Je ne sais pas vraiment quoi dire sur ce roman, à part que je l’ai adoré. Dès la première page, j’ai été entraînée avec ces lapins dans leurs aventures. Watership Down est un melting pot original, passionnant et très réussi : c’est à la fois un roman d’aventures et une quête initiatique, une épopée et une ode à la nature, le tout parsemé de récits héroïques et de contes.
La création de toute une mythologie lapinesque et les éléments de langage imaginaires (sfar, kataklop, farfaler, shraar, vilou… je vous laisse lire le livre pour connaître leur signification…) rendent la découverte de ce monde animal très intéressante. J’ai apprécié le fait que, en dépit de la touche d’anthropomorphisme distillée au fil du roman, nos petits héros continuent à agir en lapins, c’est-à-dire essentiellement à l’instinct. A l’image de leur héros légendaire Shraavilshâ, ils utilisent leur rapidité, leur discrétion et la ruse pour parvenir à leurs fins. Leur objectif est de survivre puis d’assurer une descendance pour la nouvelle garenne.
Je me suis incroyablement attachée à ces lapins loyaux et débrouillards : Fyveer avec ses visions, ses craintes et sa sagesse, Hazel avec son courage et son désir de faire les meilleurs choix pour le groupe, Bigwig avec la gentillesse qu’il cache derrière la force, Dandelion le conteur… J’ai voyagé avec eux, j’ai l’impression d’avoir, pendant quelques jours, partagé leur quotidien qui ne m’a pas un instant ennuyée.
Toutefois, il est possible de trouver des échos politiques dans ce roman qui parle de la peur, de l’exil, de l’importance cruciale de la solidarité pour survivre, de courage, du poids des responsabilités. Dans leur recherche peut-être un peu utopique d’un lieu parfait, Hazel et sa bande rencontrent diverses garennes qui se révèlent parfois totalement dystopiques. Société abrutie par le confort assuré par la présence des humains non loin – et tant pis pour ceux qui se font attraper de temps en temps –, lapins de clapier, dictature qui promet la sécurité en échange de la liberté et des petits bonheurs primaires. Cette gravité sombre cachée sous le manteau « les aventures d’un bande de petits lapins » m’a captivée, embarquée dans l’histoire, prise par le suspense et la tension sans cesse sous-jacente.
Nous sommes bien loin du Jeannot Lapin de Beatrix Potter ; ici, la vie d’un lapin est rude et parsemée de dangers. Dans une nature hostile, la violence et la mort peuvent venir de tous les côtés : entre les humains, les animaux carnivores, les voitures et les autres lapins, celui qui manque de vigilance est perdu. Toutefois, la formidable balade dans la campagne anglaise vaut bien ce risque : plantes, animaux, lumières, bruissements... L’expérience est inoubliable surtout en compagnie de si extraordinaires lapins.
Saluons également le travail de l’éditeur : l’objet est absolument fantastique. C’est un plaisir de déguster un texte dans un si bel écrin. J’ai hâte de poursuivre ma découverte de cette maison d’édition.
Lien :
https://oursebibliophile.wor..