Citations de Rachel Carson (89)
L'obligation de subir nous donne le droit de savoir.
Nous nous trouvons à l'orée d'un monde inquiétant. [...] Dans cet univers, la forêt enchantée des contes de fées laisse place au bois sombre où il suffit de mâcher une feuille, de sucer une goutte de sève pour être foudroyé. C'est un monde où la puce meurt d'avoir mordu le chien, où l'insecte est asphyxié par l’arôme de la plante, où l'abeille rapporte à sa ruche un nectar empoisonné, et fabrique du miel vénéneux.
La raréfaction de la nourriture a durement aussi frappé les hirondelles qui naviguent dans le ciel en y absorbant les insectes de l'air, comme le hareng croise dans les mers en y prenant le plancton de l'eau. Les hirondelles ont été très touchées; tout le monde se plaint de leur petit nombre; nous en avions beaucoup plus il y a quatre ou cinq ans, a écrit un naturaliste du Wisconsin. Le ciel en était plein; à peine, maintenant en voit-on quelques unes... Cela peut provenir des pulvérisations qui ont soit chassé, soit empoisonné les insectes. page 119.
Notre époque est celle de la spécialisation ; chacun ne voit que son petit domaine, et ignore ou méprise l’ensemble plus large où cependant il vit. Notre époque est aussi celle de l’industrie ; personne ne conteste à son prochain le droit de gagner un dollar, quelles que soient les conséquences.
En approuvant un acte capable de causer de telles souffrances à des créatures vivantes, ne sommes-nous pas tous diminués dans notre humanité ?
Ces plantes ne sont de « mauvaises herbes » que pour ceux qui font argent des herbicides chimiques.
Le temps est l'ingrédient essentiel ; mais, dans le monde morderne, il n'y a pas de temps.
l'obligation de subir nous donne le droit de savoir
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, tout être humain est désormais soumis au contact de produits chimiques dangereux, de la conception jusqu’à la mort.
L'univers d'un enfant est original, nouveau et magnifique, riche en merveilles et en enthousiasme. Pour la plupart d'entre nous, c'est notre malheur que cette lucidité, cette aspiration authentique, vers ce qui est beau et sublime, soient affaiblies ou même soient perdues avant même que nous ayons atteint l'âge adulte. Si j'avais la moindre influence sur la bonne fée qui est supposée présider au baptême de tous les enfants, je lui demanderais d'offrir à tout nouveau-né, à son entrée dans le monde, un sens de l'émerveillement si indestructible qu'il persistait toute la vie, tel un antidote infaillible contre l'ennui et le désenchantement des dernières années, les préoccupations stériles face à des choses factices, l'aliénation des sources de notre force.
Quelle est la place des pesticides dans l’ensemble de la crise environnementale ? Nous les avons vus contaminer le sol, les eaux et les aliments, priver de poissons les rivières, d’oiseaux les jardins et les campagnes désormais silencieuses. L’homme, ne lui en déplaise, appartient lui aussi à la nature. Comment pourrait-il échapper à une pollution si complète du monde entier ?
Mais les voies de la nature ne sont plus celles du monde moderne ; nous sommes noyés sous les produits chimiques, qui détruisent non seulement les insectes, mais leurs principaux ennemis, les oiseaux.
Comme le dit Jean Rostand, « l’obligation de subir nous donne le droit de savoir ».
S’il y a de la poésie dans mon livre sur la mer, ce n’est point parce que je l’y ai délibérément mise, mais parce que personne ne peut décrire fidèlement la mer en omettant la poésie.
Lors de la réception du National Book Award, pour "Cette mer qui nous entoure"
Il ne s’agit pas de dire que les insectes ne posent aucun problème et qu’il est inutile de lutter contre eux. Je pense simplement que, d’une part, la lutte doit être menée en fonction des réalités et non d’estimations fantaisistes, et que, d’autre part, les méthodes employées ne doivent pas nous détruire en même temps que les insectes.
Dans les circonstances présentes, notre sort n'est guère plus enviable que celui des invités des Borgia.
Vouloir « contrôler la nature » est une arrogante prétention, née d’une biologie et d’une philosophie qui en sont encore à l’âge de Neandertal, où l’on pouvait croire la nature destinée à satisfaire le bon plaisir de l’homme. […] . Le malheur est qu’une si primitive pensée dispose actuellement des moyens d’action les plus puissants, et que, en orientant ses armes contre les insectes, elle les pointe aussi contre la terre.
Ces produits chimiques [DDT] sont maintenant stockés dans les corps de la grande majorité des êtres humains, indépendamment de leur âge. Ils sont dans le lait de la mère, et probablement dans les tissus de l’enfant qui va naître.
A une époque où l’homme a oublié ses origines et s’est même rendu aveugle aux facteurs les plus essentiels de sa survie, l’eau comme bien d’autres ressources est devenue victime de son indifférence.
La nature cède la place, autour de nous, à un monde artificiel bourré d’agents chimiques et physiques capables d’agir dans le domaine biologique.