage.



C’est que je lui reconnais quand même de l’humour qui, dit-on est la politesse du désespoir. C’est vrai que la vie n’est pas forcément belle, qu’elle ne ressemble sûrement pas à ce qu’on voudrait qu’elle soit même si on tente de l’enjoliver avec ce qui en fait, dit-on les plaisirs. On m’objectera sans doute que, lecteur inattentif, je n’ai rien saisi de sa philosophie de l’existence et qu’il vaut mieux rire de tout cela qu’en pleurer et que, somme toute nous ne sommes sur terre que de passage et, au regard de l’éternité, pour bien peu de temps. Il vaut donc mieux prendre les choses comme elles viennent et ne pas chercher partout ce qui ne s’y trouve pas simplement parce qu’on est insatisfait.

Certes, mais quand même, j’attendais autre chose.



Mais pourquoi estime-t-il que sa vie est bien ratée. Parce qu’à la mi-temps de son existence (dit-il!), à l’heure des bilans(on peut toujours le dire de chaque période) il constate qu’il a mené une existence oisive d’écrivain(de poète même), tout juste capable de regarder passer le temps en s’accommodant de l’odeur moite des estaminets et du goût du blanc sec. Peut-être? Pourquoi pas? mais la vie est ainsi faite que ce n’est pas en s’affairant maladivement chaque jour au risque de friser la crise cardiaque, qu’on peut légitimement penser qu’on la remplit bien, qu’on la réussit comme on dit maintenant. Tout cela est affaire d’appréciation personnelle. C’est bien cela, réussir!



Nous n’avons qu’une vie, nous ne sommes que de passage mais il faut impérativement brûler quelques cierges sur l’autel de la réussite, même si l’on doit sacrifier ceux qui sont sur notre route, et cela pour avoir beaucoup d’argent, de notoriété, jouir de la considération générale... Vieux débat, vaste programme!



Pierre Autin-Grenier nous raconte ici ce qu’il en pense, l’air de rien. Bref, sur le fond je serais assez d’accord avec lui mais la forme me paraît à moi plus contestable car j’aime bien en littérature ce qui est bien dit.



©Hervé GAUTIER
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Les radis bleus

Sur une année, de janvier à janvier, l’auteur s’emploie à écrire des textes poétiques plus ou moins longs, plus ou moins concentrés et ayant pour titre le saint du jour. Ainsi a-t-on l’impression de voir défiler le temps, obsession de l’auteur, et à chaque jour son déferlement de poésie. Parfois la méditation tient en une phrase, parfois en une page ou deux, guère plus. Au premier abord, on a l’impression de lire un journal intime, fait de « fusées » mais la lecture se fait pénétrante, profonde ; l’anodin devient merveilleux, la transformation du quotidien est distillée par les mots, simples, mais subtilement associés pour créer un univers particulier rempli de sonorités, allitérations et assonances nombreuses. Il en ressort, de ces tasses ébréchées, de ces paysages d’hiver, de ces recherches du temps qui se perd, une œuvre ténue qui marque pour longtemps. S’y ajoute aussi une touche d’humour, ironie que l’auteur tisse avec l’existence :

Les soirs, seul, on deviendrait vite romantique, pour un verre de vin rouge. (Jeudi 28 avril Sainte Valérie , p.107)



Où, souvent, l’humour noirci :

A quoi bon se pendre, alors qu’il suffit de patienter un petit moment pour mourir dans des draps propres ? (Mercredi 23 novembre, Saint Clément, p.282)



Ou au 1er Novembre :

Avons fait le tour des tombes. Tous nos morts se portent bien. (261)



Tout, dans cet ouvrage, semble personnifié, les saisons, les objets, le temps, la mort et c’est comme un jeu d’en parler, d’évoquer l’implacable, la légèreté des oiseaux (ils reviennent souvent), symboles de la vie présente seule digne d’intérêt car le passé est mélancolique – les brimades d’enfant mènent à l’anarchisme, prégnant dans ce livre - et l’avenir plus qu’incertain, ou plutôt, rapproche encore de la mort.

Le « pittoresque de l’existence » est ainsi rendu et il part de rien, d’un trou dans les chaussettes jusqu’au questions existentielles où il vaut mieux tenter de répondre à ses propres questions qu’aux questions des autres (301).



Bref voilà un détour poétique qui le mérite, que l’on effeuille lentement pour mieux laisser résonner (raisonner?) ces constructions de phrases simples et profondes.

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Toute une vie bien ratée

L'humour noir, et la capacité de cynisme envers soi-même. Porter le ridicule et l'assumer, le tout dans une délicatesse des mots. Petites parenthèses (des)enchantées de fragments de vie, joyeusement colorés.
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Friterie - Bar Brunetti

Petit livre qui se lit vite et facilement . Heureusement ! car je me suis ennuyée.

Je m'attendais à plus de vie, à des descriptions plus pittoresques, plus croustillantes et plus ciselées des différents personnages (bien choisis cependant). Je n'ai pas été transportée dans l'ambiance bar-fritterie.
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Le poète pisse dans son violon (version symph..

J'adore les livres d'aphorismes. Que dire ? Ils font mouche, il font rire, ils font réfléchir. C'est tout ce que j'en attends. A lire et à relire. Merci aux éditions les carnets du dessert de lune pour cette petite pépite.
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Chroniques des faits

Pierre Autin-Grenier impose d’entrée de jeu une certaine vision de la vérité. On ne discute pas des faits. Or tous les évènements qu’il rapporte s’en tiennent très peu à la réalité, une réalité banale, ordinaire et quotidienne, et s’apparenteraient plutôt à une réalité d’un autre ordre qu’on pourrait qualifier de fiction, mais l’auteur fait tout ce qu’il peut pour mélanger les deux familles, masquer l’une et grimer l’autre. Chaque texte se déroule sur une ou deux pages où tout est dit de ce qui doit être lu, d’une façon parfaite, taillée et poncée. Chez Autin-Grenier, les gens gênés, honteux ne regardent pas leurs chaussures, il écrit : « tous nouèrent leur regard aux lacets de leurs souliers ». 
Ses récits s’inscrivent dans un temps indéfini ; plus d’une fois, l’atmosphère paraît liée à une période ancienne, voire moyenâgeuse, temps où la peur et le soupçon faisaient partie du fond de conscience et où fables et légendes jouaient à plein leur rôle de brouilleurs du réel. Tout se passe exclusivement dans un contexte rural, il est question de paysans et d’artisans, de mule, de carriole et de charrettes. On évoque en outre la période révolutionnaire pour son absolu et même le journal semble daté du début de l’imprimerie. Pour confirmer le flou historique, les personnages demeurent anonymes ou rarement identifiés comme moine, charlatans, ou marchande des quatre saisons. Il y a l’histoire et la langue, aucune ne précède l’autre, elles sont bel et bien liées, tant et si bien que c’est leur union, leur osmose qui fascinent. 
Lecteur, on est pris par le conte et captivé par la manière de raconter, dans une perfection tangible du texte. On est souvent à la frontière du fantastique et de l’épique, que l’on perçoit d’autant plus fortement que le texte est ramassé et compact. Tout ce qui est narré doit être soumis à vérification : on croit, il semble, certainement, peut-être, sans doute, et le conditionnel passé est de mode… Cette incertitude accentue le vertige donné au temps, on saute à cloche-pied entre panique et folie. Pierre Autin-Grenier lance des fulgurances dans crânes et mémoires pour éblouir l’imaginaire, « coffre fermé à secret ». Et le récit reprend son cheminement vers l’aube et le lointain. Enrichi d’illustrations de Georges Rubel, ce recueil a d’abord été publié en 1992 à l’Arbre, de Jean le Mauve. Il n’a pas pris une ride.

© Jacques Morin
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Le poète pisse encore dans son violon

Décédé en avril dernier, Pierre Autin-Grenier n’avait que quelques jours de plus que moi, j’ai été ému et heureux de recevoir un petit recueil de textes retrouvés par Les Carnets du dessert de lune (un nom qui donne envie d’écrire pour faire partie de la ronde des desserts), un joli petit livre qui comporte des aphorismes de l’auteur avec en regard un facsimilé de son manuscrit. Ces quelques textes courts, publiés à titre posthume, dont l’auteur était un adepte apprécié : quelques mots lignes, quelques mots parfois, lui suffisaient pour énoncer une idée tranchante, fulgurante, hilarante, désopilante.

« N’étant que très rarement

D’accord avec moi-même

Comment voulez-vous

Que je sois d’accord avec les autres »

Dans les quelques textes présenté dans cet ultime recueil, l’auteur prouve que jusqu’à la fin il n’a rien perdu de sa rage de vivre dans un monde où il trouvait cependant bien peu d’humanité et de charité. L’autodérision lui a encore servi dans ce recueil d’esquive pour les embûches de cette société qu’il n’appréciait pas beaucoup.

« A chacun ses idées

Et les miennes

A moi »

On rit avec Pierre Autin-Grenier, on rigole plutôt, on se marre même, mais on n’évite pas la question cachée dans le creux de l’aphorisme ou la remarque fulgurante lancée dans une phrase cinglante.

« Voyez les gens d’ici :

Depuis longtemps

Ils ont touché le fond,

Mais ils creusent encore. »

Un joli petit livre, un beau texte, une mise en bouche appétente pour aller plus loin à la rencontre de l’œuvre de cet auteur.

© Denis Billamboz
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Friterie - Bar Brunetti

Un régal pour les amoureux des bistrots, ce petit livre se lit facilement. On y rencontre des personnages parfois maltraités par la vie, qui passent des heures à parler de tout et de rien, d'autres qui ont leurs horaires fixes mais quotidiens, tous se respectent et tous aiment leur bistrot. Il y a Mme Loulou, la soixantaine bien tassée, qui tapine un peu, le grand Raymond toujours chic, qui a parcouru le monde, Renée la patronne, Domi le cantonnier taiseux, tous attachants, tous respectueux des autres. Une vrai tranche de vie.
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Les radis bleus

Je ne suis pas allée jusqu'au bout... ce livre m'a complètement sortie de ma zone de lecture.

J'ai eu quelques passages que j'ai trouvé beau, d'autres m'ont mis un nœud au cerveau. Je ne doute pas de la qualité de l'ouvrage pour toutes personnes aillant poir habitudes de lire ce type de recueil de poésie.
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Les radis bleus

Pierre Autin-Grenier - Les Radis bleus. Couverture : Georges Rubel L'apprentissage de la solitude. Réédition augmentée de 11 inédits. Les Carnets du Dessert de Lune. Collection Pleine Lune. Novembre 2018. ISBN 9782930607986. 20 €



Né à Lyon, Pierre Autin-Grenier, est mort au printemps 2014, à l’âge de 67 ans. Partageant sa vie « bien ratée » entre sa ville natale et de longs séjours dans le Vaucluse, il s’est illustré dans l’art du fragment et du poème en prose, égrenant fulgurances et aphorismes ravageurs. Son humour noir et son pessimisme pourraient sans forcer le trait faire voir en lui un épigone de Cioran mâtiné d’un Léautaud amer mais ce serait ignorer son rapport vital à la nature et à la solitude féconde. S’il cultiva « le désastre d’exister », « l’attrait du vide », et vitupéra « le carnaval tragique » de la vie en société, il travaillait inlassablement sa phrase, même en s’escrimant à ne rien dire : « l’inutile tout entier nous requiert ». Le recueil Les radis bleus est un journal d’éphémérides tenu pendant une année, d’un 17 janvier au 16 janvier de l’année suivante. Publié une première fois au Dé bleu en 1990, l’ouvrage a été réédité par Gallimard en 2005. Cette nouvelle édition est augmentée de fragments retrouvés. Ecriture du désenchantement, non de l’indifférence, qui dissimule, derrière des facéties verbales et des provocations intempestives, un mal de vivre qui remonte aux brimades et frustrations de l’enfance…

Le titre renvoie à une espièglerie des parents faisant « miroiter l’extrême douceur » de la confiture de radis bleus. Restait pour l’enfant à en dénicher le pot caché ! Par l’écriture, nous dit l’auteur : «En somme, je continue ma quête. » Quête sans objet palpable : « une urgence de l’inutile », le « RIEN » qui résume tout ! Mais l’exercice n’est pas sans risque et l’auteur en a conscience, tenaillé par « la peur d’éveiller les monstres ». Il sait bien qu’écrire est à la fois une quête et une fuite : « Ecrire n’est pas vivre, c’est un refuge. » Il pousse le pessimisme au paroxysme mais en tire un principe fondateur : « On devient poète à force de se taire […] Consolation de savoir cette attitude autrement décente que d’aller, avec le troupeau, se rouler dans la poussière pour tromper l’inexistence. » Misanthrope, ô combien, l’auteur se tient à l’écart des hommes, « tellement fielleux et perfides, experts en sournoiseries et roublardises de toutes sortes. » Ce solitaire, on ne s’en étonnera pas, tient les fins de semaine en horreur. Il nous le confie avec une expressivité provocatrice : « un dimanche salissant vient à nouveau de s’écraser lourdement contre la vitre. » Mais à ces considérations paroxystiques ou sombrement nihilistes traitées en infinies variations, l’auteur ne se limite pas. Il observe les animaux, les fleurs, les arbres, les moindres signes du remuement et du bruissement en pleine nature. Si ce parti pris des choses ne constitue pas pour autant un éloge du vivant, il traduit une sensibilité, sans doute refoulée ou tenue à distance sur le mode de l’autodérision, mais qui n’en est pas moins vibrante. Autin-Grenier célèbre volontiers la fleur, l’oiseau ou le brin d’herbe, « la perpétuelle apothéose du printemps ». Tel Lacarrière, il s’émerveille : « chaque jour vaut d’être surpris. L’enchantement. ». Sans édulcorer le réel dans toutes ses composantes, il note, malicieusement trivial : « Fabuleux printemps : même la merde est en fleur. » Source originelle de toute voix intérieure, l’enfance… Il remonte son fleuve, le décrypte en termes rudes ou délicatement lyriques, « orpailleur infortuné d’une jeunesse enfuie. » A s’arracher la langue chaque jour, il trouve sans chercher, esthète ou révélateur du « côté rafistolé des choses ». Autrement dit, « le poète bricole dans l’essentiel » !

Autin-Grenier, styliste exigeant, « minimaliste », revendique l’usage intensif du dictionnaire pour saisir le mot juste, aiguiser perpétuellement le sens, remettre en question l’idée première : « douter de tout ; voilà l’urgence extrême. » Sans se sentir au-dessus de la mêlée, ni capable de tout élucider, il raille : « la prétention de la lourde bestiole humaine à vouloir percer les délicats mystères ! Ainsi, lentement, l’éloquence de nos certitudes nous tue. C’est parfaitement désorienté qu’il faudrait pouvoir s’admettre. Nu ». Voix singulière d’un poète prosateur qu’on a plaisir à redécouvrir, perpétuel intermittent en sursis, pirouettant au-dessus du vide, balançant entre Lyon et Vaucluse, « du polyglotte au troglodyte ».

© Michel MÉNACHÉ in Revue Europe N°1080



PIERRE AUTIN-GRENIER, disparu trop tôt, nous revient grâce à la réédition augmentée des Radis bleus (Les Carnets du Dessert de Lune). Ouvrage remarquablement ciselé, selon un calendrier qui scande les notations poétiques d'un amoureux des mots, dont le ton décape, dont les images recèlent une puissance d'imagination et de pensée féconde, souvent acide, pessimiste, aux accents désespérés d'un quotidien frôlé, mâtiné de Schopenhauer ou de Cioran. Le poète empoigne le réel comme il le fait au propre, usage d'une brouette à ras bord d'énormes blocs de pierre. Celui qui consigne écrire n'est pas vivre a ce côté pessoéen de désespérance intime, lui qui s'escrime à dissimuler honteusement sous le masque le fond vrai d'une âme en déroute.



Mercredi 6 avril

Saint Marcellin

Au départ il était polyglotte. Accablé puis débordé par l'intarissable bavardage humain, bien vite il devint troglodyte.



Jeudi 28 juillet

Saint Samson

Tout ce que je sais du chien, je l'ai appris du chien ; tout ce que je sais des homme, je l'ai appris aussi du chien.

© Philippe Leuckx in Le Journal des Poètes, N°1/129 extrait de "Poésie Panorama"



J'avais lu en 2009 la version folio des Radis bleus de Pierre Autin-Grenier. Est sorti en Novembre 2018 cette version augmentée de 11 inédits de chezLes Carnets du dessert de Lune (éditeur Belge), avec une illustration en couverture de Georges Rubel, une occasion de redécouvrir cette plume et ce recueil bien intéressant. J'avais un peu oublié de vous en parler ici. Je rattrape aujourd'hui cet oubli et recycle mon article de 2009 pour réveiller les souvenirs de ma première lecture.

"Le temps qu'il faut pour faire une phrase ! S'imaginer capable d'en faire une chaque jour ... Délire d'orgueil ! Folie de poète, peut-être..."

Et c'est cette entreprise folle que Les radis bleus retrace, un an de pensées, d'éclats et d'anecdotes... Se loge dans le journal poétique de Pierre Autin-Grenier (1947-2014), publié pour la première fois en 1990, beaucoup de mélancolie, car il y est question assez souvent de fin de vie et de douleur. On devine, au détour d'une page, la perte d'un enfant sans doute ; le désir en tous les cas d'une vie retirée, paisible.

Malgré quelques répétitions de thèmes, dues très certainement au genre utilisé, j'y ai trouvé de bien jolis morceaux d'écriture, des réflexions sur l'utilité des poètes et de la poésie aujourd'hui, de l'ironie. A découvrir sans tarder pour les amateurs de poésie ! Thomas Vinau parle de cette nouvelle édition ici.



Quelques extraits...

"Mardi 29 mars - Sainte Gwladys - Il y a comme quelque chose d'inépuisable et d'inachevé dans tout poème. Quelque part un mot console et épouvante, surprend parfois ; mais toujours fait signe et nous appelle. Invite à poursuivre l'immobile voyage.

Surgit soudain l'idée du sang, sans qu'on puisse l'attribuer en bonne raison au poème seul. Ou bien s'exhale une odeur ancienne de buanderie, qu'accompagne aussitôt le souvenir fragile de vieilles lessiveuses en ferblanterie. D'autres fois, c'est un ciel du même bleu que la nostalgie qui doucement se découvre, et vous porte à rêver...

Ainsi le lecteur affranchi peut-il prendre sa propre part à l'existence même du poème. Parce que loin de contraindre et d'enfermer dans le mot, la poésie - toujours - tient les portes de la vie larges ouvertes."

"Dimanche 3 avril - Pâques - Jamais nous ne mettons de nappes sur la table. Toujours nous la tenons bien cirée, brillante et lisse. C'est dommage, parfois, cette absence de nappe. En en soulevant un coin on pourrait en effet facilement voir, par en dessous, les jours passer."

"Vendredi 25 Novembre - Sainte Catherine - Rien n'est plus simple que le linge qui sèche sur le fil tendu entre le cerisier et l'acacia. La mésange qui se pose, légère, à côté des serviettes à carreaux rouges et bleus a tout compris. Et la voilà qui s'envole avec le vent faisant un instant vraiment bouger la vie.

Le front contre la vitre, l'œil loin au-delà, on prend ainsi l'exacte mesure du temps. Toute gesticulation devient vite dérisoire quand on sait le discret travail de l'arbre, l'infinie persévérance des hautes herbes, l'ombre qu'il faut encore au jour pour lentement devenir la nuit.

Ils ne savent pas, ceux qu'une telle sagesse porte à sourire, quelle rare patience réclame chaque aube nouvelle et que vouloir forcer l'allure ne mène jamais nulle part."

"Samedi 31 décembre - Saint Sylvestre - Minuit, je jette un truc complètement cassé dans un lit en cage de fer et finalement le truc y trouve un sommeil qu'il voudrait sans réveil. C'est moi."-

Recueil à commander sur le site de l'éditeur ici

© Les lectures d'Antigone,

https://leslecturesdantigone.wordpress.com/2019/02/20/les-radis-bleus-de-pierre-autin-grenier-nouvelle-edition-augmentee/



Cette nouvelle édition des Radis bleus, la 3° augmentée et définitive, remet sur le devant de la scène l’incontournable Pierre Autin-Grenier, styliste de haute volée et, selon Patrick Kechichian, « impeccable manieur de langue ». Disparu en 2014, cet auteur ne cesse d’exercer une influence auprès de quelques francs-tireurs des nouvelles générations comme Thomas Vinau ou Frédérick Houdaer par exemple.

Dans ce livre, chaque jour d’un hypothétique calendrier intemporel est scellé par une prose poétique ou par un aphorisme dans la remarquable diversité d’un réalisme époustouflant. Toute la force et tout le talent de PAG résidait dans cette faculté rare d’entraîner le lecteur dans un univers d’une noirceur extrême mais qui, malgré tout, réservait un strapontin à l’émotion. C’était là toute l’habileté de l’auteur de laisser un mince espace qui aimantait le lecteur comme par envoûtement. On a suffisamment évoqué à ce sujet l’art subtil de l’autodérision et la mise à distance d’une époque, époque qu’il exécrait, pour ne pas en rajouter une couche. Lui qui savait, preuves à l’appui, que « toutes les questions sont inutiles et les réponses fausses », savait évoquer « ces monstres intérieurs qui remuent en nous d’anciennes misères » surtout celles qui remontent vers l’enfance. Il n’oubliait pas de rappeler que « l’on devient poète à force de se taire » tout en sachant que les poètes encombrent bien plus quand ils ont disparu que lorsqu’ils sont vivants. PAG en est la preuve vivante. Raison de plus pour le lire et le relire.

© Georges Cathalo in Texture



Après une première édition au Dé Bleu en 1990 et une réédition augmentée en Folio en 2005, voici probablement la version définitive de ces excellents radis bleus dont je ne me lasse pas : recueil de textes courts finement ciselés écrits au jour le jour qui forment une formidable rivière de diamants. Si vous ne connaissez pas l’œuvre de Pierre Autin-Grenier (1947-2014), voici l’occasion de la découvrir.

© Eric Dejaeger in http://courttoujours.hautetfort.com/



Il suffit que je lise / quelques vers de Pierre Autin-Grenier / et je ne reconnais plus / l’intérieur de ma maison / l’espace de dix minutes / le temps d’être passé / chez le boulanger / d’acheter mon pain / de rentrer chez moi / et de constater à la place / de la télé un palmier / et là où est normalement mon ordinateur /un pont en ferraille / datant de plus d’un siècle.

Les lecteurs les plus attentifs de ce site auront reconnu dans cet hommage le tour de main de Thierry Radière tel qu’on l’a découvert il y a peu (Repérage du 3 janvier 2019 dans son Abécédaire poétique. Pierre Autin-Grenier (1947–2014) est décidément de ceux qu’on n’oublie pas, et malgré les dénégations qu’il a élevées par avance, il n’est pas loin d’être notre héros.

Sa trajectoire aura été de celle dont rêve tout petit poète : partir de rien (de presque rien), de l’édition minuscule et artisanale, et du monde des revues (ces chroniques dans Décharge, des années 1987 – 89, furent les galops d’essai – peu retouchés en définitive - de ce qui deviendra Radis bleus, en 1991 au Dé bleu) au piédestal Gallimard et la reconnaissance de la critique littéraire, après le sérieux coup de pouce que lui accorda Martine Laval dans Télérama.

Avec la réédition (augmentée une douzaine d’inédits, rassemblés grâce à Georges Cathalo des Radis bleus aux Carnets du Dessert de Lune, éditions qui lui sont d’une exemplaire fidélité, Pierre Autin-Grenier fait à nouveau l’actualité et Jacques Morin se fait l’écho sur le site Texture de cette formidable botte de mini-pamphlets à déguster chaque jour de l’année. Je renvoie à ses appréciations. Et je me contenterai d’arracher une page de l’éphéméride ...

© Claude Vercey, Blog de Décharge, janvier 2019

Mardi 31 mai Visitation

Dès l’ouverture du bar voisin, coude au comptoir, boulanger et pharmacien jouent la journée aux dés. Par la porte entrouverte des toilettes on aperçoit un hypocrite à perruque blonde qui, avec une nonchalance très affectée, rajuste son faux nez. Faits et gestes froissés à même la table, un journal d’avant-guerre tente encore d’attirer l’attention sur la mort étonnante d’Aragon. Des balayeurs s’installent dans l’odeur encourageante du saucisson et réclament des chopes de bière qu’on leur sert aussitôt avec une immense tendresse. Il y a déjà quelques passionnés de rami ; aussi deux vieux messieurs en cravate à rayures. On voit passer dehors, pressée, une voiture pleine de pompiers ...

C’est alors qu’entre un homme en complet-veston qui exige en hurlant qu’on lui donne un revolver. Cependant qu’abandonnée par ses parents une petite fille à tête de thon regarde tout cela avec étrangeté.



Pierre Autin-Grenier (1947-2014) est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages (proses poétiques, nouvelles, récits) dans lesquels on trouve beaucoup d’humour, de révolte et de rage de vivre. Des allusions à l’anarchisme apparaissent ça et là. Les Radis bleus est écrit sous la forme d’un journal. L’auteur, désabusé mais pas désengagé, y règle ses comptes avec l’enfance et le monde qui va mal.

© LA FEUILLE D’INFOS DU CIRA 12 JANVIER 2019



Je lis « Les radis bleus » de Pierre Autin- Grenier. Je découvre quelques-uns d’entre eux. Dont certains que j’ai oubliés, plus une douzaine d’inédits, rassemblés grâce à Georges Cathalo. Mais en fait je relis la plupart d’entre eux que je reconnais avec un mélange de plaisir et de nostalgie, les ayant choisis et tapés à la machine, entre autres dans les années 87-89, (lorsque PAG était chroniqueur à la revue Décharge), avant qu’ils ne soient recueillis d’abord au dé bleu en 1991, puis chez Folio en 2005.

Un « radis bleu », c’est une éphéméride littéraire qui formellement peut aller de l’aphorisme ciselé à la page composée idéalement de trois paragraphes, balancée comme un syllogisme. Le fait est que relire et lire l’auteur à présent qu’il est mort depuis quatre ans n’a plus le même goût, dans le sens où la noirceur qu’il évoque et qui irradiait un côté vachard, insolent et narquois de son vivant a perdu de son ironie. Lui qui a tellement bravé la camarde se trouve à terre pour le compte. Et l’écriture qu’il maniait avec tant d’élégance ne lui sert plus de piège subtil contre le malheur. Cela fait d’autant plus mal de le relire aujourd’hui. Il s’est trompé cependant sur la certitude que son œuvre verserait aussitôt dans l’oubli au lendemain de sa disparition. ... « de notre petite vérité, il ne restera rien ; nulle part. » Puisque fort heureusement ce volume où sont consignés 365 radis bleus constitue bien la preuve du contraire et offre une formidable botte de mini-pamphlets à déguster chaque jour de l’année. Ces écrits « datés » du saint du jour sont en réalité pour la plupart intemporels. Rares sont ceux qui s’appuient sur un phénomène saisonnier ou une actualité du moment. Ce qui ne fait qu’accroître l’impression immédiate de « petit bijou » à la lecture de chaque texte.

L’écriture de PAG en effet devenait classique au fur et à mesure de son jaillissement. Il y demeure un côté désuet et charmant, comme s’il en était resté au XIXème siècle, ainsi ne sont évoqués que « carriole » et « charrette » pour tout moyen de transport. Et sa poésie revêtait instantanément cette même patine due au temps, ce qui lui conférait justesse et rigueur d’équilibre, alors que le propos grinçant, précipité lourd d’humour noir, demeure éminemment moderne dans ses effets caustiques.

Toute son œuvre est inscrite en pointillés dans ce premier opus. On peut y relever les titres qui couronneront plus tard ses livres de poche. Comme des départs de pistes, ou germes de volumes plus importants. « L’éternité n’est qu’un leurre » est-il écrit d’abord, et plus loin, le titre lui-même... :« L’éternité est inutile » ; Ou bien « …tout est toujours raté » pour « Toute une vie bien ratée »… par exemple.

Des phrases d’orfèvre comme « Toute la nuit cent mille réveille-matin ont marmité à gros bouillons dans ma tête pour mieux m’empêcher de dormir »… ou encore : « …on a chiné des bribes de souvenirs aux brocantes de l’aube… » montrent bien la qualité de prosateur alliée à l’inventivité du poète, pour lequel il écrivait ce paradoxe génial et pertinent qui lui convient parfaitement : « Le poète bricole dans l’essentiel. »

© Jacmo in http://revue-texture.fr/les-lectures-de-jacmo-2018.html#pag



« Être heureux, quelle corvée ! »

SUR LES RUINES DE SON ENFANCE, PIERRE-AUTIN GRENIER, DÉCÉDÉ EN 2014, POSE LES RACINES DE SON ÉCRITURE. LES RADIS BLEUS EST ENFIN RÉÉDITÉ.

Prince sans rire de la forme brève, selon les jours, quelques phrases par-ci, par-là un grand maximum de deux pages (faut tout de même pas exagérer), Pierre Autin-Grenier, dit PAG, nous revient d’outre-tombe avec ses Radis bleus, une sorte de journal, publié par bouts dans des revues, puis au Dé bleu en 1991, édition aujourd’hui augmentée de onze inédits aux Carnets du Dessert de Lune – toute une aventure.

Lire et relire cette prose douce-amère, mix de pensées noires ou délicates voire farfelues, enrobées tantôt d’humour tantôt de détresse, c’est faire provision d’intelligence, si, si ; c’est honorer un rendez-vous avec ce phrasé qui fait tilt, sonne clair et à fond ; c’est comme retrouver un vieil ami, un peu perdu, un peu lointain, et avec qui la conversation comme par magie reprend de plus belle, à l’instant, sans anicroches, sans faux-semblants. L’éplucheur de mots pose ses valises de regrets, se met en vitrine et ne fait que nous renvoyer à nous-mêmes, à notre triste condition humaine, nos traumas de jeunesse et nos échecs à trouver une place dans le grand cataclysme d’aujourd’hui.

Indécrottable décrocheur de lune qu’il fut, ou plutôt qu’il est tant il est toujours présent, PAG va comme un cabri, saute le calendrier d’un jour à l’autre, d’un saint Robert à une sainte Marguerite en passant par une FêtNat, s’entiche d’un rien, se raille de tout, la vie, la mort, l’abandon. Il apostrophe l’écriture, cette vacharde (« Le temps qu’il faut pour faire une phrase ! »), s’attendrit sur des cailles rôties, les jambes des femmes, un pot de

rouge, la promesse d’un printemps. Le grand paresseux devant l’éternité (qu’il juge inutile) se plaît à ne rien faire, lui seul sait contempler les heures passer « à reculons ». Le passionne « simplement, comme ça » le temps qui passe : PAG ambitionne le néant puisqu’il ne fut désiré de personne. Toujours, il se la joue goguenard, use et abuse de l’élégance de la dérision. S’il cède à quelques aveux, ce n’est pas pour rigoler : « J’écris comme je peux ; je vis comme si je pouvais. » Le Lyonnais chaloupe et nous fait chavirer d’un bord à l’autre de sa
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