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Citations de Rachel Carson (89)


La rapidité actuelle des changements, la vitesse à laquelle se créent des situations nouvelles correspondent plus au pas de l’homme, impétueux et irréfléchi, qu’à l’allure pondérée de la nature. La radioactivité ne provient plus simplement des émissions des roches naturelles et des bombardements de la Terre par les rayons cosmiques ou les ultraviolets du soleil, phénomènes antérieurs à la vie elle-même ; désormais, elle résulte aussi des créations artificielles de l’homme, qui joue avec les atomes. Les produits chimiques auxquels la vie doit s’adapter ne sont plus seulement le calcium, la silice, le cuivre, les minéraux arrachés aux roches par les eaux et transportés par les fleuves jusqu’à la mer ; ce sont aussi les produits de synthèse imaginés par l’esprit inventif de l’homme, fabriqués dans ses laboratoires, et sans équivalent naturel.
Pour s’adapter à ces éléments inconnus, la vie aurait besoin de temps à l’échelle de la nature : c’est-à-dire de siècles. Si d’ailleurs, par quelque miracle, cette adaptation devenait possible, elle serait inutile, car un flot continuel de produits chimiques nouveaux sort des laboratoires : près de 500 par an aux États-Unis. Ce chiffre est effrayant, et ses implications difficiles à saisir : 500 nouveaux produits totalement étrangers à l’expérience biologique, auxquels l’homme et l’animal doivent s’adapter tant bien que mal chaque année !
Parmi ces produits, bon nombre sont utilisés par l’homme dans sa guerre contre la nature. Depuis le milieu des années 1940, plus de 200 produits – sans parler de leurs dérivés – ont été créés pour tuer les insectes, les mauvaises herbes, les rongeurs, tout ce que le jargon moderne appelle les « nuisibles ». Ces substances sont vendues sous plusieurs milliers de noms de marque différents.
Sprays, poudres, aérosols sont utilisés presque universellement dans les fermes, les jardins, les forêts, les maisons d’habitation ; ce sont des produits non sélectifs, qui tient aussi bien les « bons » insectes que les « mauvais », qui éteignent le chant des oiseaux, coupent l’élan des poissons dans les rivières, enduisent les feuilles d’une pellicule mortelle, et demeurent à l’affût dans le sol ; tout cela pour détruire une poignée d’herbes folles ou une malheureuse fourmilière.
Est-il réellement possible de tendre pareils barrages de poison sur la terre sans rendre notre planète impropre à toute vie ? Ces produits ne devraient pas être étiquetés « insecticides », mais « biocides ».
Cette démarche de pulvérisation semble nous entraîner dans une spirale sans fin. Depuis que le DDT a été homologué pour l’usage civil, un processus de surenchère s’est mis en place, qui nous a contraints à trouver des substances toujours plus toxiques. Les insectes, en effet, dans une splendide confirmation darwinienne de la « survie du plus adapté » ont évolué vers des super-races immunisées contre l’insecticide utilisé ; il faut donc toujours en trouver un nouveau plus meurtrier – et un autre, plus meurtrier encore. Cette obligation a engendré aussi des contre-attaques lancées par la nature : au lieu de tuer les insectes, les pulvérisations entraînent souvent leur multiplication, pour des raisons que nous expliquerons plus loin. La guerre chimique n’est donc jamais gagnée, et toutes les vies sont exposées à ces violents feux croisés.
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Le nombre, la variété et la virulence toujours plus considérables des insecticides laissent présager un affaiblissement général et permanent de la résistance du milieu. Nous pouvons donc nous attendre à des recrudescences toujours plus importantes, tant parmi les véhicules de maladies que chez les ennemis de l’agriculture.
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Nous sommes à l’âge du poison ; le premier venu peut acheter sans explications à tous les coins de rue des substances beaucoup plus dangereuses que les produits pour lesquels le pharmacien exige une ordonnance médicale.
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Je suis sincèrement persuadée que pour un enfant, et pour des parents qui cherchent à le guider, il est bien moins important de savoir que de ressentir. Si les faits sont les graines qui plus tard permettront de développer la connaissance et la sagesse, alors les émotions et les impressions des sens sont un sol fertile où les graines grandiront.
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Les produits chimiques générateurs de cancers sont implantés autour de nous pour deux raisons: parce que nous les y avons mis en cherchant à nous rendre la vie plus agréable et plus facile - et parce que leur fabrication, leur vente et leur application sont rentrées dans nos moeurs. (p.229)
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A quelque étape qu'on empoisonne la chaîne alimentaire, on l'empoisonne partout.

[p28 - introduction d'Al Gore]
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..........Je suis convaincue que l'homme ne pourra jamais être en paix avec sa propre espèce tant qu'il n'aura pas admis l'éthique prônée par Schweitzer qui professe qu'on ait des égards pour toutes les créatures vivantes - et un véritable respect pour la vie. (p107)
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Il y avait un étrange silence dans l’air. Les oiseaux par exemple – où étaient-ils passés ? On se le demandait, avec surprise et inquiétude. Ils ne venaient plus picorer dans les cours. Les quelques survivants paraissaient moribonds ; ils tremblaient, sans plus pouvoir voler. Ce fut un printemps sans voix. À l’aube, qui résonnait naguère du chœur des grives, des colombes, des geais, des roitelets et de cent autres chanteurs, plus un son ne se faisait désormais entendre ; le silence régnait sur les champs, les bois et les marais.
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Un jour pluvieux est le moment idéal pour une promenade dans les bois. Je l’ai toujours pensé ; les forêts du Maine ne m’ont jamais paru aussi présentes et vivantes que par temps pluvieux. Ainsi toutes les aiguilles des conifères sont revêtues d’une cire argentée ; les fougères paraissent avoir grandi et leur opulence est presque tropicale et chacune de leurs feuilles arbore sur son contour des gouttes de cristal. Des champignons étrangement colorés – jaune moutarde, abricot, écarlate – surgissent du terreau; toutes sortes de lichens, de mousses, vert et argent, ont pris vie et retrouvent leur fraîcheur.
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Nous voici maintenant à la croisée des chemins. Deux routes s'offrent à nous, mais elles ne sont pas également belles, comme dans le poème classique de Robert Frost. Celle qui prolonge la voie que nous avons déjà trop longtemps suivie est facile, trompeusement aisée ; c'est une autoroute, où toutes les vitesses sont permises, mais qui même droit au désastre. L'autre, "le chemin moins battu", nous offre notre dernière, notre unique chance d'atteindre une destination qui garantit la préservation de notre terre.
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L’homme a perdu l’aptitude à prévoir et à prévenir. Il finira par détruire la Terre.

Albert Schweitzer.
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La contamination de notre monde n'est pas seulement une affaire de pulvérisation massive. Les innombrables petites expositions, quotidiennes et permanentes, peuvent s'avérer plus dangereuses encore. Comme l'inlassable filet d'eau qui ronge peu à peu la pierre la plus dure, ces contacts continuels avec de dangereux produits chimiques, de la naissance à la mort, peuvent se révéler désastreux.
(...) Personne ne peut plus éviter les contacts dangereux, à moins de vivre dans le plus complet isolement. Le citoyen moyen, abusé par la propagande commerciale, et par la facilité avec laquelle on acquiert les pesticides, s'entoure de substances mortelles sans bien s'en rendre compte, ou même s'en douter. (p.173)
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Sur des portions de plus en plus nombreuses du territoire américain, le retour des oiseaux n'annonce plus le printemps, et le lever du soleil, naguère empli de la beauté de leur chant, est étrangement silencieux. (p.113)
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Le poison se dépose sur les feuilles et l'écorce en un film que les pluies n'arrachent pas. A l'automne, les feuilles tombent, s'accumulent sur le sol en couches humides, puis entament leur lent processus de transformation en humus. Les vers de terre participent à cette opération...En les mangeant, ils absorbent l'insecticide qui s'emmagasine et se concentre en eux....Certains vers en meurent, à coup sûr, mais d'autres survivent et deviennent des concentrés de poison. Au printemps suivant, les rouges-gorgent reviennent, les mangent et le drame est consommé.
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Vouloir 'contrôler la nature' est une arrogante prétention, née d'une biologie et d'une philosophie qui en sont encore à l'âge de Néandertal, où l'on pouvait croire la nature destinée à satisfaire le bon plaisir de l'homme. Les concepts et les pratiques de l'entomologie appliquée reflètent cet âge de pierre de la science. Le malheur est qu'une si primitive pensée dispose actuellement des moyens d'action les plus puissants, et que, en orientant ses armes contre les insectes, elle les pointe aussi contre la terre.
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Tout au long de l’agriculture prémoderne, les insectes ne posaient quasiment pas de problèmes aux paysans. Les ennuis sont apparus avec l’intensification de l’agriculture – lorsque l’on a commencé à consacrer d’immenses superficies à une seule récolte. 
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Notre époque est celle de la spécialisation; chacun ne voit que son petit domaine, et ignore ou méprise l'ensemble plus large où cependant il vit.
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Nous pourrions éliminer bien des végétaux indésirables en faisant appel à des insectes bien choisis. Les experts de l'aménagement des terres ont ignoré cette possibilité, bien que les insectes soient peut-être les mangeurs les plus particularistes du monde, et que l'extreme monotonie de leur regime alimentaire puisse être tournée à l'avantage de l'homme.  (p.98)
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Printemps silencieux constitue la naissance du mouvement écologiste - préface d'Al Gore
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Dans tous les pays, la Lune observe la règle d'alliance avec la mer qu'elle a pour toujours acceptée. [Béde le vénérable]. p 217
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