Citations de Robert Merle (785)
...Les grandes vertus du peuple américain comportent, en contrepartie, quelques petits défauts, parmi lesquels je citerai la tendance à la satisfaction de soi et l'aptitude à se sentir moralement justifié.
(p.194-195)
Il y eut un silence. Peter regarda Suzy, hésita, avala sa salive et reprit :
- Après tout, nous apportons la civilisation aux peuples dont nous assumons les responsabilités.
- Nous ne faisons rien de semblable, dit Michael avec indignation. Nous mettons à leur tête des dictateurs sanglants, et nous les maintenons dans la misère.
(p.149)
Arlette s'installa en face d'eux. Elle se sentait gênée d'être en costume de bain dans le labo, mais d'un autre côté, les quitter pour aller mettre un short lui paraissait un peu hypocrite.
(p.68)
vous n’avez pas idée à quel point les classes criminelles sont conservatrices
Dans un pays, il n’y a jamais une police secrète, il y en a toujours plusieurs, et même parfois, à l’intérieur de chaque police, il y a des clans qui se combattent
-Quand un chef donne un ordre c'est lui qui est responsable, lui seul. Si l'ordre est mauvais, c'est le chef qu'on punit, jamais l'exécutant.
-Ainsi, dit-elle avec une lenteur écrasante, voilà la raison qui t'a fait obéir : Tu savais que si les choses tournaient mal, tu ne serais pas puni.
(...)
-Si on te donnait l'ordre de fusiller le petit Franz, tu le ferais !
(...)
-Mais c'est de la folie !
(...)
- Et pourquoi pas ? On t'a bien donné l'ordre de tuer des petits enfants juifs ! Pourquoi pas les tiens ?
Au début, j'éprouvais une impression pénible. Puis peu à peu, j'ai perdu toute sensibilité. Je crois que c'était nécessaire : sans cela je n'aurais pu continuer. Vous comprenez, je pensais au juifs en termes d'unités, jamais en termes d'êtres humains. Je me concentrais sur le côté technique de ma tâche.
Nous sommes très occupés et pourtant, rien ne nous presse. Nous disposons de vastes loisirs. Le rythme de la vie est lent. Chose bizarre, bien que les journées aient le même nombre d'heures, elles nous paraissent infiniment plus longues. Au fond, toutes ces machines qui étaient supposées faciliter notre tâche, autos, téléphone, tracteur, tronçonneuse, broyeur de grain, scie circulaire, elles la facilitaient, c'est vrai. Mais elles avaient aussi pour effet d'accélérer le temps. On voulait faire trop de choses trop vite. Les machines étaient toujours là, sur vos talons, à vous presser. (p.411 - Folio)
L'homme, c'est la seule espèce animale qui puisse concevoir l'idée de sa disparition et la seule que cette idée désespère. Quelle race étrange : si acharnée à se détruire et si acharnée à se conserver. (p.155 - Folio)
Je ne crois pas au diable , mais si j'y croyais , comment ne pas penser que l'homme est satanique ?
-Homme [...] moi non plus, je n'aime pas verser le sang! Mais le sang de l'oppresseur, il est très bon à verser. Tu connais le poème! C'est du sang qu'il faut donner à boire à ses cochons! C'est un sang qu'il est très délicieux de voir couler! C'est un sang que la terre boit avec une joie considérable! L'injustice, ô guerriers, est une herbe qui pue! Extirpez-la!...
- J'ai choisi le KL Auschwitz comme lieu d'exécution, et vous-même comme agent. J'ai choisi le KL Auschwitz, parce qu'étant situé à la jonction de quatre voies ferrées, il est d'un accès facile pour les transports. En outre, la région est isolée, peu peuplée, et offre, par conséquent, des circonstances favorables au déroulement d'une opération secrète.
- Le Führer, dit-il d'une voix nette, a ordonné la solution définitive du problème juif d'Europe. Il fit une pause et ajouta :
- Vous avez été choisi pour exécuter cette tâche.
Désormais, par conséquent, tout était parfaitement simple et clair. On n'avait plus de cas de conscience à se poser. Il suffisait seulement d'être fidèle, c'est-à-dire d'obéir. Notre devoir, notre unique devoir était d'obéir. Et grâce à cette obéissance absolue, consentie dans le véritable esprit du Corps noir, nous étions sûrs de ne plus jamais nous tromper, d'être toujours dans le droit chemin, de servir inébranlablement, dans les bons et les mauvais jours, le principe éternel : l'Allemagne, l'Allemagne au-dessus de tout.
Je ne sais pas s'il se donna ensuite le plaisir de tout raconter au Lieutenant, mais de toute façon, cela n'eut pas d'importance, car celui-ci, deux jours après, se fit bêtement et inutilement tuer sous mes yeux, et aurait dit vraiment qu'il l'avait fait exprès, car ce jour-là, précisément, il avait mis toutes ses décorations et son uniforme le plus élégant.
Il va de soi que nous essayons de nous cacher notre angoisse avec des mots.
Nous ne savons plus où nous en sommes et s'il y a encore un avenir.
On sera étonné des soins pris à l'éducation des garces à Mespech mais, maîtresses ou servantes, elles devaient savoir lire, afin d'avoir accès aux livres saints, pour elles-mêmes, et plus tard pour leurs fils et filles.
Quand on dresse un animal, on emploie d’ordinaire un système récompense-punition. C’est ce système qui permet à l’homme d’agir sur l’animal et d’obtenir de lui ce qu’il désire.
Il y a sûrement un endroit où l'on serait mieux, mais en attendant, c'est ici que nous sommes.
Proverbe allemand