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Critiques de R. F. Kuang (201)
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Babel

Comment passer à côté de cette couverture absolument magnifique ? Et d’un résumé si prometteur. Comme beaucoup, je n’ai pas pu résister à Babel. J’y voyais une lecture prometteuse abordant des sujets toujours d’actualité, malheureusement, mais surtout l’univers du livre, des mots, de la traduction prendre une ampleur que l’on voit rarement. Malgré tout l’engouement autour du roman qui me fait d’habitude peur, je n’ai pas hésité. Et je ne vais pas vous mentir… mes attentes ont été assez vite déçues.



J’ai un bon rythme de lecture. Avec environ deux cents lectures par an, je n’ai pas peur de m’attaquer à des briques de 600/700 pages. Et pour finir l’année, je m’étais dit que Babel serait parfait. J’ai mis plus d’une semaine à le lire… et à chaque fois, je m’endormais dessus… Oui, c’est un gros indice sur le fait que je me suis vraiment beaucoup ennuyée et que le cœur n’y était pas. J’ai parfois du mal à m’endormir, mais je ne m’attends pas à ce qu’un livre me serve de somnifère. Jamais. Et pourtant, j’ai persévéré.



Il y a pour moi plusieurs problèmes. Déjà des personnages auxquels on n’arrive pas à s’attacher. Trop fades, sans réels nuances, ne cherchant pas vraiment à évoluer. J’ai survolé l’histoire sans avoir de compassion dans ce monde noir et blanc et manichéen. Il y a pourtant de nombreux sujets ultras intéressants, et on voit que l’auteur a voulu dénoncer une époque qui a encore laissé de nombreuses traces. Mais en choisissant Oxford et son univers si privilégié et hors norme, les dénonciations ont un goût amer. C’est à peine si nos jeunes héros se rendent compte de la chance incroyable qu’ils ont. Je ne nie absolument pas que leurs vies sont loin d’être rose, loin de là, mais parfois, je me disais… Ils avaient les clés pour changer les choses, d’une certaine façon, mais leurs différents choix au fil du tome n’ont fait que les embourber. Et il y avait ces œillères… comment n’ont-ils pas vu plus tôt avec leurs passés respectifs que les choses n’étaient pas aussi merveilleuses qu’il n’y paraissait.



Parlons aussi du sous-titre « ou la nécessité de la violence ». J’ai beaucoup de mal. Pour moi la violence ne résout rien et c’est même tout le contraire. A une époque où elle prédomine (je parle de la nôtre) pour un oui et pour un non, j’ai du mal à comprendre l’idée de l’auteur. Le savoir est pour moi une forme de combat plus efficace, même si je suis sur une pente utopique, je le sais. Et avec Babel, au final, on se rend compte que même les êtres les plus intelligents et instruits ne sont que des bêtes usant de la violence pour asseoir leurs idées. Et je parle autant des « méchants » que des « gentils ». Je passerai à côté du fait que les blancs sont tous racistes et méchants… Là encore le message n’est pas bon, même pour l’époque et encore moins avec un lectorat du XXIe siècle. On peut dénoncer, je n’ai aucun problème là-dessus, et je sais très bien combien les blancs ont fait du mal à tant de peuples au fil des ans, et continuent de le faire, mais généraliser… C’est pire que tout. Montrer que nos héros pouvaient aussi trouver écho et compréhension auprès d’autres personnes auraient été un message positif et impactant. Un début d’espoir. Montrer que l’on peut changer, comprendre l’autre, penser par soi-même, reconnaître les erreurs faites, vouloir un monde meilleur, de l’égalité, que les choses changent… Mais non, rien de tout cela. Car au final avec Babel rien ne change.



La magie est aussi « surcotée » et vous vous en doutez, je m’attendais à ce qu’elle prenne pourtant une part assez importante dans Babel. J’ai d’ailleurs eu du mal à croire que l’argentogravure n’était au final qu’un art très british cloisonnant encore plus les disparités avec le monde extérieur. Il y a bien ce début de révolution pour une expansion du savoir mais elle reste très minime.



Par contre, j’ai adoré tout ce qui avait trait à la traduction. J’ai trouvé que c’était un univers riche, complexe et fascinant. Ce fut pour moi, la partie la plus intéressante du roman, et je suis heureuse d’avoir appris beaucoup de choses à ce niveau-là me faisant voir l’acte de traduire sous un tout autre angle. Mais même cet aspect a fini par me lasser.



Quant à la fin de Babel… elle n’a aucun sens pour moi. Je me suis dit tout ça pour ça, vraiment ? Quelle est la morale de tout cela ? A quoi a servi toute cette boucherie, toute ces tentatives de pencher vers un monde meilleur ? Je… C’est une incompréhension totale pour moi. De ne pas voir l’objectif de l’auteur, son cheminement. Les Anglais sont des monstres ? Les Hommes finissent toujours par sombrer dans la violence ? Le savoir ne peut sauver personne ? Voilà ce que je devrais retenir ? Non, je suis désolée. Je suis peut-être une grande optimiste, mais je veux penser que nous sommes capables d’être meilleur, d’apprendre de notre passé et de pouvoir accepter l’autre quel que soit ses différences.

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Babel

Ça me saoule les romans qui essentialisent des groupes de personnes, et les rangent dans des cases « gentils » et « méchants » en fonction de leur couleur de peau.



Donc voilà, Babel m’a saoulée (lu en ebook en anglais avant la sortie en français).



Résumé de Babel :

- De longs passages sur l’étymologie et la traduction, pour se donner un air intelligent, alors que ça reste basique (mais ça utilise des mots compliqués et ça fait du name dropping alors ça maintient l’illusion)

- Des personnages unidimensionnels qui n’existent que pour faire passer des Messages (avec des notes de bas de page de l’autrice pour appuyer les dits Messages)

- Une thèse qui peut se résumer non pas à « l’empire colonial britannique a bâti sa puissance sur l’exploitation des hommes et des ressources », mais à : « les blancs sont par nature Mauvais et Racistes (et Sexistes) ». Cela se retrouve non seulement dans le choix narratif qui fait de *tous* les personnages blancs des méchants, et de *tous* les personnages non blancs des gens éclairés et moraux (leurs mauvaises actions ne sont pas de leur faute et sont forcément justifiées par le fait que les Blancs sont Méchants) ; mais aussi dans les dialogues et les notes de bas de page qui le disent *directement* au lecteur. On apprend notamment que les anglais (lire : les blancs) sont incapables d’empathie (oui, c’est littéralement ce qui est dit par un des bons alliés du protagoniste, en conclusion à la fin), et que leurs bonnes actions ne furent jamais accomplies que par cynisme ou par le fait d’y être contraint et forcé. Bref, si tu es blanc, tu es mauvais et tu es forcément incapable de comprendre l’oppression.



Je n’ai *rien* contre les thèmes. Je suis totalement pour la critique des impérialismes, je comprends aussi la nécessité de récits cathartiques qui présentent les problèmes des comportements des « blancs » (si l’on utilise une grille de lecture raciale à l’anglo-saxonne). Donc avant qu’on m’accuse de je-sais-pas-quoi : je suis de gauche, informée, éduquée whatever, et complètement ouverte à ces thématiques.



Mais ouais, l’idée que le fait même d’être blanc nous rend mauvais et incapable d’empathie est juste… fausse ? Idem pour le fait que d’être non-blanc nous rend par nature bon (ça me fait amèrement rire, ça, de la part d’une autrice qui vient littéralement d’un empire lui aussi bien violent et à l’histoire sanglante : la Chine). C’est même pas une question de quelques rares exceptions, c’est juste entièrement faux.



C’est une vision biaisée et manichéenne de l’être humain. C’est le genre de dichotomie qui crée la division, qui accentue les extrémismes (et franchement, on en a pas besoin en ce moment).



Et puisqu’il ne faut pas séparer l’œuvre de l’artiste : Babel est l’illustration de la bulle de privilèges dans laquelle l’autrice a vécu. Son parcours universitaire, c’est Columbia, Oxford et Cambridge : un microcosme de gens riches déconnectés de la réalité. Il n’y a, d’ailleurs, pas d’analyse de classe dans Babel, dont l’action se passe pourtant dans l’une des sociétés les plus classicistes au monde. On pourrait se demander pourquoi l’autrice, qui semble haïr l’occident, profite pourtant des privilèges et des droits que ces pays lui accordent, et ne vit ni n’écrit en Chine, sous la tutelle de du comité de censure et à côté des camps de concentration Ouighour ?



Et puis, pardon mais des étudiants à Oxford, l’une des meilleures universités au monde, tous frais payés et recevant même de l’argent de poche, qui ont toujours vécu dans l’abondance, j’ai *vraiment* du mal à les plaindre.



La vie d’un prolétaire britannique, homme et blanc, était mille fois moins privilégiée que la leur. Mais s’en rendre compte, ça oblige à sortir d’une grille de lecture raciale, et à s’ouvrir à une lecture marxiste - peut-être trop difficile pour quelqu’un biberonnée à l’enseignement anglo-saxon.



Enfin voilà. J’aurais aimé un roman qui montre les mécanismes de domination et d’exploitation d’un empire qui profite de sa force militaire et technologique supérieure. Peut-être que c’est ce que Babel essayait d’être, mais le roman a échoué, et ne présente qu’une vision biaisée et essentialiste, où ta morale et ta valeur sont déterminées par ta couleur de peau.

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La Guerre du pavot, tome 1

Dans un pays bercé par les guerres et une instabilité politique, Rin est une jeune orpheline adoptée par des trafiquants d’opium. Clairement plus considéré comme une main-d’œuvre gratuite que comme une enfant, Rin n’a qu’une envie : changer de vie. Seule solution pour cela, elle doit réussir le concours d’accès à la prestigieuse académie militaire de Sinegard !



Récit de dark fantasy, La Guerre du Pavot de R. F. Kuang est un premier roman conséquent qui offre des heures de lectures haletantes et sans temps morts. Prenant sa source dans l’Histoire de Chine et notamment dans les conflits sino-japonais, le roman offre des moments choquants et durs émotionnellement. Pas besoin de fiction, la réalité est déjà bien assez scandaleuse et percutante comme ça. Des passages sont clairement une réécriture des témoignages des viols de Nankin et de la guerre de l’opium entre autres références.



La mythologie chinoise a une certaine place dans cet ouvrage et nous offre une possibilité de pouvoir méconnu et dangereux à notre héroïne Rin, ce qui ne sera pas sans conséquence. Par sa soif incessante de pouvoirs et de reconnaissance, Rin est un personnage au sang chaud et qui sait ce qu’elle veut et surtout ce qu’elle ne veut plus. Malgré son caractère difficile au premier abord, la jeune fille sera toujours entourée de mentors. La Guerre du Pavot est un roman vraiment passionnant car il offre une héroïne avec un parcours initiatique complet et passionnant.



Le roman se divisant en trois parties bien distinctes, l’autrice nous offre avec la Guerre du Pavot un roman de fantasy foisonnant de détails et d’événements. Avec une première partie qui est non sans rappeler Harry Potter par l’arrivée de Rin, jeune orpheline aux origines méconnues, dans une école prestigieuse et qui frôle le roman initiatique de fantasy adolescent, le roman nous surprend très vite par son évolution. Plus on avance dans la lecture et plus l’univers se diversifie et se complexifie. Une lecture à découvrir et à ne pas rater donc !
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Babel

Traduire un ouvrage, comme Michel Pagel l’a fait de roman, est une longue série de choix. Car les langues ne sont pas structurées de façon totalement identiques. Loin de là. Et même des mots qui ont une origine étymologique identique s’éloignent progressivement, jusqu’à ne plus avoir, que de loin, un sens commun. C’est le cœur de Babel, le nouveau roman de Rebecca F. Kuang, autrice de la Trilogie du pavot (dont le premier tome seulement, La Guerre du pavot, est sorti aux éditions Actes Sud voilà trois ans).



J’ai toujours été fasciné, comme pas mal de lecteurices amoureux des textes, par les récits mettant en scène des questionnements sur la puissance des mots, des langues. J’avais adoré la théorie qui voulait que la langue façonne en partie la société, la façon de penser. J’avais lu avec un vif intérêt l’ancien Babel 17 de Samuel Delany (qui vient de paraître dans une nouvelle édition dans la collection Stellaire de Mnémos)ou le plus récent Amatka de Karin Tidbeck (La Volte, puis Folio). J’ai donc sauté sur Babel, dont le résumé m’a paru très prometteur.



Et je n’ai pas été déçu par l’univers créé par R.F. Kuang. Son idée d’utiliser les différences de sens d’un même mots dans des langues différentes est particulièrement habile. L’étymologie comme arme. Comme le mot grec à l’origine du nom « caravelle » conserve l’idée de créatures marines, ce qui n’est plus le cas de son descendant, si on prononce ces deux mots à la suite l’un de l’autre, on peut obtenir une pêche bien meilleure. Mais bien entendu, il faut un support physique à cette magie : une barre d’argent, ce métal précieux. Ainsi a été inventée l’argentogravure, cette science qui permet aux initiés de graver sur les deux faces d’une barre de ce métal les mots de même famille mais provenant de deux langues différentes. Et leur subtile variation de sens produit des effets qui vont de l’anecdotique ou prodigieux. Insérez un tel objet dans une calèche et elle prendra les virages sans risquer de verser ; ou sa cargaison pèsera moins lourd et permettra donc un chargement plus important. Appliquez-en un dans la bouche d’un malade contaminé par un virus virulent et il absorbera en partie la maladie. Les applications sont immenses et multiples. Et toute l’industrie, la vie quotidienne des anglais en est bouleversée.



Et pour faire tenir tout cela en place. Pour redonner de la puissance aux barres qui vieillissent (le célèbre contrat d’entretien qui vous revient plus cher que l’objet à l’achat : déjà inventé dans ce roman, à cette époque), trouver de nouveaux appariements de mots et donc de nouveaux usages, un seul lieu : la tour de Babel, située en plein Oxford, la ville universitaire par excellence. Les professeurs qui dirigent cette branche de l’université sont également de bons financiers. Ils savent qu’avec la raréfaction des ressources, on s’enrichit plus facilement. Donc ils ont mis en œuvre un système qui assure leur fortune. Et celui de leur pays. L’Angleterre domine en grande partie le monde et ne souhaite pas s’arrêter là, sûre de son bon droit. Ils appartiennent à la race blanche, droite, travailleuse et tous les poncifs. Tandis que les autres, dont les Chinois qui leur mettent des bâtons dans les roues en leur refusant la libre circulation des biens, sont veules, paresseux de nature. Voilà les clichés, stéréotypes et autres billevesées que combat ce roman.



Et c’est très louable. Il est indéniable que la colonisation a créé un monde inégalitaire au possible. Une partie de l’humanité a réduit l’autre en esclavage et a utilisé ses ressources à son seul profit. Tout cela est indéniable. Comme il est indéniable que la femme dans ces sociétés occidentales était reléguée dans les antichambres, car seuls les hommes pouvaient gérer les affaires sérieuses. Racisme, sexisme étaient monnaie courante. Et, avec notre regard actuel, tout cela est scandaleux. Même sans l’invention de l’argentogravure, les exactions commises par nombre de nos ancêtres ont été horribles et ce roman en dénonce beaucoup. Et c’est parfait. Pourtant, Babel le fait à gros traits. Parfait, devrais-je dire. Alors pourquoi ai-je ressenti, progressivement, un malaise à la lecture de ce roman ?



Je pense que c’est dû à l’insistance terrible et à la vision binaire qui emplissent ce récit. Les blancs sont tous, à quelques très rares exceptions près, des monstres, des lâches, des êtres tellement ancrés dans leur vision du monde qu’ils ne peuvent s’en détacher. Les héros sont donc des non-blancs, pas tous sympathiques pas tous guidés par de nobles sentiments. En fait, on pourrait se croire dans un texte classique des périodes racistes, sauf que les rôles sont inversés : ce sont les blancs qui sont construits selon des clichés et les seuls personnages vraiment intéressants sont tous les autres. Et après tout, pourquoi pas ? Je pense encore (je dois avouer que je ne suis pas très à l’aise avec cette critique, car elle aborde des thèmes qui touchent très fort pas mal de monde et que certaines personnes pourraient me trouver illégitime pour en parler, puisque je suis un homme blanc d’un certain âge, donc du mauvais côté de la barrière) que c’est l’accumulation qui a fini par m’indisposer, le côté schématique. Je ne l’apprécie pas dans les œuvres qui présentent tous les … (choisissez la catégorie que vous préférez) comme des … (choisissez la caractéristique que vous préférez). Je hais les amalgames et je déteste la lourdeur. Or, dans ce pavé, le message est tellement asséné que j’en ai eu assez et ai eu hâte que cela se termine. Sans parler des notes de bas de page qui, parfois, quand elles traitaient d’étymologie, me ravissaient ; mais qui, quand elles montraient pour la ixième fois que les blancs sont incapables du moindre bon sentiment, finissaient par m’agacer. Pourtant, j’avais aimé L’Architecte de la violence de Tochi Onyebuchi. Mais il était plus court, moins démonstratif. Je vais arrêter là, car je pourrais continuer en m’opposant des contre-arguments, puis des contre-arguments à ces derniers. Et ainsi de suite. Insoluble pour moi.



Lecture ambivalente pour moi que celle de ce gros roman. Babel part d’une idée merveilleuse et offre une vision du monde intéressante, sans compter ce regard passionnant porté sur la traduction, mais finit, à mon avis, par s’embourber dans son message. La colère l’emporte et avec elle la haine. Même si c’est une réalité pour beaucoup, j’ai du mal à accepter que cela soit la bonne direction. Une lecture davantage destinée aux plus jeunes que je ne regrette pas, donc, vu le questionnement qu’elle a fait naître en moi.
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Yellowface

À l'heure où les multiples controverses des auteurs agitent le milieu littéraire, ce roman traite de pistes intéressantes de réflexions.

L'appropriation culturelle, la cancel culture, le harcèlement de masse sur les réseaux sociaux.



L'autrice nous emmène dans les coulisses des maisons d'édition, nous faisant découvrir l'envers du décor de ce microcosme si particulier.



Suite au décès de son amie Athena Liu, jeune écrivaine talentueuse, étouffée par un malheureux pancake au pandan, June Hayward écrivaine désabusée, va s'approprier son manuscrit. Un manuscrit qui traite du corps des travailleurs chinois durant la Première Guerre mondiale.

Le roman va être un succès phénoménal, et la narratrice, exécrable à souhait, va s'engluer dans ces nombreux mensonges pour ne pas être découverte.



Si toutefois, j'ai aimé apercevoir certains pans méconnus du milieu de l'édition, la fin m'aura laissé un petit bout de pancake coincé dans la gorge, l'extrait de pandan n'étant peut-être pas assez à mon goût.
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Babel

Mais quelle déception que ce Babel ... Il est dit, répété et rabâché que traduire c'est trahir. Très bien. Mais faire passer le journal intime de l'autrice durant ses études pour un roman de fantasy, qu'est-ce, sinon une trahison ?



Je respecte et salue le témoignage de l'autrice, il est évident que Robin est Rebecca, et sur le papier ses intentions me plaisent et m'ont donné envie de lire le récit, la dénonciation du racisme, du colonialisme, je souscris à tout cela, mais le résultat final m'a vraiment déplu. 600 pages pour me dire que le racisme c'est mal ? Que le colonialisme c'est pas bien ? Est-il déraisonnable de demander un peu plus de contenu ? de pousser la réflexion un peu plus loin ? le tout me laisse une impression de vacuité, de superficialité.



Je m'interroge sur le public visé, un public pas forcément sensibilisé à la question du racisme ? On est pourtant totalement dans le registre du Young Adult, et les nouvelles générations me semblent plus au fait de ces problématiques. Faut-il, dès lors, employer ce ton condescendant, du début jusqu'à la fin du livre, pour nous expliquer, avec des notes de bas de page au cas où vraiment nous n'avions pas compris, à quel point le racisme, c'est pas bien.



Ce livre comporte un peu moins de 600 pages, cela commence à faire, malheureusement il faut attendre les 100 dernières pages pour qu'il se passe quelque chose. Les quelques 500 autres pages auraient pu, auraient du, servir à bâtir un univers, à construire des personnages (nous y reviendrons), cela n'est pas le cas. La reconstitution du 19ème siècle et de cette université n'a pas du tout marché sur moi, je ne l'ai pas trouvé crédible, les personnages ont des discours et des réflexions totalement contemporaines. On frôle l'anachronisme et j'ai dû vérifié à plusieurs reprises à quelle époque le récit se déroulait.



Les personnages, parlons-en, ne sont pas ou peu attachants. Tout est manichéen et leur construction est totalement binaire, ils sont soit gentils, soit méchants, racistes ou pas racistes, selon leur origine bien évidemment. Les sujets traités dans ce récit, primordiaux, ne méritent-ils pas un minimum de subtilité et de profondeur ?



le système de magie avait du potentiel, il est finalement totalement sous-exploité.



Il reste alors des descriptions ennuyeuses de la vie à l'université, de réflexions sur la linguistique (qui m'ont semblé tout de même très basiques), l'autrice aligne des poncifs sur la traduction et sur les mots.



En conclusion, j'aurai souhaité aimé ce livre, mais malheureusement cela n'a pas été le cas. Je vous invite évidemment à vous faire votre propre avis sur le livre, j'ai de toute manière l'impression d'être dans la minorité étant donné que la majorité des notes sont très bonnes ; je préfère toutefois être transparent sur mon propre ressenti.
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Babel

Un titre qui m'a complètement happée et frappée et qui figure pour moi en bonne place pour être LE coup de cœur 2024..



Babel est un récit riche. Riche par son univers. Riche par ses personnages. Riche par les émotions qu'il dégage. Riche par les messages qu'il défend.



On suit Robin, jeune orphelin de Canton qui est "adopté" par un universitaire d'Oxford. L'objectif de ce dernier ? Lui donner une éducation britannique afin que Robin entre dans l'institut de traduction d'Oxford, familièrement appelé Babel. Pourquoi? Parce que les langues du monde entier sont nécessaires pour faire fonctionner une magie particulière : l'argentogravure. La maîtrise du cantonnais de Robin fait de lui une personne ressource pour l'Empire britannique.



On suit ainsi l'apprentissage de Robin, son admission à Oxford, les liens qu'il noue avec sa cohorte en premier lieu, d'autres protagonistes par la suite. R.F. Kuang nous propose des profils de personnages travaillés, authentiques, crédibles vis-à-vis desquels on s'attache rapidement. Comme on est particulièrement dans la tête de Robin, on apprend à le connaître, on voit ses idées évoluer, s'affiner. On comprend son schéma de pensée, tout en comprenant les réactions et opinions des autres protagonistes, R.F. Kuang parvenant à nous faire capter avec clarté les états d'âmes, les conflits intérieurs, les positions respectives, souvent éloignées les unes des autres. Les protagonistes secondaires sont une réelle force et non accessoires.

On est touché par l'amitié qui unit Robin à sa cohorte. Plus qu'une amitié de circonstances, on est sur une "found family". On est émerveillé par sa formation, du moins en surface. La prestigieuse académie d'Oxford, cette connaissance à portée de mains, ... Mais surtout, on est horrifié par ce colonialisme, palpable avec nos protagonistes au quotidien mais aussi dans les relations extérieures que le Royaume-Uni peut avoir avec ses colonies. Ce racisme prégnant est présenté de mille et une façons tout au long du récit. Tout ceci nous conduit à une palette d'émotions qui font que ce récit est prenant, nous brise le cœur et nous fait espérer tout à la fois.



On suit en tout premier lieu l'évolution de Robin, que ce soit en que vis-à-vis de ses connaissances comme de ses idéaux qui se construisent au fur et à mesure du récit. On sent la puissance de l'empire britannique comme son dédain vis-à-vis des peuples colonisés. Certains passages sont glaçants, ni plus ni moins. On sent cette ambivalence concernant les traducteurs colonisés : nécessaire car singulier par leurs connaissances, leurs apports mais en même temps dédaigné et manipulé justement à cause de leur singularité.

A cette dénonciation du colonialisme, on ajoute un contexte historique maîtrisé : ce Royaume-Uni du XIXe s. L'empire colonial oui. Mais aussi Oxford. La place des femmes. La montée des droits sociaux. La Révolution industrielle. Mais pas exactement telle qu'on la connaît. Une révolution industrielle amplifiée par ce principe d'argentogravure. Une petite idée qui en soi représente tout le sel de ce récit puisque raison d'être de Babel...



Si la plume est riche en émotions, si l'intrigue est haletante, il faut aussi pointer du doigt la richesse lexicale. Certains n'aimeront peut-être pas mais pour ma part j'ai raffolé que l'étymologie soit maintes fois abordée. Quelle origine a ce mot? Quel lien avec telle langue? Comment a-t-il évolué? Qu'est-ce qu'une bonne traduction? Le récit est enrichi de ces questions, jusque dans ses notes de bas de page.

Pour un titre où la traduction est un tel enjeu, j'avoue avoir été frileuse lorsque l'on connaît les déboires de la maison d'édition en ce qui concerne la traduction. Mais, si maladresses ou erreurs il y a eu, je n'ai sûrement pas un assez bon niveau pour m'en être rendue compte.



Cette une lecture qui m'aura accompagnée tout ce mois. Lue en LC, cela m'a permis de la savourer, de prendre le temps d'apprécier tant les protagonistes que le contenu ou encore les messages sous-jacents. Un vrai régal!
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Yellowface

Premier livre reçu grâce à mon abonnement annuel auprès de ma librairie et j’étais vraiment ravie de découvrir un livre de Rebecca F Kuang.



C’est un livre un peu difficile à résumer : on suit June qui rêve de devenir écrivain mais qui peine à écrire un bon roman, peine à se faire un nom, peine a se faire éditer tandis que son amie de fac Athena réussie très bien. Bestseller, contrat à 6 chiffres, droits de ses romans vendus a Netflix… forcément, la jalousie s’installe et quand Athena meurt, June lui vole son dernier manuscrit.



Ce roman est décrit comme un thriller, mais finalement, il y a peu de mystère. La mort d’Athena ne fait aucun doute, c’est un accident…. Mais est-ce que June va se faire prendre ? Ça c’est la question qu’on se pose une bonne partie du roman.



Je pense que ce mystère devient secondaire à la fin du livre et que l’auteure a plus voulu mettre en lumière le monde de l’Edition, et cette course aux bestsellers, au détriment des auteurs. Cette course pour plus vendre, avec des contrats toujours plus gros au risque de voir certains auteurs qui n’écrivent plus ce qu’ils veulent mais ce qui fait vendre.



Je n’ai pas réussi à apprécier June, je n’ai pas été sensible à sa solitude, a son besoin d’exister car dès les premières pages, je l’ai trouvé détestable.



On aperçoit aussi le racisme de la société américaine, ou il faut un pourcentage d’auteurs issu de l’immigration mais pas trop malgré tout car la suprématie blanche doit toujours être présente. C’est tellement triste.

C’est en tout cas un roman très intéressant, je dois dire que mon libraire a su cerner mes gouts à merveille.


Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Babel

Avec ses pas moins de trois récompenses littéraires, Babel se veut le phénomène du moment. Et comme tout phénomène qui se respecte, je ne pouvais passer à côté de sa publication dans nos contrées et ce, malgré mes craintes de trop grandes attentes qui se sont révélées être tenues sans être pour autant aussi percurtantes que je l’espérais.



Pour autant, je n’ai nullement boudé mon plaisir et je dois dire que Babel se dévoile une véritable expérience de lecture. J’ai fortement apprécié découvrir l’univers de R. F. Kuang dédié à la traduction et, principalement, au poids et à l’importance des mots. D’une tonalité sombre au premier abord, son œuvre s’assombrit et s’approfondit au fil des pages pour se noircir autant que sa sobre et séduisante couverture. Ainsi, j’ai adoré redécouvrir cet Oxford du passé et bien plus encore cette mystérieuse académie dédiée à la traduction et à l’argentogravure, véritable mythologie ! En qualité de lecteur, j’adore pouvoir me mettre sous la main bien des sorties outre-mer et découvrir des parutions étrangères adaptées et repensées pour raisonner en ma langue natale. Néanmoins, il est vrai que je ne me focalise nullement sur la justesse de la traduction alors que celle-ci est un élément crucial dans l’interprétation des textes et l’auteure met parfaitement en valeur la richesse et l’impact culturel se cachant derrière chaque langue et ses différentes syntaxes peuplant notre planète et j’ai trouvé cela passionnant et captivant.

À travers son œuvre fantastique, R. F. Kuang met ainsi le doigt sur de profonds et pertinents sujets et c’est ce que j’ai d’ailleurs préféré au cours de cet exercice. D’une richesse historique mais aussi culturelle, cette dernière se joue des mots pour mettre en branle une œuvre des plus mûre et aboutie à la fois tout en se révélant également par moments des plus initiatique. Il m’est d’ailleurs difficile de ne qualifier Babel que d’une simple fantasy tant ce roman est bien plus que cela et cela, à travers une habile et complexe intrigue.



Tout comme sa nature, l’histoire se dévoile au fil des différentes partie composant Babel et se complexifie au fil des chapitres. D’un univers élitiste en passant par quelques révolutions, j’ai été bercé de péripéties en retournements de situations que je n’ai aucunement soupçonné et ce grâce à l’importante galerie de personnages esquissés. Bien que Robin reste le protagoniste principal et central de cette publication, bien d’autres croiseront la route du lecteur et bien cacheront des secrets et se révéleront étonnants et détonants. Au final et peu importe leurs véritables intentions, chacun d’eux se révèlent un véritable miroir de notre société et ses multiples nuances et autres facettes. Aucun d’eux se veut tout blanc ou tout noir et j’ai été sensible à cette percutante subtilité. Malheureusement et c’est là que le bât blesse car malgré cette diversité, je ne ne suis nullement parvenu à m’attacher à l’un d’eux. J’ai vainement attendu de ressentir un quelconque sentiment au cours de ce périple que j’ai, finalement suivi avec intention mais sans émotion et cela a parfois terni mon intérêt malgré la délicatesse et l’enchevêtrement de certaines relations. C’est pourquoi il m’est difficile de savoir si j’ai pleinement apprécié cette expérience de lecture.



En effet et en véritable expérience littéraire, Babel se veut des plus pertinent à découvrir. Si je ne devais retenir l’univers et la profondeur de ce dernier, je serais le plus conquis mais je ne peux passer outre le fait que je n’ai que trop peu trouvé les personnages attachants malgré la subtilité de leurs différentes constructions. Ainsi et sans émotion mais avec passion, je me suis délecté de la richesse historique et culturelle de cet abouti roman et je ne peux que vous recommander de vous imprégner de la magie des mots de l’auteure.



Cette lecture a été réalisée à l’occasion du Pumpkin Autumn Challenge 2023 : Menu Automne Frissonnant – Catégorie L’enfer des Backrooms.
Lien : https://mavenlitterae.wordpr..
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La Guerre du pavot, tome 1

L’Histoire de Chine revisitée version fantasy !



Je ne suis pas une grande lectrice de fantasy, mais autant vous dire que je n’ai pas réussi à lâcher ce roman avant d’avoir lu la dernière ligne ! L’histoire est très prenante et j’ai adoré l’imaginaire de cette jeune auteure.



J’ai particulièrement aimé essayer de deviner les faits, personnages ou lieux auxquels R.F. Kuang faisaient références ou des allusions plus ou moins cachées (ex : Mugen => Japon ; Nikan => Chine ; Su Daji => Cixi ; guerre du pavot => guerre de l’opium ; Golyn Niis => Nanjing, stratagème de Zhuge Liang pour récupérer des flèches etc.). Je me suis prise au jeu de ces devinettes qui permettent de faire découvrir des pans de l’Histoire de Chine ainsi que des aspects culturels et sociétaux. L’auteure mêle adroitement les faits d’époques différentes, par exemple des guerres ayant eu lieu au XIXème siècle, avec des aspects actuels (problème de l’huile réutilisée, le fait de ne pas aider des personnes renversées pour ne pas payer de frais d’hôpitaux etc.)



Le roman est également intéressant pour la mise en lumière de la stratégie militaire (L’art de la guerre de Sunzi) et pour la grande partie de l’intrigue accès sur l’alchimie et les dieux que l’on invoque (taoïsme ?), ainsi que sur le sens de l’existence.



Outre ce côté ludique, j’ai trouvé que certaines questions soulevées par l’auteure était très intéressantes, notamment concernant la soif de vengeance, le poids de la haine et le désir de pouvoir. Il est également question de l’héritage d’un peuple et de la transmission d’une culture.



J’ai beaucoup aimé la première partie du roman où nous suivons la jeune Rin dans ses études et dans la découverte des cours à l’académie. Cela a ensuite laissé place à un aspect beaucoup plus sombre avec les guerres et les massacres. Nous suivons aussi une évolution dans le personnage de Rin, des changements dans son attitude et ses attentes. L’héroïne est beaucoup moins naïve et a des objectifs bien précis pour la suite, que je trouve un peu moins nobles. Mais cela la façonne et permettra de donner toute son ampleur au caractère de Rin dans les deux prochains tomes. Hâte de lire la suite de ses aventures !

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La Guerre du pavot, tome 1

Un roman épic fantasy oriental assez inspiré par des faits qui se sont déroulés pendant la guerre sino-japonaise fin des années 30.

L'histoire est centrée sur Rin, une jeune orpheline qui survit tant bien que mal dans une certaine pauvreté au sein de l'Empire du Nikan. Pour fuir un mariage arrangé, Rin décide d'étudier en secret pour participer au concours national, ce qui lui permettrait d'entrer à l'académie militaire de Sinegard où sont entraînés les plus talentueux de l'élite de cet empire.

On s'attache au début à Rin car elle est combative, déterminée et sait ce qu'elle veut. Au fur et à mesure le personnage s'étoffe de noirceur, son orgueil , sa soif de pouvoir la rende plus intéressante. Elle a une bonne excuse , quand elle découvre le prix à payer pour son don létal: un antique art chamanique.



Le roman est parfaitement structuré. La première partie est centrée sur l'apprentissage de Rin où différents thèmes sont abordés comme l'harcèlement, le racisme et le classisme social soit de la part des étudiants que des professeurs. On pénètre dans le rapport hommes-divinités qui changent selon les époques.

La seconde partie est centrée sur la guerre qui surgit à l'improviste avec son lot d'horreurs. L'autrice nous la raconte crument avec toute sa violence , ce qui me semble tout à fait juste .

C'est un roman sombre, plein d'actions qui possède une certaine complexité dans la lutte de pouvoirs et son côté ésotérique.

C'est une trilogie, dommage qu'elle ne soit pas encore disponible en français.









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Babel

Un roman dark fantasy original mêlant histoire, linguistique et étymologie !

A conseiller à un public New Adult qui s'intéresse à la complexité des langues et à leur traduction !

"Traduttore, traditore" : un acte de traduction est toujours un acte de trahison...



1828. Un jeune orphelin chinois est recueilli à Canton par un professeur et conduit à Londres. Rebaptisé Robin Swift, le jeune garçon consacre ses journées à l'étude des langues dans l'optique d'intégrer le prestigieux Institut royal de traduction de l'Université d'Oxford, plus connu sous le nom de Babel. Berceau de l'argentogravure, les étudiants y exploitent le sens perdu des mots à l'aide de barres d'argent enchantées.



Dès ses premiers jours à Oxford, Robin prend conscience que ces travaux confèrent à l'Empire britannique une puissance inégalée et servent sa soif de colonisation, au détriment des classes défavorisées de la société et de ses territoires. Servir Babel revient donc à trahir sa patrie d'origine.



Peut-il espérer changer Babel de l'intérieur ? Ou devra-t-il sacrifier ses rêves pour faire tomber cette institution ?



Je remercie @DeSaxus et @NetGalleyFrance de m'avoir permis de découvrir ce roman qui ne peut laisser indifférent.



La structure narrative est composée de 33 chapitres divisés en cinq livres, dévoilant peu à peu l'intrigue au travers des points de vues des quatre jeunes protagonistes : Robin, le chinois ; Ramy, l'indien ; Victoire, L’haïtienne et Letty, la féministe anglaise.



J'ai tout particulièrement aimé l'univers de Dark Acadomia très original qui devient de plus en plus sombre au fil des pages. Découvrir Oxford en 1830 et sa mystérieuse académie dédiée à la traduction et à l'argentogravure a été un réel plaisir pour moi. Par le biais de ce roman fantastique divertissant, l'autrice met en lumière le thème douloureux du colonialisme.



Même si Robin est le protagoniste central de cette histoire, les personnages secondaires sont autant de facettes d'un même miroir car ils sont tous victimes d'injustice. Cependant, j'ai eu du mal à m'attacher à eux car ils manquent de profondeur psychologique, ce qui est vraiment dommage. Une lecture agréable toutefois !
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La Guerre du pavot, tome 1

C'est un roman inclassable. Vendu comme un roman destiné à un jeune public, loué par des lecteurs de tous âges, histoire dense, longue, aux multiples changements de tons, The Poppy War n'a clairement pas vocation à rentrer dans une case.



On suit ainsi la jeune Rin, orpheline adoptée par une famille modeste d'une région rurale et isolée. Pour échapper au mariage arrangé, Rin n'a qu'une option : être admise dans la plus prestigieuse académie militaire de l'Empire, en réussissant un concours d'une exigence rare. C'est le début d'un long récit initiatique, qui retrace l'adolescence et le début de l'âge adulte de la jeune femme, au fur et à mesure qu'elle s'endurcit et réalise l'ampleur de son potentiel, dans un contexte politique de plus en plus crispé. The Poppy War démarre tout doucement, avec un rythme assez habituel en réalité, rythmé par des étapes "classiques" et propres à la plupart des romans de fantasy YA... mais dérive très vite vers quelque chose de plus sombre, de bien plus imprévisible, de bien plus violent, plongeant le lecteur dans une certaine confusion, qui, si elle peut parfois le déstabiliser, a quelque chose d'indéniablement prenant.



Comme c'est souvent le cas avec les premiers romans, R. F. Kuang a voulu tout mettre dans son livre, pour le meilleur comme pour le pire. Le meilleur, c'est cette incroyable richesse de l'intrigue, avec une évolution ambitieuse de personnages qui passent du stade de l'adolescence innocente à celui du statut de soldat loyal, sanguinaire et déterminé. Le roman propose toute une mythologie propre, un ensemble de décor variés, au moins une dizaine de personnages principaux, des scènes de combat à couper le souffle, bref, un récit captivant et intense, dans lequel il vaut mieux pouvoir s'immerger de façon intense et continue. Le pire, c'est cette ambition justement, qui mène parfois l'ouvrage vers une certaine dissonance, un certain déséquilibre entre, d'un côté, des descriptions particulièrement exigeantes et des atmosphères sombres tirées au cordeau, et de l'autre, des dialogues étonnamment lourds et explicatifs, ou encore des ellipses plus maladroites qu'autre chose qui font passer des mois/toute une thématique d'un coup quand on vient de s'attarder quarante pages sur une seule journée/un seul sujet. Le roman peine à trouver son ton, avec ses premières dizaines de page à la limite du stéréotype du "gentil" livre YA, et la violence presque dérangeante de son dernier acte, avec des descriptions allant parfois jusqu'à l'insoutenable. Sans rentrer dans les détails (l'autrice fait elle-même toute une liste de trigger warnings sur son site), ce n'est plus d'une dichotomie que l'on parle, mais d'une quasi bipolarité, même si certains tropes YA (l'héroïne particulièrement douée seule contre tous, moquée par ses camarades, confrontée à un mentor qui la malmène pour la pousser jusqu'à ses limites, puis un certain côté Suicide Squad dans la dernière partie, bref, on n'en manque pas) perdurent tout au long du roman et créent une sorte de fil rouge.



Le roman développe ainsi non pas une évolution, non pas un écart, mais un gouffre entre ses deux parties principales. La première, si elle reste tout à fait entraînante, semble parfois presque naïve dans le traitement qu'elle fait de la formation de Rin à l'Académie, tandis que la seconde atteint des sommets de violence. Rien de mal à cela en soit, tant que la transition est assurée de façon progressive et cohérente, ce qui pèche quelque peu ici : le tout reste bien entendu fluide et surtout saisissant, mais force est d'admettre que certains passages semblent nager entre deux eaux.



Par ailleurs, l'univers même de The Poppy War repose fortement sur différents événements de l'histoire moderne de la Chine, avec en premier lieu les guerres sino-japonaises. C'est là un aspect intéressant du roman, qui peut pousser à se documenter sur des événements bien réels comme le massacre de Nankin, mais là encore, l'autrice donne parfois le sentiment de manquer de nuance, et fait du camp ennemi une espèce de horde de démons assoiffés de sang - pourquoi pas dans un récit fictif, bien sûr, même si c'est un peu manichéen, mais sachant que toute la démarche de l'autrice était de partir d'un contexte historique solide, c'est aller un peu vite en affaires à mon humble avis.



Rin, enfin, pour le dire de façon euphémique, était un sacré personnage. Pour faire simple : elle adopte très vite un comportement relevant davantage du robot que de l'être humain. Son sens du calcul, sa détermination froide, sa soif de pouvoir et ses loyautés aveugles sont autant d'aspects qui peuvent en faire une figure intéressante, mais qui m'ont de façon personnelle empêchée de tisser un véritable lien avec elle, surtout dans cette fameuse deuxième partie où elle vire à mon sens à la quasi-caricature, tant dans sa puissance exponentielle que dans sa façon d'appréhender le monde.



The Poppy War, quand bien même j'admets sans difficulté avoir bien apprécié sa première moitié, laisse un arrière-goût amer en bouche. Si on ne peut lui nier une véritable ambition romanesque, un sens de l'épique tout à fait convaincant, et une imagerie frappante, force est d'admettre que le ton manque cruellement de recul et de distance, et qu'on a finalement davantage le sentiment d'avoir lu un pot-pourri d'à peu près tous les tropes de fantasy (du YA au grimdark - un genre dystopique de fantasy - en passant par l'heroic fantasy) qu'une oeuvre solide et cohérente. Malgré cela, force est d'admettre que le roman a rencontré un succès assez considérable chez nos amis anglophones, et à mon avis, nous n'avons pas fini d'entendre parler de cette histoire. A vous de voir donc !
Lien : https://mademoisellebouquine..
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Babel

Voici une lecture exigeante. Une lecture qui vous emporte dans les confins de l’origine et de la multitude : la linguistique. L’auteure en est une experte et ici le démontre avec une facilité déconcertante. Décrypter, décortiquer les langues « vivantes et mortes » (de notre point de vue) est le moteur central de ce récit épique et bouleversant. Direction Londres, Oxford et ses multiples colonies. Un monde assez proche du notre mais qui dénote par une singularité : la révolution industrielle est due à des petites barres qui une fois gravées conférent des pouvoirs à l’immatériel.

Dans un contexte historique marquant, la colonisation et la fin de l’esclavage, quatre étudiants, deux jeunes femmes et deux jeunes hommes, aux origines diverses deviennent des étudiants à Babel. La fameuse tour d’Oxford à la réputation éternelle, synonyme de pouvoir, de richesse et de sagesse devient ainsi le théâtre de convoitise, de manipulation et d’insurrection. Des choix idéaux, idéologiques, des choix qui mènent vers un final glorieux, héroïque. Chaque personnage a une histoire distincte. Une histoire douloureuse, de déracinement, de perte, d’appropriation identitaire. Un passé qui définira l’adulte en devenir avec ses convictions et qui le poussera à des réflexions sur le sens du devoir, de la justice.

Si vous rêviez d’un roman aux rebondissements incessants et autre actions hallucinantes, passez votre tour (seules les 200 dernières pages vous conviendriez). R.F. Kuang explore l’univers de la linguistique avec assiduité et précision. Elle pose les bases d’un univers mystérieux avec de nombreuses références historiques dont j’ai pris le temps de découvrir. Ce roman est d’une richesse incroyable. Ma curiosité est repue. C’est ce point ci que j’ai le plus apprécié. Et en seconde position l’aspect historique (Guerre de l’opium 1839). J’ai eu l’audace d’aller lire les avis négatifs. Certain.es vous parleront de manichéisme, de binarité, de racisme et autres joyeusetés. Alors dans un sens oui. Mais faut-il s’offusquer ? Le colonialisme, l’esclavage sont bien le produit de la classe politique « européenne » blanche et des commerçants blancs qui ne voyaient que le profit avant l’Homme. C’est la triste réalité de notre monde dont R.F. Kuang délivre dans ce récit col,ossal le plus beau et le plus laid. Les combats n’ont jamais cessé et comme la plupart d’entre eux, et à notre époque moderne, démarrent de l’idéologie estudiantine.

Un long roman mais si c’est beau.
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Babel

Objectivement, on peut dire que c’est un travail impressionnant et titanesque, mais subjectivement, j’avais hâte que ça se termine. C’est long, vraiment long, d’ailleurs j’ai mis plus d’un mois à le lire et j’ai fait plusieurs pauses pour lire d’autres livres entre temps. Non pas que j’ai pas aimé, mais… vraiment, c’était long 😅

Très politique, très didactique, avec une dimension « divertissement » très peu présente pour alléger le tout et le rendre plus digeste. Les messages portés par ce texte (anticolonialisme, antiracisme, antisexisme, anticapitalisme etc.) sont forts et bien maîtrisés mais ça manque quand même un peu de subtilité, pour un roman qui à part ça prend beaucoup, beaucoup de temps pour développer le thème de la traduction et de l’interconnexion des langues. Bien sûr, ces messages ont souvent besoin de laisser la subtilité de côté pour passer les barrières du dénigrement hypocrite, mais ça reste un roman, pas un essai, alors je m’attendais à quelque chose d’un peu plus axé sur la fantasy, la magie, l’action, tout ça…

Bref, je suis allée jusqu’au bout par principe et parce malgré tout ça reste une belle œuvre, mais je regrette d’être passée un peu à côté…
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Babel

Elle a bon dos la Dark Academia.

Un livre sur le trouble des mots sans le trouble des mots.



Est-ce que cette vision du monde de R.F. Kuang est l'aveu d'un gigantesque échec de la mixité ? Est-ce que le monde est amené à devenir une grande agglomération de milliers de ghettos comme lorsque Dieu a puni l'humanité pour avoir voulu construire la tour de Babel ? Est-ce que les êtres humains peuvent se réduire à être les attributs positifs ou négatifs des clichés inhérents à leur groupe ethnique ? À toutes ses réponses, l'autrice semble nous répondre que oui et moi, je termine ce livre en étant réellement dubitatif, pour ne pas dire plus.



Paradoxes et énormes contradictions dans le préambule qui nous demande d'accepter que malgré le décor (Oxford au 19eme siècle), il ne s'agit pas d'un livre historique mais celui-ci est quand même truffé de notes de bas de page indiquant dans une large majorité d'entre elles des faits historiques racistes, misogynes, colonialistes et impérialistes.

Le ton est lancé, R.F. Kuang est aux commandes, elle va nous faire la classe et elle voudrait du silence.



le premier problème du livre est malheureusement très simple : si on l'aime et qu'on se pâme, on l'a compris en profondeur et on peut briller en société, médaillé qu'on est des championnats du monde des gentils ; mais si on le conteste, nous sommes racistes et, pire encore, si on le conteste alors qu'on est soi-même une personne racisée (je suis personnellement métisse avec une partie "visible"), c'est parce que nous n'avons pas encore ouvert les yeux (je suis vexé).

La fiction historique sert de porte d'entrée à une militance typiquement américaine universitaire, une idéologie politique et sociologique qui va nous expliquer jusqu'au gavage ce qu'est l'injustice, cette idéologie dont on parle partout soit en l'embrassant, soit en la vouant aux gémonies où le monde entier (bien binaire le monde parce que sinon, ça risque d'être trop nuancé et donc difficile à suivre) peut se lire grâce à une grille de lecture très simple : le caractère de chacun.e est en grande partie déterminé par son origine ethnique et sa couleur de peau (alors là, soit je suis encore vexé, soit je réalise dans une grande épiphanie que mon parcours personnel, mes idées/émotions sont en fait un mensonge que je me raconte à moi-même, la faute à une construction sociale qui ne rêve que de me voir asservi) et les méchants pas beaux, c'est les blancs, tous (ma maman est vexée, mon papa aussi mais c'est parce qu'il aime ma maman).

On peut évidemment me répliquer que le livre dépeint le 19eme siècle où le racisme et le colonialisme étaient pires qu'aujourd'hui, que le héros est racisé dans une Angleterre au sommet de son horreur coloniale ; on aurait en partie raison mais un rapide coup d'oeil au parcours universitaire de l'autrice nous rapproche immédiatement du parcours de son héros et il devient très difficile d'y lire autre chose qu'une sorte de miroir de sa propre vie puisque de toute évidence, il s'agit d'une biographie fantasmée.



Le second problème est qu'à mon sens il s'agit d'une relecture particulièrement biaisée et maladroite de l'oeuvre de Ursula K. Le Guin dans le Cycle de Terremer dont R.F Kuang semble s'inspirer. Dans Terremer, la magie est présente (comme dans Babel) mais pour y avoir accès, il faut connaître "le nom véritable des choses" ; une allégorie sublime de l'autrice du Cycle de Hain qui nous dit que le Pouvoir ne se trouve pas dans des objets du genre « un anneau To Rule Them All » mais dans la Connaissance.

Dans Babel, (soi disant) livre des mots, aucun d'entre eux ne libère, aucun n'éclaire, aucun ne révèle, point de connaissance, point de lumière, point d'humanisme mais la prédestination de chaque personnage qui, très loin de les libérer ou de les rapprocher, ne les révolte finalement jamais puisqu'elles et ils sont amené.es à ne devenir que les discours politiques de leurs couleurs de peau. Comment et pourquoi penser autrement puisque « tu viens de là » et que tu finiras par penser comme ton origine ?



Fin des êtres humains et avènement d'une nouvelle espèce : l'être-pamphlétaire. Le Guin nous invite à être meilleur.es, Kuang nous condamne à être des clichés.



J'espère de tout coeur que nous valons mieux que ça.
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Babel

Après avoir lu The Poppy War, et vu le succès de Babel sur le bookstagram anglophone, j'avais hâte de me lancer dans Babel. Malheureusement, j'ai été TRES déçue.



Commençons par l'écriture. R.F Kuang a une très belle plume c'est certain. On ressent fortement son passé académique, et la façon dont elle écrit est emplie d'une belle forme de poésie. Cependant, la structure du livre n'était pas agréable. On est plongé dans un univers de traduction, et ce n'est pas inintéressant, loin de là, j'ai été fascinée par l'abondance de détail. Au début. Car quand on a des chapitres complets sur des étymologies, ou des recherches, on a simplement l'impression de lire la thèse académique de R.F Kuang. De plus, il y a un nombre incalculable de notes de pied de page, toutes plus longues que les autres, qui apportent un contexte historique. Cependant, cela oriente complètement notre point de vue sur l'histoire et je trouve ça malhonnête.



Niveau originalité, on a vu mieux. Le côté magique avait un potentiel énorme et je trouve qu'il n'a pas assez été exploité, ce qui a grandement fait pécher l'intrigue principale. On se trouve dans les années 1700/1800, à Londres, et les évènements historiques sont les mêmes que les vrais, alors que l'aspect magique aurait dû chambouler tant de choses!



Niveau pédagogie, on a vu mieux également. Les personnages sont fades, ils sont menés par l'autrice sans avoir leur propre personnalité. Ils ne portent pas de message fort, c'est l'autrice qui le fait à travers eux. Certes, les messages en eux-mêmes sont très importants (racisme, colonialisme, sexisme et autres) mais ils sont très binaires dans leur façon d'être exploités.



Ce n'est que lors de la dernière centaine de pages, que j'ai commencé à apprécier l'intrigue et là encore, j'ai été déçue par l'épilogue...
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Babel

J'ai beaucoup hésité à partager mon avis sur ce titre. Je n’arrivais pas à trouver les mots justes pour exprimer ce que je voulais dire, et du coup j’avais peur d’être très maladroite face à ce récit si complexe. Mais voilà, cette lecture m’a marquée alors j’ai quand même envie d’en parler. Je pourrais arrêter mon avis à « quelle lecture ! ». C’est le peu de mots que j’ai réussi à trouver après avoir fini le livre. C’était juste fracassant à tout point de vue, et si j’ai mis énormément de temps à le lire (deux mois !), j’en ai apprécié chaque phrase ! Babel c’est, pour moi, un récit avant tout politique, totalement engagé, qui résonne particulièrement avec l’actualité.



Habituellement j’écris moi-même un résumé du livre. Mais là j’ai bien peur de spoiler, du coup je vous renvoie à celui de l’éditeur plus haut ! ;)



Le livre a bien-sûr des défauts. Le contenu intellectuel lié à la traduction est très présent et alourdit un récit qui met du temps à se mettre en place. On peut donc s’ennuyer, ou être rapidement perdu.e devant tant d’explications approfondies sur le sens de mots. Personnellement, j’ai fait des études de lettres et du latin jusqu’en première année de master, donc j’ai l’habitude. Mais si ça n’avait pas été le cas, je me serais peut-être sentie assommée par ma lecture… Puis, l’autrice attache beaucoup d’importance à la description du quotidien des étudiants, quelque part cela enterre les revendications que peuvent avoir les personnages pour eux-mêmes et pour nous, les lecteurices. Aussi, chaque événement marquant est soudain et brutal. Ils ont d’autant plus d’impact qu’on ne s’y attendait pas, comme on est noyé.es dans le quotidien de leurs études. De même, la lenteur du récit permet un développement profond, et complexe, pour chaque personnage, entraînant un attachement particulièrement fort pour chacun d’eux. Impossible pour moi de ne rien ressentir devant les choix et le destin de chacun d’eux. Au contraire, j’avais l’impression de les connaître intimement au fil des pages, alors forcément je me sentais impliquée émotionnellement tout le long de la lecture.



Ainsi, je me sentais très énervée à chaque fois que les personnages subissaient du racisme ordinaire en toute décomplexion, c’est-à-dire tout le temps ! C’est juste insupportable ! Au-delà de l’ambiance dark academia, le livre remet brillamment en question d’une part le colonialisme et l’hypocrisie dont fait preuve l’Europe qui cache sa volonté de s’attribuer toutes les richesses d’un peuple sous une volonté intellectuelle ou de bienfaisance ; et de l’autre le racisme (et le sexisme) quotidien de ces gens, une bande de vieux blancs riches, qui se croient au-dessus des autres alors que sans eux ils ne sont rien. Le tout avec le côté magique de l’argent, mais on peut tout à fait remplacer cela par une ressource plus réaliste comme le pétrole ou les matériaux qui composent nos portables. J’aime comment est construit le schéma de l’oppresseur, totalement toxique, qui se croie philanthrope alors que c’est tout le contraire. Il y a une scène qui m’a particulièrement marquée, où un de ces riches bat un des personnages pour finir par le traiter de sauvage. Je trouve que c’est totalement représentatif du roman et de ce qu’il y dénonce avec force.

Il y a un basculement radical dans le récit, vers la fin, un peu trop soudain et extrême, mais ça m’a plu et ça m’a beaucoup émue. Ça correspond au message de désespoir que font passer les personnages… Selon moi, la lecture de ce roman est essentielle. Bien que la Chine y soit au centre, ce qu’il y dénonce devrait rendre sa lecture indispensable, notamment pour mieux comprendre les mécanismes en jeu dans les terribles conflits et génocides en cours actuellement dans le monde.



J’ai donc été particulièrement touchée par cette lecture qu’évidemment je recommande à tous, il ne peut que faire réagir qu’on aime ou non ! Et je finirai cet article en évoquant une situation que je trouve assez ironique compte tenu du message du livre : l’éviction de l’autrice pour Babel du prix Hugo de 2023 qui se déroulait en Chine et qui aurait censuré les auteurs… l’article est à retrouver sur actualitte.com.


Lien : https://lesaffamesdelecture...
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Yellowface

Yellowface m’a mis une petite claque, j’ai dû enchaîner les pages jusqu’à connaître le fin mot de l’histoire. Ce livre est tout simplement brillant, addictif, unique.



Nous suivons le personnage de Juniper, jeune femme blanche américaine, qui s’approprie le roman intitulé « Le Dernier Front », décrivant l'histoire des travailleurs chinois pendant la Première Guerre mondiale, écrit par son « amie » Athena, américaine d’origine chinoise, qu’elle va lui voler après sa mort. À partir de là, le livre nous plonge dans le monde impitoyable de l’édition, abordant des sujets tels que le racisme ordinaire, l’appropriation culturelle, l’influence des réseaux sociaux sur les maisons d’édition, les quotas ou la cancel culture. L’autrice réussit brillamment à nous faire réfléchir sur ces sujets sans pour autant nous influencer.



Yellowface est un très long monologue intérieur du personnage principal, Juniper, parfois détestable par sa jalousie maladive, son sentiment d’oppression, son incompréhension (volontaire) du racisme, mais malgré tout, sa solitude et le harcèlement qu’elle subit m’ont fait ressentir, par moments, de l’empathie pour elle.



C’était tout simplement captivant de suivre son ascension dans ce milieu.
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Babel

Robin est un jeune chinois qui a été ramené en Angleterre par un professeur en langues après le décès de toute sa famille. Il va être élevé dans l'optique de faire de lui un étudiant en langues brillant afin de pouvoir intégrer le fameux institut de traduction d'Oxford, qu'on appelle Babel. Mais une fois passé l'émerveillement devant ce pourquoi il a oeuvré toute sa vie, il prend conscience de tout ce qui sous-tend cette magnificence : l'esclavage, l'exploitation des ressources de pays étrangers, l'aveuglement de la population. À partir de ce moment-là, Robin va beaucoup évoluer, développer une conscience politique, morale. Il va essayer de se battre contre ce système mais doit pour cela renoncer lui-même à beaucoup de choses qu'il apprécie (son confort, sa vie d'étudiant, la vie plutôt facile). Il va finir par adopter une attitude extrême, très loin du gentil garçon inoffensif du début du récit.

Ce roman est vraiment très poignant et riche. Il soulève beaucoup de question quant au colonialisme et à tout ce que ça induit pour les pays soumis. Mais il va plus loin car il nous incite à nous regarder sans concession : serions-nous prêts à renoncer à certaines choses qui sont produites dans des conditions inhumaines? Le livre aborde aussi les questions de racisme et le fait que les principaux personnages soient très différents les uns des autres permet d'explorer de nombreux points de vue.

Enfin, ce livre est centré autour de la question des langues, de la traduction d'une langue à l'autre, et montre à quel point une langue est bien plus qu'un moyen de communication mais bien une façon de voir le monde. Et toute la réflexion sur ce thème est tout aussi passionnante.

Bref, c'est un livre très riche, assez fascinant et très émouvant que je recommande avec vigueur.
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