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Citations de Rebecca Benhamou (28)


Rebecca Benhamou
[1ère guerre mondiale ]
Le noir n'est plus la couleur du deuil, mais celle des femmes au travail. (p. 93) [ "L'Horizon a pour elle dénoué sa ceinture- Chana Orloff ( 1888-1968)" ]
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A celles que Chana ne connaît pas, Miss Barney claironne qu'elle n'est pas une artiste ordinaire, qu'elle lit dans les visages, les rides, les sourires et les larmes, comme on lit dans les cartes.
(...)Poser pour Chana, c'est accepter un duel.
-Un duel ? répètent les invitées.
-Parfaitement, un duel, insiste Barney. Pour insuffler la vie dans la pierre, elle devine tout ce que vous ne voulez pas livrer (...) (p. 158)
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Chana Orloff a d'abord été une sorte d'âme errante, entrant et sortant de mon esprit à sa guise, comme s'il lui suffisait de pousser une porte battante pour s'y faufiler. Et sans que je m'y attende, elle est devenue mon passe-muraille dans ce labyrinthe qu'est l'âge adulte.
Les premiers temps, j'étais pourtant persuadée de pouvoir mener cette enquête en tenant "mon sujet" à distance (...) Et puis j'ai compris qu'en observant à la loupe les contradictions d'une autre j'apprenais au passage à mieux comprendre les miens. Au cours de ce rapprochement, j'ai d'abord été séduite par sa quête de liberté. Chana Orloff aspirait à être libre de tout conditionnement, des carcans et des dogmes, des attentes sociales et familiales. (...) On pourrait même dire qu'elle a passé un contrat avec la solitude. (p. 11)
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[Otto Rank, psychanalyste ]
- Pourquoi l'art du portrait ?
(...)
" Je suis fascinée par tous les matériaux dans lesquels l'esprit se moule, par les mille et une façons dont il se manifeste sur un visage, confie-t-elle. Le visage ne triche pas. Du moins , pas longtemps. Nos métiers se rejoignent, docteur Rank. Vous et moi sommes des spéléologues de l'âme". (p. 177)
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Visiter la maison-atelier de Chana Orloff, qu'elle surnommait son "travailloir", c'est pénétrer dans un lieu qui suinte la force créatrice de sa propriétaire par tous les pores. (...) C'est un lieu qui touche par sa simplicité. Cinquante ans après la mort de Chana, tout ici respire encore sa présence.
(...)Ce n'est ni la maison du père ni celle du mari. Ce n'est ni une mise sous tutelle ni une prison domestique. C'est un lieu choisi et non subi. Pour une femme, en 1926, ce n'est pas monnaie courante. (p. 165-166)
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Montparnasse devient leur Terre promise. Bien plus qu'un quartier, c'est une manière d'être au monde. Un rêve, une utopie. Sur les photos de Chana, ils sont joyeux et pleins de vie. (...)
Armés de glaise, de fusain, de pinceaux, ils créent ce monde où ils aimeraient vivre, ils creusent mille sillages pour l'atteindre. Et Montparnasse, tel un phare dans la nuit, devient ce pays qu'ils se sont choisi. (p. 56)
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Et les astres, si on cherche bien, on les retrouve aussi un peu dans les mots.
- Dans les mots ? s'étonna Salomon.
- Oui. Certaines langues, dont celle de nos ancêtres, s'écrivent de droite à gauche. La plume imite le cycle du soleil. Ouvre un livre, regarde bien. Suis la phrase du doigt, suis-la attentivement. Droite, gauche, droite, gauche... Les mots se lèvent à l'est d'une page, et se couchent à l'ouest. Une phrase après l'autre, comme le jour et la nuit. Et puis, fais attention à ceci: il y a du blanc entre les mots, entre les lignes, entre les strophes. Il y en a partout, mais personne n'y prête jamais attention, comme si c'était juste du vide, une sorte de néant dans lequel rien ne se passe. Des aires en friche, sans paroles. Dans la vie, on pense souvent que ce qui a de la valeur, c'est uniquement ce que l'on voit, ce qui est inscrit à l'encre noire, offert à nos yeux. Et quid de tout ce blanc ? Eh bien, pour moi, ce blanc-là contient des silences mûris, des sagesses muettes et enfouies. Peut-être même que c'est dans ce vide, sur la page, que l'on peut toucher du doigt la teneur et l'épaisseur du temps qui s'écoule.
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"A Necherith [***extrait du poème d'Ary Justman, publié en mars 1917- "Necherich" vient du mot hébreu "necker", qui signifie "aigle". C'est un surnom auquel Ary a ajouté la marque du féminin (le suffixe-ith).]

Oui, tu es belle.
Ni rose, ni lys, ni princesse
Artiste. "

Chana n'est pas une frivole. Ce n'est pas une femme-trophée. - Ni rose, ni lys, ni princesse. Il l'a compris, c'est une beauté d'un autre monde. Artiste. C'est une âme qui l'a touché. (p. 70)
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[ Epilogue--Chana Orloff a sculpté le - Retour -pour se délivrer des années noires, mais elle attendra dix-sept ans avant de l'exposer. c'est en 1962, à la galerie Katia Granoff, à Paris, qu'elle le fera pour la première fois ]

L'homme qu'elle sculpte est assis sur une surface indéfinie, les coudes contre ses cuisses et le visage appuyé sur ses mains jointes. Il ne prie pas, il songe. Il s'interdit d'interroger le ciel. au lieu de cela, il fixe le sol, le monde des hommes. Il semble moulé dans la boue. Il est une somme d'aspérités et d'entailles.
Est-il seulement un homme ?
Cet être porte dans sa chair les noms de tous les oubliés. Sur lui se réfléchit la lumière de tous les soleils noirs. Il sera son exutoire. Il signera sa renaissance, son retour à l'art. Grâce à lui, elle redeviendra maîtresse de ses mains. Et cet hymne à la nuit, à la vie, elle l'appellera - Le Retour- (p.281)
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Après la mort d'Ary, de Modigliani et de Jeanne, la vie de Chana a bien changé. Qu'on ne lui parle plus de la guerre, ni des gueules cassées qui arpentent les boulevards. (...)
Dès qu'elle aperçoit une veste épinglée de médailles militaires, elle détourne les yeux. Désormais, elle élève seule son enfant. Il est tout son monde. Elle se consacre à lui et à son art, et autour d'eux plus rien n'existe. De cette période-là, elle dira quelques années plus tard qu'elle accumulait les handicaps : " Etrangère, juive, artiste, femme et maintenant veuve et mère (...) (p. 137)
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Paris n’a jamais été un caprice. C’est peut-être sa plus grande histoire d’amour.
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L'objet et le geste sont omniprésents, d'apparence si banale et anodine que l'on n'y prête plus vraiment attention. Pourtant, il y a tant d'invisibles dialectique qui se jouent dans les pigments d'un bâton de rouge : l'artifice et le vrai, le bon et le mauvais goût, le conformisme et la subversion, l'engagement politique et la neutralité, le plaisir et l'aliénation...
[...]
[Le geste] est un symbole à la fois de l'émancipation des femmes et de leur soumission à des canons de beauté.
(12-13)
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(...) ma famille perdait Claire, une de ses matriarches. En Chana j'ai retrouvé un peu de sa force et de sa chaleur maternelle.
J'ai la naïveté de croire que cette rencontre n'était pas le fruit du hasard. Qu'au moment où nous nous sentions orphelins de Claire, je me suis consolée dans les bras de Chana, de la force de la filiation, de toutes ces choses que l'on se transmet de mère en fille, de grand-mère en petite-fille. Et dans la perte de mon équilibre, puis dans la quête d'une nouvelle harmonie, je suis enfin devenue adulte. (p. 291)
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Invincible Chana. C'est l'image que j'ai d'elle- une femme comme un roc. Capable de porter le monde sur les épaules et de déplacer des montagnes. (p. 138)
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Que diraient ses parents s'ils la voyaient faire ? Ils ne sont pas très pieux, certes, mais ils désapprouveraient. La religion juive interdit de représenter la figure humaine, plus encore de la sculpter. (p.37)
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Elle voudrait avertir toutes les femmes, les prévenir que rien n’est acquis. Que l’on peut aimer follement, et puis que l’amour se perd, et avec lui ce sentiment de complétude, sans quoi le corps se consume à petit feu.
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Pourquoi le rêve de l’émancipation féminine s’est-il inextricablement lié, dès le début, au monde de la beauté et de la mode ? Tout d’abord parce que les militantes doivent lutter contre moult stéréotypes de l’époque, selon lesquels les suffragettes ne seraient que des « femmes laides, extrémistes, racornies et stériles ». Afin que le mouvement prenne de l’ampleur, il faut gagner la bataille de l’opinion, convaincre les hommes autant que les femmes que la lutte est juste. Pour ce faire, le travail de l’apparence est crucial. En usant des canons contemporains de la mode, de la beauté et de l’élégance, les suffragettes présentent une esthétique enviable et séduisante. Elles ne s’affichent pas comme des femmes piochant dans le vestiaire masculin ou s’affranchissant d’une féminité traditionnelle, bien au contraire. Elles portent des robes en dentelle blanche, des ombrelles, se coiffent de larges chapeaux et se gantent les mains, tout en brandissant leurs pancartes et drapeaux. Une démarche bien réfléchie que la militante américaine Maud Wood Park, fondatrice de la Schlesinger Library, une bibliothèque consacrée à l’histoire des femmes en Amérique, à l’université de Harvard, résume en quelques mots : « Les gens peuvent parfaitement résister à une certaine manière rationnelle de voir les choses [octroyer le droit de vote aux femmes], mais peuvent-ils seulement y résister quand, pour faire passer le message, on l’accompagne d’humour et de beauté ? Pas vraiment. »
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Le mystère de l'écoulement des jours se trouve dans la danse du soleil et de la lune.
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Le chemin qui conduit les femmes vers les sommets ne fait que les précipiter, en réalité, au fond de l'abîme.
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Métèque, étrangère, nantie, race maudite. Des mots qu'on lui lance comme des pavés sur une vitrine.
(...) Cette idéologie, elle se crie, elle se crache en pleine figure, elle éclabousse tout. Imbibés de leur venin, les mots changent. Ils se tordent, se déforment. Le langage est une arme que certains savent manier à la perfection: leurs idées entachent bientôt la poésie, la littérature, le théâtre et tous les arts. (p. 200)
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