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Citations de Romain Gary (5379)


RATON
On va pas rester ici à faire de l'arithmétique, merde ! Un quart ordure, un tiers héros, deux tiers à féliciter, une moitié à fusiller, cinquante Allemands à son crédit, trente résistants à son débit, 82 % pour Pétain, 83 % pour de Gaulle, un bras dans le maquis, une jambe dans la Gestapo, une main dans la Milice, une couille chez les bons, une autre chez les mauvais, quarante à déduire, cinquante à ajouter, quinze à retrancher, et diviser le tout par deux... Non mais sans blague... Il y a qu'à le laisser là, ils vont le calculer ! On va pas le faire à leur place !

LUC
On peut pas condamner un homme tout entier parce qu'il est à moitié une ordure...

JANNIE
Mais ils vont le juger ! Ils verront bien qu'il n'est qu'à moitié dégueulasse !

LUC
En ce moment, ils jugent en fermant un œil, comme on vise... Dans un mois ou deux, quand ils ne seront plus en chaleur, on verra ! Je veux que ce soient des Français qui le jugent... Pas des restes d'Allemands ! (p.88)
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Même l'Indien pakistanais au ruban rose immobilisa sa cuillère de cassata-cassis au milieu des airs, et contempla Stéphanie fixement, transférant manifestement son appétit de la glace à sa voisine, Stéphanie lui jeta un regard qui rétablit immédiatement la cassata dans ses droits.
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la seule critique qu'elle avait lu à son sujet disait que l'ancien camionneur avait toute la présence et le don d'expression qu'il faut pour jouer une colonne de marbre dans un film sur la chute de l'Empire romain.
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Il ne restait bientôt de l'Afrique qu'un ciel qui semblait descendre, se rapprocher comme pour mieux vous regarder, pour mieux voir d'où venait tout ce bruit.
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Plus une logique est rigoureuse et plus elle devient une prison, et la vie est faite de contradictions, de compromis, d'arrangements provisoires et les grands principes pouvaient aussi bien éclairer le monde que le brûler.
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L'extrémiste s'exalte dans le recours à des moyens ignobles, il y trouve en quelque sorte la preuve du bien-fondé de ses convictions; on ne verse pas le sang uniquement parce que la cause l'exige, on le verse aussi pour prouver la grandeur de la cause; il voit dans la cruauté et dans l'abjection des moyens auxquels il n'hésite pas à avoir recours, la preuve par le sang de l'importance et du caractère sacré du but poursuivi.
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si les mecs à main armée sont comme ça, c'est parce qu'on les avait pas repérés quand ils étaient mômes pour s'en apercevoir, il y en a même qui sont obligés de crever de faim pour se faire apercevoir, ou alors ils font des bandes pour être vus.
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car ce qui reste le plus chez les vieux, c'est leur jeunesse.
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la première chose à ménager chez les enfants c'est la sensibilité.
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La haine se nourrit de généralités et " une tête typique de Prussien " ou " un spécimen parfait de la race des seigneurs ", voilà qui nous met à l'aise lorsqu'il s'agit d'étendre le champ de nos ignorances.
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Il passait toutes ses journées au piano et lorsque la musique s'arrêtait, le silence me paraissait, de toutes les oeuvres de Chopin que je connaissais, la plus déchirante.
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Ils avaient appris et ils enseignaient "la sagesse", cette camomille empoisonnée que l'habitude de vivre verse peu à peu dans notre gosier, avec son goût doucereux d'humilité, de renoncement et d'acceptation.
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J'ajoute que tout en ayant mes bons moments, il m'a toujours été difficile d'accomplir cet effort prodigieux de bêtise dont il faut être capable pour croire sérieusement à la guerre et en accepter l'éventualité. Je sais être bête, à mes heures, mais sans m'élever jusqu'à ces glorieux sommets d'où la tuerie peut vous apparaître comme une solution acceptable.
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"Ca ne m'est pas égal, mais je m'en fous."
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Merci du fond du cœur. Vous savez, je ne suis pas aussi coupable qu'on le pense. J'ai fait très attention... (...) J'ai essayé de limiter les dégâts... J'ai été drôlement malin... Ce n'est pas pour me vanter... Mais je n'ai donné que des Juifs !
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Jusqu'à ce jour il m'arrive d'attendre la France, ce pays intéressant, dont j'ai tellement entendu parler, que je n'ai pas connu et que je ne connaîtrai jamais - car la France que ma mère évoquait dans ses descriptions lyriques et inspirées depuis ma plus tendre enfance avait fini par devenir pour moi un mythe fabuleux, entièrement à l'abri de la réalité, une sorte de chef-d'oeuvre poétique, qu'aucune expérience humaine ne pouvait atteindre ni révéler.
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Je reste là, au soleil, le cœur apaisé, en regardant les choses et les hommes d'un œil amical et je sais que la vie vaut vraiment la peine d'être vécue, que le bonheur est accessible, qu'il suffit simplement de trouver sa vocation profonde, et de se donner à ce qu'on aime avec un abandon total de soi.
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II y avait parmi eux un certain M. Piekielny – ce qui, en polonais, veut dire « Infernal ». Je ne sais dans quelles circonstances les ancêtres de cet excellent homme avaient acquis ce nom peu ordinaire, mais jamais un nom n'alla plus mal à celui qui en fut affublé. M. Piekielny ressemblait à une souris triste, méticuleusement propre de sa personne et préoccupée; il avait l'air aussi discret, effacé, et pour tout dire absent, que peut l'être un homme
obligé malgré tout, par la force des choses, à se détacher, ne fût-ce qu'à peine, au-dessus de la terre. C'était une nature impressionnable, et l'assurance totale avec laquelle ma mère avait lancé sa prophétie, en posant une main sur ma tête, dans le plus pur style biblique, l'avait profondément troublé. Chaque fois qu'il me croisait dans l'escalier, il s'arrêtait et me contemplait gravement, respectueusement. Une ou deux fois, il se risqua à me tapoter la joue. Puis il m'offrit deux douzaines de soldats de plomb et une forteresse en carton. Il m'invita même dans son appartement et me combla de bonbons et de rahatlokoums. Pendant
que je m'empiffrais – on ne sait jamais de quoi demain sera fait – le petit homme demeurait assis en face de moi, caressant sa barbiche roussie par le tabac. Et puis un jour, enfin, vint la pathétique requête, le cri du coeur, l'aveu d'une ambition dévorante et démesurée que cette gentille souris humaine cachait sous son gilet.
– Quand tu seras...
Il regarda autour de lui avec un peu de gêne, conscient sans doute de sa naïveté, mais incapable de se dominer.
– Quand tu seras... tout ce que ta mère a dit.
Je l'observais attentivement. La boîte de rahatlokoums était à peine entamée. Je devinais instinctivement que je n'y avais droit qu'en raison de l'avenir éblouissant que ma mère m'avait prédit.
– Je serai ambassadeur de France, dis-je, avec aplomb.
– Prends encore un rahat-lokoum, dit M. Piekielny, en poussant la boîte de mon côté. Je me servis. Il toussa légèrement.
– Les mères sentent ces choses-là, dit-il. Peut-être deviendras-tu vraiment quelqu'un d'important.
Peut-être même écriras-tu dans les journaux, ou des livres... Il se pencha vers moi et me mit une main sur le genou. Il baissa la voix.
– Eh bien! quand tu rencontreras de grands personnages, des hommes importants, promets-moi de leur dire...
Une flamme d'ambition insensée brilla soudain dans les yeux de la souris.
– Promets-moi de leur dire: au n° 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny...
Son regard était plongé dans le mien avec une muette supplication. Sa main était posée sur mon genou. Je mangeais mon rahat-lokoum, en le fixant gravement.
A la fin de la guerre, en Angleterre, où j'étais venu continuer la lutte quatre ans auparavant, Sa Majesté la Reine Elizabeth, mère de la souveraine actuelle, passait mon escadrille en revue sur le terrain de Hartford Bridge. J'étais figé au garde-à-vous avec mon équipage, à côté de mon avion. La reine s'arrêta devant moi et, avec ce bon sourire qui l'avait rendue
si justement populaire, me demanda de quelle région de la France j'étais originaire. Je répondis, avec tact, « de Nice », afin de ne pas compliquer les choses pour Sa Gracieuse Majesté. Et puis... Ce fut plus fort que moi. Je crus presque voir le petit homme s'agiter et gesticuler, frapper du pied et s'arracher les poils de sa barbiche, essayant de se rappeler à mon
attention. Je tentai de me retenir, mais les mots montèrent tout seuls à mes lèvres et, décidé à réaliser le rêve fou d'une souris, j'annonçai à la reine, à haute et intelligible voix:
– Au n° 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait un certain M. Piekielny...
Sa Majesté inclina gracieusement la tête et continua la revue. Le commandant de l'escadrille « Lorraine », mon cher Henri de Rancourt, me jeta au passage un regard venimeux.
Mais quoi: j'avais gagné mon rahat-lokoum. Aujourd'hui, la gentille souris de Wilno a depuis longtemps terminé sa minuscule existence dans les fours crématoires des nazis, en compagnie de quelques autres millions de Juifs d'Europe.
Je continue cependant à m'acquitter scrupuleusement de ma promesse, au gré de mes rencontres avec les grands de ce monde.
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La porte me fut ouverte par Aniela et celle-ci, sans un mot d'explication, me saisit par la main et m'entraîna dans ma chambre. Là, elle se livra sur moi à des travaux de propreté prodigieux. L'atelier de couture vint à la rescousse et toutes les filles, Aniela dirigeant les opérations, se mirent à me frotter, savonner, laver, parfumer, habiller, déshabiller, rhabiller,
chausser, coiffer et pommader avec un empressement dont je ne devais plus connaître d'égal et que j'attends pourtant toujours de ceux qui vivent avec moi. Souvent, en rentrant du bureau, j'allume un cigare, je m'assieds dans un fauteuil, et j'attends que quelqu'un vienne s'occuper de moi. J'attends en vain. J'ai beau me consoler en pensant qu'aucun trône n'est solide à l'époque actuelle, le petit prince en moi continue à s'étonner. Je finis par me lever et par aller prendre mon bain. Je suis obligé de me déchausser et de me déshabiller moi-même et il n'y a même plus personne pour me frotter le dos. Je suis un grand incompris. (chapitre X)
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Pour l'essentiel, la condition humaine n'était pas susceptible de recevoir une solution politique, l'injustice était telle qu'il n'y avait pas de révolution humaine capable de la redresser.
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