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Citations de Pierre Desproges (965)


Depuis pas loin d'un siècle qu'une baderne autrichienne obsédée s'est mise en tête qu'œdipe voulait sauter sa mère, la psychanalyse a connu sous nos climats le même engouement que les bains de mer ou le pari mutuel urbain.

On a beau savoir pertinemment que la méthode d'investigation psychomerdique élucubrée par le pauvre Sigmund n'est pas plus une science exacte que la méthode du professeur Comédon pour perdre trente kilos par semaine tout en mangeant du cassoulet, ça ne fait rien, la psychanalyse, c'est comme la gauche ou la jupe à mi-cuisse, c'est ce qui se fait maintenant chez les gens de goût.

Ce scepticisme à l'égard de la psychanalyse, mais aussi de la psychologie et de la psychiatrie qui s'y réfèrent de plus en plus, me vient, selon mes docteurs, des données de base primaires d'un caractère brutal et non émotif qui me pousse à manger le pilon du poulet avec les doigts ou à chanter l'ouverture de Tannhâuser dans les moments orgasmiques.

Voici une histoire vécue, où le prestige des psy en prend plein le subconscient. Ma copine Betty Sartou, mère de famille à ses moments pas perdus pour tout le monde, a connu le malheur d'accoucher d'une espèce de surdoué qui s'appelle Grégoire, comme les moins cons des papes, mais c'est une coïncidence. A cinq ans et demi, ce monstre donnait des signes alarmants d'anormalité. Notamment, il préférait Haendel à Chantal Goya, il émettait des réserves sur la politique extérieure du Guatemala et, surtout, il savait lire malgré les techniques de pointe en vigueur à l'Éducation nationale.

Devant ce désastre, la maman et la maîtresse d'école estimèrent d'un commun accord que Grégoire était un mauvais exemple pour ses collègues de la maternelle, et qu'il serait bienséant de le jeter prématurément dans le cours préparatoire. Oui, mais à condition, dit l’Éducation nationale, que Grégoire subisse de la part d'un psychologue, par nous choisi, les tests en vigueur en pareille occasion. Au jour dit, mon amie Betty et son super minus se présentent au cabinet du psy, en l'occurrence une jeunesse binoclée de type « Touche pas à mon diplôme ». On prie la maman de rester dans la salle d'attente. Vingt-cinq minutes plus tard, la psychologue dont le front bouillonnant se barre d'un pli soucieux libère le gamin et accueille la mère.

- Votre fils Grégoire peut sauter une classe. Il en a la maturité. Il a parfaitement réussi les tests de latéralisation (en gros, cela signifie que si on lui présente une cuillère, il aura tendance à l'attraper plutôt avec sa main droite qu'avec son pied gauche). Malheureusement, je ne vous cacherai pas qu'il semble souffrir de troubles affectifs probablement dus à… un mauvais climat familial. Voyez le dessin qu'il vient de réaliser. Je lui avais demandé de dessiner papa et maman. C'est assez clair, non ?

L'enfant avait dessiné un père gigantesque, dont la silhouette occupait toute la hauteur de la page, alors que la mère lui arrivait à peine au plexus.

- Pour moi, c'est clair, soupira la psy. Cet enfant marque une tendance à la sublimation de l'image du père, tendance subconsciemment contrecarrée par une minimisation anormale de l'image et donc du rôle de la mère dans le contexte familial. Je ne vois malheureusement pas d'autre explication.

- Moi, j'en vois une, dit Betty. Mon mari mesure un mètre quatre-vingt-treize et moi un mètre quarante-sept.

68 – [Points Virgule n° V50, p. 85]
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Pierre Desproges
" Mourir n'est pas un problème, c'est à la portée du premier venu. "
Pierre Desproges ; Manuel du savoir-vivre à l'usage des rustres (1981)
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J’en ai vu, dans le show-bizz, ramper de si peu dignes et si peu respectables qu’ils laissent dans leur sillage des rires de complaisance aussi visqueux que les mucosités qu’on impute aux limaces.
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Paisible et les yeux clos, dans la pénombre des persiennes, on aurait dit une baigneuse éternelle étendue sous un soleil noir pour bronzer son fantôme.
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Pierre Desproges
Je vous en prie mes soeurs, mes amies, ma femme, mon amour ... enfilez votre jeans ou restez nue !! Mais ne marchez pas dans la mode ... ça porte malheur !
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Après avoir lu ce livre, mon éditeur, ma sœur et ma femme me demandent pourquoi l’aubergiste Gilberte a la tête enfermée dans un sac en plastique, au moment où son corps pendu est découvert dans le cellier. Je réponds que je n’en sais rien. Peut-être s’agit-il d’un ultime geste de coquetterie assez compréhensible de la part d’une femme qu’on devine accorte mais pudique et qui aurait jugé inconvenant de montrer une langue pendante au premier découvreur de cadavre venu ?
Mais peut-être pas.
C’est un mystère.
Il faut parfois laisser traîner des mystères à la sortie des livres.
Aux derniers chants de l’Odyssée, qui célèbre le retour à Ithaque, l’auteur n’évite-t-il pas, et avec quelle délicatesse, de s’étendre sur la surprise d’Ulysse décelant une odeur d’after-shave au fond du lit conjugal enfin retrouvé ?
Le lecteur aura compris que ce livre, « Des femmes qui tombent », est en réalité un humble mais profond hommage rendu à Homère et à sa cécité.

L’auteur



[ Texte de quatrième de couverture, éditions Seuil 1985 et Point-Virgule 1989, injustement absent des rééditions suivantes... ]

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Au voleur
6 mars 1986
......Je ne parle pas tant des voleurs professionnels, braqueurs de banque, perceurs de coffres, garagistes, épiciers, etc... qui, certes, s'emparent malhonnêtement du bien d'autrui, mais qui le font avec une conscience professionnelle sur laquelle bien des jeunes gens honnêtes seraient bienvenus de prendre exemple.
Non, je veux parler des voleurs amateurs qui volent n'importe quoi, n'importe où, n'importe comment, au petit bonheur des portes ouvertes, et qui repartent sans dire merci, en laissant les traces obscènes de leurs pieds boueux sur les draps brodés de grand-mère qu'ils ont jetés à terre pour y chercher l'improbable magot qui sommeille à la banque.
Rappelle-toi, résidu de gouape, reliquat freluquet de sous-truanderie, rappelle-toi cette nuit de printemps où tu es venu polluer ma maison de ton inopportune et minable équipée. Tristement encagoulé de gris, tu viens dans ma maison, la sueur froide sous le bas noir et la pétoire sous le bras. Infoutu de discerner un vase de Sèvres d'un cadeau Bonux, tu voles au ras des moquettes un vieux sac à main où l'enfant rangeait les billets de Monopoly et ses dents de lait pour la petite souris. Triste rat, tu voles bien bas.
La maison dort, sauf le vieux cocker tordu d'arthrite et à moitié aveugle qui rêvasse au salon sur son pouf. Il se lève doucement pour aller te lécher un peu, avec cette obstinée dévotion pour nous qui n'appartient qu'aux chiens. Alors toi, pauvre con, tu lui vides en plein gueule la moitié de ton chargeur de 11.43.
Et puis tu files éperdument, veule et cupide gangstérillon de gouttière, la trouille au ventre et chiant sous toi, piaillant aux étoiles les salacités vulgaires attrapées au ruisseau. La nuit résonne encore à mes oreilles du cliquetis métallique de ton sac de toile plein de vaisselle. Et moi je reste là, immobile, à te regarder filer. Parce que j'ai peur aussi. J'avoue. Je renâcle à risquer ma vie pour Arcopal et Duralex. Il y a si longtemps maintenant que j'attends mon cancer ; je ne vais quand même pas partir sans lui.
Où es-tu aujourd'hui, grêle terreur des chiens mourants ? Sans doute, courageusement abrité derrière ta quincaillerie militaire, es-tu en train de guetter une petite vieille au coin de sa chambre de bonne, pour lui casser la gueule avant de lui prendre sa carte orange et le cadre en inox avec la photo de ses enfants qui ne viennent plus la voir ?
Je ne te souhaite pas forcément la prison, c'est l'engrais où les âmes pustuleuses et les contaminées s'épanouissent en incurables bubons. Je ne te souhaite pas non plus quelque mort légale qui ferait de toi, infime et dérisoire épouvantail de terrain vague oublié, un héros de chevalerie zonarde pour progressistes illuminés, ou pire encore, une raison de se réjouir pour les nostalgiques des ordres noirs.
En réalité, je ne te souhaite ni ne te veux rien.
Je tiens seulement à ce que tu saches, Al Capone de poubelle, Mandrin de mes couilles à condition qu'on me les coupe, je veux seulement que tu saches que toute la famille se joint à moi pour te prier d'agréer l'expression de mon plus profond mépris.
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NOUVELLES DU FRONT

Mitterand a encore perdu un cheveu .
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"- Bof", répondit Ray Charles, "faut se faire une raison, ma petite dame. Vous savez, on trouve toujours plus malheureux que soi. J'aurai pu être nègre..." (page 120)
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Pierre Desproges
On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde
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Au reste mes idées sont trop originales pour susciter l'adhésion des masses bêlantes ataviquement acquises aux promiscuités transpirantes et braillardes inhérentes à la vulgarité du régime démocratique imposé chez nous depuis deux siècles par la canaille régicide.
Page 14
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Pierre Desproges
« L'éducation (la culture) c'est comme un parachute, quand on n'en a pas, on s'écrase»
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Pierre Desproges
Après avoir sauté sa belle -soeur et le repas de midi,
le Petit Prince reprit enfin ses esprits et une banane .
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Je ne courbe pas l'échine aux abattoirs promis. Quelle que soit la tuile et qu'elle qu'en soit l'ardoise, je dis merde à la brèche qui me veut fissurer.
Ainsi caracolais- je de radioscope ordinaire en médecin communal, par un matin d'automne époustouflant d'insignifiance où m'agaçait un point de côté. Pas plus angoissé que d'habitude, c'est-à-dire inextricablement noué de l'œsophage au côlon par la certitude de mon trépas prochain dans des souffrances torquémadesques, j'ennuyais mes docteurs au récit d'intérêt vicinal de mes chatouilles et gratouilles à la Knock-moi-le-noeud.
Bitenberg et Schwartzenschtroumpf!
C'était pas un point de côté, c'était un cancer de biais.
Y avait à mon insu, sous-jacent à mon flanc, squattérisant mes bronches, comme un crabe affamé qui me broutait le poumon.
Le soir même, chez l'ecailler du coin, j'ai bouffé un tourteau. Ça nous fait un partout.
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Féminin moi-même au point de préférer faire la cuisine plutôt que la guerre, on ne saurait me taxer d'antiféminisme primaire. Je le jure, pour moi, la femme est beaucoup plus qu'un objet sexuel. C'est un être pensant comme Julio Iglesias ou moi, surtout moi.
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Je hais les médecins.
Les médecins sont debout. Les malades sont couchés.
Le médecin debout, du haut de sa superbe, parade tous les jours dans tous les mouroirs à pauvres de l'Assistance Publique, poursuivi par le zèle gluant d'un troupeau de sous-médecins serviles qui lui colle au stéthoscope comme un troupeau de mouches à merde sur une bouse diplômée, et le médecin debout glougloute et fait la roue au pied des lits des pauvres qui sont couchés et qui vont mourir, et le médecin leur jette à la gueule, sans les voir, des mots gréco-latins que les pauvres couchés ne comprennent jamais, et les pauvres couchés n'osent pas demander, pour ne pas déranger le médecin debout qui pue la science et qui cache sa propre peur de la mort en distribuant sans sourciller ses sentences définitives et ses antibiotiques approximatifs, comme un pape au balcon dispersant la parole et le sirop de Dieu sur le monde à ses pieds.
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Pierre Desproges
Un jour j'irai vivre en Théorie, car en Théorie tout se passe bien.
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Pierre Desproges
Vieux parents, vous tous qui déclinez en parasites, accrochés à vos familles, sachez vous éteindre sans bruit, comme un réfrigérateur qui cesse de trembloter quand on le débranche. En toutes circonstances, effacez-vous, gémissez doucement, claudiquez sans à-coups, emmitouflez vos vieux os, gantez vos arthrites métacarpiennes disgracieuses, étouffez vos tristes toux matinales, minimisez vos cancers, c’est une simple question de délicatesse.
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Il en est du romantisme fiévreux comme de la moule pas fraîche : quand on en abuse, ça fait mal au cœur
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On reconnaît le rouquin aux cheveux du père et le requin aux dents de la mère
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