Citations de Richard Lange (52)
On n'a pas tous les jours un silence de cette qualité. J'aimerais en déchirer un bout et le garder dans mon portefeuille pour plus tard.
Comment les gens normaux font-ils pour vivre avec toutes les erreurs qu'ils ont commises ?
Sam a presque cinq ans. La semaine dernière, il m'a dit qu'il voulait être docteur quand il sera grand pour pouvoir réparer les coeurs brisés.
Vous travaillez dans l'édition, n'est-ce pas ?
-C'est comme ça que Judy présente la chose ? Je suis correcteur.
-Correcteur, demande son mari. Qu'est-ce que sait que ce truc ?
-Un boulot. De merde. Comme beaucoup de gens.
-Je lève mon verre à cette phrase.
Partez du principe que tous ceux que vous rencontrerez sont des menteurs, des faux-jetons, des violeurs, des assassins. Des loups qui n'attendent qu'une occasion de vous étriper. Et si l'un deux prétend ne pas être comme ça, méfiez-vous-en encore plus que des autres, qui se promènent avec leurs crimes tatoués sur le front.
Il est presque deux heures du matin ; le chaparral, glacé par la lune, luit d'un éclat argenté bleu pâle et les collines alentour étincellent comme un océan figé en pleine houle.
Je repense à mon enfance. Ca me paraissait hier avant, mais maintenant il y a tellement de trous.
Mes pensées se tournent malgré tout vers mes parents. Lorsqu'ils sont morts, j'avais presque atteint le stade ou je pouvais les voir comme des individus. Encore un peu et j'aurais peut-être même pu recommencer à les aimer.
J'y croyais toujours. Certains renonçaient et s'en allaient, et de nouveaux arrivaient pour prendre leur place. Il y avait toujours quelqu'en plein d'espoir à qui parler. "Tu rêves", disait Maman quand je l'appelais, mais qu'y avait-il de mal à cela ? C'était la belle vie pour un jeune homme.
Au bout du compte, l'issue ne dépendra pas de qui est le mieux armé, mais de qui se bat le plus férocement.
Nous autres qui souffrons sommes sensibles aux souffrances des autres.
Nous sommes branchés sur la fréquence du chagrin.
« Luz guide le chauffeur dans le dédale de rues étroites, passe devant la petite épicerie où elle achetait des chips et du soda avec les piécettes mendiées auprès des touristes de l’Avenida Révolution, devant l’école aux vitres cassées et au terrain de basket fissuré, devant le coin où les filles du quartier l’accablaient de moqueries à cause de ses vêtements miteux et de ses pieds nus. Elle frissonne en revoyant tout cela, tout ce qu’elle a fui. Taurinas : bêtise, laideur et crasse. Sa haine pour ce quartier n’a pas faibli. »
Combien de gens as-tu assassiné ? demande-t-il à Jesse.
-Un ou mille, c'est la même chose, non ?
-Oui, je suppose, concède Sanders. Dès le premier, tu étais damné.
C'était une des grandes règles de la loi de la jungle : les losers, personne n'en a rien à cirer.
Quand il fermait les yeux, il voyait le paradis ; quand il les rouvrait, la pluie.
Encore beaucoup de gens dehors à cette heure tardive. Assis sur leur véranda ou dans leur jardin pour fuir la chaleur de leur logement misérable. Certains ont même sorti la télé. Des gens pauvres, des gens désespérés, qui respirent un air qui pue la merde et boivent une eau qui les rend malades. C'est aussi horrible que la prison - pire, parce qu'ici on vous dit que vous êtes libre.
Bien au chaud avec sa bouteille et son chagrin, il a entendu de se noyer, et ça aurait été tellement plus facile si c'était arrivé.
Scarlet veut que j’arrête de travailler et que je m’installe chez elle, et elle m’aime parce que je refuse. Elle se vante auprès de ses amis de mes boulots de merde, elle leur dit que je suis un génie et, comparé aux petits minets accro à la fumette avec qui elle sort d’habitude, j’imagine que c’est vrai. Herman Hesse était son idole, quand je l’ai rencontrée. Le loup des steppes, blah, blah, Siddharta. Je l’ai initiée à Kerouac et Bukowski…
« Ça fait cent trente-trois ans que je vagabonde sur cette terre. J'ai oublié des villes que je connaissais autrefois, les visages de femmes que j'ai aimées, les noms d'hommes que jai méprisés. Mais je me souviens de ce jour-là comme d'une gifle qui me brûle encore la joue. Je me revois courant dans l'herbe haute, qui essaie de me faire trébucher. Les nuages de fumée et l'odeur de la poudre. Les détonations et les cris. Et je me rappelle avoir vu un papillon jaune et une mer de fleurs bleues, et avoir pensé : C'est un endroit trop joli pour mourir. »
Le soleil levant a embrassé les montagnes. Je suis resté planté sur le parking, émerveillé par cette vision et me demandant s'il s'agissait d'un message divin et, si oui, ce qu'il signifiait. Je n'ai rien trouvé, ce qui prouve, je suppose, que je n'ai pas l'imagination qu'il faut pour être un prophète et que c'est donc une bonne chose qu'on m'ait destiné à devenir un tueur.