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Critiques de Rebecca Makkai (156)
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Cent ans de Laurelfield

A l’aube de l’an 2000, Zee Devorh, universitaire, vient vivre avec son mari dans le domaine de sa famille, Laurelfield.



Sa mère, Grâcie n’autorise pas le couple à habiter avec elle et son second mari, Bruce, dans la grande maison mais lui impose de s’installer dans la dépendance, ancienne maison du chauffeur.



Si Zee se rend tous les jours à l’université pour enseigner la littérature, son mari Doug essaie tant bien que mal de terminer sa thèse sur le poète, Edwin Parfitt.



Ce dernier a d’ailleurs séjourné à Laurelfield qui fut dans les années 1930 un lieu de résidence pour des artistes plus ou moins célèbres.



Doug est persuadé que le grenier du domaine contient des documents inédits sur cette époque et surtout sur le sujet de sa thèse. Mais sa belle-mère refuse obstinément de lui donner la clé de ce grenier.



Même s’il sait bien que la famille Devorh a compté en son sein des membres à la réputation fantasque, que l’arrière-grand-mère de son épouse, Violet, s’y est suicidée et que son fantôme hante les lieux, Doug veut à tout prix aller fouiller dans cette pièce interdite.



Ce qu’il va y découvrir dépassera tout ce qu’il avait pu imaginer.



A la manière des poupées russes, mais à rebours, Rebecca Makkai remonte le temps pour nous dévoiler cette histoire, où personne n’est réellement celui qu’il prétend être.



De 1999 à 1929, elle distille des indices qui permettront de comprendre ce qui s’est réellement passé. Au lecteur d’être attentif pour ne pas les rater !



Ce roman est donc une saga familiale, à la construction qui peut paraître déroutante, mais tout à fait prenante.



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Cent ans de Laurelfield

Dans la vaste demeure de Laurelfield, le portrait de Violet Devohr veille sur les générations. Que lui est-il arrivé ?

L’histoire se déroule sur un siècle de 1999 à 1900. On remonte le temps pour découvrir l’origine des secrets qui hantent ce lieu.



Si le pitch avait tout pour me plaire, je dois avouer que j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire. Je me suis perdue dans la multitude de personnages et dans leurs relations, que je n'ai pas trouvé toujours claires. L’écriture n’était pas fluide. J'ai trouvé qu’il y avait trop de détails, des descriptions trop longues qui me perdaient. La construction inversée est intéressante et résolument moderne. Mais compte tenu de la densité de l’histoire, je ne suis pas certaine qu’il était nécessaire de rajouter une couche supplémentaire.



La trame narrative est tout de même intéressante et le prologue offre aux lecteurs beaucoup de réponses. Une relecture s’impose sans doute.



Je suis déçue de pas avoir pu apprécier cette lecture offerte par @babelio dans le garde de la masse critique privilégiée et par les @editionslesescales, que je remercie. Je suis certaine que ce roman trouvera son public.
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Les optimistes

Parce que j’avais adoré Chapardeuse, son premier roman, je n’ai pas hésité face à ce second roman de Rebecca Makkai sorti cette année.



Un bon gros pavé, une bande d’amis, deux trames de récit.



La première : Chicago, 1985-90. Yale enterre son ami Nico, décédé des suites du Sida. Il sait que pour lui et son groupe d’amis, issus de la communauté gay de Chicago, le pire est à venir. Face à l’arrivée de ce mal qui décime les homosexuels et les stigmatise d’autant plus aux yeux de leurs familles et de la société, les amitiés se soudent. Cette partie suit l’histoire de Yale, de son quotidien entre Boystown et le monde de l’art et de son amitié avec Fiona, la sœur de Nico.



La 2e trame se déroule en 2015. Nous y suivons Fiona, 30 ans après l’histoire de Yale, partie à Paris sur les traces de sa fille, enrôlée dans une secte sans laisser d’adresse. Hébergée chez un ami de jeunesse, elle va retrouver malgré elle des pans de son passé, entre douleur et nostalgie.



J’ai mis du temps à entrer dans l’histoire, surtout pour celle de Fiona, mais une fois attachée aux personnages je n’ai pas vu passer le récit et je n’ai surtout pas voulu qu’il se termine. Epoque terrible que celle de l’arrivée du Sida dans les années 90, thématique que j’avais déjà parcourue chez Irving ou dans des films tels que les excellents Dallas Buyers Club et 120 Battements par minute. Ici, l’objet du récit n’est pas le militantisme. C'est une fiction élaborée autour d’un sujet réel, historique et documenté qui se concentre sur l’intime de ces deux personnages. Autour d'eux, l'univers des angoisses, débats et dénis autour des premiers tests, le lien social parfois brisé avec la famille et le milieu professionnel, les politiques qui ferment les yeux mais aussi et surtout toutes ces belles choses qui font le pouvoir d’une communauté : la place de l’amitié lorsqu’il ne reste plus rien et de la fête et des paillettes comme ultime témoignage d’une époque qui se termine.



Malgré quelques longueurs, un gros brassage émotionnel et un bel hommage à ceux qui furent au centre de cette hécatombe.

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Les optimistes

J'ai douté au début de l'histoire que le livre me plaise. Je ne sais pas pourquoi. Et en fait j'ai été happée par l'histoire, par ses personnages légers qui vivent le pire, par ses personnages malmenés qui ne cherchent qu'à vivre. C'est beau, et sans qu'on s'en rende compte on plonge avec eux dans la maladie, dans l'observation du corps dans ses moindres détails cherchant ce que l'on craint, dans l'observation des autres voyant ce que l'on craint, dans l'amour qu'on redoute de donner, de recevoir,... C'est très juste, c'est horrible et beau à la fois. Je recommande.
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Les optimistes

550 pages sur le Sida dans les années 80 à Chicago? Le sujet peut rebuter, tant on sent que l'humour ne sera pas de la partie. Ce n'est pas faux, l'humour ne s'immisce que très rarement! Mais Rebecca Makkai prouve son talent en présentant des personnages attachants, pour lesquels l'amitié l'emporte sur la famille. Pas édulcoré, mais jamais larmoyant, Les optimistes présentent une époque en proie à la peur, au doute, au manque de reconnaissance des autorités. Et les conséquences dans les années suivantes. Là est le point faible du livre. A la fois situé en 1985 et en 2015, cette seconde partie souffre de longueurs, d'un intérêt moins important. Mais quelle partie qu'est 1985! Un contexte historique & sanitaire présenté avec soin, presque documentaire, qui démontre l'avancée que nous avons vécu dans ce domaine en 30 ans. On peut reprocher à l'auteure d'étirer les détails, de prendre son temps à mettre en scène le sida et les retombées sur ce groupe d'amis. Car, ne nous leurrons pas, cette partie regorge d'analyse poussée, et d'une humanité sans faille. Ce livre est un hymne à la vie et à l'écoute.
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Chapardeuse

C'est un roman qui se lit assez facilement mais qui reste à la surface des choses et et qui, à mon sens, ne va pas assez loin dans tout. Les interrogations de Lucy sur ses origines russes et le déracinement de ses ancêtres sont restées bien superficielles et j'aurai aimé en savoir beaucoup plus. Car finalement il ne se passe pas grand chose dans ce roman si ce n'est que nos deux héros en cavale roulent sans but sur les routes américaines. il y a bien quelques indices qui attisent la curiosité du lecteur en laissant planer un petit mystère mais au final tout retombe comme un soufflet. Et la lecture se termine comme elle a commencé, sans grand frisson ni enthousiasme.

Les personnages donnent un peu plus d'intérêt à cette lecture. Lucy est un peu gnangnan, on a envie de lui coller des baffes pour le réveiller un peu mais sa nonchalance la rend tout de même attachante et ses histoires avec les garçons donnent un peu de piment à l'histoire. Quand à Ian, à 10 ans, c'est déjà carrément un petit c... Garçon espiègle et attachant qui veut découvrir pleins de lectures qui pourtant lui son interdites en raison de la religion de ses parents, il se révèle quelque peu machiavélique quand il menace Lucy de la faire passer pour une kidnappeuse.

Bref, ce fut une lecture agréable mais il m'a manqué quelque chose pour l'apprécier pleinement.
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Les optimistes

C'est un roman que mon dealer de @librairiereservoir m'a mis dans les mains : "Sûr que ça va te plaire ça, c'est merveilleux !" J'ai pris, me fiant à ses recommandations, et puis j'ai mis de côté...



De 1985 à 2015, on suit l'histoire de Fiona, mais aussi des amis de son frère, Nico, mort du sida. De Chicago à Paris, Fiona est une jeune femme, puis une quinquagénaire, qui se cherche, qui cherche sa fille, qui vit pour les autres, et dont le destin sera marqué par l'épidémie honteuse.



Je suis une môme des années 80, j'ai grandi avec le sida, j'en ai eu aussi peur que du Covid, et je regrette encore qu'on n'ait pas pu, en 40 ans, faire les mêmes avancées en matière de vaccin que celles qu'on a fait en un an pour le Covid... Mais là n'est pas le sujet de ce roman !



Ce roman n'est pas une histoire militante, ou politique. Ce n'est pas non plus un truc mièvre ou niais. C'est réel. Ça raconte le stress du test, la contamination au sein des couples, ce qu'elle dit des accords passés en matière de monogamie... Ça raconte des hommes montrés du doigts, dont on refuse qu'ils utilisent les WC par peur de la contamination, qui mourront seuls dans des lits réservés, et dont on taira la cause du décès...



Bref, c'est un bouquin qui m'a beaucoup touchée, une histoire qui nous renvoie dans une autre époque, et qui nous fait forcément repenser à ceux qu'on a pu connaître dans nos vies et qui sont partis de cette saloperie avant que les traitements ne soient vraiment efficaces.
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Cent ans de Laurelfield

Depuis son premier roman, Chapardeuse, Rebecca Makkai fait partie des autrices que j’aime beaucoup. Ayant également adoré son 2nd roman, Les Optimistes, je me suis hâtée de lire son dernier bouquin. Après réflexion, je pense que le résumé, le titre et la couverture ne m’auraient pas vraiment donné envie d’ouvrir ce livre s’il avait été écrit par quelqu’un d’autre.



L’histoire, qui commence en 1999, raconte la vie de Zee et Doug, un couple d’universitaires. Parce qu’ils sont en galère d’argent, Doug essayant depuis des années d’avancer sa thèse sur un poète peu reconnu, la mère de Zee leur propose d’emménager un temps dans la remise de la grande demeure familiale. Cette maison, qui appartient à la famille de Zee depuis une centaine d’années, possède une grande histoire : elle a abrité durant des décennies une colonie d’artistes en résidence et a accumulé les secrets au fil du temps…



Cent ans de Laurelfield est un roman en 4 parties qui remonte progressivement dans le temps, de 1999 à 1900. J’ai trouvé ce mode de narration astucieux car nous, lecteurs, évoluons avec les personnages au présent, ce qu’ils savent – ou pensent savoir – du passé et comment ils interprètent certains documents qu’ils vont retrouver. Et au fil du rembobinage du récit nous apprenons que les vérités ne sont pas toujours celles que l’on croit…



A l’instar des autres romans de R. Makkai, celui-ci se lit très bien. Sa plume est fluide et immersive. J’ai néanmoins eu l’impression de quelques longueurs. De plus, la colonie d’artistes comprend de nombreux personnages et j’ai parfois eu du mal à me souvenir de qui est qui dans l’histoire. C’est mon moins préféré de ses trois romans mais il se lit tout de même bien.



J’ai adoré lorsque, dans les remerciements de fin d’ouvrage, Rebecca Makkai écrit « ce livre devait traiter de l’anorexie masculine. Ne me demandez pas ce qu’il s’est passé entre temps ».

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Les optimistes

Je ne sais pas à quoi faisait exactement référence le titre "Les Optimistes" parce que j'en ai arrêté la lecture à la page 150, peu concernée par l'histoire des personnages, peu attirée par le style, par la dilution des chapitres des et par une histoire que j'ai trouvée un peu terne malgré des thématiques abordées assez fortes mais un peu perdues dans des digressions ennuyeuses.

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Cent ans de Laurelfield

Si les premiers chapitres ne m'ont pas immédiatement enthousiasmée, j'ai subitement changé d'avis au cours de la première partie.

Et je termine ce livre sur une impression positive.



Il faut commencer par souligner l'originalité de la construction...puisque le prologue se trouve à la fin, que la première partie se déroule en 1999, la seconde en 1955 et la troisième en 1929. Trois époques, un seul et même lieu : une grande batisse avec annexes (remise, longère) appelé Laurelfield .



On assiste à une sorte de compte à rebours littéraire où l'on trouve les réponses aux questions que l'on peut se poser dans une partie précédente ou suivante.

A la fin, la vue d'ensemble est assez claire et le tout est convainquant.



Les protagonistes dont l'action se déroule en 1999 sont les descendants des acquéreurs de la propriété.

Jusqu'à ce que Gracie, l'actuelle propriétaire, se livre à des confidences pour le moins incohérentes, je dirais que j'avais du mal à accrocher. Et puis, tout à coup, on devine des secrets, des non-dit, c'est le déclic et le livre devient passionnant.



La partie que j'ai préférée est la partie centrale...Elle apporte un début de réponse aux questionnements de la précédente...qui elle même permet de comprendre la fin de celle ci...mais rassurez-vous, tout est clair, beaucoup plus que ma critique pourrait le laisser croire.



Il faudra avoir lu la dernière partie, la base et l'origine de tout pour que tout s'emboîte.



Une lecture très intéressante que je recommande vivement si vous avez envie de sortir un peu des sentiers battus.
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Cent ans de Laurelfield

Je remercie en premier lieu la maison d’édition les Escales ainsi que l’équipe Babelio de m’avoir permis de découvrir ce roman lors d’une masse critique privilégiée. J’avoue que si je ne m’étais pas engagée à faire une critique de ce livre je l’aurai vite refermé tant les promesses de la quatrième de couverture ne semblaient pas au rendez-vous, du moins pas avant le dernier quart de la première partie.



Ce livre se divise en 4 parties : 1999 – 1955 – 1929 – 1900 (prologue)



On suit l’histoire de Laurelfield sur 1 siècle mais à rebours. Au fur et à mesure de son avancement dans le livre, le lecteur découvre un tas d’éléments qu’il peut relier ensemble à la manière des poupées russes et se pose beaucoup de questions car toute l’histoire ne prendra vraiment sens qu’à la toute fin du livre.



Ainsi le récit commence en 1999 lorsque Laurelfield est une demeure familiale dont la propriétaire est Grâce Devohr à présent remariée Breen (les secrets du passé qui viennent hanter le présent, c’est une caractéristique des romans gothiques).

Elle continue en 1955 lorsque cette maison était une prison pour Grâce Devohr alors mariée Grant (la jeune et jolie jeune femme en détresse, c’est typique des romans gothiques).

En 1929 cette vaste demeure était devenue la colonie d’artistes de Laurelfield où ici le ton est surtout bohême. Ce domaine était la propriété de Gamaliel (Gamby) Devohr ; fils des premiers propriétaires et le père de Grace.

Enfin en 1900, le prologue nous fait revivre la construction du manoir et nous présente ses propriétaires ancestraux : Augustus Devohr et son épouse Violet Saville Devohr qui se serait suicidée dans le grenier (sentimental macabre et suicide sont également des ingrédients du roman gothique).



Laurelfield, c’est le personnage principal de ce roman ; il ne s’agit pas d’une personne physique mais d’un manoir à l’atmosphère gothique située dans le Midwest. Un nom semble cependant relié à Laurefield depuis les années 1900 jusqu’en 1999, celui de la famille Devohr, une famille canadienne et fantasque de la classe supérieure.



Ici la maison n’est pas hantée, c’est elle qui vous hante. Laurelfield semble avoir une âme et exercer un pouvoir sur les gens ; elle favorise la créativité des artistes mais fait savoir à certaines personnes qu’elles ne sont pas les bienvenues. Il ne semble pas y avoir de fantômes (au sens strict du terme) mais la beauté sombre de Violet Saville Devohr, une ancêtre qui se serait suicidée dans le grenier, occupe pourtant les lieux et pas uniquement en raison de la présence de son monumental portrait. Sauf quelques rares manifestations surnaturelles inexplicables, les fantômes sont surtout les secrets de la maison, les secrets de la famille Devohr.



Au final j’ai trouvé cette histoire très originale et l’intrigue magnifiquement orchestrée par l’auteure. Moi qui suis fan de romans gothiques et d’histoires de fantômes je dois dire qu’ici ces caractéristiques apparaissent de manière totalement différente de mes lectures habituelles. J’ai adoré découvrir l’histoire de Laurelfield. L’étoile en moins c’est pour la traduction française qui n’était pas toujours très compréhensible (j’ai lu certaines phrases plusieurs fois avant de vraiment comprendre ma lecture).

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Les optimistes

The Great Believers (Les Optimistes en VF), c'est une sacrée histoire, du genre qui touche à des dizaines, voire à des centaines d'existences, qui se divise entre deux continents, deux époques et deux urgences, qui cache derrière sa belle couverture jaune pétard une bien sombre histoire, qui aurait pu sombrer dans un certain nombre d'écueils, du misérabilisme au mélodrame, mais qui trouve au contraire son ton propre, subtil et dévastateur. C'est enfin l'un de ces romans américains multi-primés qui chamboulent la critique, qu'on s'attend à trouver surestimés et dont on réalise au contraire combien ils ont mérité toute l'attention qu'ils ont reçue. C'est formidablement réussi, en somme.



The Great Believers, c'est ce titre splendide que les éditeurs français ont choisi tout à fait correctement de choisir par Les Optimistes, mais que je préfère encore en anglais, qu'on pourrait transcrire littéralement comme "Les Grands Espéreurs". J’en aime la polysémie du beau mot qu'est "believers", exprimant à la fois un aspect presque religieux, comme des "croyants", mais aussi une idée de détermination, d'assurance, comme des "convaincus". Ces grands espéreurs, ce sont le produit d'années de doute, de perte et d'antagonisation de leur cercle social par le reste du monde, si vicieuse et si durable qu'elle en est presque venue à les empoisonner en leur propre sein et à leur inoculer le virus dévastateur de la méfiance et du silence, fléau contre lequel ils ont fini par opposer leur seule arme, ce fameux mélange de foi et de certitude, mélange bizarre et contradictoire dans lequel on arrive parfois à puiser l'espoir. Ces grands espéreurs, ce sont les personnages que l’on s’apprête à voir traverser toute une vie, et surtout à aimer.



Ils s’appellent Yale, Richard, Julian ou encore Charlie, font partie d’une même bande d'amis jeunes, gays, tous plus ou moins artistes, et surtout laminée par le sida qui a fini par atteindre la ville de Chicago en cette fin des années 1980. Ils s’apprêtent à connaître, et ont déjà entamé, des années de douleur indicible, au fil de diagnostics incontrôlables, de traitements inaccessibles, coûteux ou foireux (au choix), d’une valse des enterrements auxquels ils ne seront souvent même pas conviés par la famille, parce que pas assez sophistiqués, fréquentables ou bien portants, parce que c'est comme ça, qu'il est des choses dont on ne parle pas, ou jamais comme il le faut, et que la maladie a toujours été l'une d'entre elles, surtout lorsqu'elle se superpose à l'homosexualité, à la jeunesse et à une soi-disant responsabilité des personnes atteintes, responsabilité qui n'est en réalité que le rejet primaire et agressif d'une société qui n'a jamais cherché à comprendre ou prévenir cette crise.



Les grands espéreurs ont été jeunes, et beaucoup le resteront pour toujours, mais certains s’en sont réchappés, à commencer par Flora, la petite soeur de l'ancien meilleur ami de Yale, emporté très tôt par la maladie. C’est elle qu’on retrouve dans l’autre versant de l’intrigue, en 2015, à Paris, où Flora se rend pour retrouver la trace de sa fille unique après des années de silence. Ca fait déjà trente ans qu’elle n’a plus vingt ans, qu’elle grandit sans son frère, qu’elle se débrouille comme elle peut, mais quelque part, tout ça la poursuit encore, et il n’est pas exclu que son drôle de voyage expiatoire à Paris soit aussi pour elle l’occasion d’expliquer, de comprendre et de partager cette époque de deuils, de mauvaises nouvelles et de maturité construite bien malgré elle.



On alterne ainsi entre ces deux temporalités, ces deux douleurs distinctes, l'une immédiate, brûlante, l'autre mieux comprise, mieux intégrée, mais toujours aussi lancinante. Le roman n'est curieusement pas aussi sombre que ce que l'on pourrait croire après ce résumé : c'est aussi une histoire d'art, de création (à travers le personnage de Yale, galeriste de profession), de transmission (beaucoup), d'amour (surtout), de famille (malgré tout) et de mémoire. On s'y trouve ému, amusé, railleur ou attendri, on y voyage, on y espère, on y apprend l'acceptation.



The Great Believers n'est pas l'histoire d'héros, de victimes fauchées en pleine jeunesse, de larmes qu'on arrache aux lecteurs ou de transcendances hypocrites qu'on inventerait à ces jeunes hommes malades. Le récit ne fait pas de mystères, ne ménage pas le moindre faux-semblant, et sans faire dans les présages sombres ou les effets d'annonce, reste toujours honnête avec son lecteur et ne cherche jamais à créer de retournemnt de situation, de suspense insoutenable ou d'une quelconque forme d'intrigue autour du sort de ses protagonistes. On sait ce qu'on lit, on sait où l'on se dirige, on sait à quoi s'attendre, et on n'en est que plus bouleversé par le récit. Le tout témoigne d'une pudeur et d'une délicatesse qui forcent le respect : rien n'est censuré ou retenu, et on a largement de quoi être bouleversé par la réalité de la maladie, du deuil et de l'injustice, mais on n'est pas non plus confronté à des détails inutilement déshumanisants ou humiliants. Yale et ses amis n'existent peut-être pas, mais ils demeurent le reflet de milliers de de malades qui ont aimé, souffert, espéré, patienté, voulu et parfois tout perdu. Et ça, Rebecca Makkai ne l'oublie jamais. C'est une vie, sans destin ultime à achever, sans coïncidences éblouissantes à tout bout de champ, sans plan suprême couvé par une divinité quelconque. Juste une poignée d'être humains tour à tour touchants, égoïstes, faibles, passionnants et menteurs, dont subsiste l'énergie, l'envie et la bienveillance.



C'est aussi un sacré long roman, auquel on consacre plusieurs journées, voire quelques semaines, de lecture absorbée, le temps de laisser infuser cette histoire dense et complexe, de s'attacher surtout à toute sa bande de personnages, et de savourer combien l'autrice a su décrire avec intelligence et inventivité la dynamique particulière qu'ont les relations amicales et amoureuses entre de jeunes hommes, cette spontanéité, cette gratuité, cette brusquerie parfois aussi, le tout encore nuancé par le contexte ô combien particulier de l'époque, intensifié par l'urgence propre à ces existences menacées. Un soin tout particulier est en effet porté à l'atmosphère générale de ces années-là, de l'Amérique de Reagan, de ses malaises, de ses termes nouveaux, de ses perspectives en pointillés, pour un résultat aussi subtil que marquant.



C'est enfin et surtout un roman qui témoigne d'un travail de recherche tout en profondeur et humilité de la part d'une autrice qui se sait bien éloignée de la réalité qu’elle décrit, comme elle en témoigne à la fin de l’ouvrage, elle qui est blanche, mariée, hétérosexuelle, que la maladie ne touche pas, et qui fournit donc tous les efforts nécessaires pour donner à son récit l'honnêteté, la spontanéité et la justesse dont il a besoin. The Great Believers frappe par le profond respect que son écrivaine porte de toute évidence à ses personnages, par le soin qu'elle a porté à leur raconter une vie juste, fictive certes, mais à tout instant crédible et bien équilibrée.



Tout n'est pas parfait, notamment au niveau des réactions de certains personnages (comme Claire, dont le rejet de sa mère frôle parfois la caricature), mais le roman compense en sincérité et en lucidité ce dont il manque parfois en équilibre. Avec un texte aussi long et aussi riche, il était évident que le rythme ne serait pas égal, mais on ne peut honnêtement que saluer l'effort de cohérence et de stabilité fourni tout au long du texte, qui parvient à capter l'attention du lecteur tout au long de son déroulement.



Lisez donc The Great Believers, l’histoire d’une forme d’optimisme et d’énergie qu’on n’a pas l’habitude de voir en littérature, l’histoire de vies qui changent, pour tenir, pour s’émerveiller, pour s’aimer, l’histoire de ce qui demeure, et de tout ce qu’on pourra réinventer.
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Les optimistes

Pour toutes les personnes qui ont survécu aux SIDA dans les années 80 (souvent sans le faire exprès) il est impossible de ne pas se souvenir de l'hécatombe que fût cette maladie (et ça n'est pas fini hélas), ni même de la honte qui l'entourait, des fausses informations qui circulaient et des relents homophobes, racistes et moralistes qui allaient avec.

Ce roman n'est pas des plus fins, il y a beaucoup de clichés, de bons sentiments et de nombreux soucis de traductions dirait-on ! (mots manquants, ponctuations aléatoires, phrases au sens étranges).

Mais c'est une lecture fluide qui a le mérite de se placer du côté d'un personnage jeune qui a vu mourir son frère, ses amis et qui n'a jamais lâché leurs mains. Une jeune fille traumatisée comme peuvent l'être les rescapés de guerre, qui va devoir vivre avec l'absence et le souvenir de la dégradation physique qui allait avec le Sida.

C'est à Chicago qu'elle implante ce roman qui rappelle aussi les années Reagan et sa politique de santé scandaleuse, les premiers pas d'Act-up et du militantisme actif et la jeunesse de ces victimes décimées en si peu de temps.

Il y a aussi la solidarité au sein d'une communauté soudée dans la maladie et des histoires individuelles minées par la mort jamais très loin.

La partie qui se passe aujourd'hui est un peu moins réussie, pas déplaisante mais un peu poussive à mon goût.
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J'ai quelques questions à vous poser

Une lecture dans laquelle j'ai eu un peu de mal à rentrer.



Il m'a fallu un peu de temps pour me familiariser avec le style de l'auteure que je trouvais parfois un peu lourd. Je rythme n'est pas fou. De nombreuses réflexions ou réminiscences du passé et peu de dialogues.



C'est surtout à partir de la seconde partie que j'ai vraiment été prise par l'histoire tant je voulais en connaître le fin mot.



Bodie s'adresse à celui dont elle soupçonne d'être le véritable meurtrier de Thalia. Ce retour sur les lieux du drame en tant que professeur de Podcast, et aussi parce que l'une de ses élèves va travailler sur le sujet, sera l'occasion de remuer le passé pour tenter d'enfin y voir clair. Et aussi, de trouver une solution pour libérer un innocent.



Ce roman est percutant car il nous montre que la vision d'un ado n'est pas la même qu'un adulte mais aussi, que la vision globale de l'époque par rapport à maintenant a diamétralement changée. Depuis le #MeToo, les gens mais surtout les femmes, prennent conscience que ce qui était accepté avant n'était pas normal. Qu'il y avait abus et atteinte à la personne.



A travers le mari de Bodie, l'auteure aborde aussi la place de celui qui est incriminé de manière pas totalement justifiée. La sienne et celle de ses proches. La dérive veut qu'il est devenu fort simple de dénoncer et que cette dénonciation n'est pas forcément justifiée. Et que, même si les faits sont injustement qualifiés, l'étiquette restera.



Oui, ce roman très actuel est fort dans son analyse de la société d'avant et d'aujourd'hui, dans le message qu'il transmet.



Il touche aussi notre curiosité dans l'intrigue autour du meurtre de Thalia et je dois dire que l'auteure m'a totalement surprise sur son final. J'ai adoré suivre le cheminement des réflexions, la découverte de nouveaux éléments clés. Il apporte une jolie touche de palpitant dans les derniers instants.



Je n'ai par contre pas trop accroché avec le personnage de Bodie qui reste malgré tout très centrée sur elle-même.



J'ai adoré être surprise par les révélations finales mais j'ai été choquée par la décision.



Une lecture qui n'aura pas été parfaite mais dont le message est marquant.


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Cent ans de Laurelfield

Attention, ce livre est piégé ! Une fois la dernière page tournée, vous n'aurez qu'une idée, le recommencer depuis le début pour chercher les indices vous permettant de vérifier votre hypothèse. L'auteur a inventé un nouveau concept de roman à mystère. Le lecteur mène l'enquête sans disposer d'informations préalables, ni de révélations finales. A la première lecture, on ne sait donc pas à quels détails il faut prêter attention.

Ceci étant dit, j'ai beaucoup aimé le lire, et j'ai même pris plaisir à le lire une seconde fois. L'histoire de cette colonie d'artistes est singulière et très bien brossée.
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J'ai quelques questions à vous poser

Une enquête au long cours s’installant en alternant passé/présent. Un passé avec une enquête et un coupable tout trouvé. Un présent jouant au jeu du ping-pong d’hypothèses. Les deux s’imbriquent aisément, même s’il m’a fallu être assez concentrée pour repérer tous les personnages dans le temps. L’écriture est modérée, et fourmille de détails, avec des chapitres courts et efficaces. Concernant les thèmes abordés, Rebecca Makkai ne fait pas dans la dentelle, elle frappe fort : mouvement #metoo, réseaux sociaux, justice, féminicide, domination…

Un roman qui donne à réfléchir sur la manipulation de la vérité, la morale, le bien fondé, l’impact des réseaux sociaux. Rebecca Makkai a bien réfléchi et installé chaque élément, chaque fait pour que son roman me tienne en haleine jusqu’au bout. C’est réussi.


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Les optimistes

Ce roman très finement construit mêle les époques et les récits. La partie années 80, avec sa communauté de jeunes gens insouciants rattrapés par l'épidémie du sida, est particulièrement bien rendue, un univers et des sensations marquantes.

La partie moderne, et notamment parisienne, m'a beaucoup moins convaincue, je l'ai trouvée moins fouillée alors que les ressorts sont là. Quoiqu'il en soit, les deux époques dialoguent très bien et j'ai dévoré ce gros roman jusqu'à la fin !
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Les optimistes

De Chicago dans les années 80 à Paris dans les années 2000, du Sida au terrorisme, on suit quelques personnages survivants ou disparus avant l'heure . Familles et avant tout liens amicaux, indéfectibles ou pas sont le fil rouge de cette longue période tourmentée, dévastatrice. Sentiments, amour, sexualité à l'heure de la maladie... Rebecca Makkai raconte une époque, la vie, l'espoir, la mort avec une empathie pour tous ces personnages, empathie jamais pesante. Un beau roman même si l'optimisme du titre n'en est pas le trait prédominant.
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Les optimistes

C'est un récit avec une double temporalité. Dans les années 80, on suit Yale, un jeun homosexuel qui vit en pleine épidémie du Sida. En parallèle, on suit Fiona en 2015 qui recherche sa fille qu'elle a perdue de vue.



Tout au long du livre, nous allons comprendre le lien qui les unit, suivre les déboires de Yale, les difficultés sanitaires et sociales auxquelles il fait face, les préjugés de l'époque sur le Sida. Nous allons également suivre Fiona dans sa quête, ce qui nous met face aux complexités des relations familiales, pas toujours roses.



C'est un roman important, qui traite de sujets forts et nécessaires. Cependant, j'ai eu du mal à entrer dedans, le début est très long, il y a énormément de détails, de longueurs pas nécessaires à mon sens. De plus, je ne me suis pas du tout attachée à Fiona, toute la partie se déroulant en 2015 m'a parue superflue et aurait pu disparaître du roman sans que cela change beaucoup de choses.
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Les optimistes

Comment rester optimiste quand la maladie guette chacun de nos écarts ? Non, je ne vous parle pas du coronavirus, mais des débuts du sida, dans les années 1980, à Chicago. Véritable fléau dans la communauté gay en particulier, cette maladie était considérée comme tabou, à cause de la méconnaissance générale et du rejet manifeste du gouvernement républicain de faire quoique ce soit pour adresser l’épidémie. Les Optimistes est l’histoire fictive mais incroyablement émouvante de ces hommes qui ont essayé de continuer à vivre malgré l’épée de Damoclès qui vacillait au-dessus de leurs jolies têtes, mais aussi celle de la femme qui les a tous enterrés, dédiant sa vie à cette guerre difficile et impalpable.



Ce livre est entré sous ma peau comme peu le font. Je suis devenue Yale puis Fiona, grâce au talent de conteuse hors pair de l’auteure, aux mots si bien choisis de la traductrice, aux descriptions vivaces de la réalité de l’époque et de celle d’aujourd’hui. Je me suis laissée surprendre comme une enfant par l’évocation des attentats de 2015, j’ai replongé dans ce moment si particulier que j’ai vécu moi aussi, retrouvé avec étonnement des réflexions similaires aux miennes dans les réactions de Fiona. Je me suis émue de l’histoire de Charlie et Yale, de celle de Nora et Ranko, de ces amitiés indéfectibles que la mort n’entame pas, de l’hommage rendu par Richard à tous les disparus.



Je ne connaissais pas la réalité de cette époque pour la communauté gay, j’en avais entendu quelques bribes, mais aujourd’hui, Rebecca Makkai m’a donné l’impression de l’avoir vécue – et rares sont les livres qui parviennent à me transporter à ce point, surtout quand ils évoquent des sujets aussi difficiles. Il y a tant de beauté dans ce récit, tant de force et d’amour, tant de regards sur la vie et la mort, tant d’humanité, que je suis encore bouleversée en le refermant. C’est un grand livre, à n’en pas douter, un témoignage précieux d’une époque malheureusement pas si lointaine, mais incroyablement honteuse, où on laissait mourir les hommes dans la misère à cause de leur sexualité. Je n’oublierais pas Yale, Charlie, Nico, Terence, Katsu, Julian, Teddy, Richard, Fiona et tous les autres de si tôt.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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