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Citations de Régis Messac (41)


Dans un coin, une femelle tenait en équilibre sur son ventre une caricature d'avorton morveux. Littéralement morveux, car deux chandelles glaireuses lui coulaient des narines. Ce que voyant, la mère, d'un coup de langue, lapa les chandelles et moucha l'avorton.....tendresse ou gourmandise ?
Cependant, le bruit et le tumulte augmentaient sans arrêt dans ce pandémonium de clameurs, de fureurs et de puanteurs. Ça pouvait tourner mal.
Soudain, voilà qu'un de nos sujets, le moins évolué, Moulouf, se précipite vers la mère du morveux et se met à l'accoler. Je crus d'abord qu'ils allaient se battre. Mais je compris bien vite que l'étreinte était d'une autre nature.
Oh! Ils ne se gênaient pas du tout ! Le morveux restait pendu à l'outre flasque du sein maternel, tandis qu'elle s'abandonnait, renversée, d'assez mauvaise grâce pourtant, semblait-il.
Je ne saurais dire à quel point cet accouplement était répugnant.
Je ne pouvais m'empêcher de me répéter intérieurement avec une sueur d'angoisse : vraiment, sommes-nous comme ça, quand ?... Pour détourner le cours de mes idées, j'interrogeai Peignouf. "C'est sa... compagne ?" demandai-je, en parlant de Moulouf et de la triste femelle à la répugnante bedaine.
J'eus quelque mal à comprendre sa réponse...
..."C'est sa mère. C'est sa mère".
_Sa mère ?
"
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Est-ce que les théories de Baber seraient plus sérieuses que je ne l'avais cru ? Jusqu'ici, je n'avais guère confiance, je l'avoue.
Toujours est-il, que sous l'influence du traitement, notre hôte semble révéler des possibilités inattendues.
D'abord, il a un nom et un langage, ou quelque chose d'approchant. Il s'appelle Peignouf ; du moins, c'est ce que prétend le professeur, qui passe une bonne partie de son temps à converser avec lui. Déjà, Peignouf aurait fait de véritables révélations.
Je reste un peu septique. D'abord Baber seul, est à même de comprendre et d'interpréter le langage de notre pensionnaire. Et il interprète beaucoup. Je me méfie de l'imagination du professeur.
Peut-être est-ce tout simplement Baber qui lui a appris à parler, après l'avoir rendu éducable grâce au sérum. Quoique là encore, ce sérum...
...Peignouf fait des progrès rapides. Il parle de plus en plus. Il bavarde, même, il est on ne peut plus bavard. Grâce à lui, nous en apprenons des belles, sur les mœurs des crétins.
Mais, les apprenons-nous vraiment ?
Ou bien, les inventons-nous, les lui faisons-nous inventer à mesure, pris à notre jeu ?
Tout cela n'est peut-être qu'un roman, et nous des romanciers involontaires, si je puis dire.
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Les crétins ont une façon bien à eux de dépecer la viande : avec les mains, les ongles, les dents, les pieds au besoin.
Ah! Comme ils s'en chargent ! C'est à donner le frisson.
À peine les quartiers de chèvre avaient-ils été déposés devant eux, qu'ils se jetaient sur la viande avec fureur, avec folie, avec rage.
Sans précaution, sans discernement, aucune tentative pour choisir entre les bons et les mauvais morceaux.
Ils se jetaient sur les abatis, les membres saignants, arrachant les chairs, brisant les os, massacrant les quartiers de viande et gâchant les trois quarts de la nourriture., Comme ils font toujours, par excessive précipitation.
Si quelque chose, semblait allécher particulièrement leur goinfrerie, c'était de préférence les entrailles, les organes mous, les poumons pareil à des éponges sanglantes, les cœurs et les foies bientôt écharpés en haillons sanguinolents, les intestins crevés laissant fuir un hachis d'herbes encore fumantes, au fumet nauséeux.
Une vieille crétine, en tout semblable à un vieux macaque, se barbouillait la face d'un morceau de poumon auquel adhérait encore un fragment de trachée, se l'enfonçait dans la gorge avec des rots et des râles de délices.
À côté d'elle, un mâle essayait en vain d'engloutir un foie tout entier, sans mâcher, l'éructait, le rattrapait, se l'enfonçait dans la bouche avec rage, pour le revomir tout aussitôt en s'étranglant et en s'étouffant.
Mais les intestins, c'était horrible.
Ils bâfraient le sang, goinfraient à même les boyaux déchirés, l'herbe toute chaude, à demi digérée, qui n'était plus de l'herbe et pas encore de l'excrément, de la crotte en formation.
[Le successeur du président Lebrun] et ses amis voyaient venir une nouvelle et véritable révolution. Ils préférèrent miser sur la guerre.
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Cependant, il en advint ce qu’il advient toujours des nouvelles de cette sorte : à force d’être démenties, elles finissent par devenir vraies.
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L’homme qui pense est un fou.
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Si lugubre que fût la fin de ces martyrs, on pouvait cependant les estimer heureux et privilégiés, si l’on songe au sort épouvantable qui était réservé au reste de l’humanité…
Ainsi commença la guerre.
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Lyon, évidemment. Ce ne peut être que Lyon. Pas d'autre ville de cette importance par ici. Et la forme générale... Sous ces monceaux de boue séchée, il y a Fourvière, les Brotteaux, la Tête d'Or. Bien vite, nous en avons la confirmation. Dans la boue jadis semi-liquide, il s'est formé d'immenses bulles de gaz, qui ont crevé un peu plus tard. Pustules géantes sur le masque de la cité. Il en est résulté de vastes trous ovales, énormes hublots qui s'ouvrent de place en place, offrant un droit de regard sur la momie subcorticale de la ville engloutie.
Par ces œils-de-bœuf naturels, nous avons de braves et glaçants aperçus sur un spectacle, sur un drame étrange : la décomposition d'un cadavre de cité.
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Je goûtai le plaisir de ne plus penser, le plus profond que puisse goûter l’homme, dont tout le malheur vient de la réflexion. (p. 128)
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Le regard de Lanroubin s’étend sur les cultures en étages où il y a encore du seigle qui pousse parmi les herbes, des noyers, des châtaigniers qui semblent de loin, criblés de petites étoiles vertes, comme un feu d’artifice vert tiré pour quelque fête.
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- Grand savant ! rétorqua l'impétueux La Bourboule. Vous me faites rire avec votre « grand savant »! Si Fontmorin était un grand savant, il ne serait pas petit ingénieur aux gages d’un marchand de nouilles dans une usine de quatre sous installée sur le Bousseron.
- Permettez ! dit M. Stilpon. L’usine dont vous parle, l’usine Hudibras, dans laquelle j’ai des intérêts, n’est pas uns usine de pacotille. C’est une très grosse fabrique de pâtes alimentaires, et sa marque est connue partout, même en Suisse. Et je me suis laissé dire par Hudibras lui-même que ce garçon est fort capable dans sa partie.
- Et quelle est exactement sa partie ? dit le professeur.
- Étant donné l’organisation de l’usine, il doit s’occuper aussi des machines, mais en fait, sa spécialité est plutôt la chimie.
- Ah ! c’est bien ça, le propres ! rugit La Bourboule. On nous fait nourrir par des chimistes ! Ils doivent en mettre des ingrédients dans leurs nouilles ! Autre chose que du gruyère, hein ?
- Vous vous trompez grossièrement, dit M. Stilpon, vexé. Le mélange des diverses farines, le dosage des produits lactés et des sucres pour les pains de régime ou les farines lactées, la vérification et l’analyse de tous ces produits exigent des gens expérimentés. D’ailleurs, Fontmorin, qui est un fanatique de la science, et dont vous auriez tort de vous moquer, emploie à travailler pour son compte. Il poursuit des recherches personnelles. (p. 39-40)
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Les groupes s’étaient dispersés, et nous étions alors quatre assis autour d’une table de marbre : La Bourboule, le professeur, Benoît Bardan, un de ces demi-oisifs assez vagues dont l’espèce pullule en province, et moi. (p. 19)
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Encore ne fût-ce qu'une conscience bien transitoire et bien fragmentaire: un îlot de lucidité au milieu d'un vaste lac de rêves. p. 151
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Il avait habité Paris, et la grande ville roule dans ses flots boueux tant d'épaves bizarres. p. 72
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Sa fameuse distraction n'est, au fond, que la contrepartie d'une excessive concentration d'esprit. p. 57
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M Facochère, petit, gros, gras, trois poils de mous- tache blonde dans une tace rouge, se promenait avec un air gontlé dimportance et une serviette gonflée de papiers sous le bras. En réalité, il n'était qu'un chicanous retors et d'ailleurs de bon conseil, aussi honnête que peut l être un homme de loi. Je l'abordai avec mon plus gracieux sourire et il y répondit par un regard d'horreur et de stupéfaction.
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Naissance d'une ville champignon à la frontière avec le Canada dans les années 30:
Les petites heures d'un matin de novembre. aux confins de la partie nord, là où les files interminables de maisons régulières font place à des terrains vagues semés de baraques aux parois imbriquées faites de vieux morceaux de bidons d'essence, tels les écailles d'un lézard miteux, un tout jeune homme, maigre et dégingandé, s'enfonçait à grand pas dans le no man's land de cette banlieue yankee. p.15
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- C'est égal, mademoiselle, ne trouvez-vous pas que c'est un drôle de pays que celui où les policiers sont obligés de quitter la police pour avoir le droit de courir après les malfaiteurs ? p.189
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Très bien. Parfait! dit Benoît. Vous raisonnez comme un ange. Et encore, non. Les anges ne raisonnaient pas bien ; ils lisaient trop Aristote. Vous raisonnez comme moi, tout simplement.
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- Enfin, je vous retrouve, monsieur le commissaire. J’ai des révélations importantes à vous faire. Sommes-nous bien seuls ?
- Diable, grommela Benoît Bandan à demi-voix, c’est l’ogre de Doorn en personne ! Autrement dit Claudien Cascaret, flûtiste et officier d’Académie. C’est le moment de se déguiser en courant d’air ! (p. 80)
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