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Critiques de Rainer Maria Rilke (342)
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Les élégies de Duino - Les sonnets à Orphée

Je viens de terminer une première lecture de ce recueil de poemes. C'est une très agréable decouverte. Mais je pense que la traduction peine à rendre fidèlement la version originale. Malheureusement, à moins d'apprendre l'allemand, je devrai m'en contenter. Je ressens, à la lecture de ces poèmes, une grande émotion. Les élégies sont, selon le Larousse, des poèmes centrés sur les thèmes de la mélancolie, et de la mort, thèmes qui me sont chers. L'homme, face à son destin, n'est que de passage sur cette terre.

Il faut souvent relire ces strophes, à voix haute, pour s'en imprégner. Il s'en degage une réflexion sur le passage du temps, et la mort.

C'est un livre que je vais certainement relire souvent.
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Les élégies de Duino - Les sonnets à Orphée

Frustration. Il faudrait le vivre en allemand. Je vois le texte original, y saisit des mots au vol, des bouts de phrases, puis je lis la traduction, souvent en me disant que ce n'est pas cela, qu'en allemand, c'est plus simplement dit, que traduire la poésie est impossible, que le langage de Rilke demeure fondamentalement étranger à mon esprit francophone, qu'il y a trop d'abstraction et de pensée dans ce que je voudrais concret, rapide, sonore et limpide. Comme souvent, un poète passe, intouchable et lointain, comme un ange, et je reste sur les planches, albatros qui ne pige rien au brûle-gueule des mots qui donnent la nostalgie d'avant Babel.
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Les poésies d'amour

Rainer Maria Rilke, célèbre écrivain autrichien, est surtout connu pour ses Lettres à un jeune poète, écrites alors qu’il n’avait que 27 ans. Mais son oeuvre, en particulier poétique, est abondante et magnifiquement essentielle, ainsi que ses correspondances passionnées avec les femmes rencontrées tout au long de sa vie, amitiés amoureuses la plupart du temps, de la première Lou-Andréas Salomé à la dernière Marina Tsvetaeva qu’il n’a même finalement jamais rencontrée.

Certes, tous ses écrits sont traversés par un lyrisme qui peut paraître excessif au lecteur francophone d’aujourd’hui, mais quelle beauté dans certaines trouvailles poétiques laissant affleurer la veine pure des émotions, quelle originalité aussi.



Je suis convaincue depuis longtemps que la poésie ne se donne pas facilement, ne s’apprend pas, elle s’apprivoise doucement, régulièrement au contact des sons, de la musicalité des vers.

Le recueil bilingue Les poésies d’amour paru cette année regroupent dans une nouvelle traduction, très proche du texte original pour une fois, des poèmes directement ( emploi du tu ) adressés à La femme aimée, sans plus de précision.

C’est bien d’un amour universel et de ses affres dont il est question, recueil de géographie amoureuse en quelque sorte, y compris ses fameux Sept poèmes, classique de la poésie érotique.



Une nouvelle porte d’entrée donc pour aborder sa poésie de l’amour et du désir, intimement liée à sa création toute entière.
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Les poésies d'amour

Très bien pour exercer son allemand. Voir comment un poète joue avec la syntaxe allemande et les sonorités, est intéressant . Ceci dit, autant les poèmes en vers sont abordables, autant ceux en prose le sont beaucoup moins, surtout quand le sens est franchement hermétique , ou demande plusieurs relectures.

J’ai lu « Elegie » directement en français , la misère pour comprendre la VO !!

J’aime bien la poésie de Rilke car elle est à la fois passionnée et délicate . Il décrit une scène onirique pour exprimer une idée , il n’hésite pas à convoquer les dieux:

« Als hin der Gott in seiner Not betrat,

erschrak er fast, den Schwan so schön zufinden;

er lies sich ganz verwirrt in him verschwinden. »



J’aime beaucoup la sensibilité raffinée et précise de ces lignes, caractères que l’on retrouve beaucoup dans ce recueil de poèmes d’amour:

« Sieh : ich fühle, wie ich mich entferne,

wie ich Altes, Blatt um Blatt, verlier.

Nur dein Lächeln steht wie lauter Sterne

über dir und bald auch über mir. »



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Les Roses

Grand merci aux Editions de l'Aire pour cet envoi poétique au départ de Suisse jusqu'à la fin de la terre (le Finistère).

Une des oeuvres de Rilke écrite en français à la fin de sa vie. Ici, une composition de poèmes exclusivement autour des roses.

Du premier, plutôt guilleret, cela tend progressivement, jusqu'à l'ultime: le vingt-quatrième, vers un poème crépusculaire.



Mais, dans le glissement vers la métaphore de la vie et de sa propre mort, sont aussi 24 "roses" qui chantent la volupté et la sensualité.

Après cela, je ne verrai plus les roses comme auparavant.



Cependant, je n'ai pas été emporté par les nombreuses photos de Nicole Webert qui illustrent chaque poème. Elles surchargent l'ouvrage. Elles relèvent plus à mon avis du catalogue de jardinage que de la photo d'art. Elles gênent la lecture.



Cela reste cependant un hommage à Rilke et à celles qu'il aimait tant jusqu'à faire inscrire en épitaphe sur sa tombe cet ultime poème:



Rose, ô pure contradiction, volupté

de n'être le sommeil de personne

sous tant de paupières

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Les Roses

Avant tout, je tiens à remercier les éditions l'Aire pour l'envoi de ce livre, ainsi que l'opération Masse Critique. J'avoue que mon choix s'est porté sur ce livre, ou plutôt ce recueil de poèmes, car Rilke est un auteur que je connaissais déjà,  notamment avec son très célèbre Lettres à un jeune poète qui ne m'avait pas vraiment emballée. Peut être mon jeune âge n'a-t-il pas su comprendre la philosophie de cet auteur. C'est pourquoi,  j'ai eu la ferme intention de me réconcilier avec cet auteur. Voilà chose faite ! 



Dans Les Roses, j'ai découvert de multiples facettes de ce poète talentueux, et en premier lieu sa sensibilité pour la nature, particulièrement marquée vers la fin de sa vie. En effet, Rilke considère une Rose bien plus que comme une simple fleur, ou un simple objet de la nature -qui, soit dit en passant, est tout à fait digne de notre attention- mais plutôt comme une amie, une confidente. Grâce à une plume qui enchante le lecteur, j'ai ainsi jeté un autre regard sur les roses, leurs "coutumes", leur naissance et leur mort, leur fraîcheur, leur mystère et surtout sur leur brièveté qui les rend si uniques.



Je tiens à ajouter que les photos accompagnant chacun des  24 poèmes sont magnifiques, et sont de plus parfaitement assorties au poème associé. 

De même, j'ai particulièrement apprécié la préface, qui résume à merveille ma pensée concernant ce recueil !



Bref, comme vous pouvez le constater,  j'ai été conquise par Les Roses, et je me suis retrouvée complémentaire de Rilke. J'ai également éprouvé beaucoup de compassion pour l'auteur,  qui, lors des derniers moments de sa vie, à su profiter de ce qui en valait la peine et à réussi à extraire toute la magie de la nature, afin de la rendre encore plus belle...

À lire !
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Lettres à Auguste Rodin (1902-1913) : Cher Maître

Le Hibook(reclus) a lu : « Cher maître. Lettres à Auguste Rodin 1902-1913 » de Rainer Maria Rilke Cette correspondance (réduite ici aux lettres de Rilke) poursuivie sur des années est étonnante comme l’est l’amitié entre le jeune poète encore incertain de son talent et un Rodin en pleine gloire . Elle marque de la part de Rilke une admiration qui frise l’idolâtrie au point d’en être parfois gênante (surtout au début) . On y voit aussi s’affirmer l’écrivain à travers une maîtrise de plus en plus grande de la langue française. Cet ouvrage aux Editions Alternatives dans la très belle collection « Grand Pollen » est illustrée par de superbes calligraphies de Kitty Sabatier.
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Lettres à Lou Andreas-Salomé

Quelques phrases qui résonnent, se dégagent, sur la création, l'écriture, sur l'amour mais beaucoup de choses incomprises - trop peu de connaissances sur Rilke et Lou Andréas-Salomé sûrement, que les pages "Lou et la naissance du poète" n'auront pas suffisamment comblées. Et puis, comme c'est étrange de lire des lettres sans avoir les réponses !

Il reste le portrait en creux d'un poète maladif.
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Lettres à Lou Andreas-Salomé

"Au milieu du mois de mai 1897, René Maria Rilke rencontre Lou Andreas-Salomé à Munich. Il a vingt et un ans, elle en a trente-six. Rencontre déterminante : quelque temps plus tard, le poète abandonne son prénom pour celui de Rainer, signant là comme une seconde naissance.Car si Lou est l'amante [..] elle est surtout la mère nourricière et libératrice, intimement convaincue de la vocation de celui qu'elle qualifie d'"élu du destin". [...] Au printemps 1900, lors de leur deuxième voyage en Russie, Lou, éperdument avide de liberté, s'éloigne du poète tout en le conjurant de ne pas succomber au pathologique et de progresser seul vers la maturité de son art.

Désormais, elle ne sera plus la femme à laquelle il s'en remet - bien d'autres femmes l'inspirèrent -, mais elle restera la seule référence dans son existence, l'amie, la confidente. Leur correspondance - commencée dès leur première rencontre - reprend trois ans plus tard et ne cessera qu'à la mort de Rilke, le 29 décembre 1926." (extrait du dossier en fin d'ouvrage intitulé Lou et la naissance du poète)



Toujours à la recherche de Rilke, suite à ma lecture des Lettres à un jeune poète, je me suis penchée sur ces lettres là, très différentes.

Rilke n'a plus ici le rôle du maître qui donne conseils et règles d'écriture. Il n'est qu'un auteur à la recherche de son art, qui demande son avis à une amie, seule capable de le "comprendre" et d'écouter ses souffrances, doutes et hésitations.

Du lyrisme des premières lettres, enflammées, nous passons à des propos plus sombres, plus anxieux, ceux d'un auteur en proie à un état poétique déstabilisant, habité par le poids des années et par des questionnements constants.

Proche de Nietzsche, puis de Freud, Lou est pour Rilke l'interlocutrice idéale, intelligente et sensible, attentive, qui permet au poète d'accoucher de son oeuvre.

Ce recueil m'a moins touché que le précédent mais il permet d'apréhender Rilke de manière plus intime et plus réelle aussi.



Un extrait...

"Tu es mon jour de fête. Et quand je te visite en rêve, j'ai toujours des fleurs dans mes cheveux.

Je voudrais mettre des fleurs dans tes cheveux. Lesquelles ? Aucune n'est d'une simplicité suffisamment touchante. En quel mois de mai les trouver ? - Maintenant, je crois que tu as toujours une guirlande dans tes cheveux - ou une couronne...je ne t'ai jamais vue autrement."



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Lettres à un jeune poète

Challenge Petits Plaisirs 2014/2015



"Lettres à un jeune poète" condense en une dizaine de lettres les réponses humbles et bienveillantes d'un poète reconnu à un admirateur en quête de sa propre plume. Plus qu'un témoignage de l'histoire de la littérature, ces lettres s'adressent à chacun de nous, à leur manière.

A lire au moins une fois. La brièveté du recueil ne devrait rebuter personne.



Deux autres textes accompagnent ce petit recueil épistolaire à une voix (puisque l'on n'a que les lettres de Rainer Maria Rilke). Le premier sobrement intitulé "Le poète" est un court essai basée sur l'expérience de Rainer Maria Rilke qui l'a conduit à une analogie définissant le poète.

Le second intitulé "Le jeune poète" est un texte qui m'est complètement passé à côté au point que je serais bien incapable de dire de quoi il retourne. Peut-être un effet de la plage, en tout cas cette partie m'a totalement perdue !
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Lettres à un jeune poète

Un livre juste parfait aussi bien pour s'imprégner de la vision du monde du poète que pour inspirer ses écrits. Cela reste pour moi un livre décrivant l'idéal du poète !
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Lettres à un jeune poète

C'est parce qu'il apprit par un professeur que Rainer Maria Rilke dont il lisait les poésies un jour de l'automne 1902, avait séjourné quelques années auparavant dans cette école militaire où il était élève officier, que le jeune Franz Kappus, vingt ans, décida de soumettre au jugement de Rilke ses propres écrits.

S'établit alors entre ces deux hommes que quelques années séparaient et qui ne se connaissaient pas, une correspondance dont Kappus a choisi un peu plus tard de publier dix lettres dont le contenu dépasse la relation personnelle qui s'était établie entre eux pour atteindre une portée universelle où chacun peut trouver matière à réflexion.

Quand Franz adresse sa première lettre à Rilke, il est en plein désarroi, hésitant entre une carrière d'officier pour laquelle il ne se sent aucune inclination et les incertitudes de la poésie, ne sachant pas si ce qu'il écrit a une quelconque valeur.Toute la subtilité et la force du message de Rilke, c'est de ne pas juger le travail de Franz, de ne pas s'attarder à des considérations techniques qu'il pourrait tirer de sa propre expérience, s'appuyant sur sa notoriété déjà certaine, mais de renvoyer Franz à lui-même, à son intériorité, de l'inciter et l'aider à trouver la réponse en lui : "Personne ne peut vous conseiller ou vous aider. Il n'existe qu'un seul moyen, plongez en vous-même."

"Aller en soi, soumettre à examen les profondeurs d'où surgit votre vie;c'est à sa source que vous trouverez la réponse à la question de savoir si la création est pour vous une nécessité."

"Recherchez la raison qui vous enjoint d'écrire, répondez franchement à la question de savoir si vous seriez condamné à mourir au cas où il vous serait refusé d'écrire et si la réponse devait être positive, construisez votre existence en fonction de cette nécessité. Et lorsque de ce retour à son intériorité, de cette immersion dans son propre monde surgissent des vers, vous ne songerez pas à interroger quelqu'un pour savoir si ce sont de bons vers.Vous verrez en eux une expression de votre vie. Une oeuvre d'art est bonne qui surgit de la nécessité."

Est-ce que tout n'est pas dit, là dans ces phrases, avec ce mot "nécessité" qui revient sans cesse sur l'acte de créer et le sens de la création ? Choisir de créer, c'est choisir un destin dont il faut assumer "la charge et la grandeur" sans se demander quel bénéfice on peut en tirer. Il ne faut chercher ni à plaire, ni à flatter sa vanité et ne pas attendre de reconnaissance extérieure. Bien au contraire, Rilke lui conseille de travailler avec" une honnêteté humble, silencieuse et profonde" et "si votre vie quotidienne vous parait pauvre, accusez-vous plutôt de ne pas être assez poète pour en convoquer toutes les richesses."

Tout est affaire de temps, de patience et d'humilité:"Développez-vous tranquillement en obéissant à votre propre évolution, vous ne pourrez davantage la perturber qu'en tournant vos regards vers l'extérieur et en attendant des réponses à des questions auxquelles sans doute, seul votre sentiment le plus intime est, à l'heure la plus silencieuse, en mesure de répondre."

Vivre en artiste, c'est vivre sans calculer, sans faire du temps un critère, c'est laisser s'épanouir au plus profond de soi, dans cette région où notre propre entendement n'accède pas, toute impression, tout sentiment et "attendre l'heure où l'on accouchera d'une clarté neuve." C'est aussi faire confiance à son propre jugement et se préserver des réflexions d'ordre critique ou esthétique que peuvent faire tous ceux qui se targuent de connaitre et juger l'art: "...ou bien ce sont des vues partisanes figées et dépourvues de sens dans leur pétrification sans vie ou bien ce sont d'habiles jeux de mots où telle conception l'emporte aujourd'hui et la vision contraire le lendemain."

"La solitude qui enveloppe les œuvres d'art est infinie et il n'est rien qui permette moins de les atteindre que la critique, rien de plus superficiel pour aborder une oeuvre d'art que les propos critiques.Seul l'amour peut les appréhender, les saisir et faire preuve de justesse à leur endroit."

"A chaque fois dans toutes discussions de ce genre, donnez-vous raison à vous et à votre sentiment et si toutefois vous deviez avoir tort, c'est la croissance naturelle de votre vie intérieure qui avec le temps vous conduira vers d'autres conceptions.Conservez à vos jugements leur évolution propre qui comme tout progrès doit n'être pressé par rien."

Etre en accord avec soi-même, voilà vers quoi il faut tendre sans craindre de se heurter à l'incompréhension des autres et en acceptant le conflit entre aspirations personnelles et réalité de la vie. Ne pas avoir peur de la solitude, la grande solitude intérieure qui devient "cette demeure à peine visible loin de laquelle passe le vacarme des autres."

Le chemin que Rilke propose à Franz d'emprunter n'est pas toujours facile à suivre, il est pavé de doutes et de souffrances. Mais il l'encourage à voir dans les difficultés une source de richesses intérieures, de celles qui font aspirer aux grandes choses et conduisent à la connaissance de soi et à l'acceptation de ce que l'on est vraiment.
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Lettres à un jeune poète

Un petit livre tout ce qu'il y a de magique pour toute personne qui se lance dans une passion artistique. Celle de la poésie, bien sûr, mais toute autre passion pourrait également s'abreuver des paroles claires et sereines de cet auteur génial. A lire absolument, plutôt cent fois qu'une...
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Lettres à un jeune poète

C'est un livre que quelqu'un à qui j'avais fait visiter Berlin m'a expédié en remerciement. Comment du coup aurais-je pu ne pas aimer ce petit livre délicat. Il est resté sur ma table de nuit longtemps, et jusqu'à présent de temps en temps, je lis quelques pages.
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Lettres à un jeune poète

Ces lettres sont, à mes yeux, ce que j’ai lu de plus censé et de plus profond à ce jour. Je dirais que tous mes questionnements, toutes les pensées qui me sont essentielles, sont présents dans ces écrits de Rilke. L’existence, le doute, la mélancolie, l’angoisse, et bien sûr l’amour sont les principaux thèmes abordés.



Quelle leçon de la part de Rilke, que je ne connaissais pas jusque-là ! Son style est d’une efficacité précieuse, et son argumentation est tout ce qu’il y a de plus percutant. On obtient au bout du compte un délice littéraire en même temps qu’un baume pour les âmes tristes et égarées.



Comment ne pas ressortir de cette lecture guéri ? « Guéri », un grand mot, peut-être, mais c’est un peu le sentiment que j’ai eu en lisant ces lettres.
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Lettres à un jeune poète

Film marquant du début des années 90, Sister Act 2 est depuis très longtemps l'un de mes films préférés, j'ai dû le visionner au bas mot au moins cent fois. Et dans ce film il y a une scène dans laquelle soeur Marie-Clarence (Whoopi Goldberg) prête un livre à Rita (Lauryn Hill) pour lui redonner confiance en sa vocation de chanteuse, et ce livre vous l'aurez deviné (ou peut-être vu) n'est autre que Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke. Et c'est ce qui m'avait donné envie de le lire depuis bien longtemps, puisqu'il était cité dans mon film favori alors ce livre devait forcément être remarquable.

Si cette anecdote fait partie de mon histoire personnelle, les lettres de Rilke, elles, n'ont pas attendu le cinéma pour entrer dans la postérité. Depuis 1929, date de leur première publication, elles ont fait le tour du monde.

Et pour cause, la richesse et la valeur de cet échange épistolaire est auréolé d'une aura universelle, intemporelle.

Lorsque Franz Kappus prend la plume pour confier à un poète qu'il admire les doutes dont il est emprunt concernant la qualité de sa poésie, il trouvera mieux. Rilke lui répondra - réponse célèbre et en l'occurrence celle mentionnée dans le film - que ce n'est pas à lui qu'il doit demander s'il peut devenir poète mais que cette réponse se trouve en lui. Si écrire lui est un besoin vital, alors il est écrivain.

Un conseil qui révèle la très grande humilité de son auteur, qui au lieu de se placer en maître envers un élève choisit de se poser d'emblée comme son égal. Après cette première lettre se sera donc un véritable échange d'homme à homme, d'âme à âme qui s'engagera entre les deux. Débuté sur la question de l'écriture artistique, leur conversation les conduira finalement vers la vie dans sa multiplicité.

Et c'est précisément en ça qu'elle est si riche pour tout lecteur, de tous lieux et de tout temps.

La solitude, la tristesse, l'enfance. Trois thèmes qui forment en quelque sorte la trame des ces échanges, des thèmes que l'on sent fondamentaux pour Rilke. Comment composer avec la solitude que l'on endure ? L'accueillir tout simplement. La tristesse ? Un monde à explorer. L'enfance ? Une source à retrouver. On lit et on se rend compte qu'il n'a pas tord. À quoi bon lutter, nous apprend-il, contre les émotions considérées comme négatives, vouloir les supprimer, puisqu'elles nous enseignent le plus. Comme si Rilke voulait nous montrer qu'il y a en nous des trésors, cachés sous la boue.

Il évoque également la lecture, Dieu, l'amour, la sensualité, et même — ce qui est stupéfiant — une égalité rêvée entre les sexes qui cesseraient de s'opposer comme des contraires pour se rejoindre comme semblables humains.

Tout cela est bien plus encore. Ces lettres sont d'une richesse inestimable, elles sont à lire et à relire au cours d'une vie. Rainer nous parle à travers le temps, nous guide, nous accompagne. C'est bouleversant.

Comment tant de sagesse, de recul et de maturité ont-elle été possibles à seulement 28 ans ? Rainer nous répond :

«Ne croyez pas que celui qui essaie de vous réconforter vit sans peine parmi les mots simples et calmes qui parfois vous font du bien. Il y a dans sa vie beaucoup de peine et de tristesse, dans cette vie qui reste loin en-deçà de vous. Si, à vrai dire, il en était autrement, il n'aurait jamais pu trouver ces mots. »
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Lettres à un jeune poète

Court recueil, magnifiquement écrit, à l'époque où franchement Rainer Maria Rilke lui même n'était pas si vieux, les Lettres à un jeune poète sont une découverte très agréable.

Bien que l'auteur aborde des sujets aussi complexes que Dieu, les rapports homme-femme, le processus créatif , et j'en passe, cela reste une correspondance, pas un traité de philosophie et il ne faut pas y essayer d'y trouver plus que cela.

Pour qu'y cherchera simplement la beauté de sa plume, le talent de Rilke est une gorgée de plaisir littéraire, et ce sont des textes qu'on garde à portée de main, qu'on lit et relit , qui accompagnent un lecteur au fil des années.

On comprend mieux que ce soit un classique.
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Lettres à un jeune poète

Peut-on imaginer plus louable manifestation de respect et d’amitié que celle que le poète Rainer Maria Rilke a offerte au jeune Franz Kappus ? En 1902, ce dernier, alors tout jeune élève de l’école militaire de Sankt Pölten, apprend par hasard que Rainer Maria Rilke a lui aussi fréquenté cette même institution une quinzaine d’années auparavant.

Le jeune homme n’a pas encore 20 ans, se tient au seuil de l’âge adulte, dans cette période charnière et difficile de la vie, où les doutes, les inquiétudes, les inclinations profondes et les interrogations sur l’avenir taraudent et corrodent l’esprit de mille petits tourments.

Il décide d’envoyer ses tentatives poétiques au célèbre poète dans l’espoir de solliciter son jugement sur la qualité de ses vers. Il y joint une lettre d’accompagnement où il se livre entièrement, révélant l’état de trouble, de solitude et d’incertitude dans lequel se débat sa conscience.



Quel écho dans sa propre existence Rilke trouva-t-il à la lecture de ces lignes l’incitant à répondre au courrier du jeune homme ? Sans doute fut-il touché par la grande sincérité avec laquelle ces lettres furent écrites ? Sans doute se souvint-il d’un temps pas si lointain où lui aussi subissait ce même égarement et ces choix douloureux qu’il faut effectuer et qui décident de toute votre existence ?

C’est ainsi que de 1903 à 1908, l’homme de lettres renommé entama une relation épistolière avec le jeune garçon inconnu Franz Kappus. Jamais les deux hommes ne se rencontrèrent autrement que par ces mots couchés sur le papier et que Franz Kappus, conscient de la beauté du geste autant que de la valeur littéraire des lettres du poète, décida de partager avec le grand public en les faisant publier à l’aube des années 1930.



Dix lettres, dix réponses, dix superbes textes qui dépassent les seules considérations poétiques pour éclore sur des interrogations universelles et intemporelles comme la solitude, la création artistique, Dieu, la nature ou l’amour.

Et c’est un véritable bonheur de découvrir ces missives écrites par Rainer Maria Rilke avec toute la franchise et la bienveillance d’un guide spirituel attentif aux troubles et aux questionnements d’un être en quête d’identité et de sens.

La plume déliée, lyrique, sensible et compatissante du poète allemand, s’écoule avec la force d’une eau vive au gré des pensées et des méditations, se faisant le réceptacle de toute une jeunesse en proie aux incertitudes lors du ô combien difficile passage à l’âge adulte.

Conseiller, berger, accompagnateur, Rilke l’est tout entier dans ces lettres éblouissantes de profondeur et de chaleur amicale mais il est aussi l’homme qui, de part son statut de poète, a fait le choix d’une existence solitaire vouée à l’écriture et à la poésie.

En effet, pour l’écrivain allemand, il n’est pas d’expérience artistique authentique qui ne se manifeste autrement que dans la nécessité, la solitude, l’immersion au plus loin de son intériorité et l’attention portée à la nature.

Cependant, cette expérience artistique ne s’exprime nullement par la seule pratique d’un art. Elle s’inscrit selon lui, dans tous les aspects de la vie, pour peu que chaque chose soit vécue avec loyauté et rigueur, dans la compréhension d’un monde où s’embrassent le tangible et l’immatériel.



L’art est ainsi une manière de vivre ; le poète est celui qui puise son inspiration dans toutes les manifestations de la vie et de la nature, aussi infimes soient-elles. Sa perception, allant bien au-delà du commun des mortels, le désigne naturellement à une solitude qui ne doit pas être subie mais au contraire choisie et désirée quand bien même elle serait quelquefois douloureuse.

Solitaire à l’instar d’un Dieu créateur, le poète renferme en lui un univers par lequel l’acte de création jaillit après une longue germination.

Les deux courtes nouvelles qui suivent la correspondance de Rilke le conduisent à la genèse de la condition du poète, avec l’apparition des premières manifestations poétiques et l’évocation du surgissement de son inspiration.



Si ces lettres permirent à Franz Kappus de franchir le passage entre adolescence et âge adulte et de s’épanouir ailleurs que dans le domaine de la poésie et de l’écriture, les mots de Rilke vont toutefois bien au-delà d’une source d’apaisement et de réconfort.

Ils renferment une aura d’éternité et un caractère universel qui fait que chaque lecteur en quête de sens ou de beauté peut s’en imprégner, y puiser matière à réflexion et a même l’impression que ces mots pourraient ne n’adresser qu’à lui. C’est en partie cette universalité, cette réceptivité du poète allemand faisant fi des barrières du temps qui ont valu à « Lettres à un jeune poète » l’engouement d’un large lectorat.

Un livre tout en beauté et en profondeur …« plus on le lit et plus il semble qu’il contienne la totalité de la vie ».

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Lettres à un jeune poète

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Lettres à un jeune poète

Lors de mes lectures le nom de Rilke revenait souvent et en particulier avec cet ouvrage dont le titre ne pouvait que m'inciter à le découvrir. J'aime beaucoup les correspondances, les échanges épistolaires surtout quand il s'agit de courriers d'écrivain(e)s car comme dans les journaux intimes, les personnalités se révèlent, se "lâchent" et ici je dois dire que j'ai été surprise du contenu.



Je pensais lire des conseils d'écriture d'un poète affirmé et reconnu à un apprenti-poète et finalement ce sont dix lettres d'un poète certes mais d'un philosophe à un jeune officier, Monsieur Kappus, celui-ci attendant un avis sur ses écrits et recevant finalement des préceptes de vie : la solitude, la vie, l'amour, la maturité, les choix, préceptes nécessaires selon Rilke au travail d'écrivain



"Laissez à vos jugements leur évolution propre, silencieuse, sereine ; comme tout progrès, elle doit venir du fond de votre être et rien ne peut ni la presser ni la hâter. Tout est là : porter à terme, puis enfanter. Il vous faut laisser chaque impression, chaque germe de sentiment s'accomplir en vous, dans l'obscure, l'indicible, l'inconscient, le domaine inaccessible à votre propre intelligence et attendre avec une humilité et une patience profondes l'heure de la naissance d'une nouvelle clarté : cela seul est vivre pour l'art, qu'il s'agisse de comprendre ou de créer. (p19)"



Comme je le précise souvent je ne suis pas lectrice de poésies et je ne pensais pas être aussi séduite par ces échanges que je pensais axés sur celle-ci et dans une langue difficile d'accès. Il n'en est rien ni pour la poésie ni pour l'écriture, les pensées. Rilke évoque peu les vers de son correspondant mais plus sur ce qui transpire à travers eux où à travers les courriers reçus du jeune homme. Au début le ton est assez distant, presque sévère puis au fil du temps on sent une certaine complicité voire de maître à élève teintée d'amitié sincère s'installer entre eux (il n'y a que les lettres de Rilke et pas celles de Kappus). Rilke voyage beaucoup, souffre souvent de maladies ou de fatigues qu'il évoque en introduction puis développe à son correspondant ce qu'il doit savoir sur la vie mais également sur ce qu'implique être écrivain.



L'écriture est de toute beauté, fluide, le poète argumente, démontre et se fait même parfois prophète :



"Cette humanité que la femme a portée à terme dans la douleur et l'humiliation se révélera le jour où, en modifiant sa situation extérieure, elle se sera dépouillée des conventions de sa seule féminité, et les hommes, qui aujourd'hui encore ne le voient pas venir, en resteront surpris et abattus. Un jour (...) seront là la jeune fille et la femme dont le nom ne marquera plus seulement l'opposition au masculin, et aura une signification propre, qui n'évoquera ni complément ni frontière, simplement vie et existence : l'être humain dans sa féminité. (p46-47)"



J'ai beaucoup aimé car il s'adresse finalement pas seulement à un jeune poète mais l'humain, un petit livre de philosophie à l'usage des hommes (et des femmes) sur les attentes, les espoirs, les interprétations et sur l'impatience alors que tout cela demande temps et réflexion. 



Une véritable bonne surprise, une écriture remarquable et une acuité sur le monde qui l'entoure, malgré son jeune âge à l'époque de la rédaction de ces lettres (de 28 à 33 ans) on a l'impression de lire l'analyse profonde d'un homme ayant déjà beaucoup vécu avec en plus une pensée réduite à l'essentiel et je comprends mieux pourquoi il apparaît comme référence dans de nombreux ouvrages. D'autres ouvrages de correspondances ont été publiés et même si je ne vais pas vers ses poèmes (mais pourquoi pas tenter) j'aimerais les lire car qui ne rêverait d'avoir cette faculté de rédaction.



A lire, à relire, à méditer.... Un petit ouvrage à garder à portée de main pour le réconfort qu'il procure dans les moments de doute, pour revenir à l'essentiel et pour apprécier une vraie belle plume.
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