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Critiques de Primo Levi (769)
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Si c'est un homme

Pour sa valeur historique ce livre mérite amplement 5 étoiles. Cet homme a su trouver les mots pour décrire les camps d’extermination. J’ai moi-même bien du mal à trouver les miens pour décrire mon ressenti sur cet enfer. Je suis restée scotchée et j’ai souffert avec lui. Certains chapitres sont terribles, cependant ils restent dépassionnés.

Certains passages peuvent sembler trop factuels, presque fastidieux mais c’est le souhait de l’auteur et je remarque que de nombreux témoins font la même chose. Je viens d’écouter le témoignage de « Auschwitz, le camp de la mort ! Elle raconte (Simone Polak) sur Youtube et je remarque que celle-ci fait sensiblement la même chose, je pense que l’enfer ne peut être raconté tant il reste en deçà de ce que les gens peuvent ressentir.

Je me pose une question : aurais-je été une damnée ou une élue ?

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Si c'est un homme

Quelle pierre pourrais-je bien ajouter à l'édifice? Évidemment que ce livre est indispensable! J'en parle à mes élèves, en histoire, depuis trente ans, quand j'étudie avec mes troisièmes les horreurs de l'antisémitisme et du nazisme. Je voudrais leur faire retenir les leçons de l'Histoire. Mais je suis désabusée quand je constate que les massacres du passé n'empêchent pas ceux d'aujourd'hui. Et je suis horrifiée quand j'apprends que certains hommes politiques rêvent de supprimer les cours d'histoire pour mieux contrôler les peuples et les foules. Alors, merci à Primo Levi d'avoir eu le courage de mettre ses connaissances et sa souffrance par écrit. Voici un ouvrage à mettre entre toutes les mains!
Lien : https://veroniquepascual.fr
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Si c'est un homme

Aucun mot ne pourrait exprimer cette autobiographie, ce témoignage de toutes les atrocités vécues pendant la Seconde Guerre Mondiale. Je me rappelle avoir été bouleversée lorsqu'on nous a demandé sa lecture, en quatrième. Puis de ma voix tremblante d'émotion quand j'ai passé mon oral d'Histoire des Arts sur ce même ouvrage. Je voulais montrer à quel point Primo Levi m'avait appris à travers ses écrits.



Vraiment, je ne peux que conseiller cette lecture. Elle fera mal, elle provoquera des larmes, de la rage et de la haine, quelques brefs sourires devant des moments plus vivables, mais surtout, elle nous rappellera les atrocités qui se sont passées.



Une leçon que je garderais infiniment, je pense.
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Si c'est un homme

Un témoignage lucide sur l’horreur des camps de concentration



Dans « Si c’est un homme », Primo Levi nous raconte la vie des déportés au sein des camps de concentration. Insultes, brimades, coups et surtout la faim font que chaque jour passé est une victoire. Mais les détenus ne peuvent pas penser comme ça. Garder espoir est le lot des nouveaux, des gros numéros, ces bleus qui ne connaissent rien de la vie de détenu. Non, ce qui les fait tenir, c’est la peur, puis leur fierté. Se comporter en homme digne est pourtant difficile. Voler est presque nécessaire si l’on veut survivre, se battre pour obtenir les meilleures affectations et surtout ne jamais, mais alors jamais tomber malade. L’épuisement ou une infection des pieds assure un aller simple à la chambre à gaz.



Si c’est un homme, un récit de survie poignant



On entre vite dans la vie de ces hommes qui dès la sortie du train sont séparés de leur femme et de leurs enfants. Ce qu’ils deviennent ? Ils ne le sauront jamais, ou plutôt, ils s’efforcent de ne pas y penser, car tout le monde sait que les faibles, les inaptes au travail ne vivent pas longtemps.



D’abord apprendre les règles de vie, ensuite travailler dur, puis supporter la faim qui les tenaille et attendre. Attendre que les jours passent et surtout ne rien espérer. L’espoir est une torture qu’il n’est pas bon s’infliger, alors tous tentent de survivre au jour présent en faisant ce qu’on leur demande sans se mettre en danger. Travailler, mais pas jusqu’à l’épuisement, contourner les règles, mais intelligemment, garder sa fierté, mais sans avoir l’air effronté. Et puis regarder ses compagnons partir un matin, pour ne jamais revenir, entendre les horreurs infligées à ces semblables, mais ne pas se rebeller.

Mon avis



Un témoignage franc sur une période de l’histoire que j’ai encore du mal à comprendre. Tant d’horreurs ont été commises pour un rêve de grandeur ridicule. Mais c’est arrivé, et ce témoignage aide à garder en mémoire ce dont l’homme est capable. Je suis sidérée par la foi de ces prisonniers qui résistent comme il le peuvent. Sidérée, par ce classement par nationalité, puis pas numéro d’arrivée, sidérée d’entendre que sur 50 000 ou 100 000 juifs d’une nationalité, seuls quelques centaines demeurent. Car, quand on entend le témoignage de Primo Levi, la survie est tellement présente que j’ai eu tendance à oublier qu’il y en a qui ont baissé les bras ? Certains n’étaient pas assez forts, d’autres n’ont pas pu continuer à suivre les règles imposées, beaucoup ont succombé à la faim ou à la maladie. Pour d’autres, c’est juste le sort qui leur a été défavorable.



Je n’ai pas lu le livre, mais ai écouté l’histoire en livre audio. Raphaël Enthoven nous propose une lecture calme, presque résignée qui est parfaitement en ligne avec le texte. Une lecture qui reflète l’homme digne et intelligent qu’était Primo Levi. À ne pas rater, l’interview de Raphaël Enthoven. Pour moi, « Si c’est un homme » de Primo Levi est un témoignage qui se prête très bien à l’exercice de la lecture à voix haute.



Ce titre fait partie de la sélection Prix Audiolib 2016


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Si c'est un homme

Que dire... Un récit qui en dit long sur la nature humaine... sur son inhumanité. Et en même temps, sur la capacité des hommes à s'adapter à l'impensable. Sur les ressources qu'ils peuvent déployer, sur la rage de vivre et les stratégies qui en découlent.

Comment certains ont pu et d'autres non.

Bouleversant, choquant mais à lire absolument, surtout en ces périodes troublées... pour ne pas oublier!

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Si c'est un homme

Difficle de faire une critique de ce livre tellement commenté. Disons que Primo Levi a essayé de dire l'indicible dans "Si c'est un homme", c'est-à-dire de raconter ce qu'il est difficile de mettre en mots. Ou comment décrire le quotidien dans les camps de concentration et surtout comment parler des hommes dans ces conditions. Pas de pathos bien sûr dans son livre mais un témoignage de ce que les hommes sont capables de faire à d'autres hommes, et comment on peut survivre quand l'horreur vous entoure. Un livre inoubliable à lire et faire lire pour ne jamais oublier.



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Le devoir de mémoire

Avant de me replonger dans la lecture de Si c'est un homme (lu il y a plus de 15ans…) j'ai voulu commencer ce "cycle Primo Levi" par ce petit recueil qui contient un entretien qu'il a eu avec deux journalistes italiens.



Il parle de ses "souvenirs" du Lager, de son travail en tant que témoin de la Shoah et parfois de son sentiment de décalage face aux jeunes générations qui ne le comprennent pas. A cela s'ajoute le désarroi de ne pas pouvoir faire comprendre la différence qui existe entre le déporté du régime nazi ou le prisonnier du goulag stalinien par exemple.



L'intérêt principal de cette lecture reste quand même qu'il montre Primo Levi dans tous ses 'rôles" : celui de rescapé des camps et témoin, celui d'autodidacte en historiographie des camps, celui d'écrivain et celui de père !

Les retours qu'il fait sur ses différents ouvrages ainsi que sur le choix des thématiques et à l'inverse les omissions sont assez intéressantes.



Déjà dans cet entretien, on peut avoir une idée des raisons qui ont fait que Si c'est un homme reste une référence quasi absolue en matière de littérature concentrationnaire .
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Si c'est un homme

"Il sera donné à celui qui possède, il sera pris à celui qui n'a rien."

Combien de temps cette phrase m'a telle hantée ? Combien de temps après avoir fermé ce livre ai-je mis pour sortir de ma torpeur ?



Ce livre m'a fait l'effet d'un coup de massue, d'une claque dans le visage. Lorsque j'ai lu la dernière ligne, lorsque je l'ai fermé et que j'ai regardé autour de moi, j'avais pris plusieurs années d'un coup. J'ai du le lire, le relire, le surligner, le noter, l'annoter, en parler. J'ai dû faire des recherches, des dissertations, des pages et des pages de réflexion avant d'en sortir.



Parce que Si c'est un homme est un témoignage violent par son absence de condamnation. Parce que Primo Levi est un écrivain hors pair qui énonce une vie de guerre, dans les camps, inimaginable.

Et parce qu'on découvre presque ce que cela signifie vraiment "être un homme libre".
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Si c'est un homme

Sur les camps de concentration, on croit déjà avoir tout lu et tout vu, au collège et au lycée, dans les documentaires télévisés, etc.

En lisant le témoignage de Primo Levi, j'ai compris que je n'avais encore jamais vraiment saisi la réelle dimension dramatique du passage dans les camps de concentration et d'extermination.

Tout ce qui m'est déjà passé sous les yeux n'était pour ainsi dire que des instantanés, des photos de corps cadavériques et squelettiques derrière des barbelés, des clichés de baraquements désormais vides mais la lecture de Si c'est un homme m'a plongée dans la durée, dans la réalité quotidienne des hommes qui sont passés là-bas, et qui, pour beaucoup, en sont sortis par la cheminée (une métaphore couramment employée par les détenus des camps).



suite sur mon blog, merci
Lien : http://linecesurinternet.blo..
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Si c'est un homme

Combien de livres ai-je lu pour arriver jusqu'à toi ? Tu m'accompagnera tout au long de ma vie. D'où vient ta puissance, de l'histoire que tu viens nous raconter ou des images et des émotions que tu fais jaillir en nous. Sûrement un peu des deux, je ne sais pas. Je ne peux rien en dire de plus, c'est grandiose, quel voyage au plus proche de l'être humain.
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Si c'est un homme

Difficile d'écrire après autant d'avis donnés. Pour moi un livre à lire pour plusieurs raisons: d'abord bien sûr, c'est un "vrai" témoignage, de l'intérieur de ces camps de l'horreur, et écrit peu de temps après sa libération. Ensuite, il est sans états d'âmes: certains ont été choqués, je trouve personnellement d'une honnêteté extrême de tout narrer, sans jugement. Enfin, il nous renvoie à nos faiblesses d'êtres humains: oui, on de volait entre soi dans ces cas, oui on essayait pour certains de "bien" se faire voir pour un peu de soupe ou de pain, oui on "trichait" pour aller en infirmerie: mais qui sommes nous pour juger? Et j'admire l'auteur pour ne rien cacher, froidement. Alors oui, c'est glaçant, mais c'est la vérité, qui fait mal souvent.
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Si c'est un homme

Je suis ébloui devant une telle démonstration d'humilité et d'humanité dans ce livre. C'est un témoignage qui fend le coeur mais qui éclaire l'esprit. On a tous entendu parler des camps de concentration en cours d'histoire ou à la télé, mais ce récit n'a pas grand chose à voir avec les livres d'histoire. Pas d'exagération recherchée, ni d'excès de sentimentalisme ou d'accumulation de chiffres effrayants du nombre de victimes, juste le témoignage honnête d'un simple homme dont l'histoire vaut pourtant de l'or.



L'auteur nous rappelle à quel point il est important de se prémunir des discours passionnés et du fanatisme. C'est un livre que tout étudiant devrait lire et s'approprier afin de penser l'altérité. C'est un cadeau précieux dont on a hérité afin de ne plus jamais revivre ces heures sombres, ni fermer les yeux sur la menace bien réelle que représente le racisme et le populisme.
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Si c'est un homme

Qu'il est dur de commenter et de noter un livre tel que celui-ci. Car, loin de tous les romans et documents historiques qui traitent de l'holocauste, Primo Levi dresse ici des souvenirs intimes et humains de cette terrible période. Critiquer ce livre, cela reviendrait à poser un jugement sur une vie entière.



C'est avec une grande objectivité que Primo Levi pose des mots sur des événements marquants. Ce juif italien, déporté avec des milliers d'autres vers les camps Allemands, raconte les horreurs vues et vécues, les ignominies faites par les nazis, les conditions de vie lamentables et les morts regrettables. A travers les souvenirs de l'auteur, on suit la vie menée par les détenus. Ils vivent dans des conditions déplorables, dorment à plusieurs dans des lits étroits et durs. Ils doivent travailler jusqu'à l'épuisement et n'ont qu'une infime part de ration alimentaire. Les plus forts physiquement et mentalement et les plus téméraires arrivent à s'en sortir, grâce au vol de matériels, qu'ils échangent ensuite contre des mets alimentaires. Mais les plus faibles ou les moins courageux partent dans les chambres à gaz.



Bien des années avant, Jean-Paul Sartre écrivait "L'enfer, c'est les autres", quelques petits mots qui prennent sens avec ce livre. Les prisonniers doivent résister et survivre tandis que d'autres veulent les anéantir coûte que coûte.



Primo Levi réussit à rester vivant jusqu'à la libération des camps. Malheureusement, après avoir vécu de telles horreurs, il est dur de reprendre le cours d'une vie normale. C'est sans doute à cause de ce poids du passé trop intense qu'il se suicidera quelques années plus tard.



Un roman documentaire déjà largement étudié dans les collèges et lycées, pour faire connaître les atrocités perpétrés par les nazis et pour se souvenir des martyrs de cette époque. Si c'est un homme est un témoignage profond et poignant qui nous enseigne de nombreuses choses sur la nature humaine. A lire au moins une fois !
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Si c'est un homme

Les accusations de mensonges à propos de l’œuvre de Primo Levi, m'ont été égales j'ai lu "Si c'est un homme" tel que je l’ai ressenti, en radiant les accusations qui ont été effectué à son propos.



Cette œuvre autobiographie de Primo Levi, se déroulera de son arrestation en 1943, en Italie, en tant que résistant antifasciste, puis se terminera en janvier 1945, lors de sa libération par l’armée soviétique.



Primo Levi évoquera toute cette période avec une neutralité intacte, une apathie extraordinaire face aux évènements qu’il subit, de cette période qui a déshumanisé toute une population, de ses descriptions vécues, je ne ressentais que de l’émotion, Primo Levi évoque sa vie au Lager, dans le froid, la faim, la cohabitation, l’humiliation, le rapport de déporté avec les Allemandes(l’Homme face à la femme, passage très dur par ailleurs), les maladies et toutes ces caractéristiques qui ont menées à la démolition de l’homme juif, tzigane..



Ce qui m’a le plus surprise et je ne suis pas la seule quand on regarde l’Appendice où Primo Levi répond aux questions qui lui ont été posées, c’est que celui-ci ne ressent aucune haine envers les malfaiteurs qui ont fait de lui un homme faible et humilié, aucune haine, et on en ressort avec une vraie leçon d’humanité.



Ce qui est bon et tellement bon, c’est que dans ce témoignage s’intègre le récit, et lectrice d’énormément de livres d’histoire, cela manque parfois, nous n’avons pas que des dates, un évènement, et sa signification, non, nous avons l’évolution du déporté en question sur sa vie au Lager avec ses sentiments, ses émotions, ses ressenties, son calme, son génie et pour finir son courage.



Un des plus grands témoignages de la Seconde Guerre Mondiale, un des plus troublants, un des plus émouvants, et tout simplement un devoir de mémoire.
Lien : http://libermoi.blogspot.fr/..
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Feuillets épars

Difficile de parler de cette succession d'articles et lettres écrits par Primo Levi entre 1975 et 1987. Il faudrait les commenter les uns après les autres. De ce ton "scientifique", simple et précis que j'affectionne particulièrement, presque froid il égrène ses "ressentis" et ses idées sur des sujets divers (livres lus, films, écriture, politique, faits de sociétés), même si la guerre, la déportation, Auschwitz prédominent. Cette lecture m'a permis d'approcher un peu plus sa pensée. De façon, bien sûr, toujours lointaine. Si j'avais dit à Primo Levi que j'approchais sa pensée, il m'aurait regardée avec un air entendu et sûrement moqueur. Car ce qui transparait souvent fugacement dans l'écriture de Primo Levi (dans tous ses livres) c'est une moquerie contenue, discrète et parfois teintée d'amertume que j'apprécie. Une moquerie bienveillante à l'égard des autres, réaliste et d'une ironie douce vis-vis de lui-même, jamais cruelle ni sarcastique. Et il y a Primo Levi l'inquiet, l'angoissé, le vigilant, l'homme citoyen qui livre ses réflexions sur la montée du révisionnisme, sur le terrorisme, sur Israël (j'étais curieuse de connaître la vision de Levi sur Israël, sur des textes écrits fin des années 60 et avant 87 - qu'écrirait-il aujourd'hui ?).

Mais chez lui, l'angoisse et l'inquiétude semblent toujours tempérées par sa pensée "scientifique", rationnelle et posée. C'est comme un optimisme désenchanté et muet qui sourde de certaines lignes. Et puis, il y a Primo Levi aimant la science-fiction, les livres d'aventures, la technique, la problématique du langage. Il s'adresse dans des articles ou des lettres ouvertes à des amis ou des connaissances qu'il apprécie et respecte, il leur parle de leur travail (souvent un livre) avec concision et sur un ton souvent fraternel. Les brumes de l'Italie du Nord teintées des rayons du soleil baignent l'écriture de Primo Levi.
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Si c'est un homme

Si [vous êtes] un Homme, vous ne pouvez pas passer à côté de cet ouvrage que pour ma part j'ai mis une quinzaine d'années de conscience politique à découvrir malgré mon intérêt pour la thématique. Merci le système éducatif français...



Quel choc, quelle leçon, quel ode à l'humanité !



De manière précise, factuelle, sans fioritures ni sentiments Primo Levi écrit "ce [qu'il] ne pourrai[t] dire à personne", ce qu'il a vécut au cours de l'année qu'il a passée dans le Lager, Auschwitz.



N'en attendez pas un ouvrage historique, pas de description détaillée de l'horreur des chambres à gaz et du crématorium, Primo Levi ne raconte que ce qu'il a lui-même vécu dans le camps. Et c'est déjà largement suffisant pour tomber dans l'indicible.



Ce que Primo Levi raconte nous fait plonger en plein cœur d'une organisation implacable, d'une machine infernale produit d'une folie meurtrière, dont les organisateurs ont poussé le vice jusqu'à sous-traiter le fonctionnement à des victimes de catégories supérieures, comme en témoigne le fait que Primo Levi raconte que sa rencontre la plus directe avec un SS eut lieu dans les derniers jours juste avant la libération du camp par l'armée soviétique.



Par moments, Primo Levi nous fait presque oublier l'horreur vécue par exemple lorsqu'il analyse avec la distance d'un sociologue l'entreprise de déshumanisation ramenant les prisonniers à ce que l'on pourrait appeler l'état naturel, mus par le seul instinct de survie à l'exclusion de toute notion de bien ou de mal, sans parler évidemment de conventions sociales. Ou encore lorsqu'il décrypte avec la minutie d'un économiste les mécanismes de "l'économie" du camp dans lequel bien que théoriquement tout soit gratuit, en pratique tout se vend et s'achète et dans lequel on investit même pour se procurer des moyens de survie (!) ... avec pour unité monétaire de base, le quart de ration de pain rassis quotidienne ou le litre de soupe.



Puis la douche froide. Comment dit-on "jamais" dans le langage du Lager ? "Demain matin".



Paradoxalement, le chapitre qui m'a le plus marqué est le dernier, celui dans lequel Primo Levi raconte les 10 derniers jours avant la libération du camp par l'armée soviétique, après la fuite des allemands qui ont emmené avec eux les plus valides dont la plupart sont morts en route, laissant à leur sort les malades dont Primo Levi.



L'intensité de cet effort ultime de survie, malades, en plein hiver polonais durant lequel les prisonniers ont commencé à redécouvrir leur humanité est poignant.



Dans l'édition Robert Laffont, commencez par lire l'Appendice avant de vous lancer dans l'ouvrage. Dans cet Appendice, Primo Levi écrit :



"Peut-être que ce qui s'est passé ne peut pas être compris, et même ne doit pas être compris, dans la mesure où comprendre, c'est presque justifier. (...) Si la comprendre est impossible, la connaître est nécessaire, parce que ce qui est arrivé peut recommencer, les consciences peuvent à nouveau être déviées et obscurcies : les nôtres aussi."



"Chaque ancien déporté réagit de façon différente, mais on peut cependant distinguer deux catégories bien définies. Appartient à la première ceux qui refusent d'y retourner ou même d'en parler, ceux qui voudraient oublier sans y parvenir et sont tourmentés par des cauchemars, enfin ceux qui au contraire ont tout oublié, tout refoulé, et ont recommencé à vivre en partant de zéro. J'ai remarqué que ce sont tous en général des individus qui ont échoué au Lager "par accident", c'est à dire sans engagement politique précis ; (...) Dans la seconde catégorie par contre, on trouve les ex-prisonniers politiques, ou des individus qui possèdent, d'une manière ou d'une autre, une éducation politique, une conviction religieuse ou une forte conscience morale. Pour eux, se souvenir est un devoir : eux ne veulent pas oublier, et surtout ne veulent pas que le monde oublie, car ils ont compris que leur expérience avait un sens et que les Lager n'ont pas été un accident, un imprévu de l'Histoire."
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La clef à molette

Je ne connaissais l’auteur que de nom, mais la 4ème indiquait qu’avec ce livre, Primo Levi avait reçu un prix en Italie, équivalent au Goncourt et il était mentionné une histoire d’amitié entre deux hommes qu’apparemment, rien ne relie : un ouvrier métallurgiste et le narrateur, l’écrivain lui-même, chimiste avant qu’il ne s’engage dans l’écriture. Et puis, j’ai trouvé la couverture et le format sympas.

Et donc, avec son accord , notre narrateur relate les anecdotes dont lui fait part Faussone, l’ouvrier, que ce soit l’élévation d’un pont suspendu, la construction d’une structure destinée au forage, le montage d’une machine gigantesque de plus de cent cinquante mètres de long qu’il faut ensuite transporter par la mer, le montage de pylônes, etc. En contrepartie, le narrateur aura le loisir de raconter une anecdote liée à son métier de chimiste : une partie d’une grosse commande de boîtes de conserves de harengs devenue impropre à la consommation, suite à la présence de poussières de tissus dans la peinture recouvrant l’intérieur des boîtes de conserve. Les anecdotes se suivent, par chapitres, avec force description du métier. Afin de visualiser les explications de Faussone, ma tête s’est emplie de boulons, de vis, de traverses, de métaux en tout genre. Autant vous dire que, même si c’est très bien écrit et que j’aime apprendre, la lecture ne m’a pas trop emballée. Nul doute que ce livre plaira plus à un homme habile de ses mains, qui admirera les prouesses de Faussone.

Car il n’y a pas d’histoire à proprement parler. Des compatriotes italiens se retrouvent sur un chantier et durant les quelques semaines qui suivent, ils vont raconter leur métier, surtout Faussone. Le chantier terminé, chacun reprend sa route.



Mais alors, pourquoi ce prix ? La seule raison à laquelle j’ai pensée est que deux mondes différents se côtoient et qu’à travers les histoires contées par des passionnés de leur métier, chacun va se rendre compte de l’utilité de l’autre. L’ouvrier avoue que sans les plans de l’ingénieur, plans qu’il doit étudier au préalable, rien ne peut être érigé. Ce n’est qu’au fur et à mesure de l’avancement du travail et de sa finalité, à savoir une machine qui tourne comme une horloge, qu’il dit qu’elle ne peut être créée sans y avoir été pensée. De même, le narrateur, dans son monde d’éprouvettes et de microscope, salue la force, l’endurance et le courage d’hommes qui risquent leur vie en jouant les équilibristes.



Donc une lecture mitigée, intéressante quand même.





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Si c'est un homme

"La mort n'est pas l'oubli, seul l'oubli est la mort"



Ce livre, bouleversant au possible, nous rappelle que l'humanité est capable de tout ; et c'est bien cela sa définition. L'humanité balaie du plafond de la chapelle Sixtine au sol d'Auschwitz. Sans vraiment comprendre pourquoi, une frange de sa population est capable de tout pour atteindre un but intolérable et indéfinissable. Heureusement, certaines âmes déchirées par cette machine effroyable réussissent à transmettre un certain savoir sur leur semblant de survie dans les camps. Et c'est d'autant plus important que tout peut recommencer, que nous pouvons nous même participer plus ou moins implicitement à des desseins tout aussi funestes



J'admire Primo Levi d'avoir transmis, comme d'autres, toutes ces atrocités. Ma conscience augmente et je dois m'efforcer de continuer ce chemin, grâce à tout l'art effectué autour, ainsi que sur d'autres cataclysmes engendrés par la folie humaine
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Si c'est un homme

Résumé :



On est volontiers persuadé d’avoir lu beaucoup de choses à propos de l’holocauste, on est convaincu d’en savoir au moins autant.



Et, convenons-en avec une sincérité égale au sentiment de la honte, quelquefois, devant l’accumulation, on a envie de crier grâce. C’est que l’on n’a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l’état du malheur. Peu l’on prouvé aussi bien que Levi, qui a l’air de nous retenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n’est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n’est que futilité.





Présentation de l’auteur:



Si c’est un homme (Se questo è un uomo ) a été écrit par Primo Levi, né en 1919 à Turin dans une famille juive. De sa judéité, Primo Levi n’en prendra réellement conscience qu’avec l’apparition de la mentalité antisémite en Italie, vers 1938. Après avoir suivi des études, il part s’installer à Milan. En 1943, il s’engage dans la Giustizia e Liberta (organisation antifasciste installée dans les Alpes italiennes) et se fait arrêter la même année, par la milice fasciste. Il est interné au camp de Carpi-Fossoli, tout près de la frontière autrichienne. En février 1944, le camp, passe en mains allemandes: c’est la déportation vers Auschwitz. Il est libéré le 27 janvier 1945, date de la libération du camp par les Soviétiques.

Il devient écrivain afin de montrer, transmettre et expliciter son expérience concentrationnaire est un écrivain italien ainsi que l’un des plus célèbres survivants de la Shoah.



Une fois la guerre finie, il épousera Lucia Morpugo, dont il aura deux enfants et dirigera une entreprise de produits chimiques. Parallèlement il commence la rédaction de son journal de déportation qui est l’un des tout premiers témoignages sur l’horreur d’Auschitz.



Pendant les derniers mois de sa vie, Primo Levi fut très affecté par la montée du révisionnisme et de l’indifférence.



Primo Levi s’est mort en 1987 à Turin en se jetant d’une cage d’escalier.



Il propose alors à Einaudi, grand éditeur, de le publier mais celui-ci refuse. Heureusement, une petite maison d’édition lui accorde une publication en 1947 mais son œuvre ne connaît pas immédiatement un grand succès. Plus de 2 500 exemplaires mais seulement sept cents exemplaires sont vendus. Les gens ne sont pas prêt pour prendre véritablement conscience de la Shoah, et ne croient pas à ce témoignage. Ce n’est qu’à la publication de son second livre La Tregua, en 1963, que Primo Levi fut remarqué, et que Se questo è un uomo trouva sa place et fut traduit en de nombreuses langues. Ce n’est qu’en 1987 qu’il fut traduit en français et vendu alors à près de cent mille exemplaires. Si c’est un homme a été décrit comme « l’une des œuvres les plus importantes du vingtième siècle » par la Socialist Review.



Le devoir de mémoire :



Avec l’apparition de son livre un nouveau mouvement se créer permettant aux rares survivants de tenter de se libérer par l’écrit. Cependant les déportés font parfois honte de ce qui leur est arrivé. Levi utilise toute situation pour témoigner de ce qui lui est arrivé. C’est une façon de résister : un combat contre l’oubli au quotidien ; son langage, sa personne même, sont des preuves qui appuient ce qu’il a écrit. Dans son œuvre est une sorte de journal de sa déportation, Primo Levi personnage principal.



Ce livre est devenu un ouvrage de référence pour les historiens : un des témoignages fondamentaux en ce qui concerne le génocide hitlérien et le système concentrationnaire. Le ton est sobre et posé, tel un témoignage. C’est une réflexion «sur l’âme humaine». L’œuvre nous raconte son expérience depuis son arrestation jusqu’à sa libération un peu plus d’un an plus tard.



" Je n’ai pas plus tôt détaché le glaçon, qu’un grand et gros gaillard qui faisait les cent pas dehors vient à moi et me l’arrache brutalement. «Warum?» (pourquoi), dis-je dans mon allemand hésitant. «Hier ist kein warum» (Ici, il n’y a pas de pourquoi) "



Ce moment où rongé par la soif, l’auteur se saisit d’un bloc de glace qu’il espère pouvoir lécher fait partie des moments marquant du livre. Ces mots tout comme «Arbeit macht Frei» («le travail rend libre»), sont l’un des symboles de la folie concentrationnaire nazie et du désespoir des déportés.



Dans cet extrait on peut percevoir plusieurs émotions importantes à mettre en avant, tout comme l’application du totalitarisme. Dans le livre il est noté que le totalitarisme est un terme désignant un système politique caractérisé par la soumission des individus à un ordre collectif dictatorial cherchant à créer une société idéale en combattant de supposer ennemis.



L’incompréhension d’une langue qui n’est pas parlée par l’auteur et le langage brutal et le mode impératif des ordres donnés qui sont collectifs.



Une situation inconnue et incomprise :



" Les monstres existent, mais ils sont trop peu nombreux pour être vraiment dangereux ; ceux qui sont plus dangereux, ce sont les hommes ordinaires, les fonctionnaires prêts à croire et à obéir sans discuter. "



La violence quotidienne et le rabaissement quotidien permettent de faire obéir les déportés et de les soumettre à cet ordre collectif.



La démoralisation : “Malheur a celui qui rêve: le réveil est la pire des souffrances.” mais aussi la façon doit l’homme est assimilée à un esclave ou à mis chemin entre des hommes et des animaux rend les prisonniers plus manipulables et plus aptes à se soumettre au pouvoir.



Ces aptitudes expliquent sûrement leurs conditions de vie la perte de leur humanité, le renfermement, la dépression, les troubles psychologiques…



C’est ainsi que lors de la libération des rares survivants il leur a été très dur de se réadapter, il leur a fallu répondre à la question de « comment devenir humain ».



Conclusion :



Cette oeuvre illustre malheureusement bien le thème des guerres et des régimes totalitaires en raison de la totale implication de l’auteur dans son oeuvre qui peut se rapprocher de l’expérience combattante au cœur d’une guerre d’usure. Ce qu’a vécu l’auteur se rapproche de l’affirmation des régimes totalitaires. Il dépeint d’une manière sociologique les comportements et les codes de conduite dans ces camps de la mort. Il met l’accent sur la déshumanisation des corps; l’absence de solidarité, les humiliations, les privations, la hiérarchie dans les camps. C’est pourquoi ,Si c’est un homme de Primo Levi est certainement l’un des témoignages les plus bouleversants sur la Shoah.



Mon petit avis :



En lisant cette oeuvre j’ai eu l’impression que tout ce que racontait l’auteur tait fort réaliste et triste c’est ce qui m’a le plus touché. C’est une des rares fois que j’arrive à lire un livre sur un tel sujet et de la finir, poussée par l’envie de connaître la fin et par la fluidité du texte malgré les événements.
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Si c'est un homme

Après avoir refermé ce livre, comment en parler ? Ajouter un mot à la suite de ceux de Primo Levi serait inutile. Je me contenterai donc de dire que cette lecture est indispensable, voire obligatoire. Même si elle permet seulement d'approcher ce que fut l'horreur de la Shoah, à la fois meurtre de masse et déshumanisation complète et organisée. Je dis bien "approcher", et pas "comprendre". On ne peut comprendre ce qu'ont enduré les victimes (comprendre dans le sens de "mesurer", puisqu'on ne peut ressentir cette accumulation de souffrances, d'humiliation et de désespoir qui s'est abattue sur eux) ; mais on ne peut pas non plus comprendre comment les bourreaux ont pu adopter de tels comportements à l'encontre d'autres êtres humains.



D'ailleurs, dans l'appendice ajouté par Primo Levi 30 ans après le texte initial de Si c'est un homme, l'auteur aborde ce thème de la "compréhension" : "Peut-être que ce qui s'est passé ne peut pas être compris, et même ne doit pas être compris, dans la mesure ou comprendre, c'est presque justifier. En effet, "comprendre" la décision ou la conduite de quelqu'un, cela veut dire (et c'est aussi le sens étymologique du mot) les mettre en soi, mettre en soi celui qui en est responsable, se mettre à sa place, s'identifier à lui. Eh bien, aucun homme normal ne pourra jamais s'identifier à Hitler, à Himmler, à Goebbels, à Eichmann, à tant d'autres encore. Cela nous déroute et nous réconforte en même temps, parce qu'il est peut-être souhaitable que ce qu'ils ont dit - et aussi, hélas, ce qu'ils ont fait - ne nous soit plus compréhensible.".



Je n'en dirai donc pas plus à propos de ce livre (à part "lisez-le et invitez vos proches à le lire !"). Je parlerai plutôt de son auteur et de l'admiration qu'il suscite, à la fois parce qu'il se pose, page après page, uniquement en témoin et jamais en juge, et aussi parce que, tout au long de son internement et à chaque instant de son calvaire, il insiste sur sa volonté de toujours regarder chacun des autres prisonniers comme un homme. Ce regard, c'était la seule arme qui lui restait, malgré la faim, la maladie, les coups, les insultes, le rabaissement continuel, pour lutter contre la déshumanisation voulue par les nazis.
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