AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Pierre de Ronsard (192)


Si je trépasse entre tes bras, Madame,
Il me suffit, car je ne veux avoir
Plus grand honneur, sinon que de me voir
En te baisant, dans ton sein rendre l’âme.

Celui que Mars horriblement enflamme
Aille à la guerre, et manque de pouvoir,
Et jeune d’ans, s’ébatte à recevoir
En sa poitrine une Espagnole lame ;

Mais moi, plus froid, je ne requiers, sinon
Après cent ans, sans gloire, et sans renom,
Mourir oisif en ton giron, Cassandre.

Car je me trompe, ou c’est plus de bonheur,
Mourir ainsi, que d’avoir tout l’honneur,
Pour vivre peu, d’un guerrier Alexandre.
Commenter  J’apprécie          10
Celui qui boit ...

Celui qui boit, comme a chanté Nicandre,
De l'Aconite, il a l'esprit troublé,
Tout ce qu'il voit lui semble estre doublé,
Et sur ses yeux la nuit se vient espandre.

Celui qui boit de l'amour de Cassandre,
Qui par ses yeux au coeur est ecoulé,
Il perd raison, il devient afolé,
Cent fois le jour la Parque le vient prendre.

Mais la chaut vive, ou la rouille, ou le vin
Ou l'or fondu peuvent bien mettre fin
Au mal cruel que l'Aconite donne :

La mort sans plus a pouvoir de garir
Le coeur de ceux que Cassandre empoisonne,
Mais bien heureux qui peut ainsi mourir.
Commenter  J’apprécie          10
Le boyteus mari de Vénus ...

Le boyteus mari de Vénus
Aveques ses Cyclopes nus
R'alumoir un jour les flammeches
De sa forge, à fin d'echaufer
Une grande masse de fer
Pour en faire à l'Amour des flèches.

Venus les trampoit dans du miel,
Amour les trampoit dans du fiel,
Quand Mars, retourné des alarmes,
En se moquant, les meprisoit
Et branlant son dard, lui disoit :
Voicy bien de plus fortes armes.

Tu t'en ris donq, lui dist Amour,
Vrayment tu sentiras un jour
Combien leur pointure est amere.
Quand d'elles blessé dans le coeur,
Toi qui fais tant du belliqueur,
Languiras au sein de ma mère.
Commenter  J’apprécie          10
Je n'ay plus que les os, un squelete je semble,
Decharné, denervé, demusclé, depoulpé,
Que le trait de la mort sans pardon a frappé ;
Je n'ose voir mes bras que de peur je ne tremble.

Apollon et son fils, deux grands maistres ensemble,
Ne me sçauroient guerir, leur mestier m'a trompé ;
Adieu plaisant soleil ! mon œil est estoupé,
Mon corps s'en va descendre où tout se desassemble.

Quel amy me voyant en ce poinct dépouillé,
Ne remporte au logis un œil triste et mouillé,
Me consolant au lict, et me baisant la face,

En essuyant mes yeux par la mort endormis ?
Adieu, chers compagnons ! adieu, mes chers amis !
Je m'en vay le premier vous préparer la place.
Commenter  J’apprécie          10
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie
Commenter  J’apprécie          10
Je n’ai plus que les os, un squelette je semble,
Décharné, dénervé, démusclé, dépoulpé,
Que le trait de la mort sans pardon a frappé ;
Je n’ose voir mes bras que de peur je ne tremble.
Apollon et son fils, deux grands maîtres ensemble,
Ne me sauraient guérir, leur métier m’a trompé.
Adieu, plaisant soleil, mon œil est étoupé,
Mon corps s’en va descendre où tout se désassemble.
Quel ami me voyant en ce point dépouillé
Ne remporte au logis un œil triste et mouillé,
Me consolant au lit et me baisant la face,
En essuyant mes yeux par la mort endormis ?
Adieu, chers compagnons, adieu, mes chers amis,
Je m’en vais le premier vous préparer la place.
Commenter  J’apprécie          10
La lune est coutumière
De naître tous les mois :
Mais quand notre lumière
Est éteinte une fois,
Sans nos yeux réveiller,
Faut longtemps sommeiller.

Tandis que vivons ores,
Un baiser donnez-moi,
Donnez-m'en mille encore,
Amour n'a point de loi :
A sa divinité
Convient l'infinité.

En vous baisant, Maîtresse,
Vous m'avez entamé
La langue chanteresse
De votre nom aimé.
Quoi ! est-ce là le prix
Du travail qu'elle a pris ?

Elle, par qui vous êtes
Déesse entre les Dieux,
Qui vos beautés parfaites
Célébrait jusqu'aux Cieux,
Ne faisant l'air, sinon
Bruire de votre nom ?

De votre belle face,
Le beau logis d'Amour,
Où Vénus et la Grâce
Ont choisi leur séjour,
Et de votre œil qui fait
Le soleil moins parfait ;

De votre sein d'ivoire
Par deux ondes secous
Elle chantait la gloire,
Ne chantant rien que vous :
Maintenant en saignant,
De vous se va plaignant.

Las ! de petite chose
Je me plains sans raison,
Non de la plaie enclose
Au cœur sans guérison,
Que l'Archerocux
M'y tira de vos yeux.
Commenter  J’apprécie          10
Adieu, belle Cassandre, et vous, belle Marie,
Pour qui je fus trois ans en servage à Bourgueil,
L'une vit, l'autre est morte, et ores, de son œil
Le Ciel se réjouit, dont la terre est marrie.

Sur mon premier Avril, d'une amoureuse envie
J'adorais vos beautés, mais votre fier orgueil
Ne s'amollit jamais pour larmes ni pour deuil,
Tant d'une gauche main la Parque ourdit ma vie.

Maintenant en Automne, encore malheureux,
Je vis comme au Printemps, de nature amoureux,
Afin que tout mon âge aille au gré de la peine.

Et or que je deusse être affranchi du harnois,
Mon Colonel m'envoie, à grand coups de carquois,
Rassiéger Ilion pour conquérir Hélène.
Commenter  J’apprécie          10
.
L’AMOUR DE CASSANDRE. VI

Je voudrais bien pour alléger ma peine
Etre un Narcisse, et elle une fontaine
Pour m’y plonger une nuit à séjour.

Et si voudrais que cette nuit encore
Fût éternelle et que jamais l’aurore
Pour m’éveiller ne rallumât le jour.


[Note: « une nuit à séjour » = une nuit entière]
Commenter  J’apprécie          10
Madrigal


Si c'est aimer, Madame, et de jour, et de nuit
Rêver, songer, penser le moyen de vous plaire,
Oublier toute chose, et ne vouloir rien faire
Qu'adorer et servir la beauté qui me nuit :

Si c'est aimer que de suivre un bonheur qui me fuit,
De me perdre moi-même, et d'être solitaire,
Souffrir beaucoup de mal, beaucoup craindre et me taire,
Pleurer, crier merci, et m'en voir éconduit :

Si c'est aimer que de vivre en vous plus qu'en moi même,
Cacher d'un front joyeux, une langueur extrême,
Sentir au fond de l'âme un combat inégal,
Chaud, froid, comme la fièvre amoureuse me traite :

Honteux, parlant à vous de confesser mon mal !
Si cela est aimer : furieux je vous aime :
Je vous aime, et sait bien que mon mal est fatal :
Le cœur le dit assez, mais la langue est muette.
Commenter  J’apprécie          10
Je vien et sy vous presente,
Marie, Vierge excellente,
Ma complainte en vo chapelle
De Leesce ou j'ay entente
Sy tost que je me demente.
En vous contant ma querelle,
Mere de Dieu, vraie ancelle,
Mes maulx oncques ne vous celle,
Car je vous truis sy presente,
Auxi tost que je vous appelle,
Que j'ay joieuse nouvelle
Quel que deul qui me tourmente.


- De Nostre-Dame -
Complainte anonyme
Commenter  J’apprécie          11
Marie, qui voudrait votre beau nom tourner,
Il trouverait Aimer : aimez-moi donc, Marie,
Faites cela vers moi dont votre nom vous prie,
Votre amour ne se peut en meilleur lieu donner.

S'il vous plaît pour jamais un plaisir demener,
Aimez-moi, nous prendrons les plaisirs de la vie,
Pendus l'un l'autre au col, et jamais nulle envie
D'aimer en autre lieu ne nous pourra mener.

Si faut-il bien aimer au monde quelque chose :
Celui qui n'aime point, celui-là se propose
Une vie d'un Scythe, et ses jours veut passer

Sans goûter la douceur des douceurs la meilleure.
Eh, qu'est-il rien de doux sans Vénus ? las ! à l'heure
Que je n'aimerai point, puissé-je trépasser !
Commenter  J’apprécie          10
(....)
Hélas, que dis-je ! où veux-je m'en aller ?

D'un autre bien je ne me puis soûler.

Comme la caille, Amour, tu me fais être,


Qui de poison s'engraisse et se repaît.

D'un autre bien je ne me veux repaître,

Ni vivre ailleurs, tant ta poison me plaît.
Commenter  J’apprécie          10

Dedans des Prez je vis une Dryade

Dedans des Prez je vis une Dryade,

Qui comme fleur s'assisoyt par les fleurs,

Et mignotoyt un chappeau de couleurs,

Echevelée en simple verdugade.


Des ce jour là ma raison fut malade,

Mon cuoeur pensif, mes yeulx chargez de pleurs,

Moy triste et lent : tel amas de douleurs

En ma franchise imprima son oeillade.


Là je senty dedans mes yeulx voller

Une doulx venin, qui se vint escouler

Au fond de lame : et depuis cest oultrage,


Comme un beau lis, au moys de Juin blessé

D'un ray trop chault, languist à chef baissé,

Je me consume au plus verd de mon age.
Commenter  J’apprécie          10
En vous donnant ce pourtraict mien

Dame, je ne vous donne rien

Car tout le bien qui estoit nostre

Amour dès le jour le fit vostre

Que vous me fistes prisonnier,

Mais tout ainsi qu’un jardinier

Envoye des presens au maistre

De son jardin loüé, pour estre

Toujours la grace desservant

De l’héritier, qu’il va servant

Ainsi tous mes presens j’adresse

A vous Cassandre ma maistresse,

Corne à mon tout, et maintenant

Mon portrait je vous vois donnant :

Car la chose est bien raisonnable

Que la peinture ressemblable,

Au cors qui languist en souci

Pour vostre amour, soit vostre aussi.

Mais voyez come elle me semble

Pensive, triste et pasle ensemble,

Portraite de mesme couleur

Qu’amour a portrait son seigneur.

Que pleust à Dieu que la Nature

M’eust fait au cœur une ouverture,

Afin que vous eussiez pouvoir

De me cognoistre et de me voir !

Car ce n’est rien de voir, Maistresse,

La face qui est tromperesse,

Et le front bien souvent moqueur,

C’est le tout que de voir le cœur.

Vous voyriés du mien la constance,

La foi, l’amour, l’obéissance,

Et les voyant, peut estre aussi

Qu’auriés de lui quelque merci,

Et des angoisses qu’il endure :

Voire quand vous seriés plus dure

Que les rochers Caucaseans

Ou les cruels flos Aegeans

Qui sourds n’entendent les prières

Des pauvres barques marinières.
Commenter  J’apprécie          10
Marie, qui voudrait visiter bon nom tourner,
Il trouveroit Aimer : aimez-moi donq Marie.
Commenter  J’apprécie          10
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.
Commenter  J’apprécie          10
Pierre de Ronsard
Tu dis que j’ay vescu maintenant escolier
Maintenant courtisan et maintenant guerrier
Et que plusieurs mestiers ont esbatu ma vie
Tu dis vray, prédicant
; mais je n’euz oncqu’envie
De me faire ministre, ou comme toi, cafard


Commenter  J’apprécie          10
Qu'il me soit arraché des tétins de sa mère
Ce jeune enfant Amour, et qu'il me soit vendu :
Il ne faut plus qu'il croisse, il m'a desja perdu :
Vienne quelque marchand, je le mets à l'enchère.
D'un si mauvais garçon la vente n'est pas chère,
J'en feray bon marché. Ah ! j'ay trop attendu.
Mais voyez comme il pleure : il m'a bien entendu.
Appase toy, mignon, j'ay passé ma colère,
je ne te vendray point : au contraire je veux
Pour Page t'envoyer à ma maistresse Heleine,
Qui toute te ressemble et d'yeux et de cheveux,
Aussi fine que toy, de malice aussi pleine.
Comme enfans vous croistre, et vous jou'rez tous deux :
Quand tu seras plus grand, tu me payras ma peine.
Commenter  J’apprécie          10
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au votre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ses beautés laissé choir !
O vraiment marâtre Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vôtre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pierre de Ronsard (1251)Voir plus

Quiz Voir plus

Portraits d'écrivains par des peintres

Bien avant de devenir Premier peintre du roi, et de réaliser les décors de la galerie des Glaces à Versailles, Charles Le Brun fut élève de Simon Vouet. De quel tragédien fit-il le portrait en 1642 ?

Corneille
Desmarets de Saint-Sorlin
Molière
Racine

12 questions
85 lecteurs ont répondu
Thèmes : portraits d'écrivains , Peinture française , peinture anglaiseCréer un quiz sur cet auteur

{* *}