Citations de Roger Zelazny (472)
J'ai regardé les étoiles tourbillonnantes avec gratitude, orgueil et tristesse, comme seul peut le faire un homme qui a survécu à sa destinée pour s'apercevoir qu'il peut encore s'en forger une autre.
Je renversais la tête en arrière et me mis à hurler. Il ne remarqua rien. Tant pis. ça fait toujours du bien de hurler un bon coup quand on se sent frustré.
Je partis à la recherche de Graymalk. En vain. Elle était introuvable. Les chats ne sont jamais là quand on a besoin d'eux.
A peine avais-je entrouvert la fenêtre que Needle se faufilait à l'intérieur. Elle tomba d'épuisement sur le sol, pantelante. Un autre bong retentit dehors.
- Je te revaudrai ça, Snuff, dit-elle. Donne moi une minute...
Je lui en donnai deux et elle commença à reprendre vie.
- Tu as des puces par ici ? Demanda-t-elle. Je viens de faire pas mal d'exercice et j'ai un petit creux.
- des puces, des puces... Ce n'est pas facile à attraper, elles sautent vite. Tu ne préférerais pas un fruit ?
- Mouais, les fruits, c'est bon aussi.
J'ai toujours été fasciné par le concept d'immortalité physique et par les bienfaits et les méfaits qui y sont inhérents.
- Des souhaits, des souhaits ! Qu'une de tes mains se contente de souhaiter, que l'autre agisse. Si tu les presses l'une contre l'autre tu verras ce qui se passera.
- Bien parlé.
J'aperçus les morts d'Auschwitz, leur peau parcheminée sous laquelle saillaient les os, noueux comme des sarments. J'avais été présent à Nuremberg. J'entendis la voix de Stephen Spender qui récitait "Vienne". Je vis Mère Courage traverser la scène le soir de la première. Je vis les fusées jaillir de lieux souillés, Peenemünde, Vanderberg, Kennedy, Kyzyl Klum dans le Kazakhstan, je touchai de mes mains la Grande Muraille de Chine. Nous buvions de la bière et du vin, et Shaxpur dit qu'il était ivre et il alla vomir. Je pénétrai dans la Réserve de l'Ouest et pris trois scalps en un jour. Je chantonnai pendant que nous marchions, et tout le monde reprit ma chanson en chœur : " auprès de ma blonde ". Je me souvenais, je me souvenais... de ma vie dans Ombre, que ses habitants appelaient la Terre. Encore trois pas... Je tenais une épée ensanglantée. Trois hommes morts, mon cheval qui m'avait permis de fuir la Révolution française. Plus encore, tellement plus, ça remontait jusqu'à...
Je fis un autre pas.
Ca remontait...
Max Weber a parlé de tout cela. Il a vu la nécessité de la bureaucratie dans l'évolution de toutes les institutions, et il a vu que c'était un bien. Oui, il a vu que la bureaucratie était bonne et nécessaire. Nécessaire, peut-être, à condition d'ajouter à ce mot une virgule, puis la mention "grand Dieu" suivie d'un point d'exclamation. Car dans l'histoire de toute bureaucratie il arrive une époque où elle se met à parodier ses propres fonctions. Il n'y a qu'à voir ce que la désagrégation de la grande machinerie austro-hongroise a fait à ce pauvre Kafka, et celle de la russe à Gogol.
A la moitié de mon pèlerinage, je me confronte à moi-même sur un lac. Ce sont l'endroit et le moment rêvés pour examiner mon visage, réfléchir à tout ce qui m'a conduit ici et envisager de quoi le reste du voyage sera fait. Mais les images peuvent parfois mentir. La femme qui me rend mon regard me paraît calme, forte, et plus belle que je ne l'aurais cru. Je t'aime bien, Kawaguchi, lac à la personnalité humaine. Je t'adresse des compliments littéraires et tu me rends la pareille.
La raison sans sentiments a conduit l'humanité à commettre des horreurs.
Il semble que nombre de choses importantes, de la mort à l'orgasme, se passent à l'instant du vide, quand le souffle hésite. Peut-être qu'elles ne sont que des reflets de la mort.
Je n'ai aucune intention de monter au sommet de cette montagne pour m'expliquer, auprès de Dieu ou de quiconque. Seuls les incertains et les hésitants ont besoin de se justifier : je fais ce que je dois. Si les déités ont des questions, elles n'ont qu'à descendre du Fuji pour me les poser. Nous n'aurons pas d'autres relations. on ne devrait admirer le transcendant que de loin.
Plus tard je songe au Fuji, à Kokuzo et à mes peurs. Les rêves ne sont-ils que le théâtre des craintes et des désirs d'un esprit en transe ou bien reflètent-ils parfois pour de bon des aspects cachés de la réalité - pour nous prévenir peut-être ?
Les objets sont à la fois des otages culturels et des symboles honorifiques pour ceux qui en ont la garde. Leur existence, leur circulation, leur exposition créent inévitablement un certain sentiment de solidarité.
Vous êtes un exemple vivant de l'absurdité des choses.
C'était seulement un sourire, quelque part, un peu au-delà de la frontière où les choses ont un sens.
Un éclair de soleil, des soleil par éclair. Danse des étoiles.
Tout en se débattant avec sa mémoire comme il l'aurait fait avec la porte récalcitrante d'un entrepôt, il finit par y pénétrer et fouilla ses souvenirs.
- Ainsi, il est impossible d'obtenir de vous une réponse sincère.
- Si par réponse sincère vous entendez que je doive dire ce que vous souhaitez entendre, quelle que soit la vérité, alors je conviens que vous avez raison.
- Voilà le problème avec les mauvaises réputations. Peu importe ce que vous faites, on vous soupçonne.