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Critiques de Pierre Raufast (560)
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La fractale des raviolis



C’est un roman qui sort du lot de par son inventivité car c’est un livre gigogne où vous découvrirez :



Le mari infidèle et le plat de raviolis.



Ce qu’est le syndrôme Sheridan.



Qui a dit cette phrase et pourquoi : “Toi, petit, si tu flirtes trop avec la vérité, attends-toi à devenir fou.” 



L’arnaqueur, détrousseur de 5 veuves qui invente des histoires à la gloire des défunts maris.



Et qui est ce Jean-Baptiste Nuiratte de Martigues, né le 8 juillet 1699, immunisé contre la peste et qui conserve des restes contaminés de cette maladie dans des bocaux, qui change de nom, et profite de sa nouvelle fortune…



Vous imaginerez les vierges de barhofk qui ne peuvent être prisent en photo.



Vous serez au cœur d’une quête d’un rubis familial.



Quelles sont les cinquante façons astucieuses de tuer une sauterelle ?



Les rats-taupes et leur résistance légendaire n’auront plus de secret pour vous et vous connaîtrez le destin du plat de raviolis qui fait partie du Grand Tout, lors de l’ultime chapitre.



Quel est le lien entre toutes ces petites histoires, qui commencent là où la précédente s’est terminée ? Des histoires qui ne vont jamais s’achever comme prévues et qui sont la suite d’un engrenage mis en place il y a un certain temps déjà…



J’ai trouvé ce livre plaisant à lire, les chapitres sont courts et se lisent donc rapidement, certaines histoires sont vraiment bien trouvées comme Le génie de Franck Vermüller, le don de Paul Sheridan, l’arnaqueur des cimetières…



J’ai lu La baleine thébaïde du même auteur, juste après celui-ci et je n'ai pas été déçue !

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Les Embrouillaminis

Avec Les Embrouillaminis, Pierre Raufast signe son sixième roman, celui-ci Aux Forges de Vulcain en 2021, et renouvelle le « roman dont vous êtes le héros ».



Autobiographie confuse

Lorenzo est un jeune homme sympathique, mais un peu désemparé. Ses souvenirs sont confus et chaque choix est un dilemme qui s’impose à lui, menant parfois à des imbroglios étranges. Pleuvait-il ce jour-là ou faisait-il beau temps ? Était-il fan de sciences ou d’économie au lycée ? A-t-il quitté sa première petite amie ou ont-ils coulé des jours heureux toute leur vie ? Autant de choix qui lui sont offerts ou imposés et qui mettent l’intellect de Lorenzo à rude épreuve : de la fameuse vallée de Chantebrie à Verdun, en passant par le Mexique ou la cathédrale de Chartres, le narrateur-héros enchaîne moments épiques et cruels retournements de situation. Toute la question en suspens est de savoir s’il est vraiment le héros de sa vie ou bien s’il a complètement raté ses vocations et l’amour de son existence.



Livre-jeu interactif

Pierre Raufast a l’idée à la fois lumineuse et nostalgique de miser sur le concept du livre interactif en utilisant la forme du « roman dont vous êtes le héros », comme ces collections dédiées il y a une trentaine d’années. D’une certaine façon, c’est une nouvelle manière d’enchâsser différents récits comme dans La Fractale des raviolis. Le déroulement de l’histoire de Lorenzo dépend ainsi de quelques choix du lecteur, pouvant se rendre à tel ou tel chapitre (il est alors déconseillé de lire le roman de façon linéaire, au pire vous pourrez à la toute fin retrouver les chapitres qui n’auront pas été lus cette fois-là…). La quatrième de couverture s’amuse du fait que l’auteur ne savait pas ou ne voulait pas choisir la destinée de ses personnages, mais de fait il nous en propose plusieurs. Le jeu réside évidemment dans les allers-retours que le lecteur peut faire au sein de la vie de Lorenzo, mais aussi et surtout dans les allusions et les croisements entre différents réalités parallèles. L’auteur en profite aussi pour multiplier les clins d’œil à ses cinq autres ouvrages, comme s’il rédigeait là le méta-roman qui les reliait tous ; au besoin, il utilise quelques chapitres « sans porte d’accès » pour prendre du recul sur son écriture, brisant ainsi le quatrième mur.



Simplicité et authenticité

Dans le cas de Pierre Raufast, on comprend ce que certains éditeurs appellent, en désignant des auteurs particuliers, « une voix », puisque lire un de ces romans se reconnaît assez vite. Depuis La Fractale des raviolis en 2014 chez Alma Éditeur, Pierre Raufast a multiplié les récits « gigognes », tant dans La Variante chilienne (Alma Éditeur, 2015), que dans La Baleine thébaïde (Alma Éditeur, 2017), dans Habemus piratam (Alma Éditeur, 2018) et Le Cerbère blanc (Stock, 2020). Cette manière de construire ses récits lui permet de placer quantité de micro-intrigues reliées les unes aux autres parfois par des fils assez minces. C’est l’occasion de partager une partie de sa vaste culture, notamment en matière de poésie, de peinture ou de géographie intime. Comme à chaque fois, l’ensemble se lit de façon simple et fluide, avec le plaisir de découvrir la vie riche en rebondissements d’un personnage attachant.



Lu d’une traite, Les Embrouillaminis est un roman frais et convaincant : même s’il tourne plusieurs fois à l’autoréférencement, Pierre Raufast reste encore et toujours un très bon conteur.



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Le cerbère blanc

A chaque ouverture d'un livre de Pierre Raufast, c'est l'inconnu. On a beau reconnaitre la vallée de Chantebrie qui sert de cadre à ses intrigues, pour le reste, bien malin celui qui pourrait dire ce qu'il va y trouver. C'est bien non ? Ma première surprise fut de lire cette fois un vrai roman. Non pas une enfilade d'histoires, certes reliées et orchestrées comme dans La fractale des raviolis ou même Habemus Piratam mais une véritable intrigue, qui ne renie pas le goût de l'auteur pour les mécanos tout en l'absorbant dans une dimension nouvelle, carrément Olympique. Les mythes sont convoqués (ne comptez pas sur moi pour les sous-textes et les explications, où serait le plaisir de la découverte ?), Dieux et héros jouent les guest stars de luxe pour mieux interroger le sens de la vie, par-delà la mort.



"Les hommes pensent berner les dieux, mais ne parviennent qu'à tromper le regard d'amis complaisants"



Ça commence comme une belle histoire. Deux familles amies dans la douce vallée, deux enfants nés à quelques heures d'intervalle qui grandissent ensemble, se sentant d'abord comme frère et sœur puis un peu plus et beaucoup plus à l'aube de l'âge adulte. Ensemble, Amandine et Mathieu font face au drame lorsque le jeune garçon perd ses parents dans un terrible accident qui sera à l'origine de sa vocation : devenir médecin et repousser les limites de la mort. Pour cela, il devra quitter la vallée, s'éloigner d'Amandine qui n'envisage pas une vie ailleurs. Ce sera son premier acte de lâcheté... Pourtant, les destins de Mathieu et d'Amandine sont liés depuis leurs premiers jours et ceux qui en tirent les ficelles ont la réputation d'être joueurs. Au moins autant que l'auteur.



Beaucoup de thèmes sont abordés par Pierre Raufast. A commencer par celui de la course à l'éternelle jeunesse, cette volonté de nier la mort en gommant les signes de vieillesse et de décrépitude. En poussant le curseur à l'extrême, la vanité, le culte de l'égo apparaissent dans tout leur splendide ridicule, surtout lorsque la si belle enveloppe charnelle sonne terriblement creux. Mais il est d'abord question des choix que nous faisons, des chemins que nous empruntons, des fidélités que nous trahissons ; parce que tout est fiction, parce que "les mythes sont dans toute chose, à nous de les découvrir", parce que le romancier est aussi puissant que Zeus, ses héros peuvent avoir une deuxième chance. Qu'en sera-t-il de nous ? Peu importe, tant que Pierre Raufast continue à nous raconter des histoires et à y semer des clins d’œil réservés aux fins observateurs, comme autant de petits cailloux littéraires et amicaux.



"Du haut de l'Olympe, Phoebus considéra Mathieu et murmura dans la langue des immortels sors tua mortalis, non est mortale, quod optas, "Ton sort est celui d'un mortel, mais ton désir est immortel". Alors le monde divin s'arrêta et contempla cette créature insignifiante qui accomplissait son odyssée. Tantale ne chercha plus à saisir l'eau qui lui échappait ; la roue d'Ixion s'arrêta ; les vautours ne déchirèrent plus le foie, les Danaïdes laissèrent leurs urnes et Sisyphe s'assit sur son rocher. Les dieux se penchèrent sur Mathieu et, l'espace de deux résurrections, ils retinrent leur souffle divin. L'épopée des héros avait-elle trouvé son héritier ?"
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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La variante chilienne

Un livre du hasard, je ne connaissais pas l’auteur donc je n’ai pas lu forcément son premier roman qui semble avoir remporté un vif succès dans la blogsphère livresque.



Si je devais qualifier ce roman je dirais qu’il est original. J’ai beaucoup aimé Florin et ses petits bocaux de cailloux. C’est un personnage atypique qui a vécu si on veut résumer.

Le cadre est agréable aussi, on sent en vacances parmi eux, ça fait du bien au cœur de l’hiver et toute cette pluie, de se propulser au cœur de l’été. Pascal est plus taciturne, presque transparent, et la gamine sans trop d’éclats non plus, mais Florin va les éclabousser, les réveiller par tous ses histoires incroyables. Une belle amitié va se nouer entre les trois personnages. C’est un très beau partage de temps des vacances, tant et si bien que la gamine va adopter Florin, il va l’aider à se dépatouiller de ses embrouilles, et Pascal va lui éclairer le chemin qui la mènera vers son père.



C’est très beau, simple mais efficace, une lecture qui fait du bien et nous fait sourire.

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Habemus piratam

Avec Habemus piratam, je découvre Pierre Raufast, auteur français de 48 ans (né en 1973 à Marseille). Ce roman est son quatrième et, autant le dire tout de suite, je vais aller lire les précédents (La Fractale des raviolis, La Variante chilienne et La Baleine thébaïde) ; même si, paraît-il, les thèmes sont différents.



Dans Habemus piratam, nous sommes placés derrière l'épaule de l'abbé Francis, curé d'un petit village de la vallée de Chantebrie depuis deux ans. Il s'ennuie ferme, ce curé, à n'entendre, en confession, que des péchés mineurs. Comme la dissimulation de la lettre W au Scrabble ! Pas enthousiasmant, tout cela. Heureusement pour lui arrive un hacker. Un vrai. Empli de suffisance, mais aussi d'humour. Et qui, telle Shéhérazade, va le tenir éveillé de vendredi en vendredi (jour de confession), avec ses exploits passés, comme autant des dix commandements brisés.



Pierre Raufast compose son roman comme les contes des Mille et une nuits : une trame principale qui relie les nombreux petits récits. Chacun est indépendant, en général, mais relié par un point commun à l'histoire principale. Parfois proche (le hacker en est le personnage principal), parfois éloigné (il s'agit d'une histoire qu'il a entendu). Dans l'ensemble, pas de déception ou de temps mort : les nouvelles se lisent sans coup férir, avec délectation ou, au moins, un sourire amusé aux lèvres.

Car l'auteur adopte sans cesse ce ton détaché qui fait passer les morts les plus atroces avec facilité. Comme un bon vin permet d'avaler sans sourciller le plat le plus insipide. Et, même si les cadavres ne courent pas les rues, les morts s'accumulent tranquillement. Sans gêner la digestion, tant l'ambiance générale est à la désinvolture.



Pierre Raufast parle, dans ce roman, de ce qui lui touche à coeur : l'informatique. Cela se ressent bien quand il évoque la légèreté avec laquelle la plupart d'entre nous ne prenons pas conscience de la vulnérabilité de notre système informatique. Nos ordinateurs sont des portes ouvertes pour tout bon hacker. Et cela amène parfois des conséquences fâcheuses.

Mais ce propos est juste une toile de fond. le principal de cette histoire, c'est ce jeu du chat et de la souris que mène le hacker et ceux qui le poursuivent. Avec habileté, Pierre Raufast nous surprend jusqu'au bout, de ficelles un peu trop grosses à des fils bien plus fins et très efficaces.



Habemus piratam est un ouvrage hautement recommandable et qui m'a fait passer de bons moments. J'attaquerai très prochainement La fractale des raviolis pour voir si je ressens le même entrain.
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La fractale des raviolis

J'ai lu "La fractale des raviolis" sans rien en savoir. Pris dans une boite à livres pour le titre.

J'ai beaucoup aimé ! Je me suis amusée. C'est drôlement bien foutu. Et, un peu naïvement, c'est vrai, je n'ai pas vu arriver la fin. Ah le con ! Il m'a eue ! 😉

Livre à lire un jour de grisaille... Petit remède pour moral en berne 😊
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La baleine thébaïde

Frais émoulu d'une école de commerce, Richeville souhaite oeuvrer pour le bien commun : il s'engage pour la cause animale. La baleine bleue est emblématique puisque la raréfaction de ce grand mammifère résulte de l'action de l'Homme (chasse, pêche, dégradation de l'environnement).

Ce jeune homme naïf se trouve embarqué malgré lui dans des aventures qui le dépassent. Engagé sur un baleinier dans le cadre d'une recherche scientifique, c'est en effet dans un monde de requins qu'il plonge.



Sur un ton léger, ce roman aborde de nombreux sujets : bizutage dans les grandes écoles, diktats de l'apparence, rôle des technologies dans notre vie et leurs conséquences néfastes (génétique, intelligence artificielle...).



L'auteur porte un regard ironique sur le monde contemporain et l'humanité.

Bien que le terme de suspense ne soit pas vraiment approprié, l'intrigue nous surprend en permanence.

La construction de l'histoire et l'humour de l'auteur, mis en valeur par un style limpide et agréable, donnent envie de poursuivre ce roman, qui pourrait encore s'étoffer de centaines de pages du même style sans que je me lasse...



De Pierre Raufast j'avais encore plus apprécié 'La fractale des raviolis', et 'La variante chilienne'.
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La fractale des raviolis

Jubilatoire ! C’est le mot qui convient à ce livre. Il est plein de fantaisie. Comme je l’ai déjà dit pour « la variante Chilienne », Pierre Raufast est un conteur né. Je me demande où il va chercher ses histoires. Il a une imagination débordante.



La fractale des raviolis ne peut être résumé. Il suffit de se laisser porter par les histoires que Pierre Raufast nous raconte. C’est un livre à tiroir. Et j’ai beaucoup aimé la façon dont il réussit à lier toutes les intrigues entre elles.



A la fin du livre, il fait un autoportrait. Ce que je retiendrai :

« Un jour, j’ai eu envie de raconter des histoires pour adultes.

J’ai rassemblé des anecdotes consignées dans mon carnet de poche : le fléau des rat-taupiers en Auvergne ; l’origine de la Lune ; le drame de la peste à Marseille en 1720, etc.

Ainsi est né ce roman : d’une combinaison de petites histoires, du plaisir d’écrire et d’un goût prononcé pour l’observation du monde.

J’ai retrouvé en rédigeant ce livre le plaisir de raconter mes petites histoires, assis sur un lit, en face de deux paires d’yeux qui brillent dès la première phrase : « il était une fois… »



Encore bravo à vous Monsieur Raufast, vous avez réussi à nous faire rêver.

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Habemus piratam

Le père Francis, curé d'un petit village perdu, s'ennuie un peu en écoutant les confessions de ses paroissiens et surtout paroissiennes, de vieilles dames dont les pires turpitudes sont les tricheries quotidiennes au Scrabble. Alors quand un pirate informatique de haut vol débarque de nulle part pour lui raconter ses péchés en égrenant les 10 commandements (qu'il a bien sûr tous enfreints scrupuleusement), c'est peu de dire que le bon curé se prend au jeu et attend avec grande impatience l'heure de la confession quotidienne de ce mystérieux visiteur. Mais quand la vengeance s'en mêle et qu'une mystérieuse histoire de culotte égarée resurgit du passé, la vie du village risque fort d'en être bouleversée !



Avec Habemus piratam (titre ô combien bien trouvé qui m'a donné envie de dévorer ce roman avant même de l'ouvrir), Pierre Raufast s'amuse et nous amuse en nous contant une histoire qui semble n'avoir ni queue ni tête et où pourtant chaque élément, même les plus improbables, va finir par s'emboîter parfaitement pour le plus grand bonheur du lecteur. L'histoire commence de manière gentillette, nous offrant un ou deux sourires en découvrant les petites histoires des mamies voisines et néanmoins amies qui s'accusent mutuellement de tricherie et autres querelles sans importance. Elle monte en puissance avec les confessions du mystérieux pirate : racontées comme de petite saynètes indépendantes, chaque chapitre nous conte comment celui-ci a enfreint un des dix commandements tout en réalisant un exploit où l'informatique permet les pires coups fourrés et où le plus astucieux gagne systématiquement comme dans ces romans qu'on adorait lire enfant.



Oui, sauf qu'ici c'est la vraie vie : Pierre Raufast sait de quoi il parle et chacun de ces petits récits illustre une situation qui pourrait être véridique et où l'on découvre les multiples failles de ces objets connectés, de ces ordinateurs omniprésents, de ces systèmes de sécurité électroniques qui nous entourent. C'est agréable à lire, avec le bon niveau d'information, suffisamment détaillé pour qu'on comprenne de quoi il s'agit sans entrer trop dans les détails techniques qui pourraient rebuter ceux qui ne s'intéressent pas du tout au domaine. On découvre ainsi des histoires toutes plus rocambolesques les unes que les autres, une ville plongée dans la nuit noire (et les conséquences funestes de la panne que le pirate n'avait pas anticipées), le vrai faux vol de la Joconde ou comment tous les systèmes de sécurité du Louvres n'empêchent pas un cambrioleur déterminé d'agir et même la manière d'accéder quand même à un système informatique quand son propriétaire est au fait des règles de sécurité en vigueur et à tout fait pour se protéger (tout...sauf le côté humain qui sera toujours la faille imparable). Jusqu'ici, pour moi qui connaît un peu le domaine, j'étais restée un peu sur ma faim, trouvant ce livre sympa sans plus, intéressant dans ce qu'il nous met en garde contre les dangers d'un monde numérique omniprésent mais sans rien de vraiment révolutionnaire.



Mais vers la fin du roman, tout s'accélère et c'est là que j'ai trouvé que Pierre Raufast faisait preuve d'un vrai talent : loin de la conclusion que j'avais anticipée et vue venir depuis le début et qui n'était qu'un leurre, l'auteur enchaîne fausses pistes, retournements de situation jubilatoires et autres surprises, ajoute quelques pointes d'humour bien senties et réussit même à intégrer nos mamies infatigables scrabbleuses du début à son histoire ! Habemus piratam réussit alors une parfaite mise en abyme, après l'arroseur arrosé voici le pirate piraté et le lecteur bien content de s'être fait avoir et encore stupéfait par la maîtrise assumée de l'auteur. Une belle découverte et un vrai plaisir de lecture qui me donne envie de découvrir illico les autres titres de l'auteur (et d'éteindre immédiatement cet ordinateur maudit qui me trahira un jour... mais que ferais-je sans Babelio !).
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La baleine thébaïde



“Certaines choses racontées dans ce roman sont vraies.”



Tout commence un 26 août , dans une splendide villa de Santa Barbara quand Eva S., une diva hollywoodienne et le sénateur républicain Saul B. ont une relation sexuelle dans la piscine.



Richeville, le narrateur, fut alors dévasté par cette nouvelle, relayée par les médias. Totalement dévasté le pauvre Richeville, alors que les deux protagonistes aimant l’eau lui étaient totalement inconnus et que cela c’était passé tout de même assez loin de chez lui, à 10 000 kilomètres.



C’est après cet événement qu’il dû renoncer à sa start-up, retourner vivre ruiné chez sa grand-mère.



Et Pierre Raufast déroule son histoire avec finesse, avec son ton entremêlé d'humour et de tendresse pour son anti-héros. Les scènes, les rencontres, les concours de circonstances, les valeurs de Richeville qui le conduiront à la fameuse fin, l'une des nombreuses clôtures imaginées qu'il nous confie pendant le dernier chapitre appelé Lignes de suite.



Ce texte est très documenté, beaucoup de faits scientifiques sont évoqués. J'ai trouvé des références à la fractale des raviolis que j'ai lu récemment. Les dérives des nouvelles technologies et de la recherche scientifique sont beaucoup exploitées dans ce roman.



J'ai apprécié cette lecture et je ne vais pas m'arrêter là dans ma découverte de Pierre Raufast, je lirai prochainement : Les embrouillaminis, Habemus piratam, et la variante chilienne.



“Si le nez de cléopâtre avait été plus court, nous vivrions certainement dans un monde meilleur;”



“(...) j’ai autant de fibre commerciale, qu’une sardine à la passion de l’alpinisme.”



"Il faut toujours laisser planer le doute pour se ménager des portes de sortie et se défausser d'une quelconque responsabilité. "

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La fractale des raviolis

La fractale des raviolis.

Racine carré de Buitoni, dans mon pieu y’a une cannée au lit.

J’sors tellement peu que j’suis monté sur spaghettis.



Ça, c’est fait. Tentative de haïku pitoyable du matin, je ne retenterai pas, promis.



Je découvre le roman gigogne, c’est un peu moins chiant que le roman cigogne car ça ne dépose pas de moufflet dans la baraque.

Grosse originalité du titre aux lignes de fin du bouquin, cette lecture est d’une fraicheur inespérée en ces temps de confinement qui sentent le renfermé.

Expérience vive, créative, colorée je suis allé de surprise en admiration devant l’immense imagination de l’auteur et de sa capacité à imbriquer les récits entre-eux pour un final météoritique. Son talent de conteur est indéniable et l’originalité de ses personnages et des situations dans lesquelles il les place est franchement un régal de lecture.



Une lecture improbable avec l’intensité et la vivacité d’une étincelle dans la nuit

J’finirais juste en disant que les raviolis c’est franchement surcoté, les ravioles c’est pour les vrais.

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Le cerbère blanc

Le cerbère blanc, une tête qui observe, une tête qui écoute, une tête qui parle.



Pierre Raufast sait raconter les histoires. Je l'ai certainement déjà écrit au sujet de ses précédents romans (tous lus), alors je me répète, mais j'aime les histoires contées par Pierre Raufast.

Originales, aux petites touches cocasses, surprenantes, captivantes, elles m'embarquent à chaque fois, et Le cerbère blanc n'a pas dérogé à la règle !

Un roman à deux voix. Prennent tour à tour la parole, Amandine et Mathieu, deux êtres fusionnels depuis la naissance jusqu'à leur adolescence. Une idylle que l'ambition, la veulerie, l'orgueil interrompront brutalement...

Deux tableaux faits de sombres réalités, d'aventures, de vengeances, de culpabilités, de solitude, de remords, de regrets, de haine, de mélancolie, deux tableaux reliés par les douces étreintes de l'amour. Deux personnages bouleversants, tiraillés par la vie et percés jusqu'au plus profond de leur âme.

Même si les digressions, marque de fabrique de Pierre Raufast, sont absentes ici, et que les petites touches rappelant ses précédents opus sont moins diffuses, le charme a opéré.



Une écriture toujours aussi vive, intelligente, une intrigue bien ficelée et d'une efficacité redoutable !

Adopté et recommandé !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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La fractale des raviolis

Dans sa cuisine, une épouse délaissée s'apprête à assassiner son mari trop volage. L'arme du crime est un plat de raviolis agrémenté de poison. Le moment venu, un imprévu vient perturber ce stratagème.

La femme trahie parviendra-t-elle à ses fins ? Ne risque-t-elle pas de faire des victimes collatérales ? Sa réussite et son impunité semblent d'autant moins probables qu'au moment crucial, elle se remémore une histoire passée qui nous emmène bien loin de sa cuisine…



A travers les pensées de la meurtrière en herbe(s), le romancier nous fait voyager dans le temps et dans l'espace, et croiser des destins hors normes. Malgré un fil conducteur dans la narration, le récit part sur des pistes inattendues et originales, à tel point que chaque chapitre pourrait se lire comme une courte nouvelle. Cette construction est amusante et la variété des récits est telle que l'on ne s'ennuie jamais.



Ce roman original est le fruit d'une imagination débordante, et j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire, malgré une fin à la fois improbable et facile (ce qui importe d'ailleurs peu ici). Je poursuivrai donc la découverte de cet auteur avec curiosité.
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La variante chilienne

La Fractale des raviolis m’avait faire rire, m’avait surpris, m’avait séduit ; au point que je l’ai conseillé à un nombre incroyable de personnes par la suite. C’est dire donc que j’attendais ce second roman avec impatience, c’est dire donc que j’ai reçu ce roman avec plaisir dans ma boîte aux lettres !



La Variante Chilienne est tiré d’un jeu, le capateros, dont on peut jouer selon différentes versions. La chilienne favorise les grands écarts entre les joueurs.



Dans l’imagination de Pierre Raufast cela donne trois personnages savoureux, qui évoluent dans une bicoque en pleine cambrousse : Margaux la jeune fille fragile mais déterminée ; Pascal le mentor bienveillant (mais qui ne supporte pas trois bouteilles de vin d’affilée, le faible ! J) ; Florin l’homme dépourvu d’émotions et donc de souvenirs (« les souvenirs se nourrissent de nos émotions ») qui les stockent dans des cailloux qu’il est le seul à reconnaître (une bien belle trouvaille !).



Trois personnages qui devaient se rencontrer pour se détruire et se reconstruire ensemble. Trois personnages qui sont le prétexte pour l’auteur de raconter ses succulentes histoires, à partir de simples petits cailloux … De caillou en caillou on en apprend plus sur chacun, on les voit évoluer et se changer.



Lu en peu de temps comme le premier, j’avoue que je suis un peu déçue : vous allez me dire que j’attendais trop de ce roman, et que ça m’a gâché la lecture. Peut-être un peu, mais pas que … c’est que je pensais y retrouver la magie de La Fractale, à la fois par sa structure que par ses histoires. Dans La Variante, j’ai retrouvé le génie de Pierre Raufast pour raconter des histoires, les plus abracadabrantes possibles mais terriblement croustillantes. Cependant, nulle trace d’une structure comparable à celle de La Fractale, qui rendait ces histoires beaucoup plus riches et le tout plus original.



Mais attention ! je ne dis pas que ce livre est mauvais, c’est juste que La Fractale était excellent et que le lecteur est un animal exigeant … J Mais Monsieur Raufast, sans rancune, j’attendrais tout de même vos prochains avec autant d’impatience !



(et pour le coup je conseillerai aux non-initiés de commencer par celui-ci pour découvrir cet auteur)
Lien : http://missbouquinaix.com/20..
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La variante chilienne

Voici un livre que je n’aurais jamais emprunté si on ne m’en avait pas parlé : le résumé n’était pas très attractif et la couverture dénuée d’illustration ne me tentait pas… Et pourtant, une fois qu’on lit les premières lignes, on est directement happé par cette histoire atypique. Dans ce huis clos, on va apprendre à connaître Margaux, Pascal et Florin. Ces trois personnages sont tous touchants à leur manière. Margaux est une adolescente douée pour l’écriture, en particulier la poésie. Elle a subi deux traumatismes et cherche à se changer les idées… Pascal est l’un de ses professeurs. Celui-ci l’a emmenée sans prévenir sa famille… Son passé m’a grandement touchée et dégoûtée. Même s’il n’est pas responsable de ce que ses parents ont fait, il m’a émue… Mais celui qui m’a le plus marquée, c’est bien Florin, un homme dont les souvenirs sont conservés dans des pierres. En effet, afin de ne pas perdre la mémoire, Florin prend toujours un caillou afin de mémoriser l’instant et de ne pas oublier. Ses souvenirs, il les a gardés dans des bocaux étiquetés par année. Alors, quand il fait la rencontre des deux voyageurs, il leur raconte… Et on s’y croit ! Au fil des histoires, je m’imaginais avec un eux, un verre de rouge à la main, à observer et à écouter…



Que ce soient ceux de Florin ou des deux autres personnages, plusieurs récits m’ont beaucoup plu. J’ai particulièrement aimé le coup de la piscine/potager (mon histoire favorite), celle de Jeanne d’Arc, celle du diamant qui fond et celle des fossoyeurs. Ces textes m’ont étonnée, rebutée, fait frémir et sourire ! Les protagonistes ont vécu des choses terribles… Un petit panel d’émotions m’a assaillie. Pourtant, ce n’est pas un livre où il y a de l’action ! Ce ne sont que des histoires ou des anecdotes : celles des protagonistes ou de leur entourage. Il n’y a pas de suspense ou de magie… Et avec ça, Pierre Raufast réussit à nous captiver. Chapeau… Je ne m’y attendais pas du tout ! On sent que l’auteur est un amoureux des livres, de la poésie et de la vie. On a là un beau récit surprenant, drôle, insolite, sombre et délicat !


Lien : https://lespagesquitournent...
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La Trilogie baryonique, tome 1 : La Tragédie ..

Nous sommes en 2173 dans un Orca, un vaisseau spatial destiné à miner l’espace-temps, à la recherche de l’antimatière. En effet depuis 50 ans, l’Agence dédiée à cette recherche envoie des mineurs afin de trouver cette perle rare qui permettrait une autonomie énergétique aux terriens. Il faut préciser que la Terre a beaucoup souffert du dérèglement climatique : certaines zones sont devenues inhabitables, entrainant de grandes migrations et quatre milliards de morts.

On rencontre ainsi quatre mineurs : Youri, 59 ans, effectuant son dernier voyage et Tom, 31 ans, dans son premier vol. Dans un autre Orca, on trouve Sara, 48 ans, la commandante aux quatre missions et Slow, toute jeune femme, partie avec sa tortue Caroline.

Sur Terre, attend Mia, la fille de Sara, qui va encore une fois fêter son anniversaire (le 17e) sans sa mère … enfin sans sa 2e mère : Ness, elle, travaille sur Terre. Sa crise d’adolescence, elle la traverse essentiellement avec le soutien de sa Sofia, un robot, et son petit-ami Diego, 21 ans.

Jusqu’à ce que le vaisseau de Sara et Slow ne donne plus de nouvelles et ne rebouche pas le trou noir créé pour circuler d’une strate à une autre …

C’est un univers très riche, superbement détaillé que j’ai découvert. Il s’agit certes de SF, en effet le récit se déroule dans l’espace, mais on retrouve des personnages auxquels il est facile de s’identifier, avec leurs travers, leurs questionnements et leurs doutes. J’ai beaucoup aimé Slow, dont le passé nous révèle encore des surprises.

Le thème des robots est aussi fascinant : robots-confidents, robots-experts, robots destinés à améliorer le rendement de la terre (mini-vers, robots-abeilles ou encore oiseaux-drones tueurs des insectes nuisibles) ou encore nanorobots anti-tumeur cancéreuse.

L’auteur décrit une société assez classique en fait avec toutes les corruptions, manipulations et hypocrisies classiques : les fake news, les conspirationnistes, les crédules, les patriotes, les profiteurs, bref l’humanité 😉

Je suis sortie de ma zone de confort, peu coutumière de la SF hard-science, pour partir dans l’espace et ce fut, malgré les théories physiques mentionnées, tout à fait digeste ! Je repars pour un nouveau voyage avec grand plaisir !

Merci aux éditions Aux forges de Vulcain et à NetGalley !

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La Trilogie baryonique, tome 1 : La Tragédie ..

C’est avec plaisir que je retrouve Pierre Raufast dans un nouveau genre, la Science-Fiction. Pour moi, qui suis fan de SF, cette intrusion est une réussite. Du « space opera », de la science, des voyages interstellaires, des découvertes et des enjeux économiques, environnementaux et stratégiques sous fond de conflits d’intérêts. Malgré ce, Pierre Raufast propose des personnages accessibles, attachants et humains, pas d’incroyables héros, mais des femmes et hommes avec leurs qualités et leurs faiblesses. C’est la force de ses romans et les clins d’œil réguliers aux livres précédents, il est bon de savoir que l’on joue toujours au Capateros dans le futur et surtout à sa variante chilienne.



Comme on peut s’y attendre, une catastrophe climatique a eu lieu et une bonne partie de l’humanité a malheureusement disparue. De grandes migrations s’en sont suivies et en 2173, l’homme parcourt l’univers à la recherche de l’antimatière décrite comme la grande solution pour relancer le progrès scientifique. De petits équipages, les mineurs, forent l’espace à bord de vaisseaux ronds nommés Orcas. Les accidents sont quasi inexistants, pourtant l’orca-7131 commandé par Sara va connaitre une avarie qui entrainera bien des bouleversements.



A la fin de ce tome, tellement de mystérieuses portes se sont ouvertes que l’on a qu’une seule envie c’est de connaître la suite. L’ensemble des personnages principaux offre un panel des forces en présence, les scientifiques, les humanistes, les anti-progressistes, les forces économiques et territoriales ; celles-ci malmènent les sentiments humains et les premières batailles sont livrées. C’est ce combat qui est intéressant, qu’il soit en 2173, en 2023, ou en l’an 1000.



❓Quelle est votre relation avec la SF ?


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La Trilogie baryonique, tome 1 : La Tragédie ..

Espace. 2173. Des vaisseaux spatiaux baptisés « Orca » arpentent l’univers avec à leur bord un équipage réduit de deux personnes. Ce sont des mineurs d’espace-temps, des spécialistes capables de générer des trous de ver et dont la mission est de cartographier l’univers, tenter de déceler une éventuelle forme de vie extraterrestre, mais surtout de mettre la main sur de l’antimatière grâce à laquelle les Experts (les IA présentent à bord des vaisseaux) ne dépendront plus des centres de calcul quantiques terrestres. En gros, l’objectif est de pouvoir construire des ordinateurs quantiques de poche, transportables dans l’espace. Pourquoi faire ? Et bien personne n’a l’air de véritablement le savoir, mais beaucoup sont convaincus qu’il s’agira d’une révolution technologique exceptionnelle pour l’humanité. C’est dans ce contexte que l’on fait la rencontre de deux équipages occupants respectivement les Orca 7131 et 7013. Le premier est dirigé par deux femmes, Sara et Slow, qui, suite à un problème technique imprévu, vont se retrouver piégées et dans l’incapacité de refermer le trou de ver qu’elles ont fait apparaître ce qui, à terme, risque de représenter un risque pour l’humanité. Le second est quant à lui commandé par un vétéran dont c’est la dernière mission et son jeune subordonné à qui l’Agence va demander de tenter de secourir l’Orca égaré. Outre celui des équipages des deux vaisseaux, le lecteur va être amené à suivre le point de vue de plusieurs personnages sur Terre, qu’il s’agisse de membres de l’Agence chargés de prendre des décisions concernant la mission ou de membres de la famille de Sara, la capitaine de l’Orca défaillant. Parmi eux Mia, la fille de Sara, partagée entre la peur de perdre sa mère et le ressentiment qu’elle éprouve envers cette dernière qui préfère manifestement passer l’essentiel de son temps dans l’espace plutôt qu’à ses côtés, mais aussi Ness, la compagne de Sara, ou encore le père de cette dernière.



Le roman alterne régulièrement entre les différents points de vue, ce qui permet de rendre le récit dynamique et de se faire une idée précise de l’évolution de la situation. L’intrigue est plutôt bien ficelée et relancée en permanence par de nouveaux rebondissements qui permettent de maintenir l’intérêt du lecteur en éveil jusqu’à la fin. La conclusion apportée est pour sa part satisfaisante puisqu’elle permet de résoudre la problématique liée à l’arc narratif exposé ici, mais quelques points plus marginaux restent en suspens et seront vraisemblablement éclaircis par Pierre Raufast dans les volumes à venir puisqu’il s’agit là du premier tome d’une trilogie (« La trilogie baryonique »). Une série que je ne continuerais pas, ce premier opus m’ayant laissée un sentiment pour le moins mitigé, et ce en dépit des aspects positifs évoqués plus haut. Parmi les éléments qui m’ont le plus refroidie figure la surabondance dans la narration d’explications scientifiques ou techniques qui ont pour effet d’alourdir le texte, voire de le rendre à certains moments totalement rébarbatifs. Voici, à titre d’exemple, un extrait de dialogues figurant dans le roman : « Les premiers ordinateurs quantiques avaient beaucoup de difficultés à maintenir des états quantiques superposés dans la durée. Il y avait toujours une perturbation qui engendrait une décohérence de la fonction d’onde. Les algorithmes quantiques ne fonctionnent que lorsque les qubits sont dans un état quantique superposés, quand ils ont plusieurs valeurs à la fois. » Et l’interlocuteur de répondre : « Jusque-là, ça va. » Ah ba non, pas pour moi qui ai décroché au bout de la deuxième phrase. Ces explications jargonneuses et alambiquées ont de plus la fâcheuse tendance à ne servir à rien (on comprend très bien de quoi il est question sans avoir à se farcir tout le volet technique) et surtout à être exposées de façon maladroite. Le roman fourmille en effet de dialogues artificiels au cours desquels un personnage fait réviser un autre qui ânonne alors sa leçon sur telle notion de physique ou tel rappel historique. On a vu plus subtil…



Parmi les autres reproches que l’ont peut faire concernant ce premier tome figure le manque de consistance des personnages. Ces derniers sont en effet caractérisés bien trop rapidement et ont tendance à tourner en rond, ressassant encore et encore les mêmes pensées. L’un est tiraillé entre son devoir et la perspective de bénéficier d’une retraite bien méritée, l’autre revendique de jouir de la liberté qui lui est accordée dans l’espace sans guère se soucier de sa famille sur Terre, une autre encore passe son temps à tenter de combler l’absence de sa compagne : autant de personnages qui pourraient être attachants mais qui, pourtant, ne parviennent jamais à toucher le lecteur. Les raisons sont multiples mais tiennent à mon sens surtout à l’absence de surprise : on les cerne tous très vite, et ce dès les premières pages, et notre avis sur chacun d’entre eux ne se verra que confirmé, sans que jamais rien ne vienne nuancer notre première impression ou apporter une petite touche de complexité. Il en résulte une indifférence totale pour le sort des équipages des deux vaisseaux, et ce d’autant plus qu’ils semblent de toute façon accepter leur sort avec philosophie, ce qui ne fait que limiter encore davantage le caractère dramatique de l’histoire. En effet, les membres de l’équipage de l’orca disparu vont faire une découverte totalement improbable qui va les enthousiasmer et leur faire totalement oublier (et nous avec) la précarité de leur situation. L’intrigue utilise pour l’occasion des ficelles assez grosses, ce qui vient freiner encore davantage l’immersion du lecteur. Certes, la découverte réalisée titille la curiosité mais celle-ci était de toute façon tellement attendue qu’on aurait pu espérer là aussi davantage de surprise.



Autre bémol, et non des moindres : le futur qui nous est présenté ici m’a semblé totalement déconnecté des préoccupations de notre société. Le problème causé par le réchauffement climatique est ainsi balayé d’un revers de main dans la mesure où, certes, des milliards d’êtres humains ont péri lors de la « Grande migration » mais, fort heureusement, la science est manifestement parvenue à sauver ceux qui restaient. Circulez, il n’y a rien à voir. Le mode de vie des habitants du XXIIe siècle n’a ainsi pas grand-chose de différent du notre, ce qui paraît aujourd’hui totalement improbable pour beaucoup de monde. La seule véritable différence entre la société actuelle et celle mise en scène ici tient au fait que les individus sont encore plus connectés puisque des robots personnels et personnalisés accompagnent les enfants de la naissance à l’âge adulte. Cette thématique est intéressante et permet à l’auteur de mettre en scène un clivage générationnel entre des plus vieux qui ont grandi sans ces « robots-nounous » et qui considèrent que leurs descendants sont trop choyés, et des jeunes qui s’en remettent aux IA pour la plupart des aspects de leur vie, qu’il s’agisse de lire un livre, de côtoyer telle ou telle personne ou de se spécialiser dans telle ou telle discipline. Le personnage de Diego, le petit-ami de Mia particulièrement méfiant vis-à-vis de ces nouvelles technologies, permet d’ailleurs d’apporter une touche critique intéressante concernant l’absence de libre-arbitre des individus puisque les « Sofias », ces fameux robots, sont programmés pour analyser la personne dont elles ont la charge et lui proposer les activités ou les lectures qui lui correspondent le plus, sans qu’on puisse être certains que, sans son influence, les choix effectués auraient été les mêmes. Le problème, c’est que cette approche critique est presque totalement balayée par la radicalisation du jeune homme qui sombre peu à peu dans le complotisme et perd toute crédibilité aux yeux du lecteur, alors même que certains de ses arguments premiers étaient pertinents.



« La tragédie de l’orque » est le premier tome de « La trilogie baryonique » dans laquelle Pierre Raufast met en scène des mineurs d’espace-temps arpentant l’univers en quête d’antimatière. Quoique bien rythmé et ponctué de nombreux rebondissements, le roman ne parvient pas véritablement à convaincre pour une multitude de raisons, parmi lesquelles une vision du futur uniquement tournée vers la science et ses innovations, mais aussi l’utilisation d’un jargon scientifique et technique rendant la lecture rébarbative.
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Le cerbère blanc

La déception est à la hauteur de mes attentes ! J'avais beaucoup aimé La Fractale des raviolis et la Baleine Thébaïde, j'avais adoré La Variante chilienne, et Habemus piratam figure dans mes réservations à la bibliothèque… Bref, vous m'auriez interrogée avant la lecture du Cerbère blanc, je vous aurais répondu que j'étais une admiratrice inconditionnelle de Pierre Raufast. Je me suis retrouvée ici dans un roman sentimental qui se double à mi-chemin d'une sorte d'égarement dans le paranormal. Et pourquoi pas ? c'est Raufast, on n'en est pas à une surprise près, pourriez-vous m'objecter. Oui, mais le ton, le style, l'humour, où sont-ils ? Les aphorismes remplis de profondeur et d'originalité ont disparu au profit, si j'ose dire, de lieux communs et de cucuteries que je n'aurais pas imaginés une seconde sous la plume de cet auteur. Oh, je lirai le suivant : j'ai trop aimé les précédents pour m'arrêter à ce que je considère comme un ratage. Et puis, comme toujours, ce qui m'a déplu va ravir d'autres lecteurs, et c'est tant mieux !
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La fractale des raviolis

J’étais sorti de la lecture d’Habemus piratam, le quatrième roman de Pierre Raufast, avec la ferme intention de découvrir davantage cet auteur et de vérifier si ses autres œuvres me plaisaient autant. Chronologie oblige (et disponibilité de l’ouvrage à ma médiathèque), je me suis plongé dans le premier opus de Pierre Raufast, La Fractale des raviolis. Et, disons-le tout de suite, je n’ai pas été déçu !



Comme je connaissais déjà le style de cet auteur, je n’ai pas été surpris par la structure en poupées russes de l’ouvrage : on commence avec une histoire, qui en lance une autre, qui en lance une autre. Et ainsi de suite. Jusqu’à ce qu’elle se referment toutes. Cette construction, en fractales donc, est très ingénieuse et, si on lit le livre très vite (cela tombe bien, il se lit très vite, de par son style fluide et agréable, mais aussi de par son intérêt tel que le lâcher avant la fin est difficile), on n’a aucun problème de mémoire (car il en ouvre, des histoires, l’auteur).



Le départ est classique : une femme trompée cherche à se venger. Mais elle veut le faire de manière particulièrement radicale. Un meurtre, tout bonnement ! Le ton est léger, dès les premières lignes. On comprend aussitôt que Pierre Raufast ne va pas hésiter à traiter de thèmes parfois durs (tuer son conjoint, par exemple), mais sans complaisance dans le macabre. Au contraire, il survole cela avec humour et finesse. Et quand la tension est à son comble, avec sadisme, paf, il change d’histoire et nous embarque avec un autre personnage aussi intéressant que le précédent, dont on a envie de connaître le destin (ou, du moins, la résolution de ses mésaventures). Tout cela est contrôlé, géré avec un certain talent. Et la boucle se referme avec habileté dans les dernières pages.



La Fractale des raviolis m’a enchanté pendant quelques heures, a su me faire rêver, me faire rire, me faire voyager dans le temps et dans l’espace. Tout cela en moins de 300 pages. Merci, monsieur Raufast.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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