Citations de Ramana Maharshi (229)
Les gens voient le monde. La perception de celui-ci implique l’existence de celui qui voit et du visible. Les objets vus sont étrangers à celui qui voit. Celui qui voit est intime, car il est le Soi. Cependant, les gens ne cherchent pas à découvrir celui qui voit dont l’existence est évidente, mais préfèrent courir çà et là et analyser le visible. Plus le mental s’accroît, plus il s’éloigne, rendant la réalisation du Soi difficile et compliquée. L’homme doit voir directement celui qui voit et réaliser le Soi.
La Sādhana [pratique spirituelle] implique un objet à atteindre et les moyens d'y arriver.
Qu'y a-t-il à gagner que nous ne possédons pas déjà?
Expliquant la māyā du Vedānta et le svatantra (l’indépendance) du pratyabhijñā (la recognition) Shrī Bhagavān dit :
« Les védantins disent que la māyā est la shakti de l’illusion dont les prémisses se trouvent en Shiva. La māyā n’a pas d’existence indépendante. Ayant créé l’illusion que le monde est réel, elle continue à jouer avec l’ignorance de ses victimes. Quand la réalité de son non-être est perçue, elle disparaît. L’École du pratyabhijñā (la recognition) dit que la shakti (la force divine) coexiste avec Shiva. L’un n’existe pas sans l’autre. Shiva est non manifesté alors que la shakti se manifeste en raison de sa volonté indépendante (svatantra). La manifestation de la shakti est la projection du cosmos sur la pure conscience, telles des images reflétées dans un miroir. Les images ne peuvent être reflétées en l’absence du miroir. De même, le monde ne peut avoir une existence indépendante. Svatantra est donc un attribut du Suprême.
Shrī Shankara dit que l’Absolu est dépourvu d’attributs et que la māyā n’existe pas, qu’elle n’a pas d’existence réelle. Quelle est la différence entre les deux écoles ? Toutes deux sont d’accord pour conclure que la projection du cosmos est irréelle. De même que les images d’un miroir ne peuvent en aucun cas être réelles, ainsi le monde n’existe pas en réalité (vāstutah). Les deux écoles enseignent donc la même chose. Leur but ultime est de réaliser la Conscience absolue. L’irréalité du cosmos est implicite dans l’École de la Recognition (pratyābhijñā), alors qu’elle est explicite dans l’École du Vedānta. Si l’on considère le monde comme étant chit (conscience), alors il est toujours réel. Le Vedānta dit qu’il n’y a pas de diversité (nānātva), signifiant par là que tout participe de la même Réalité. Il y a donc accord sur tous les points, seuls les termes et modes d’expression diffèrent. (29 Novembre 1936, 288)
Arrêter de penser que nous sommes étrangers à Dieu, c'est voir Dieu. La chose la plus surprenante en ce monde, c'est la pensée : « Je suis différent de Dieu. » Il n'y a rien de plus surprenant que cela.
Les gens, principalement des pèlerins, le prennent pour un ascète ou un yogi. Mais lui-même précise qu’il n’a jamais rien pratiqué d’autre que la plongée en soi.
Quand je suis entré dans le hall cet après-midi, Bhagavan était en train de répondre à Mr Poonja du Pendjab : "Je vous demande de voir d'où s'élève le "je" dans votre corps. Il n'est pas tout à fait juste de dire que le "je" s'élève du cœur, côté droit de la poitrine, et s'y immerge de nouveau. Le Cœur est est un autre nom pour la Réalité et il ne peut être ni dedans ni dehors, étant donné que lui seul existe. Ce que j'appelle "Cœur" n'est ni l'organe physique ni le plexus ou quelque nerf. Mais tant que l'on s'identifie au corps, on doit voir où dans le corps la pensée "je" apparaît et où elle disparaît. Cela ne peut être que le cœur côté droit de la poitrine, puisque tout homme, quelles que soient sa race, sa religion et la langue dans laquelle il dit "je", indique cet endroit pour se désigner. En observant attentivement l'apparition de la pensée "je" au moment de se réveiller et sa disparition au moment de s'endormir, on peut voir que cela se produit dans le Cœur, du côté droit."
Le mental (manas) n'est pas autre chose que la seule pensée 'je'. Le mental et l'ego sont une seule et même chose. L'intellect, volonté, ego et individualité sont tous le même mental.
Le Soi ne s’atteint pas, sinon cela voudrait dire qu’il n’existe pas ici et maintenant et qu’il faut le redécouvrir. Ce qui s’obtient peut aussi se perdre et présente un caractère d’impermanence. Ce qui est permanent ne vaut pas la peine d’être recherché. C’est pourquoi je dis « Le Soi ne s’atteint pas ». Vous êtes le Soi. Vous êtes déjà Cela. Seulement vous n’êtes pas conscient de votre état de félicité. L’ignorance s’interpose et met un voile sur la pure béatitude. Les efforts visent simplement à enlever ce voile d’ignorance. Celle-ci est une forme de connaissance erronée. L’erreur consiste à identifier faussement le Soi avec le corps, l’esprit, etc. Cette fausse identité doit cesser grâce à l’investigation intérieure; alors le Soi se révèle.
Il transcende la dualité. S’il y a un, cela veut dire qu’il n’y a pas deux également. Sans le un, les autres chiffres n’existent pas. La vérité n’est ni le un ni le deux. Elle est ce qu’elle est.
Soyez toujours le reflet de l’Être réel, sentez sa présence. Soyez Cela. Attachez vous à lui. Poursuivez inlassablement votre quête jusqu’à ce vous parveniez à saisir le Soi et à jouir, ce faisant, du bonheur éternel.
SOYEZ ! Si d’autres pensées vous viennent, cherchez à qui elles se manifestent. Que vous le croyez ou non, vous êtes toujours Cela. Que de complications, que de yogas pour une chose aussi simple que la Réalisation ! Vous êtes le Soi. Comment pourriez-vous être autre chose ?
Le cosmos tout entier est contenu dans un petit point minuscule qui se trouve dans le Coeur… quand vous pénétrez réellement dans le Coeur, il n’a plus ni centre ni circonférence; il est partout.
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Q : Est-ce que je dois répéter « Qui suis-je ? » comme un mantra ?
R : Non, « Qui suis-je ? » n’est pas un mantra. Cela veut dire que vous devez découvrir à quel endroit surgit en vous la pensée « je » qui est la source de toutes les autres pensées.
Q : Dois-je méditer sur « je suis Brahman » (aham Brahmasmi ?)
R : Cette phrase n’est pas faite pour nous faire penser : « je suis Brahman ». « Je » [aham] est connu de tous. Brahman demeure en chacun de nous sous la forme de « Je ». Découvrez le « Je ». Le « Je » est déjà Brahman. Vous n’avez pas besoin de l’exprimer dans votre pensée. Découvrez simplement le « Je ».
Juste avant de se réveiller du sommeil, il y a un état très court, libre de toute pensée. Celui-ci devrait être permanent.
Est-ce que quelqu’un peut dire qu’il n’est pas déjà réalisé ou qu’il est séparé du Soi ? Non. Il est évident que tout le monde est réalisé.
Le véritable nom de l’homme est mukti (libération).
C'est l'état sans effort, de paix alerte et éternelle
L'absence d'effort, en demeurant conscient, est l'état de félicité.
Question : Est-ce vrai que l’Orient a une approche scientifique de la réalisation du Soi ?
Ramana Maharshi : Vous êtes déjà le Soi. Aucune science élaborée n’est nécessaire pour l’établir.
Question : Je comprends cette vérité dans son sens général. Mais il doit bien exister une méthode pratique pour y parvenir que j’appelle « science ».
Ramana Maharshi : La cessation de telles pensées est la réalisation du Soi.
Rappelez-vous l’exemple de la femme qui croyait avoir perdu le collier qu’elle portait au cou.
On ne voit pas le monde ou son propre corps en étant loin du Soi. On est toujours le Soi et c’est ainsi qu’on voit tout le reste. Dieu et le monde, tout est dans le Coeur.
Voyez celui qui voit et vous trouverez que tout est le Soi.
Changez votre façon de voir. Regardez vers l’intérieur. Trouvez le Soi.
Qui est le substrat du sujet et de l’objet ?
Trouvez-le et tous vos problèmes seront résolus"
Je n'enseigne pas seulement la doctrine ajata .
J'approuve toutes les écoles ;
la meme vérité doit etre exprimée de facons différentes
pour convenir à la capacité de chaque chercheur.
La Doctrine ajat dit :
" Rien n'existe exceptée l'Unique Réalité ; il n'y a ni naissance ni mort,
ni projection, ni attraction, ni sadhaka, ni mumukshu,
Ni mukti, ni esclavage, ni libération,
Seule l'Unique Réalité existe."
Pour ceux qui trouvent cette Vérite difficile à saisir, et qui ne peuvent pas ignorer la réalité du monde matériel, l'expérience du reve est soulignée, avec l'enseignement que seul existe celui qui voit, mais rien est vu. Ceci est appelé drishti-srishti-vada. Pour ceux qui n'acceptent meme pas cette doctrine, est donnée la suggestion connue comme srishti-drishti-vada, selon lequel
"Dieu créa d'abort telle ou telle chose, de tel ou tel élément,
et puis un autre." et ainsi de suite.
Tout cela est dit seulement pour convenir à la capacité du chercheur.
L'Absolu ne peut etre qu'Un
Votre devoir est d'être et non pas d'être ceci ou cela.
« je suis ce JE SUIS » résume toute la vérité.
Le silence est la véritable et parfaite instruction spirituelle, upadesha. Il ne convient qu'aux seuls chercheurs avancés. Ceux qui le sont moins ne peuvent en retirer une inspiration. Aussi ont-ils besoin de mots pour qu'on leur explique la vérité. Mais celle-ci est au-delà des mots. Elle ne demande aucune explication verbale. Seule la direction à prendre est indiquée.
Les moyens qui rendent quelqu'un qualifié pour l'investigation [du Soi] sont la méditation, le yoga, le prânàyàma, etc. On devrait acquérir la maitrise de ces moyens par une pratique graduelle, et ainsi développer une force mentale. Lorsque le mental sera ainsi pacifié par la présente investigation, il réalisera immédiatement sa véritable nature qui est le Soi, et restera dans une paix parfaite, sans dévier de cet état. Pour un esprit qui n'est pas mûr, la réalisation immédiate et la paix sont difficiles à obtenir à travers cette recherche. Pourtant, si l'on pratique les moyens de contrôle du mental pendant un certain temps, la tranquillité d'esprit peut éventuellement être obtenue.