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EAN : 9782373051063
350 pages
Aux forges de Vulcain (21/05/2021)
3.67/5   87 notes
Résumé :
« Aussi, en ce jour d’avril, quand cette voiture se gara en face du portail, j’étais collé contre la vitre, à observer le destin du monde. Deux personnes en descendirent, les visites commençaient. Cela remonte à loin et quand j’évoque ce passé, une brume enrobe mes souvenirs, l’essentiel est là, mais les détails m’échappent. Je ne me souviens plus du temps qu’il faisait ce matin-là. Je crois me souvenir qu’il faisait beau. »

S’il faisait beau, c’est u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 87 notes
Lorenzo, né d'un père professeur d'histoire-géo et d'une mère madrilène qui enseigne l'espagnol, habite dans un lotissement résidentiel. Alors qu'il a 7 ans, son voisin, un écrivain assez connu dans les années 50, décède. le petit garçon s'imagine déjà qu'une famille avec, pourquoi pas, un enfant de son âge, viendra s'installer tout à côté. Collé à la vitre, le gamin observe la voiture qui se gare juste devant la maison. Deux personnes en descendent... Cela remonte à loin tout ça et Lorenzo ne se rappelle plus s'il faisait beau ou s'il pleuvait ce jour-là...

Mais que ce serait-il passé s'il y avait eu de l'orage ? Car selon la météo, le destin de Lorenzo prend une tournure différente. Et c'est bien là tout le génie de Pierre Raufast qui nous fait croire, évidemment, que nous, lecteurs, sommes maîtres de la vie de Lorenzo. Pour autant, quel que soit notre choix à la fin d'un chapitre, l'auteur, en petit malin, réussit à nous faire lire son roman dans son entièreté, jusqu'à parfois nous faire revenir sur notre décision. Des conditions météo, un oui ou un non, un pile ou face, une interprétation différente de l'expression d'un visage, un jour de la semaine qui diffère, le goût de la confiture.... Autant d'éléments qui, de prime abord, semblent anodins mais qui, pour Lorenzo, détermineront sa vie, aussi bien professionnelle, amicale ou amoureuse. La forme de ce roman ne manque ainsi pas d'originalité et de sophistication, rendant "notre" personnage d'autant plus attachant. Sur le fond, là aussi, l'auteur nous fait vivre des moments inoubliables et inventifs, avec des personnages hauts en couleurs.
Un roman parfaitement maîtrisé et un brin ludique...
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Avec Les Embrouillaminis, Pierre Raufast signe son sixième roman, celui-ci Aux Forges de Vulcain en 2021, et renouvelle le « roman dont vous êtes le héros ».

Autobiographie confuse
Lorenzo est un jeune homme sympathique, mais un peu désemparé. Ses souvenirs sont confus et chaque choix est un dilemme qui s'impose à lui, menant parfois à des imbroglios étranges. Pleuvait-il ce jour-là ou faisait-il beau temps ? Était-il fan de sciences ou d'économie au lycée ? A-t-il quitté sa première petite amie ou ont-ils coulé des jours heureux toute leur vie ? Autant de choix qui lui sont offerts ou imposés et qui mettent l'intellect de Lorenzo à rude épreuve : de la fameuse vallée de Chantebrie à Verdun, en passant par le Mexique ou la cathédrale de Chartres, le narrateur-héros enchaîne moments épiques et cruels retournements de situation. Toute la question en suspens est de savoir s'il est vraiment le héros de sa vie ou bien s'il a complètement raté ses vocations et l'amour de son existence.

Livre-jeu interactif
Pierre Raufast a l'idée à la fois lumineuse et nostalgique de miser sur le concept du livre interactif en utilisant la forme du « roman dont vous êtes le héros », comme ces collections dédiées il y a une trentaine d'années. D'une certaine façon, c'est une nouvelle manière d'enchâsser différents récits comme dans La Fractale des raviolis. le déroulement de l'histoire de Lorenzo dépend ainsi de quelques choix du lecteur, pouvant se rendre à tel ou tel chapitre (il est alors déconseillé de lire le roman de façon linéaire, au pire vous pourrez à la toute fin retrouver les chapitres qui n'auront pas été lus cette fois-là…). La quatrième de couverture s'amuse du fait que l'auteur ne savait pas ou ne voulait pas choisir la destinée de ses personnages, mais de fait il nous en propose plusieurs. le jeu réside évidemment dans les allers-retours que le lecteur peut faire au sein de la vie de Lorenzo, mais aussi et surtout dans les allusions et les croisements entre différents réalités parallèles. L'auteur en profite aussi pour multiplier les clins d'oeil à ses cinq autres ouvrages, comme s'il rédigeait là le méta-roman qui les reliait tous ; au besoin, il utilise quelques chapitres « sans porte d'accès » pour prendre du recul sur son écriture, brisant ainsi le quatrième mur.

Simplicité et authenticité
Dans le cas de Pierre Raufast, on comprend ce que certains éditeurs appellent, en désignant des auteurs particuliers, « une voix », puisque lire un de ces romans se reconnaît assez vite. Depuis La Fractale des raviolis en 2014 chez Alma Éditeur, Pierre Raufast a multiplié les récits « gigognes », tant dans La Variante chilienne (Alma Éditeur, 2015), que dans La Baleine thébaïde (Alma Éditeur, 2017), dans Habemus piratam (Alma Éditeur, 2018) et le Cerbère blanc (Stock, 2020). Cette manière de construire ses récits lui permet de placer quantité de micro-intrigues reliées les unes aux autres parfois par des fils assez minces. C'est l'occasion de partager une partie de sa vaste culture, notamment en matière de poésie, de peinture ou de géographie intime. Comme à chaque fois, l'ensemble se lit de façon simple et fluide, avec le plaisir de découvrir la vie riche en rebondissements d'un personnage attachant.

Lu d'une traite, Les Embrouillaminis est un roman frais et convaincant : même s'il tourne plusieurs fois à l'autoréférencement, Pierre Raufast reste encore et toujours un très bon conteur.

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Je me maudis, que dis-je, je me blâme ! Et pourquoi ? Oui, pourquoi ? Pour avoir douté de vous Monsieur RAUFAST, moi qui suis une adepte de vos romans depuis la première heure ! Si, si j'ai tout lu de Pierre RAUFAST et il le sait !

Sauf que là ! J'ai douté ! et oui douté ! Et pourquoi ? oui, pourquoi ? Déjà la couverture que je ne trouve pas du tout avenante, mais qui suis-je pour critiquer une couverture ? Qui niera ne pas être attiré ou reculer devant une couverture ? Alors, ne venez pas me jeter la 1ère pierre.

Ensuite, j'ai douté ! et oui douté ! Et pourquoi ? Oui, pourquoi ? La 4ème de couverture ne m'attirait pas, au contraire, je n'avais pas envie d'être déçue par l'histoire à tiroir, moi qui aime avoir un début, un milieu et surtout, surtout, une fin.

Avouez, que là, c'était mal parti.

Mais voilà, je ne pouvais décemment pas reculer, moi qui attends toujours avec impatience les nouveaux romans de Pierre RAUFAST, que je déguste à chaque fois, comme une friandise.

A force de me dire « il faut que tu le lises, laisse-toi une chance d'être encore une fois conquise », alors je me suis lancée.

Et bien, je ne le regrette pas une seconde. Atypique, c'est certain. Je retrouve tous les ingrédients des romans de Pierre RAUFAST. Je commence par un tiroir, et ensuite je suis mon instinct, j'ouvre tel ou tel tiroir. Tiens, pourquoi pas celui-ci ? ou plutôt celui-là. Oh et puis non, plutôt cet autre… Quels embrouillaminis ! (Hahahaha).

Vous l'aurez compris, ce roman a plusieurs destins possibles et c'est au lecteur de choisir le sien, à ses risques et périls. Une vie bien rangée (?) ou un destin plus exotique ? Mais que vous choisissiez l'une ou l'autre, vous serez de toute façon surpris, car le train-train quotidien, Pierre RAUFAST ne connait pas ! Il y a toujours une petite pierre qui vient déranger et modifier l'édifice et l'ordre établi des choses.

Sans compter que je retrouve l'humour et la folie qui fait le charme de ses romans, et son écriture toujours aussi ciselée et précise.

Merci Pierre, pour ce délicieux, que dis-je ! ces délicieux moments de lecture. Je suis toujours dedans, pour mon plus grand plaisir.

Et ensuite, il faudra que je le relise comme un simple roman, en suivant tout simplement les chapitres, rien que pour voir ce que cela donne. Cela est une autre histoire, et je vous en toucherai deux mots une fois le moment venu.

A tiens, et pourquoi pas ce tiroir-ci ? Quel dilemme ! Bon, je vous laisse...
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Et si... Deux petits mots qui ouvrent sur une infinité d'autres possibles... Cela rappelle un diptyque un peu oublié et pourtant remarquable à tous points de vue d'Alain Resnais : "Smoking/No smoking" dans lequel la vie de l'héroïne changeait selon la décision qu'elle prenait au début de chaque film.
Pierre Raufast a lui aussi fait le choix de l'uchronie dans son nouveau roman inspiré de ces livres dont vous êtes le héros populaires à la fin du XXe siècle. Dans un récit à choix multiples il invite le lecteur à se mouvoir à son gré dans un dédale vertigineux de destins possibles pour son héros, Lorenzo. Idée déjà effleurée dans un de ses précédents livres "La Variante chilienne" (jeu encore très présent dans ce nouvel opus) : « Si Margaux avait choisi le bâton de rouge à lèvres, sa mère serait en vie. Si sa mère n'avait pas préparé de la tarte au citron, Margaux n'aurait pas amené Poupouce à table pour lui faire goûter. Si Poupouce n'avait pas été là, son père aurait trouvé un autre exutoire à sa colère. Et si tout ça, sa mère serait en vie.Les si sont des carrefours invisibles dont l'importance se manifeste trop tard. »
Sauf que...
Si ce roman s'ouvre sur l'affirmation de la liberté, il s'avère bien vite que c'est une illusion. La leçon du livre penche plutôt vers le constat pessimiste que tout est écrit et que quoi qu'on fasse on retombe dans le même cercle vicieux d'un destin inéluctable. Comme au monopoly, la case prison par exemple est assez inévitable. En réalité on ne choisit rien. Et l'auteur nous fait bien sentir, comme Diderot dans "Jacques le fataliste", que c'est lui qui mène le jeu. Cela m'a frappé dès le début où à la fin du chapitre 4 je décidai par défi de me reporter au chapitre 54 : là on vous informe que votre choix ne donne lieu à aucun développement narratif intéressant et on vous invite gentiment mais fermement à revoir votre choix. Ce que vous faites car après tout vous avez aussi fait celui d'acheter ce livre pour le lire ! Mais au fond j'aurais pu m'en tenir là, affirmer mon libre arbitre et refuser de me plier à l'injonction péremptoire de l'auteur. Ce premier signe ne fait que se confirmer tout au long du livre. Chaque choix vous ramène à celui que vous n'avez pas élu. Une ruse astucieuse bien sûr pour que vous lisiez l'entièreté du livre mais qui assoit l'auteur sur son trône de dieu manipulateur et vigilant. On ne lui échappe pas et si on le fait on se fait rappeler à l'ordre. Il s'agit donc d'une illustration aux dépens du lecteur de l'illusion de la liberté. Nous ne choisissons jamais, nous ne faisons qu'appliquer des programmes créés par des algorithmes religieux, génétiques, neurologiques, sociaux ou autres... Nous sommes manipulés par des instances supérieurs et invisibles toute-puissantes.
Ce refus de liberté va ici jusqu'au point d'empêcher le lecteur de penser par lui-même. Dès qu'on pense à une référence, un rapprochement, le livre nous la présente. Les "Contes des 1001 Nuits" me viennent à l'esprit et hop ! Shéhérazade apparaît quelques pages plus loin, "L'Homme-dé" et le titre est cité, la figure du labyrinthe et l'un des chapitres clandestins nous en explique le fonctionnement, l'effet papillon et l'aile du papillon volète jusqu'à nous etc. Pense-t-on à Borges et au fameux paradoxe : suis-je A rêvant de B ou ne serait-ce pas plutôt B qui serait en train de rêver de moi ?... et la possibilité nous en est offerte un peu plus loin. Je regrette que l'auteur nous en dise parfois trop et cette dimension didactique étouffe la réflexion. Or si un livre ne fait pas réfléchir, à quoi sert-il ? J'entends parfois des lecteurs dire qu'ils aiment apprendre des choses mais autant ouvrir une encyclopédie ou un dictionnaire dans ce cas. Quand un roman en dit trop, il perd de son pouvoir de mystère et de suggestion. Il enferme au lieu d'ouvrir. Et nous revoici sans doute dans l'idée du labyrinthe-prison à la manière de "Matrix", autre référence citée... La question est : est-ce ce que l'on attend d'un livre ? Ici l'auteur étale trop son savoir, ou il tient trop à nous dévoiler ses trucs.
Autre écueil, c'est l'impression que ce livre, truffé de redites et d'emprunts, au fond ne fait que recracher des idées déjà vues et revues. J'ai vu dans la bourde administrative du chapitre 11 une allusion à une scène de "Brazil" où une faute de frappe conduit à une erreur d'identité funeste. le rendez-vous de Samarkand, page 93, est une vieille légende immémoriale maintes fois reprise. Sans parler des allusions faites par l'auteur à ses propres livres... qui sentent parfois le recyclage pur et simple...
Et qu'en est-il du fond ? Des histoires racontées ? Ce point me semble une autre faiblesse. Comme si au fond la forme avait davantage intéressé l'auteur ?
Eh bien, par la multiplicité des récits possibles, comme le faisait Queneau dans un autre genre avec ses "Cent mille milliards de poèmes", ce roman est un bel hommage aux pouvoirs de la fiction, qui rend possible ce que la réalité n'autorise pas : réécrire sa vie, revenir en arrière, faire un autre choix. Et c'est une multitude de possibilités narratives que nous prenons un certain plaisir à parcourir. La fiction joue à plein son rôle de « réalité augmentée ». le chapitre 54 qui ramène au fond à la vie banale que nous avons peu ou prou, le dit bien : il n'y a rien à dire de la plupart des existences que nous vivons. D'où le rôle de l'art, du romanesque, de l'imaginaire... qui nous ouvre les portes d'autres vies, d'autres expériences.
Néanmoins, si la forme, empruntant à des contraintes qui évoquent les jeux oulipiens, est savamment maîtrisée et force l'admiration du lecteur qui se prend au jeu, le contenu m'a moins convaincue. Les différents destins de Lorenzo ne sont pas vraiment passionnants, quoique j'avoue un faible pour l'intrigue Marie (avec son messager Gabriel, une jolie trouvaille). J'ai trouvé l'épisode mexicain carrément ennuyeux. On a affaire à un récit de formation assez conventionnel. Toutes les intrigues dévident l'idée de prédestination et de choix, le thème de la manipulation. On est loin de l'inventivité d'un Diderot dans "Jacques le Fataliste", d'un Italo Calvino dans "Si par une nuit d'hiver un voyageur"...
Peut-être que toutes ces existences potentielles amènent à s'interroger : devant l'éventail de choix possibles, au fond quelle vie Lorenzo aurait-il lui-même choisie ? Qui sait ! Cela m'a rappelé l'histoire d'Achille, sommé de choisir entre une vie brève et glorieuse ou un existence longue mais obscure. Il opte pour la première bien sûr et devient le héros de l'épopée homérique qu'on connaît mais lorsque Dante le rencontre en enfer, il lui avoue qu'il regrette de ne pas avoir choisi l'autre voie... Comme quoi on regrette toujours ce qu'on n'a pas. L'ironie tragique du récit c'est d'entendre Lorenzo regretter parfois une destinée dont nous, lecteur, connaissons la réalisation malheureuse. Comme Dieu finalement ! L'insatisfaction n'est-elle pas la caractéristique dominante de la nature humaine ?
Pour résumer, un moment plaisant de lecture, pas très neuf, astucieux et assez réussi dans la forme, mais moins dans le contenu.
Et si... on relisait les "Contes des 1001 nuits", "Jacques le Fataliste", Borges, l'époustouflant Italo Calvino, "L'Homme-dé", "Les Fleurs bleues" de Queneau., "Les Armes secrètes" ou "Marelle", roman interactif de Cortazar, auteur mexicain auquel les aventures de Lorenzo au Mexique rendent peut-être un hommage implicite.
Et si... on se livrait au même jeu à notre tour ?
Je me suis moi-même amusée, auteure amatrice aléatoirement publiée à mes heures perdues, à imaginer les « Vies parallèles » d'un même personnage avec une série de contraintes, dont celle de choisir des genres différents selon les versions. Un jeu vertigineux, addictif... et sans fin ! J'en suis à ma 15e vie et à 1000 pages !... Que les éditeurs se rassurent, c'est un plaisir solitaire !
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"Pourquoi ce chemin plutôt que cet autre ? Où mène-t-il pour nous solliciter si fort ?" questionnait le poète René Char en son temps.

Pourquoi, en effet, décide-t-on un beau matin de prendre le prochain métro, de changer de parfum ou de voter Untel ? Autant de chemins, autant de destins. Parfois, des voies sans issue; parfois, la route fleurie qui conduit vers le bonheur. Bien malin qui saurait prédire l'issue de l'histoire.
Et d'ailleurs, savoir comment elle s'achève - même si c'est en happy end - nous priverait de bien des plaisirs, bien des flâneries, bien des détours. Imagine-t-on Ulysse rentrer chez lui sans encombre ? Anna Karénine faire la nouba en se riant des convenances ? Rodrigue et Chimène dansant la gigue sur le cadavre encore tiède de Don Gomès ?
Eh bien .... Yes, we can . Et c'est précisément ce que Pierre Raufast nous propose, à travers l'histoire de Lorenzo. Ou plutôt, LES histoires de Lorenzo. Il suffira que je vous parle des "livres dont vous êtes le héros" pour que vous saisissiez aussitôt: à la fin de chaque chapitre, c'est au lecteur de choisir comment le personnage va se comporter. Quelles études va-t-il suivre, que fera-t-il une fois son diplôme en poche, son amour pour "Princesse" sera-t-il plus fort que son besoin d'évasion ?...
Dans ces conditions, vous comprendrez fort bien que proposer un résumé du livre soit impossible. Impossiblement oulipien. A moins de faire un schéma (ce que l'auteur fait bien mieux que moi, calé qu'il est en maths) .
Et même dans ces conditions, encore faudrait-il rajouter une autre dimension à l'univers de Lorenzo. Car le hasard pousse le héros à rencontrer, au carrefour des possibles, les personnages des autres romans de Pierre Raufast (dont on n'est plus très sûr qu'il existe, d'ailleurs, mais ceci est une autre histoire).

Bref, on se plaît à se perdre dans les méandres de ce livre. Même lorsqu'on s'égare, on est bien accueilli par l'auteur qui nous propose alors une réflexion sur la littérature en général, et la combinatoire en particulier. Oui, on est en bonne compagnie avec Pierre Raufast, qui nous invite à voir plus loin que la page, que la phrase; qui nous convie à être libres, à faire de nos vies des romans fabuleux, à savoir tourner la page, à caviarder les passages mal écrits de nos histoires personnelles, à rajouter des péripéties quand le style de nos existences est trop plat.

Quelque part dans l'immensité des possibles, Italo Calvino et Luke Rhinehart parlent de Pierre Raufast. Et Borges les écoute avec un sourire de vieux matou.



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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
« Le livre dont vous êtes le héros »: c’était très en vogue quand j’étais ado! C’est tentant du coup, de choisir la destinée du héros, dans un roman dit d’adulte. Prendre les rênes de l’intrigue à la fin de chaque chapitre, selon l’humeur du moment, c’est enivrant non?
Et bien raté pour moi, c’est bien dommage. Le concept est en réalité inversé: il s’agit de se mettre dans la peau d’un écrivain. Je n’ai pas réussi à voir en Joseph un personnage incarné, le choix mettait trop de distance entre lui et moi.
Effectivement les effets de manche et portes dérobées sont bien sentis, induisant tour à tour humour, effet de surprise, voyages ou autodérision. Mais ça ne m’a pas suffit pour m’amuser comme je l’imaginais.

Je suis agacée d’avoir été déçue, d’avoir envisagé une réelle aventure, j’en attendais beaucoup trop. Ceci dit j’ai horreur que le récit soit coupé, que la narration change pour choisir une option et feuilleter le livre à chaque chapitre.
Si vous le lisez je lirai volontiers vos impressions.
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Les voyages servent à cela : le but n'est pas de voir de nouvelles contrées, mais bien d'explorer le cœur de nos compagnons de route.
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Le mot « si » n'a que deux lettres : il serait dommage de se laisser mener par le bout du nez par un si petit mot.
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J'entendais ma mère décrire ainsi nos destinées : "Je suis née, je me suis mariée avec ton père, tu es né. Tu te marieras, tu auras un enfant, un jour je mourrai, puis viendra ton tour." Deux existences condensées en moins de trente mots. Certes, les trous restent à combler mais, au fond, quelle importance, mon chéri ? Le principal est dit. Voici l'extrait sec. Triste synopsis minimaliste d'une vie qui gomme les rencontres annexes, les petites réussites sans lendemain, les voies sans issue, les infimes détails, les aléas sans conséquence. L'inquiétude du printemps 1986, cette bouteille qui réconcilia deux amis, la tuile envolée par cette nuit de fort mistral : tout ce qui fait le sel de nos petites vies. Seules les âmes fortes peuvent être ainsi comptables de leur vie.
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Alors, dans mon cerveau fiévreux, a germé un jour cette question : Est-il possible de créer des boucles infinies en littérature ? Est-il possible d'enfermer un lecteur entre quatre pages, au point qu'il en oublie de dormir, de manger, de boire, jusqu'à épuisement ? Un labyrinthe dans une bibliothèque infinie, digne de celle de Borges, où le lecteur tournerait les pages sans s'arrêter, mû par le suspens, la curiosité ou la nécessité.
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Dans la Série Battlestar Galactica, l'humanité doit échapper à ses ennemis et se reconstruire avec seulement 50 000 rescapé·e·s. Dans l'Histoire, on émet désormais l'hypothèse que la survie se serait déjà jouée avec moins d'individus encore : il y a 930 000 ans et pour une période de 117 000 ans, 1 200 survivant·e·s environ auraient représenté toute une partie de l'humanité à venir. Ce goulet d'étranglement serait dû à un bouleversement climatique majeur…
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