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Critiques de Rainer Maria Rilke (341)
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Correspondance à trois : Eté 1926

Encore un chef d'oeuvre de partage poétique et pensées philosophiques au sujet de l'art d'écrire, vivre sa passion, aimer... Les trois protagonistes échangent et nous gratifient d'une littérature sensible et sensée. Un pur plaisir!
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Correspondance avec une dame

Un autre volume de la correspondance si riche de Rainer Maria Rilke, mais moins fourni cependant que d'autres, sans doute parce que Rilke a rencontré Hélène von Nostitz (la "dame" en question) plutôt vers la fin de sa vie. C'est plutôt elle qui écrit et on voit à quel point elle est influencée par le style et la pensée de Rilke.
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Deux histoires pragoises

Lues en amuse-bouche avant un voyage à Prague, ces histoires pragoises ont déjà le mérite de mettre en appétit, grâce aux poétiques descriptions du quartier du Château ou de Mala Strana, au printemps ou à la nuit tombée. Le contexte politique de la fin du XIXe siècle, l'effervescence du sentiment national tchèque dans l'Empire allemand, est le fil rouge qui relie ces deux nouvelles, par ailleurs un peu composites et bizarrement construites.



Ce sont des textes de jeunesse, et cela se ressent dans un certain manque de maîtrise narrative : on saute parfois du coq à l'âne et le style est étrangement tarabiscoté. Mais au fond, cela convient bien au thème de ces deux histoires : la jeunesse d'un peuple qui commence maladroitement à prendre la parole. Les personnages principaux, Bohusch et Zdenko, vont vivre, profondément, cet "éveil" national, que l'on réduit bien souvent à un processus abstrait. Mais Rilke ne permet pas à cette prise de conscience d'aboutir : elle tourne court, à cause de la naïveté ou de la maladie...
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Deux histoires pragoises

Rilke n'aimait pas beaucoup ces deux nouvelles publiées en 1898 alors qu’il avait 24 ans. Et pourtant son talent y est déjà déployé. Un éblouissement.



D'une façon générale, les courtes oeuvres en prose de Rilke sont un régal : la poésie épouse la vie et la transfigure, on évolue avec ses personnages à la marge du rêve et de la réalité dans un univers riche et sensible, quotidien et transfiguré par la rapidité et la profondeur du regard.



Les histoires pragoises offrent un scénario plus construit que la plupart de ses autres nouvelles. Elles sont aussi plus longues : peut-être était-ce cette construction aboutie, soucieuse de cohérence psychologique et de linéarité dans le récit qui en amoindrit la valeur aux yeux du poète.



On sait aussi, si l'on a lu les "Cahiers de Malte Laurids Brigge" que le recours à un narrateur omniscient était vue par l'auteur comme une faiblesse intrinsèque, un recours paresseux et mensonger, une injure à l'art. Or il y a recours ici.



En effet, les influences extérieures du roman traditionnel s'y ressentent encore, rognant sans doute, selon son appréciation, sur l'univers poétique dans lequel il s'est embarqué pour la vie, corps et âme, parfois avec un brin d'affectation, mais toujours avec sincérité et un dur travail d'ascèse. Jusqu'à avoir fait de sa mort une oeuvre d'art.



Ces deux nouvelles, avec quelques autres, sont une fameuse porte d'entrée dans sa demeure.
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Deux histoires pragoises

Oeuvre de jeunesse en prose, ces deux récits sont reliés par la présence d'un même personnage énigmatique et inquiétant, agitateur politique et manipulateur. Ces écrits sont à la fois des nouvelles et des contes, mélangeant romantisme et fantastique. L'auteur évoque aussi le problème politique du peuple tchèque soumis et cohabitant difficilement avec les allemands. Je n'ai pas été particulièrement emballée par ces deux histoires, mais malgré tout sensible à l'écriture.

Je reste sur ma faim, il me semble avoir déjà lu ce genre de textes, plus construits, plus fouillés, chez d'autres auteurs classiques.
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Est-ce que tu m'aimes encore ?

J'ai aimé cette correspondance, aussi brève que passionnée, entre Rilke et Marina Tvéstaïeva, qui s'achève avec la mort de Rilke, le 30 décembre 1926. Amour à distance, né d'une admiration réciproque, fougueux et "échevelé" chez Marina, profond et réservé chez Rainer. Jamais ils ne se rencontrèrent.
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Est-ce que tu m'aimes encore ?

Par l’intermédiaire de Boris Pasternak avec lequel elle entretient une correspondance enflammée, Marina Tsvétaïeva, exilée en France, écrit à Rilke. En dépit de l’écart d’âge et de la barrière de la langue, une correspondance profonde et pleine d’amour va se nouer entre les deux poètes.



J’aime beaucoup les correspondances. J’ai donc lu ce recueil avec plaisir même si, je l’avoue, je n’ai eu aucune sympathie pour la poétesse et que je n’ai pas été transportée par sa langue.



A lire d’une traite.
Lien : https://lucioleetfeufollet.c..
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Est-ce que tu m'aimes encore ?

Une courte correspondance entre deux célèbres poètes : Marina Tsetaieva et Rainer Maria Rilke.



Je connais les vers de l'un mais ignorait ceux de l'autre. Cette lecture était donc un bon moyen de les découvrir et de les redécouvrir autrement.



Les premières lettres sont assez chastes. On y découvre deux poètes passionnés par leur métier et qui en débattent. Deux amoureux des langues car tous deux sont polyglottes. Et deux personnes qui ont du mal à se positionner et définir leur relation à cause de Boris Pasternak, le mari de Tsetaieva.

Au fil des pages pourtant, à mesure que des photos s'échangent et la parole se libère on sent que Cupidon ne tardera pas à se pointer.... Jusqu'à la mort de Rilke.



Des lettres qui montrent l'attachement profond que l'on peut développer sans "passer à l'acte".

Des lettres qui aident à passer un bon moment de lecture.
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Est-ce que tu m'aimes encore ?

AUDIOLIVRE – C’est par Boris Pasternak, alors au début de sa carrière d’écrivain, que Marina Tsvétaïeva entre en correspondance avec celui qui incarne la poésie, le grand Rainer Maria Rilke. « Poétesse-née », d’après les mots de Pasternak, elle séduit Rilke et leurs échanges deviennent très vite aussi amoureux que poétiques.



Leur correspondance ne durera que quatre petits mois, entre mai et septembre 1926. Elle s’arrête brutalement, avec la maladie de Rilke et sa mort le 29 décembre 1926, sans qu’ils n’aient jamais pu se rencontrer. Cette passion épistolaire et éthérée est une histoire d’amour triste et belle.



« Rainer, le soir tombe, je t’aime. Un train hurle. Les trains sont des loups, les loups c’est la Russie. Pas un train, non — c’est toute la Russie qui hurle après toi. Rainer, ne sois pas fâché contre moi, fâché ou pas, cette nuit je couche avec toi. Une fissure dans l’obscurité, parce qu’il y a des étoiles, je ferme : la fenêtre. (Quand je pense à toi et moi je pense fenêtre, pas lit.) Les yeux grands ouverts, car dehors il fait encore plus noir que dedans. Le lit est un bateau, nous partons en voyage. »



Est-ce que tu m’aimes encore ? Correspondance, M. Tsvétaïeva, R. M. Rilke Rivage Poche, Petite Bibliothèque, 2018



La suite sur : www.actualitte.com avec possibilité d'écouter un extrait


Lien : https://www.actualitte.com/a..
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Fragments sur la guerre 1914-1915

Fragments ou miettes ? Le projet présenté par Jean Tain semble parfaitement légitime : « Le titre et le découpage des lettres que nous avons choisi de conserver effacent la référence à la Grande guerre, et élèvent le propos de Rilke à la généralité de toute guerre, ce qu’il tendait à faire lui-même ». Il s’agit ainsi de lire Rilke comme le précurseur tristement visionnaire du fascisme et du nazisme, allant ainsi à l’encontre de l’opinion couramment admise selon laquelle l’homme, par son silence politique, aurait voulu signifier au mieux sa neutralité, au pire son opposition à l’engagement politique contre les extrémismes. Mais Jean Tain devance toutes les critiques : « Le désœuvrement de Rilke n’était donc pas indifférent à la guerre, au contraire. Ce fut une manière de préserver son projet poétique, essentiel mais fragile, quand tant de poètes se sont abandonnés aux passions nationales ». Le reste de la préface s’attarde à nous donner les raisons pour lesquelles Rainer Maria Rilke ne s’est pas davantage engagé politiquement. Homme de lettres, attention à toi si tu ne te fais pas l'égal de Dieu dans le jugement de tes contemporains –la défense de cette préface sonne curieusement accusatrice.



Jean Tain se permet quelques digressions extra-épistolaires et revient sur le poème de jeunesse de Rainer Maria Rilke intitulé "Le chant de l’amour et de la mort du Cornette" (publié en 1906) que l'on peut lire : ICI.

Ce poème en prose aux tonalités mélancoliques a remporté un grand succès lors de la Grande guerre et a été publié sous forme de brochure, emportée sur les fronts allemands pour accompagner les soldats lors des combats. Jean Tain cite ce poème comme un exemple d'utilisation anachronique de l'oeuvre de Rainer Maria Rilke qui a pu justifier l'assimilation de l'auteur à la propagande pro-militaire.





"Serait-ce l’aube ? Quel soleil est-ce donc ? Qu’il est grand ce soleil ! Et des oiseaux ? Leurs voix chantent de toutes parts. Tout est clarté,

mais ce n’est pas le jour. Tout est rumeur, mais ce n’est pas le chant des oiseaux. Ce sont les poutres qui luisent. Ce sont les fenêtres qui crient ; les fenêtres, rouges, qui crient vers l’ennemi, la-dehors où flambe le pays : « Au feu ! »





Viennent ensuite les fragments de lettres envoyées par Rainer Maria Rilke en 1914 et 1915. Miettes plutôt que fragments, nous avons donc dit, puisque chaque lettre sera réduite à la longueur d’une page, et que cinq lettres seulement ont été choisies pour constituer ce regroupement bien maigre. Quelques belles formules prennent leur élan, ici ou là (« Qui saurait dire ce qui nous arrive là et quels sont les survivants de ce temps qui plus tard seront encore des hommes ? ») mais ces quelques fulgurances ne méritent peut-être pas de constituer à elles seules un ouvrage. Jean Tain plaide en faveur de Rainer Maria Rilke mais ne donne malheureusement pas à son lecteur les données suffisantes pour que celui-ci puisse se forger son appréciation personnelle.


Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Fragments sur la guerre 1914-1915

Merci à Babelio et aux éditions Rives Neuves Archimbault pour l'envoi de ce livre.

Il s'agit de 5 extraits de la correspondance de Rilke, écrit lors des 2 premières années du conflits. Ces extraits ont été publiés la première comme tels durant la guerre suivante, en 1944 et clandestinement. Il s'agissait de contrer la récupération du poète par les nazis, en démontrant la portée universaliste et surtout pacifiste de ce dernier. Les extraits sont accompagnés d'une rapide biographie de Rilke, de ses années de guerre ; elle est critique dans le sens où lui-même ne s'est jamais opposé frontalement à la propagande qu'il exècre. Les 2 côtés du personnage, poète talentueux mais non engagé politiquement.

On peut néanmoins regretter le côté très court, voire opuscule de l'ouvrage. Il aurait été peut-être intéressant de compléter avec d'autres extraits.
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Fragments sur la guerre 1914-1915

En 1940, Walter Benjamin écrit : «Le don d’attiser dans le passé l’étincelle de l’espérance n’appartient qu’à l’historiographe intimement persuadé que, si l’ennemi triomphe, même les morts ne seront pas en sûreté.» Rainer Maria Rilke se doutait peu que son œuvre serait un jour concernée par ce funeste augure du jeune philosophe, qu'il rencontra à Munich durant la Grande guerre.



En effet, Rilke écrit en 1899 un chant lyrique en prose sur l'héroïsme qui connaît un grand succès de librairie et la brochure est beaucoup emportée sur les fronts allemands. Mais après la mort de Rilke, alors que la guerre mécanisée ne justifie plus d'évoquer les anciennes valeurs guerrières ni guère de noblesse au combat, le poème continue de paraître sous le régime nazi.

La réception de l'œuvre de Rilke se voit encore inquiétée par l'intérêt que le poète portait, tout en gardant une distance critique, à l'imaginaire de Alfred Schuler, devenu par la suite une référence pour l'élaboration du pseudo-paganisme nazi.



Malgré son exil volontaire en 1920 pour protester contre le nationalisme allemand, Rilke n'a pas manifesté ouvertement de position politique et son nom se voit abusivement utilisé par la propagande hitlérienne durant le second conflit mondial. Pour dénoncer cette usurpation, les fragments réédités qui nous occupent ici l'avaient été en 1944 par les éditions Émile Paul, traduits par Maurice Betz, pour rétablir dans sa pureté et sa vérité la figure du grand poète pragois.



Les fragments sont minces, dix pages et vous en venez à bout : "Nous avons une apparition" publié (octobre 1914) dans L'Écho du Temps (journal de guerre des artistes) et quatre lettres à des ami(e)s rédigées en 1914-15. Ces écrits disent la détresse de l'artiste – il choisira le désœuvrement – et son indignation devant la barbarie et les mensonges guerriers; ils attestent que le poète fut un farouche opposant au conflit : «Pourquoi n'existe-t-il pas, cet homme unique, qui, ne pouvant endurer cela plus longtemps, refuserait de le supporter ? »



Le recueil est augmenté d'une présentation et de notes de Jean Tain qui s'avèrent très utiles pour comprendre et replacer les écrits dans l'époque. Ainsi l'allusion inattendue, pour définir une temporalité de la guerre, aux œuvres du Gréco que le début du vingtième siècle redécouvre : «Lorsqu'on vous montra des tableaux du Gréco, vous comprîtes que c'était là l'expérience d'une vie que vous ne connaissiez pas», ou encore cette phrase énigmatique «...l'esprit le plus défini, dont jusqu'à présent on ne soupçonnait pas la présence, s'est manifesté en des chevaux», qui évoque les chevaux savants d'Elberfeld.



Maurice Betz, traducteur et ami de Rilke, connut le même avatar que celui-ci avec un écrit de captivité, "Dialogue des prisonniers", qui fut jugé acceptable par la propagande nazie, de même que le détachement du poète avaient permis sa récupération. On peut penser, comme l'esquisse Jean Tain, que ces fragments de guerre ont été une façon d'emprunter la voix de Rilke pour blâmer la guerre et «racheter quelque peu les risques de l'apolitisme qu'ils encoururent tous les deux.»



Plus prosaïquement, il faut malheureusement déplorer — c'est devenu fait courant chez les meilleurs éditeurs – les fautes d'orthographe qu'on oublierait peut-être s'il s'agissait de romans de gare, mais qui font tache lorsqu'il s'agit de textes qui ambitionnent le niveau littéraire. Page 34 : Betz n'a pas eut à se justifier... ; page 34 les risques qu'il encoururent tout les deux.



Remerciements à Babelio et Riveneuve éditions de m'avoir permis de découvrir ce livre.


Lien : http://christianwery.blogspo..
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Histoires du Bon Dieu

C'est en 1900 que paraît le recueil de nouvelles des Histoires du bon Dieu. Tout commence par une rencontre impromptue entre le narrateur et sa voisine, qui se plaint des enfants trop curieux, posant d’impossibles questions sur le nombre d’étoiles dans le ciel et les mains du bon Dieu. Le narrateur raconte alors une histoire, qu’il engage sa voisine à répéter aux petits innocents. De fil en aiguille, professeur, amis et inconnus écoutent les contes drôles, tristes ou poétiques du narrateur, qui finissent immanquablement, quoique par des voies détournées, par tomber dans les oreilles des enfants.



Les Histoires du bon Dieu commencent par une reprise de la Genèse racontant le conflit entre la main droite et la main gauche du divin fondateur au moment de la création de l’homme. Ce conflit, tel le péché d’Adam et Ève, a des conséquences qui saturent une partie des contes, Dieu passant une bonne partie de son éternité à tenter d’avoir un aperçu de l’homme, aux temps bibliques puis à l’époque de l’industrialisation. Des récits russes aux des balades adressées aux nuages en passant par les chemins creux de l’Italie, le narrateur se plaît à disséminer personnages et mystères, pour le plus grand plaisir des enfants et des lecteurs.



Douce parodie, morale légère, comptine parfois, les douze Histoires du bon Dieu plongent le lecteur dans des ambiances aussi variables qu’imprévisibles. J’ai particulièrement apprécié la réappropriation humoristique des passages bibliques, pleine de douceur et d’ironie, ainsi que les passages d’inspiration russe, contant la solitude, le besoin de chanson ou encore l’arrivée de la trahison en Russie. Comme les nuages, j’ai écouté et je suis passée ; à présent, portée par le vent du quotidien, je me souviens parfois, et je savoure le mystère qui plane encore sur une partie de ces histoires.



Je garde un beau souvenir du vieillard vénitien qui s’efforçait de monter jusqu’au ciel et j’ai trouvé très amusant que chaque conte fasse référence à d’autres, comme si tous entraient dans la grande histoire d’un narrateur malicieux.



Pauline Deysson - La Bibliothèque
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
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Histoires du Bon Dieu

Voilà un texte que j'ai morcelé pour le savourer, nouvelle après nouvelle. Nous suivons un personnage qui raconte des histoires où il est question du bon dieu. Mais existe-t-il ? Apparaît-il réellement dans chaque histoire ?

Au lecteur seul d'en juger. Moi qui ne suit pourtant pas tournée vers la bondieuserie, je les ai trouvées charmantes et elles m'ont poussée à la réflexion.

Je pense que je relirais d'autres fois encore, et que nombre de détails qui m'avaient échappé, me reviendront alors.



Bonne lecture :)
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Histoires du Bon Dieu

Dans mon esprit, Rainer Maria Rilke était associé à la poésie. Sans doute à cause de son livre "Lettres à un jeune poète"... et au fait que finalement je ne me trompais pas trop et qu'il était en effet poète !



C'est pourtant un recueil de contes-nouvelles que j'aborde ici, recueil d'histoires comme le titre permet de le deviner, et le mot est finalement sans doute le mieux choisi. Rilke semble en effet vouloir d'abord rendre hommage à ces "histoires" qu'on raconte aux enfants pour les édifier, pour qu'ils en tirent un enseignement, des réponses à leurs questions incessantes. C'est le sens du conte cadre qui ouvre le recueil où l'auteur-narrateur promet à une de ses voisines de lui offrir par ses histoires les réponses aux questions sur Dieu que lui posent ses enfants.



Même si on peut parler de conte cadre pour ce premier texte qui entame le recueil, l'auteur ne renonce jamais à continuer le cadre tout au long des récits. L'originalité de ses histoires est qu'il introduit toujours dans un premier temps (qui peut s'avérer long) le contexte qui lui fait raconter chaque histoire: le lieu, le temps, la personne à qui il raconte l'histoire et qui sera chargé ensuite de la répéter aux enfants, car Rilke a peur de leur parler directement, peur d'être considéré comme un menteur, mal compris, peur peut-être aussi des questions des enfants finalement.



Cette mise en abyme de l'histoire est toujours très riche, le contexte apporte toujours une richesse à l'histoire, les interlocuteurs changent le récit par leurs questions, un peu comme une méthode socratique inversée, où ce serait Rilke qui se ferait accoucher de son conte par ceux auxquels il est destiné.Rilke n'oublie pas la poésie, même dans ce choix des "écoutants" puisqu'il va jusqu'à parler aux nuages et à l'obscurité dans deux des contes du recueil.



Les histoires en elles-mêmes sont diverses et, comme dans tout recueil, inégales. Mais, même quand on est un peu perdu sur le sens qu'il souhaite donner, on trouve toujours une formulation, une évocation qui nous touche plus particulièrement. La foi est plus le centre des récits que la religion en elle-même. J'ai parfois craint au début une volonté prosélyte de l'auteur mais il met régulièrement en avant une relation individuelle à Dieu qui le fait s'éloigner des institutions.



Une première rencontre avec Rilke qui donne envie d'en connaître plus, les flamboyances de style apparues au milieu des histoires ne peuvent que mener à sa poésie. Ou aux conseils de poésie données à un jeune confrère, qui restent son ouvrage le plus connu.



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Histoires pragoises

Le recueil comporte deux contes, publié en 1899, alors que se développait un nationalisme tchèque face aux ambitions allemandes. Avec ces textes, Rilke, qui appartenait à la communauté allemande, ne grandit pas le sentiment tchèque. Dans « le roi Bohusch » se côtoient un militant tchèque fanatique, un pauvre bougre naÏf qui sera le bouc émissaire du premier et des pseudos intellectuels forts surtout en paroles. Dans « Frère et soeur », on retrouve le militant fanatique, une riche famille allemande, et un frère et une soeur, associés à d’oniriques légendes locales, ballotés entre les deux communeautés . Malgré la poésie de certains passages, l’ensemble est assez confus, l’antagoniste de l’époque entre les deux communautés se retrouvant noyé dans des digressions souvent obscures.

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Histoires pragoises

Ce court bouquin (150 pages) réunit deux nouvelles : « Le roi Bohusch » et « Frère et sœur ». Ces nouvelles font apparemment partie des premiers écrits de Rainer Maria Rilke. Textes un peu autobiographiques, et qui décrivent des aspects de Prague de la fin du dix-neuvième siècle avec un conflit latent entre les communautés Tchèques et Allemandes.

J’avoue ne pas être un spécialiste de cette période de l’histoire et il est difficile d’apprécier toutes les finesses de ces textes. Je suis certainement passé à côté de certaines informations, n’étant pas historien.



- Le roi Bohusch, un bossu assez laid et délaissé, fréquente les cercles artistiques et intellectuels de Prague, mais il semble transparent aux yeux des autres, aussi il s’est construit une vie, ou une histoire imaginaire à partir de certaines de ses rencontres.

Tout va consister pour lui, à exister au milieu de ses « amis ».



- Dans la seconde nouvelle, un frère et une sœur allemands sont réfugiés à Prague avec leur mère. Là encore, ils ont tendance à vivre dans une grande part d’onirisme, ce qui ne les empêchera pas d’être confrontés à l’hostilité latente qui règne entre les communautés Tchèque et Allemande à cette époque.



Rilke a écrit ces deux textes alors qu’il était très jeune. Il y exprime la situation conflictuelle qui règne à Prague. Son style apparaît déjà avec des personnages à la fois pleins de noblesse, de grandeurs d’âme mais aussi capables des plus grandes révoltes ou des plus grandes bassesses.

Le texte est plein d’images fortes, de symboles, de passion. On a parfois l’impression de lire de la poésie en prose !

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Histoires pragoises

Rilke évoque à travers deux récits, "Le Roi Bohusch" et "Frère et Soeur", la ville de son enfance, Prague, "Ce riche, ce gigantesque poème épique de l'architecture", dont l'atmosphère si particulière stimule l'imaginaire. C'est donc bien la ville qui est au coeur de ces deux récits, mais aussi son climat de conspiration politique, à une époque, la fin du XIXe siècle, où le peuple tchèque entendait se libérer d'une minorité allemande qui le dominait. La prose de Rilke est superbe!
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Histoires pragoises

Nourris de souvenir autobiographique, le poète évoque pèle-mêle la difficile cohabitation entre les tchèques et les allemands, la capacité de sentir et de souffrir,…Ces pages écrit Rilke m’ont rendu cher ce que j’avais à demi oublié et elles m’en ont fait don. Car de notre passé nous ne possédons que ce que nous aimons. Et nous voulons posséder tout ce que nous avons vécu!
Lien : http://latrace.wordpress.com..
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Histoires pragoises - Le Testament

Quel beau style ! Mais malheureusement le thème du livre a mal vieilli et l’exaltation de ses personnages nous semble bien artificielle.... c’est bien dommage car la traduction est très réussie.
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