AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Romain Renard (108)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Melvile, tome 3 : L'histoire de Ruth Jacob

L’histoire de Ruth Jacob



« Puisque nous existons tant que nous sommes racontés. »



Et pour ce qui est de raconter , Romain Renard sait y faire .



Melvile est un des albums graphiques le plus immersif que j’ai lu ces derniers temps (et j’en ai lu quelques uns). Son auteur est époustouflant de talents et de maitrise.



Un voyage en 3 dimensions : image mots musique (via un lien). Une lecture cinématographique qui m’a emportée après m’avoir bluffée.



Le graphisme est exceptionnel, la musique, une seconde peau, et l’histoire, solide, tient en haleine.



📝Paul est de retour dans la petite ville où, enfant, il passait ses vacances chez sa grand-mère. Melvile ,encerclée par les grandes forêts que ses habitants ont déserté après la fermeture des scieries. Une ville fantome dont le squelette va bientôt disparaître sous les eaux d’un immense barrage.

Paul vient régler une succession , mais c’est son passé qui va venir régler ses comptes.



De la tension , des personnages sculptés jusqu’à l’os, une histoire à tiroirs qui tient bien la route. Deuil ,culpabilité , vengeance s’entremêlent à une empathie dosée avec subtilité.



Une pièce de maître entre littérature et cinéma, perchée entre « et quelquefois j’ai comme une grande idée » de Ken Kesey et « Délivrance » de John Boorman.

Ça se savoure.



Ce tome (un beau bébé de 400 pages) fait partie d’une série de 4 albums que je vais m’empresser de lire dans son intégralité.

Commenter  J’apprécie          10
Melvile, tome 1 : L'histoire de Samuel Beau..

Lu dans le cadre de mon challenge “dieu du random” qui court depuis Juillet dont l'objectif est de vider un peu cette énorme pile à lire en tirant aléatoirement une lecture aux dés. J’ai beaucoup aimé l’aspect transmédia proposé par Romain Renard. Sur le site de de dernier, différents albums musicaux qu’il a lui-même composés pour chaque BD. J’ai donc cliqué sur play, et j’ai joué le jeu.



Le tout rappelle un petit côté twin-peaks d’une Amérique profonde un brin immuable, peu peuplée, aux gens modestes, sans histoire, où l’on veut oublier et s’oublier. Si j’ai trouvé la narration simple, mais agréable, j’ai davantage apprécié le style graphique, presque photographique à certains moments, avec ce côté sépia très vintage.



En revanche, la police utilisée pour la légende est désagréable à lire, et pourrait bien s’avérer difficile pour des dyslexiques. Je conseille aux auteurs de BD de prendre pleine mesure de l'accessibilité dans leurs œuvres.



Quant aux thématiques, et sans spoiler, on est ici sur le retour à un refuge familier après un drame. Suivront renaissance, résilience et reconstruction avec un soupçon de fantastique.



Un agréable moment et je me pencherai, là encore, sur les autres albums visuels et sonores proposés par l’auteur afin de voir comment il aborde d’autres thématiques autour des crises existentielles, drames, deuils…
Commenter  J’apprécie          30
Les chroniques de Melvile

Quelle beauté !

J’ai été envoûtée par ce dessin (est ce vraiment du dessin ou un mélange de photos retravaillées et de dessin ?) et par ces interludes musicaux qui nous plongent dans une ambiance digne de True Detective (le premier). Bon… pas évident de trouver tous les interludes pour cet opus mais c’est du Lo-fi de qualité, bien sombre, bien lourd, comme les illustrations et l’ambiance générale d’ailleurs.

Mais quel est ce lieu ? Ce fameux Thomas Beauclair a-t-il réellement existé ? (Il semblerait que non d’après mes rapides recherches) Quel est cet esprit qui hante la forêt ? Tant de questions qui rendent cette lecture encore plus addictive même si certaines chroniques sont un peu brèves…



A découvrir !
Commenter  J’apprécie          30
Melvile, tome 3 : L'histoire de Ruth Jacob

C'est sur les conseils de Sylvie, ma célèbre bibliothécaire que je découvre ce magnifique roman graphique. Je n'ai pas lu les deux premiers tomes et cela ne m'a en rien gênée: il me semble que c'est une histoire bien à part.

Celle-ci nous emporte vraiment: une bonne dose de sympathie et de compassion pour le personnage principal, Paul Rivest, une ribambelle d'interrogations, une ambiance nostalgique, une intrigue bien menée, qui en font un cocktail très appréciable. Le lecteur est embarqué dans les méandres des lourds secrets de famille.

Quant aux graphismes! Je les ai trouvés magnifiques, très réalistes, sombres à souhait illustrant parfaitement l'ambiance et l'atmosphère sombres de l'histoire.

Certes c'est un énorme livre mais détrompez-vous, vous le lirez très rapidement, les illustrations ne sont pas toutes accompagnées de dialogues ou d'explications. Elles se suffisent parfois à elles même.

C'était une belle découverte, j'ai passé un excellent moment.
Commenter  J’apprécie          20
Les chroniques de Melvile

J'aime le graphisme de Romain Renard, les illustrations sont traitées comme de vieilles photos, très réaliste, avec des effets frottés, de lavis, de matière brute, donnant une texture terreuse, usée, frottée, passée, sombre, comme si on s'amusait à chercher les détails dans de vieilles photos dénichées dans un grenier d'une de ces bâtisses en bois de cette ville forestière. Ses histoires semblent aussi sorties de ce même grenier, poussiéreuses et décaties. Les trois tomes de la série sont remarquables dans cette ambiance lourde et oppressante, mais ce tome, qui semble plus une variante sur le thème, est fait de petites histoires indépendantes. le style de l'écriture est un peu naïf, sur le ton du conte, et j'ai trouvé qu'il ne collait pas avec le réalisme du graphisme, les illustrations se détachent du récit, comme si elles étaient totalement indépendantes, au point qu'on ne lis plus le livre comme un tout, il y a le dessin d'un côté, le texte de l'autre et parfois on oublie de regarder les images et la magie s'en va. de plus, les histoires assez courtes n'ont pas l'intensité des trois tomes précédents, les ellipses finales nous laissant souvent dans le doute sont répétitives et font l'effet d'un procédé systématique un peu facile et l'humain semble en dehors des histoires qui ne sont plus alors que quelques anecdotes folkloriques. Ce quatrième tome au style très différent ne m'a pas convaincu, j'ai eu l'impression que l'auteur avait voulu tirer sur la ficelle encore un peu plus pour profiter de l'univers qu'il avait créé, mais tout était déjà dit dans les trois premiers volumes, celui-ci est redondant et pas nécessaire, c'est une déception.
Commenter  J’apprécie          80
Melvile, tome 3 : L'histoire de Ruth Jacob

J'aime bien ce concept, chaque tome de la série raconte une histoire différente, avec comme point commun, une petite ville perdue, entourée d'une immense forêt, dans une région qui n'est pas citée précisément, mais ressemblant beaucoup au Québec. un village où l'on s'adonne à la chasse, et où le bois fut exploité, habité par des bûcherons, des chasseurs, et quelques intellectuels adeptes de l'isolement.





Le graphisme est réaliste, travaillé en aquarelles sombres, ou technique s'apparentant, le travail sur la lumière est prédominant, au risque d'être parfois difficile à déchiffrer, mais cela n'est pas un problème, parce qu'il est en harmonie avec le récit. le style s'attarde sur les matières, les feuillages dans l'ombre, les espaces de lumières se faufilant entre les branches, beaucoup de paysages. le travail sur la matière est très recherché, par la nature du médium, par ses couleurs déposées diluées, en superpositions pour finir par séparer la lumière de l'ombre, comme une lutte entre ses deux antagonismes, et malgré cette brutalité du traitement, les coup de pinceaux n'apparaissent pas, peut-être n'y en a-t-il pas, le rendu est parfois presque photographique.





Dans ce troisième tome, on découvre quelques nouveaux personnages, Paul Rivest, et son amour de jeunesse, Ruth Jacob, fille d'un pasteur un peu illuminé. Personnellement, j'ai préféré les deux tomes précédents, celui-ci change sensiblement de ton, l'intrigue est un peu moins éthérée, aucun doute au niveau du fantastique, il n'y en a pas du tout, cet épisode est plus tourné vers le côté Cold Case et les secrets de famille, façon Joël Dicker (en mieux) (et je sais que certains lecteurs préféreront cette troisième histoire aux deux première). Il est plus gros, l'histoire est plus construite, mais avec ses nombreux flashbacks, on change régulièrement d'ambiance, un peu trop souvent, cet épisode est moins monolithique que les deux précédents, et donc moins impactant à mon goût.





C'est encore une réussite, pour son graphisme, son rythme, ses personnages et surtout pour son univers de ville forestière créé pour broder des histoires autour. Les récit s'insèrent dans l'ambiance et non le contraire, c'est la ville et sa forêt le personnage principal de la saga, est ça, c'est superbement maîtrisé.
Commenter  J’apprécie          141
Melvile, tome 2 : L'histoire de Saul Miller

J’aime bien ce concept, chaque tome de la série raconte une histoire différente, avec comme point commun, une petite ville perdue, entourée d’une immense forêt, dans une région qui n’est pas citée précisément, mais qui fait évidemment penser au Canada, et même plus précisément au Québec, un village où l’on s’adonne à la chasse, et où le bois fut exploité, habité par des bûcherons, des chasseurs, et quelques intellectuels adeptes de l’isolement.





Le graphisme est réaliste, travaillé en aquarelles sombres, ou technique s’apparentant, le travail sur la lumière est prédominant, au risque d’être parfois difficile à déchiffrer, mais cela n’est pas un problème, parce qu’il est en harmonie avec le récit. Le style s’attarde sur les matières, les feuillages dans l’ombre, les espaces de lumières se faufilant entre les branches, beaucoup de paysages. Le travail sur la matière est très recherché, par la nature du médium, par ses couleurs déposées diluées, en superpositions pour finir par séparer la lumière de l’ombre, comme une lutte entre ses deux antagonismes, et malgré cette brutalité du traitement, les coup de pinceaux n’apparaissent pas, peut-être n’y en a-t-il pas, le rendu est parfois presque photographique.





Saul Miller est un ancien professeur revenu au pays de son enfance, où ses parents tenaient une auberge sur le bord du fleuve, à destination des draveurs, ceux qui faisaient descendre le bois sur le fleuve. Il vit désormais sur les hauteurs à dans une maison isolée, entourée de forêt, dans un petit microcosme, un couple de voisins, une jeune mère et sa fille, dont il joue le rôle de précepteur, et deux étranges chasseurs qu’il redoute.





On ne sait pas trop si le récit va dériver vers le fantastique, le drame social ou le thriller, longtemps l’auteur nous laisse dans le doute, l’intensité et la tension montent subtilement, pour finir pas nous submerger. Le récit est à l’image des illustrations, méticuleux et brut à la fois, aux contrastes agressifs, les moments où la lumière surgit, c’est pour nous éblouir, on reste béat, immobile tel le lapin dans les phares de la voiture, et paf, on subit le choc.



C’est fort, intense, et bien prenant.
Commenter  J’apprécie          200
Melvile, tome 1 : L'histoire de Samuel Beau..

Je lis la bande dessinée à doses homéopathiques. C'est un médium littéraire dont je ne maîtrise pas les codes. Dans ce premier tome nous faisons la connaissance de Samuel Beauclair, d'une femme enceinte fantomatique et d'un frère et sa sœur au cœur de Melville, une petite ville d'Amérique du Nord. J'aime les couleurs sombres des planches qui accentuent le mystère et le malaise ambiant. Les couleurs s'éclaircissent dans les moments de bonheur. Il y a aussi des planches sans mot. J'ai trouvé le procédé juste. Le dessin suffit à lui-même.

Concernant le scénario, il semble faible. L'aparté sur la naissance de Melville est le moment le plus intéressant de l'histoire.

Samuel Beauclair s'est réfugié dans le chalet dont il a hérité de son père. Son père est un écrivain reconnu. Tandis que Samuel, qui a écrit un premier roman prometteur, est en manque d'inspiration. Il est harcelé par son éditeur. Fatigué et déprimé suite au décès de sa femme enceinte, il n'a goût à rien. Pour s'en sortir, il répond à une annonce. Repeindre le chalet de David et Rachel (un frère et sa sœur) avant les premiers frimas de l'hiver.
Commenter  J’apprécie          80
Les chroniques de Melvile

Melvile, c'est une ville inventée par l'auteur, en plein milieu de forêts, de grands espaces. Une ville qui a été colonisée par Abraham Tréjean dont la lignée s'arrête brutalement avec un accident de chasse. C'est une ville entourée de mystères, elle change toutes les personnes qui s'y aventurent... Comme le témoignent les nombreuses chroniques de ce roman graphique: disparition, meurtre, phénomènes inexpliqués...



🌲 Gros coup de coeur pour l'ambiance de cette BD. On est clairement dans un genre fantastique. Il se passe des choses étranges. Le doute est présent tout au long de l'histoire : est-ce la réalité? La folie? Une simple légende ou histoire inventée? Et c'est ça qui me plaît beaucoup! Cette ville est mystérieuse, intrigante, est-elle habitée par quelque chose qui nous dépasse? On se pose de nombreuses questions... L'ambiance sombre est aussi due aux dessins. Ceux-ci sont la plupart du temps en noir et blanc, en sépia et nous font même penser à des photographies. Je trouve cela très original.

🌲 L'autre point positif et original de cette BD, c'est que l'auteur a composé des musiques et les propose via des qrcodes. Pendant la lecture, nous pouvons donc écouter plusieurs morceaux. Ce qui nous plonge encore plus dans cette ambiance sombre.

🌲Dans ces chroniques, il y a beaucoup de personnages, beaucoup d'histoires. On comprend vite certains liens, d'autres pas. J'ai dû relire la BD une deuxième fois car j'étais frustrée de ne pas avoir d'explications à certaines histoires mais avec du recul, je comprends que c'était le but... Cela rend cette ville encore plus mystérieuse. Petit plus aussi pour les détails comme l'arbre généalogique de la lignée des Tréjean à la fin de la BD.



J'avais déjà lu le premier tome il y a quelques années et j'avais beaucoup aimé. Ces chroniques me donnent envie de me procurer les autres tomes. De plus, l'auteur met en scène ses Bd et pour avoir vu la représentation du premier tome, je ne peux que vous encourager à aller le voir et à découvrir son univers.
Commenter  J’apprécie          00
Melvile, tome 1 : L'histoire de Samuel Beau..

Samuel Beauclair est un jeune écrivain qui après la publication de son premier roman décide de s’installer avec sa femme enceinte à Melvile, sa ville natale. L’écrivain vit le syndrome de la page plage et espère y retrouver l’inspiration. Ayant besoin d’argent pour vivre et payer les factures, Samuel répond à une petite annonce d’homme à tout faire chez David et la sœur de celui-ci, Rachel avec lesquels il va se lier d’amitié.

Peu à peu, nous allons découvrir ce que cache Samuel Beauclair qui semble tourmenté. Par quoi ? Par qui ?

L’atmosphère est pesante, le suspens est palpable tout au long de l’histoire. À première vue, je pensais être en train de lire un bon polar. Pleins de scénarios différents me sont passés par la tête tout au long de ma lecture. J’étais sur le qui-vive, m’attendant à ce que l’un des personnages se révèle être le méchant de l’histoire.

Commenter  J’apprécie          00
Melvile, tome 1 : L'histoire de Samuel Beau..

Je me suis fait avoir par la mise en avant d'une publication de Lelombard sur Instagram, simplement. Et je ne regrette pas une seconde.



Je vous présente le premier volet de la série Melvile imaginée par Romain Renard, « L'Histoire de Samuel Beauclair ». Chaque tome peut se lire indépendamment des autres, il y en a trois, ainsi qu'un tome racontant les chroniques de la ville dans laquelle tout se passe.



Ici, on rencontre Samuel, romancier en perte d'inspiration, qui vient d'emménager dans la maison de son père, également auteur. Un jour, il répond à une annonce qui lui permettra de gagner quelques sous en attendant de trouver autre chose.



Mais quelque chose rôde à Melvile, ville perdue entre lac et forêt, et les démons du passés attendent la moindre occasion pour réapparaître, ce qui ne laissera pas Samuel indemne.



Je ne peux pas dire grand chose sans risquer de spoiler les twists. Bien qu'il n'y ait pas énormément d'action dans ce premier volet, il y plane un quelque chose de sombre et pesant. La psychologie des personnages est superbement rendue, et le tout à l'air très réel, si bien qu'on pourrait croire à un fait divers plus qu'une histoire inventée de toute pièce.



Les planches sont splendides, jonglant entre une atmosphère conviviale et chaleureuse, puis oppressante et froide. J'ai complètement accroché autant au style graphique qu'à l'ambiance. C'est exactement le genre d'histoire que j'adore.



Je n'ai pas testé, mais apparemment, en scannant certaines pages de la BD, il est possible d'avoir accès à des musiques ainsi que des vidéos composées et réalisées dans le cadre du projet Melvile.

Je dois dire que je ne suis pas forcément public pour ce genre d'à côté, mais ça reste une idée géniale pour qui aime avoir plusieurs types d'immersion possibles ! Et cela montre également que Melvile est une œuvre extrêmement complète, sur plusieurs plans artistiques.



J'ai dévoré ce tome qui propose l'histoire la plus courte de la série, j'ai hâte de découvrir les autres !
Commenter  J’apprécie          00
Melvile, tome 1 : L'histoire de Samuel Beau..

Un écrivain qui a déjà publié un livre s’est réfugié à la campagne, dans l’ancienne maison de son père lui-même écrivain, où il est harcelé par son éditeur qui lui réclame son deuxième opus. Ne sachant plus trop où il en est, il se fait engager par un frère et sa sœur pour réaliser des travaux de peinture sur leur maison. ● Certes, les dessins sont magnifiques, alternant des marron et des orangés somptueux avec des bleu nuit superbes. Le graphisme est incontestablement une prouesse technique. ● Mais le scénario est quasi-inexistant et le rythme est d’une extrême lenteur. ● Je comprends qu’on puisse apprécier ce travail, mais il n’était pas pour moi. J’ai trouvé tout ça, y compris l’effort pour ressembler aux « nature writers » américains, la « bande originale » de l’album, la « réalité augmentée », les bonus de la fin de l’album, d’une grande prétention. Où est l’émotion dans tout ça ? Pour moi, nulle part.
Commenter  J’apprécie          360
Melvile, tome 3 : L'histoire de Ruth Jacob

Il y a trois semaines, Paul Rivest reçoit un appel de sa mère l'informant que la maison de sa grand-mère a été vendue. Aussi l'envoie-t-elle récupérer ses affaires avant que la ville ne soit noyée. Voilà déjà 25 ans que Paul n'est pas retourné à Melvile. Là où il passait ses mois d'été chez sa grand-mère jusqu'à l'été de ses 14 ans. L'été du drame. Il faisait alors la route en sens inverse, en compagnie de ses parents venus le chercher dès le lendemain de l'incendie. Chez le notaire, les papiers de la vente de la maison étant prêts, il n'a plus qu'à signer, la Compagnie qui va construire le barrage étant pressée de clôturer toutes les ventes. C'est alors que Paul apprend que sa grand-mère avait hérité des scieries Tréjean qui ont fait la fortune de la ville. Une nouvelle que le jeune homme peine à croire mais qui va l'obliger à rester deux jours à Melvile. Puisque l'hôtel a maintenant fermé, l'épicier le met en relation avec Beth qui veut bien lui louer une chambre. Ces deux jours sur place vont lui permettre de comprendre les raisons de l'héritage de sa grand-mère mais aussi de lever le voile sur ce qui s'est passé 25 ans auparavant...



Ce tome 3 (qui peut se lire indépendamment des précédents) à clôt magistralement cette trilogie, Les chroniques de Melvile, tenues par Thomas Bauclair étant un album à part. L'on suit le retour de Paul sur les lieux de son enfance, avant que la ville ne disparaisse sous les eaux du barrage en construction. Ce sera l'occasion pour lui de se souvenir de son ami, Thomas, qu'il revoyait tous les ans, de Ruth Jacob, la fille du pasteur dont il est tombé amoureux, du drame qui l'a dévasté, mais aussi d'en apprendre plus sur sa famille, visiblement emplie de secrets enfouis. Envoûtant malgré cette noirceur ambiante, cet album dense (400 pages) fait montre d'une force incroyable et d'une profondeur remarquable. Aussi bien sur le fond que sur la forme. En effet, Romain Renard tisse un scénario captivant, foisonnant et puissant, et alterne intelligemment passé et présent pour mieux nous immerger dans l'histoire de Paul. Graphiquement, ses planches sont tout simplement sublimes. Pénétrantes, immersives, d'une grande intensité. Aussi bien celles lumineuses du passé que les sombres du présent. Un trait parfois flou, parfois presque photographique. Et des décors majestueux.

Un album magistral !
Commenter  J’apprécie          640
Melvile, tome 3 : L'histoire de Ruth Jacob

« Il y a mille et une manières de raconter une histoire. Tout dépend de son narrateur, de son interprétation, de ce qu'il choisira de retenir comme essentiel ou non à son récit » déclare le protagoniste de ce nouvel opus de la série « Melvile » … Alors après « l’Histoire de Samuel Beauclair », « l’Histoire de Saul Miller », voilà le volume conclusif de la saga de Romain Renard : « l’Histoire de Ruth Jacob ». Ces trois albums relatent la vie de la bourgade de Melvile et de ses habitants depuis sa fondation jusqu’à sa destruction de façon non linéaire mais chorale (chacun des ouvrages peut être lu indépendamment mais ils se répondent et se complètent). Ce dernier tome, le plus long de tous (400 pages), paru aux éditions Le lombard est aussi le plus abouti et permet, au choix, d’achever le puzzle ou d’entrer dans la série …



On prend le temps pour y entrer dans le récit ! Six ans séparent la sortie du tome 2 et celle du 3 et 25 ans se sont écoulés depuis que le héros, Paul Rivest, s’est rendu à Melvile pour la dernière fois. En ouverture, durant une trentaine de pages quasi muettes, nous sommes dans sa voiture. D’emblée, tandis que la route monotone défile, l’ambiance se met en place : ce village est niché dans des forêts, loin de tout et presque hors du temps, il n’y fait guère jour et il y pleut beaucoup… Nous sommes tout de suite intrigués : pourquoi Paul éprouve-il autant de réticence à se rendre dans le village où il passait ses étés, enfant, dans la maison de sa grand-mère ? Quel secret cache-t-il ? Le mystère s’épaissit quand, mandaté par sa mère pour signer la vente de la maison de ses ancêtres à la compagnie d’électricité constructrice du barrage qui noiera le village, il découvre avec stupéfaction chez le notaire qu’ils sont héritiers des terrains de la scierie Tréjean, l’entreprise autrefois florissante qui assurait la prospérité de la région. Il va alors mener son enquête, le lecteur à sa suite …



Il y a donc du polar dans « l’Histoire de Ruth Jacob » d’autant que visiblement le retour de Paul au pays ne laisse pas les habitants indifférents et que certains vont même jusqu’à bruler sa maison familiale pour le décourager de poursuivre ses investigations. Mais il y a aussi du fantastique : Paul était un lecteur assidu de Stephen King à l’adolescence et l’on retrouve, comme en miroir, l’atmosphère de « Salem’s Lot » dans ce récit où l’on ne sait si les visions du héros sont réelles ou fruit de son imagination, où l’on nous narre la fin d’une communauté rurale et le retour aux lieux de l’enfance sur fond d’incendie. Enfin, il y a surtout de superbes histoires d’amour dans un va et vient entre deux époques : celle de l’été du grand incendie, vingt-cinq ans auparavant, et celle de l’enquête, de nos jours. On découvre ainsi des relations naissantes et d’autres maudites : la romance entre Paul et Beth est porteuse d’espoir tandis que l’idylle entre Paul et de Ruth Jacob, ce premier amour qui marque à jamais, est frappée du sceau de la tragédie tout comme l’histoire d’amour de la grand-mère et que les relations filiales sont, elles aussi, dignes des drames antiques. Le récit atteint alors une grandeur épique soulignée sans doute par les noms bibliques des personnages et le « flou » qui caractérise les lieux (on semble être dans le Nord Canada mais cela pourrait se dérouler ailleurs).



Si la trame narrative est riche alors que dire du graphisme ? Romain Renard joue beaucoup avec les tons sépia/orangés et les bleus sombres pour distinguer les époques et les états d’âme des personnages : à la divine idylle estivale avec la solaire Ruth durant l’année 1987 sont dévolus les tons chauds tandis que les regrets, les errements et la tristesse sont caractérisés par les couleurs froides rendant le récit à la fois poignant et lisible. Le passage d’une époque à l’autre se fait de façon fondue grâce aux lumières et à la technique utilisée par l’auteur : du fusain rehaussé de feutre colorisé ensuite numériquement. Il s’affranchit des cases et des bulles et utilise souvent des illustrations pleine page. On a parfois l’impression d’avoir sous les yeux des œuvres du photographe pictorialiste Leonard Missonne et cela crée une impression paradoxale de réalisme et d’étrangeté…



Melvile est une œuvre multi-dimensionnelle car Romain Renard, musicien reconnu, a doublement soigné la B.O de son dernier opus. La jeune Ruth s’amuse en effet à enregistrer de fausses émissions de radio sur des cassettes qu’elle ponctue des hits de l’époque embarquant le lecteur dans un voyage nostalgique au rythme de Bowie, Springsteen, the Cure ou Tears for fears ; de plus, on peut également choisir d’accompagner sa découverte de l’album en écoutant les morceaux expressément composés par le dessinateur pour en accompagner la lecture et disponibles sur le site Melvile.com. Chaque musique est ajustée en regard des pages. On peut enfin prolonger l’immersion grâce à la lecture des « chroniques de Melvile » parues concomitamment au tome 3 (c’est le recueil sur lequel Paul tombe durant son enquête qui révèle sous forme de nouvelles certains des non-dits de Melvile ) , assister à la tournée des concerts ou bien jouer au Cluedo et élucider le meurtre d’Emmanuel Tréjean avec le jeu qui devrait sortir !





Romain Renard avait déjà prêté ses traits à l’un des protagonistes du Tome 1 : Samuel Beauclair. Ici, il semble donner la clé de sa démarche à travers le personnage de Beth qui va guider Paul dans ses recherches. Artiste protéiforme, cette dernière a inlassablement représenté sa ville : « je n'ai fait que ça depuis des années. La dessiner, la peindre, la sculpter ... Et maintenant tout va disparaître. Dans quelque temps plus personne ne se souviendra qu'il y a eu un monde ici ? J'aurai passé ma vie à dessiner un fantôme en devenir » ; mais, lui, l’immortalise en en faisant finalement le personnage principal de sa série, en l’encrant et l’ancrant grâce aux cartes et à l ’arbre généalogique en pages de garde.

L’auteur a déclaré « un livre, c’est un monde » ou encore les livres « ce sont des boîtes à imaginaire qu’on habite le temps de la lecture ». Avec Melvile, il a créé en dix ans et mille pages une véritable galaxie ! La ville résonne bien au-delà de la lecture …. On a envie de bousculer notre confort de lecteur et de jouer avec les musiques et l’ordre des volumes dans une expérience sans cesse renouvelée ! Melvile restera sans doute pour longtemps le « grand œuvre »de Romain Renard. Cette série figure désormais dans mon Panthéon ! je vous conseille de la lire absolument en attendant la sortie du film d’animation pour adultes coréalisé avec Fursy Tessier (« J’ai perdu mon corps ») en 2024.



Commenter  J’apprécie          70
Melvile, tome 3 : L'histoire de Ruth Jacob

Romain Renard prend le temps de nous livrer son récit en y intégrant quelques clés pour les autres tomes. Et les secrets de Melvile, présents dès sa fondation mais lentement dévoilés par la véritable enquête que mène Paul Rivest s'avèrent particulièrement tragiques.
Lien : http://www.auracan.com/album..
Commenter  J’apprécie          00
Melvile, tome 1 : L'histoire de Samuel Beau..

Ce roman introspectif partage l'histoire de l'écrivain Samuel Beauclair, un homme tourmenté qui traverse une phase de dépression créative. En quête d'inspiration il se réfugie dans la maison de son enfance.



Ce que pourrait être une BD pesante et difficile à lire s'est révélé une agréable surprise et je me suis laissée porter au fil des pages.



Les couleurs automnales, les décors et le réalisme des dessins rendent l'œuvre vivante.



Pour une expérience complète le lecteur a la possibilité de scanner le QR code de chaque chapître pour télécharger la bande son originale à écouter pendant la lecture.



Commenter  J’apprécie          00
Melvile, tome 3 : L'histoire de Ruth Jacob

L'histoire de Ruth Jacob est assurément une réussite. Plus long, plus dense, plus prenant que les précédents opus, il est certainement aussi le plus émouvant. Un album qui couronne une série atypique [...].
Lien : https://www.bdgest.com/chron..
Commenter  J’apprécie          00
Melvile, tome 3 : L'histoire de Ruth Jacob

Un impressionnant travail aussi bien en terme de volume que de qualité où l’on retourne à Melvile après deux premiers opus déjà très réussi. On ouvre l’épais volume sur quelques peintures nébuleuses qui nous offrent ainsi dès le départ des pleines pages impressionnantes et mystérieuses. Et il est beaucoup questions de mystères tout au long de l’enquête que menera le héros, à la recherche de son passé comme de celui de sa famille. Pollard de facture assez classique, il n’en reste pas moins du très bel ouvrage, dense jusqu’à son terme, surprenant même dans ses dernières pages où le héros à la gueule de Blueberry parviendra à tracer sa route à travers les flammes (brulantes et superbes), la nuit (épaisse comme la poie et troublante) et les drames familiaux.
Commenter  J’apprécie          20
Melvile, tome 3 : L'histoire de Ruth Jacob

J'avais vu sur les réseaux sociaux que "Melvile" de Romain Renard était à lire absolument. La couverture m'attirait. Donc j'ai acheté "Melvile". Une fois rentrée chez moi, j'ai constaté sur Babelio que ce gros tome de presque 400 pages n'est pas une intégrale mais un tome 3. 😭 Il s'agit de "Melvile. L'histoire de Ruth Jacob." Mais au final, même s'il s'agit du dernier tome d'une trilogie, il peut se lire indépendamment des deux autres. Ouf ! 🙂 J'ai donc pu le lire et le comprendre. On trouve un arbre généalogique à la fin. Tout un univers est tapi dans ce gros roman graphique que j'ai dévoré en une après-midi. Melvile est une petite ville américaine sur le point de disparaître avec les secrets et les histoires de famille qu'elle renferme. On suit ici l'itinéraire de Paul Rivest qui au début des années 2000 revient à Melvile où il était tombé amoureux, adolescent, de Ruth Jacob, la fille du pasteur. Il existe une BO de l'album. On y trouve d'ailleurs les paroles en anglais de nombreuses chansons des années 80, comme "With or Without You" de U2. Une vraie atmosphère, une colorisation informatique de visages photo-realistes au milieu de vignettes plus traditionnelles, une bande dessinée sur le thème du souvenir. Une belle expérience. Il faudra que je me procure les autres tomes pour avoir une vue d'ensemble de l'œuvre.


Lien : https://www.instagram.com/fo..
Commenter  J’apprécie          20
Les chroniques de Melvile

Un complément aux 3 tomes parus sur Melville, composé de petites histoires et de personnages évoqués lors des tomes précédents. Le graphisme est toujours aussi beau, évocateur de ces paysages de forêts, empreints de mélancolie. C'est magnifique. Un tout petit bémol, le narrateur adore les ellipses et, parfois, la compréhension des saynetes n'est pas - toujours - immédiate. Il faut relire les 3 tomes et ce HS pour tenter de comprendre, et ce n'est pas toujours pas évident. Un très bel objet.
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Romain Renard (371)Voir plus

Quiz Voir plus

L'aiguille creuse,après le mystère,les questions !

Qui est l'enquêteur principal de cette mission ?

Nestor Beautrelet
Nestor Baudrelait
Isidor Beautrelet
Castor Beaureflet

5 questions
164 lecteurs ont répondu
Thème : L'Aiguille creuse de Maurice LeblancCréer un quiz sur cet auteur

{* *}